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EAN : 9782955879924
192 pages
Le laboratoire existentiel (18/10/2017)
5/5   3 notes
Résumé :
Qu’est-ce qu’une barricade ? Peut-on définir sa matière ? À quel point l’héritage des barricades du xixe siècle a-t-il pu être biaisé par les récits officiels ? Quelles formes prennent les barricades au xxie siècle ? Que disent-elles de notre monde contemporain, de notre rapport au temps, à l’espace public et à son contrôle ?

À travers cet essai qui mêle philosophie, sociologie et anthropologie, Léa Tourret nous rappelle que la barricade est d’abord l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre s'ouvre sur une citation de Victor Hugo.
L'imaginaire de la barricade semble lui être à tout jamais attaché.
Il l'a forgé, l'a modelé et finalement offert à la liberté qui est au coeur de chacun de nous.
Ce livre, dès ses premières pages, est un livre prenant et intriguant.
C'est un livre foisonnant dont les titres de chapitre sont éloquents de ce que qu'on peut y trouver.
Il ne suffit que d'en citer quelques exemples :
- "un acte révolutionnaire tombé en disgrâce ?", "quand la rue devient un espace de résidence, de solidarité et de hiérarchies nouvelles", "quelle légitimité pour les barricades ?" ...
"Sur les barricades" réussit la gageure d'être assez intellectualisé mais pourtant très concret.
Il s'en dégage du désordre, du bruit et de la fumée.
"Que reste-t-il de la barricade lorsque le sol est nettoyé, les cadavres dissimulés et les rues repavées ?"
La barricade est une épopée, la révolte du bon droit, l'opposition entre le légitime et l'illégitime.
Pourtant le propos n'est pas naïf et son auteure, Léa Tourret, sait que les révoltés d'un jour peuvent, au lendemain de l'insurrection, devenir les tenants d'un ordre plus dur encore.
Le livre est un ouvrage exigent et sans concession.
Il exige une lecture lente et attentionnée.
Il demande à son lecteur, avant que d'y pénétrer, d'abandonner les idées toutes faites, les préjugés et les jugements hâtifs sans cesse ressassés par le média.
Ce livre est un livre actuel et contemporain, qui parle d'hier et d'aujourd'hui.
Ses illustrations, d'abord étonnantes, se révèlent ensuite comme d'indispensables éclaircissements au propos.
Elles collent au texte.
Elles sont belles et expressives.
Au final, "Sur les barricades" est un livre qui expose une autre compréhension du monde et insuffle le besoin de la révolte ...
Je remercie son auteure pour l'intelligence et la clarté de son propos, la maison d'édition "Le laboratoire existentiel" de m'avoir offert ce livre accompagné d'un petit mot gentil, et bien sûr, les complices de la "masse critique" qui pour l'occasion sont montés sur la barricade ...

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Un immense merci aux éditions du laboratoire existentiel pour ce livre dans le cadre de Masse Critique
Pour Ki : pour toi qui veut te lancer un défi intellectuel sur un sujet peu traité.
Pour Koi : parce qu'une rue barrée ne bloque pas seulement la circulation mais également a le pouvoir de débloquer les avancées figées et les progrès en stand-by.
Pour Kan : plutôt au calme pour permettre l'envol des pensées. Dico à portée de main ou de touches de tel un peu obligatoire.

Cet essai sur les barricades offre une compréhension globale et une réflexion abordable sur ce type de phénomènes sociaux. Plus encore que le désordre, que le bruit, que la fumée, que la singularité de la construction, que le blocage, que les nouvelles web-formes, c'est toute la non-permanence de la barricade qui est mise à nue comme ces dessins d hommes et de femmes vus de dos, fesses apparentes sous les vêtements et les carapaces.

2 figures dont les dessins sont particulièrement percutants et inoubliables émergent et débordent du livre grâce à la puissance évocatrice qu'elles dégagent :
Duran Eva et Duran Adam !
La femme et l'homme debout !
Véritables emblèmes en non-mouvement ce sont pour moi les stars de la gestuelle paradoxale des barricades, de la protestation pacifique et déterminée, courageuse et jusqu-au-boutiste, temporaire et pourtant durable dans les esprits. La preuve il me semble que les Duran humains sont présents désormais sur chaque nouvelle barricade.

La construction de l'essai est fortement ancrée dans le thème comme en témoignent ces passages-barricades entre les chapitres, passages qui balancent texte et image pour mieux bloquer ou débloquer le passage (pas sage) de la réflexion.
Et merci pour l'écriture un tantinet rétro et toujours juste, précise et impartiale sans être professorale.
L'équilibre entre le texte et les dessins ou images apporte l'inspiration et l'expiration nécessaire à ce sujet, souffle démocratique de la connaissance pour tous.

Toutefois le dico comme dit précédemment est indispensable pour ne pas louper une explication.
Petit Glossaire Sommaire pour Ki n'aimerait pas les dicos :
Anamese, récit des antécédents, retour à la mémoire du passé
Copwatching, associations dénonçant les violences policières
Epistemique, ensemble des connaissances propres à un groupe social et à une époque
Gabion, grosse cage ou casier fait de fils de fer solides rempli de pierres
Hacking, piratage informatique, échanges d'infos illégales ou personnelles
Heterotopie, autre lieu, une localisation physique de l'utopie
Monade, expression de l'univers dans la totalité
Ontologie, étude de l'être sans ses déterminations
Panoptique, qui permet de voir sans être vu
Palimpseste, parchemin dont la première écriture à fait place à un nouveau texte
Phénoménologie, philosophie qui écarte toute interprétation abstraite pour se limiter à la description et l'analyse des phénomènes perçus
Reticulaire, qui forme un réseau


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Tout d'abord, le livre est un bel objet, doté d'un beau papier et de jolies illustrations. Il est publié par une jeune maison d'édition, dont la devise est une citation de Jules Verne : « L'illustration bonifie le récit ». L'ouvrage est illustré par des oeuvres artistiques, au lieu des photos de barricades auxquelles on se serait attendu pour ce type de publication. La table des illustrations est à la fin du livre, je ne l'ai pas vue tout de suite !
Il s'agit d'un essai philosophique, sociologique et anthropologique sur le thème des barricades. L'auteure a une formation de philosophe et est spécialisée en anthropologie des objets techniques.
Elle s'intéresse au côté physique des barricades, à leur matérialité, plutôt qu'à ce qu'elles représentent, car elles « sont souvent réduites à leur dimension d'événement, notamment dans les disciplines scientifiques comme l'histoire où, effectivement, elles semblent souvent exprimer de façon métonymique un moment ou une période historique. »
L'auteure se place du côté des insurgés, sans non plus en faire des héros ou des modèles. Elle prend comme point de départ les événements de Gezi Park à Istanbul pour ensuite s'intéresser aux barricades dans leur diversité, ce qu'elles représentent physiquement, ce qu'elles signifient dans le présent et le futur. L'oeuvre analyse différents types de barricades, à différentes époques (du XIXe au XXIe siècle), même si l'on revient souvent à la Commune de 1870, période emblématique des barricades.
L'auteure montre que la barricade a plusieurs fonctions : entraver la circulation dans la ville, créer une rupture, établir de nouveaux liens physiques et sociaux, construire un avenir.
Le livre est relativement court, mais riche, plein d'idées et s'appuie sur de nombreuses références. Il n'est pas difficile, mais sa lecture demande un peu de concentration.
J'étais très contente de recevoir ce livre, car le sujet m'intéressait et la couverture, assez surprenante pour un essai je trouve, m'intriguait. J'aurais aimé davantage d'explications sur les illustrations, leur place dans le livre, leur origine, leur signification, la raison de ce choix.
Un livre qui donne envie de crier « aux barricades ! ».
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Sortir d'une barricade, on ne sait plus ce qu'on y a vu [...] On regarde quelque chose de rouge qu'on a dans les ongles. On ne se souvient plus ...
(Victor Hugo - "Les misérables")
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Se pencher sur les barricades au XXIème siècle peut sembler relever d'un attachement nostalgique à une forme archaïque de contestation.
Pourtant, elles existent toujours ...
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Qui aujourd'hui discuterait de la légitimité d'un Gavroche qui paraît aussi bien que Marianne représenter la France ?
Pourtant la figure de Gavroche, à l'époque où Victor Hugo l'imagine, se rapproche de celle du "casseur" contemporain que certains acharnés du modèle républicain vont soit critiquer, soit rejeter hors du politique ...
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...les slogans de Mai 68...montrent qu'on ne peut échapper à la référence aux normes, fût-ce dans un rapport de rejet :
"Il n'y a pas de règles" peut être considéré comme une règle ;
"Il est interdit d'interdire" peut s'appliquer à son énonciateur...
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Sur cette place Taksim, il est venu sans se presser, sans compter les pas. Mais avec certitude, il savait qu'il y attendrait quelque chose, qu'à lui seul, il ferait barrage, contre toute la violence de son pays.
Sans bouger, il resta 6 heures debout et il était puissant.
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