Chemin de la Lanterne

Il y a plusieurs raisons de lire ce livre. Il nous paraît consternant de voir tant de bons auteurs du XX° quasiment oubliés. Voici une première raison. La deuxième: ce roman est un écrit tout en finesse, malgré les drames qu'il rapporte.
Un homme, niçois d'origine italienne, a 88 ans. Son neveu nous racontera cette vie qui se termine paisiblement: il fut un soldat qui a connu les horreurs de la guerre de 14-18, marqué à jamais par les images terrifiantes qui lui ont été imposées: les cris des blessés, les morts, le froid, la boue, les ordres stupides et meurtriers. Et il eut un amour, Rose, avant guerre, soigneusement entretenu pendant ces 4 années terribles, mais qui disparut dès 1918, suite à une brutale maladie, au moment où le bonheur allait être possible. La façon dont l'auteur nous parle de ces évènements est particulièrement touchante, d'autant plus que nous comprenons que cette histoire est tout simplement la véritable histoire de son oncle Antonio..
Ce livre intéressera aussi particulièrement les Niçois: la vie des quartiers, les tics locaux, nous sont restitués avec précision, au travers de quantités d'anecdotes parfois savoureuses et de présentation de personnages colorés: l'ancrage du roman dans ce lieu est un "plus" incontestable.
N'oublions pas Luis Nucera: il nous parle parfois de sa famille, parfois de sa passion pour ... le vélo (qui le perdra), mais il est toujours pertinent et subtil.

Louis Nucera... ce nom me disait quelque chose, de très vague, le vélo? genre Antoine Blondin? j'ai donc pris ce livre à Emmaüs. et j'ai lu cette promenade tranquille dans Nice, le Nice d'aujourd'hui (enfin, à l'époque où le livre a été écrit), le Nice d'il y a longtemps, celui de l'enfance de sa mère et de cet oncle qu'il aime tendrement. un oncle qui est resté fidèle sa vie durant au souvenir de sa bien-aimée Rose, morte avant qu'il ne rentre de la guerre (de 14/18). la guerre? tout y ramène, chaque promenade évoque tant de souvenirs... j'ai lu ce livre tranquillement, je me suis autorisé une pause une ou deux fois, la lecture n'en pâtit pas. dans un sens, cela rejoignait le rythme des souvenirs qui reviennent. j'ai trouvé une grande sensibilité dans l'observation des expressions de l'oncle par le neveu, adulte qui ne sait pas jusqu'à quand il pourra ainsi dialoguer avec cet homme plein de dignité, proche de sa mère avec laquelle il partageait le souvenir de Rose, de leurs familles. ah! j'ai oublié de dire la part d'Italie, alors que c'est important! mais je n'ai pas le livre là pour donner la citation de la phrase qui témoigne de la profondeur de son sentiment pour la France. une résonance particulière aujourd'hui...
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