2002, quelques semaines avant les élections présidentielles.
Depuis quatre ans, c'est une « smala » (sic) qui occupe la loge du collège Georges Brassens de Sponge, petite ville fictive* proche de Dijon.
Zohra est concierge et femme à tout faire, son mari travaille de nuit en usine, leur fille de quatorze ans, Aïcha, ne va pas à l'école - c'est louche. Et leur fils de dix-sept ans, Mouloud, alias Milou, alias 'tous les joueurs de foot célèbres du monde' est « maboul », handicapé mental, ingérable, épuisant. Et peut-être dangereux pour les enfants qui fréquentent l'établissement, qui sait ?
Aïcha intercepte les lettres destinées à madame la Principale du Collège, elle y trouve de drôles de propos sur sa famille. Ça lui donne un autre regard sur les gens, sur les hypocrites qui l'entourent. Pas tous hypocrites, d'ailleurs, certains ne cachent pas leur méfiance et leur rejet. Sa mère minimise la gravité du racisme galopant, son père est beaucoup plus pessimiste.
Encore une fois, Jean-Paul Nozière s'attaque à des sujets sensibles : le handicap, l'exil, le racisme, la montée de l'extrême droite. Et encore une fois, il le fait avec talent. Ses personnages sont particulièrement convaincants : les trouvailles et reparties du jeune homme handicapé sonnent juste ; Aïcha, l'adorable surdouée qui s'occupe si bien de son frère, porte un regard à la fois frais et mature sur le monde (elle me fait penser à Anne Frank) ; Zohra, qui a abandonné le henné et les robes traditionnelles pour mieux s'intégrer en France, raconte ses rêves de jeune fille brisés par les 'barbus' en Algérie au début des années 90 ; le père ne décolère pas...
Roman tendre, à la fois tragique et plein d'humour malgré la gravité des thématiques.
Et d'actualité, encore plus qu'en 2002. Mais moins qu'en 2017 ? Heum...
* si le nom de la ville est inventé, Jean-Paul Nozière précise bien en début d'ouvrage que « toute ressemblance avec des événements réels est volontaire »
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J'ai trouvé la qualité de la plume peu appréciable dans ce court roman, ou ce témoignage devrait-je plutôt dire. Mais le choix des sujets et leur valeur ont contrebalancé ce manque narratif.
C'est un témoignage, donc, qui m'a appris des choses sur la situation des pays comme l'Algérie en des périodes qui restent floues pour moi historiquement parlant (menace islamiste).
Je ne voudrais pas répéter inutilement les éléments de l'histoire déjà mentionnés dans les autres critiques. Seulement la haine et la bêtise font pair et se propage sous quelque forme que ce soit (montée du FN, terreur des intégristes islamistes), pourvu qu'il y ait des gens pour les cultiver.
Du reste l'histoire est bien menée: lorsqu'on apprend à la fin la triste raison de la "folie" de Moulloud . . .
J'ai aussi bien aimé le concept de la 'bachelière à 14ans'.
Ce roman fait réfléchir car il est d'actualité. L'intégration, la suspicion (double pour Milou, qui est à la fois 'arabe' et 'fou') l'amalgame. . .
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Aicha Djamai est une adolescente surdouée . A 14 ans, elle passe son bac. Elle a un grand frère, Mouloud, qui a eu un traumatisme plus jeune. Tous les jours, il est un joueur de foot diffèrent. Il attire beaucoup l'attention sur la famille Djamai, c'est déjà compliqué d'être une famille algérienne en France alors, ça en plus ... Les élections de 2002 approchent et le racisme augmente.
J'ai bien aimé ce livre parce que la maman et Aicha sont des personnages attachantes. Ce livre s'inspire de faits réelles donc c'est plus facile de se mettre à la place des personnages.
Ilyas
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La lettre, la première lettre d'Aïcha, celle qui la pousserait à espionner la correspondance, attendait d'être distribuée près du standard téléphonique. [...] L'expéditrice s'appelait Madame Dugret. Son fils était en sixième. La boulangerie Dugret. Une des deux boulangeries de Sponge.
« Madame la Principale, »
Aïcha se souvenait de chaque mot pour la bonne raison qu'elle relisait parfois le courrier de Mme Dugret dont elle avait fait une photocopie.
« J'interdis que mon fils Alexis, élève de la classe de sixième, traîne dans la loge [de la concierge] pendant les récréations. Il est inadmissible que des enfants passent leurs récréations à discuter là, sans être surveillés par un personnel qualifié et autorisé. Le danger me semble d'autant plus réel que mon fils Alexis affirme que ce local est souvent occupé par un adolescent anormal dont les réactions sont souvent imprévisibles. J'ajoute, même si c'est une opinion personnelle qui vous semblera déplacée dans ce courrier, que la loge est tenue par des Arabes. Je suis en droit de m'étonner qu'ils accèdent à des emplois de l'Education Nationale, alors que tant de nationaux se voient refuser ces postes.
Vous voudrez bien, Madame la Principale, remédier à cette insuffisance pédagogique, faute de quoi je me verrai dans l'obligation d'en avertir l'inspection académique. »
(p. 13-14)
Tres beau livre je viens de le finir bref a lire je le nseille mais pas fortemen
Jean Paul Nozière : Bye bye Betty
Depuis le
café le Rostand, à Paris,
Olivier BARROT présente le livre de
Jean-Paul NOZIERE "
Bye-bye betty". Un
roman publié aux éditions Gallimard dans la collection Scripto.Photo de
Jean Paul NOZIERE.