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Critique de gabrielleviszs


Cela fait un moment que j'ai reçu ce livre par le biais de Southeast Jones. Je le remercie ainsi que la maison d'édition Séma. J'aime beaucoup la couverture, même si une fois la lecture terminé j'ai trouvé que le personnage masculin faisait plus vieux sur la couverture par rapport au texte, mais en même temps, il se trouve que je dirais que la logique est dedans. Ne cherchez pas le confinement me rend encore plus folle que d'habitude.

Être un chercheur du temps, c'est quoi ? Courir après les minutes qui se perdent (OKay, en ce moment il n'y en a pas beaucoup qui s'enfuient vite, mais passons) ? Chercher une aiguille dans une montre récalcitrante ? Deviner ce qui se passe derrière une horloge ? Plonger au coeur de la minuterie ? Chercher le temps... En fait, rien de bien compliqué pour nos deux voyageurs. le professeur Fertennant est en recherche constante d'un ou d'une assistante afin de les aider à avancer dans leurs projets, mais également à parcourir le monde. Ce n'est pas le où mais le quand qui importe. Quand allons-nous voyager ? L'époque peut être décisive en fonction de la demande. Il ne s'agit pas de courir après le temps, l'horloge biologique n'est pas pris en ligne de compte. Il s'agit de rencontrer ou de voir celui ou celle que l'on désire, pour en apprendre plus sur sa vraie vie. Pour une fan du Doctor Who, rien de plus simple que de faire une "légère" comparaison avec lui. Un homme venant d'ailleurs qui parcourt le monde afin de comprendre certains éléments pour faire très court. Un tardis, un ou une assistante et le Doctor et les voila qui partent dans un autre monde, une autre époque. Ici point de tardis à l'horizon, mais plutôt des souliers rouges (comme ceux de Dorothy ?) pour changer d'époque.

Le dernier assistant en date semble avoir fait la bourde de trop. Clarence Fertennant le pousse vers la sortie gentiment une fois revenu du Caire, en juin 1886. La découverte semble avoir bouleversé Clarence. Il se pose de nombreuses questions et nous aussi d'ailleurs. C'est quoi ce délire ? (Non, non, non, il faut lire le livre pour savoir le début, déjà !) Bref, Clarence cherche un nouvel assistant et tombe sur Roxane Marty, une rousse pulpeuse, petite par la taille, grande par le coeur. Une vraie pépite de joie à l'état pur. Il l'a déjà vu dans la bibliothèque où elle travaille et prépare sa thèse. Etudiante en Lettres modernes il a déjà pu la voir à l'oeuvre et aime ce qu'il voit. L'histoire la passionne, bien que sa thèse soit sur Edgar Allan Poe, mais quoi de plus beau que de pouvoir la terminer en ayant réussi à le rencontrer ?

Clarence la prend sous son aile, bien qu'il aimerait la voir autrement que son élève, mais passons. Clarence est un homme qui a vécu plusieurs vies, c'est ainsi que je le vois, que je le ressens et la façon dont l'auteur nous le présente. La curiosité est bonne si elle est contrôlée. Vivre à plusieurs époques est très intéressant pour nos deux chercheurs. Ils vont apprendre et découvrir une autre façon de vivre. Les époques changent et leurs sentiments aussi, mais ce n'est qu'un détail dans l'histoire. La tendresse entre eux est indéniable, pourtant depuis le début du récit, il y a une mélancolie qui ne cesse de grandir lentement, mais sûrement. Peut-être est-ce le choix des mots ou tout simplement parce que l'on pressent la fin ? Une fin qui est à la fois triste et épanouie. C'est difficile de trouver les bons mots, car nous ressentons forcément une petite pointe de tristesse pour ce qui se produit et en même temps une petite lueur d'espoir dans cette autre vie qui s'ouvre à l'un des personnages.

Le professeur a déjà vécu de nombreuses "aventures", il sait ce qui est bon ou non au fil du temps. Au gré de ses bonds dans l'histoire, il a rédigé un contrat de ce qu'il faut faire et ne pas faire. Les divers épisodes se suivent sans se ressembler. C'est telles plusieurs histoires en une. Les aventures changent de lieu, d'années, de personnages. Edgar Allan Poe bien entendu, mais également Viviane en Brocéliande, Jane Austen en Angleterre, Molière et sa muse si particulière, Sarah Bernard... Cette dernière j'avais eu la chance, non pas de lui parler, ce qui aurait posé un problème de décalage temporel mais de visiter le musée qui se situe sur l'ile de Belle-Île située proche des côtes du morbihan, en Bretagne, avec ce qu'elle a fait de sa vie. Un sacrée bout de femme qui vivant en dehors du temps. Peut-être est-ce qu'elle a réellement eu cette chance, qui sait ?

Roxane est une étudiante brillante, qui pose de bonnes questions et agit selon son instinct, provoquant quelques remous sans grande importance, jusqu'à ce fameux soir où elle va revenir quelques années en arrière, seule. C'est après cette "visite" qu'elle va comprendre énormément de choses sur elle-même et le voyage dans le temps d'une manière générale, même si elle avait déjà de bonnes notions. le bien, le mal, dans leur cadre il est difficile de déterminer avec certitudes ce qui fait que l'on peut passer de l'autre côté de la barrière ou non. Elle et Lui. Deux caractères opposés, lui si posé et elle si vive. Pourtant il en était autrement au début de ses voyages, autant le dire, il y a des siècles. Clarence est un homme mystérieux, une belle âme et des décisions qui ne lui facilitent pas la tâche.

Tout pourrait aller pour le mieux, s'il n'y avait pas des libellules bleues, des papillons noirs les fameux papillons de l'oubli, ces petites choses qui passent et nous prédisent qu'il va se passer quelque chose. Comme une ancienne amante qui revient sur ses pas pour obtenir une vengeance, pour se sentir mieux ? le temps ne fait pas tout dans une déception, le temps n'atténue pas forcément les plaies béantes. Clarence est un homme qui a aimé les femmes et les aime toujours, mais l'une de ses histoires va lui revenir en plein voyage. Ce n'est pas un secret de polichinelle, c'est cette rencontre qui nous fait nous sentir petit devant l'immensité d'une douleur. Certaines choses devraient rester loin de tout, perdu au fin fond d'une grotte serait pas mal également. Loin de la civilisations, des premiers mots, peut-être. Un petit tour de chaussures, un brin de fantaisie et beaucoup d'émotions en perspectives.

Les épisodes sont courts accélérant les divers voyages. Peut-être est-ce pour cela qu'il y a des détails temporels qui sont quelques peu différent du titre de l'épisode ? La vision a peut-être un léger problème, car Baudelaire a dû perdre de nombreux centimètres pour se retrouver le nez dans la poitrine de notre petite Roxane. Cela n'enlève pas le charme de la rencontre, nous imaginons sans peine les joues rougies de notre étudiante, discutant avec un tel homme que lui ! Je regrette juste que les épisodes soient si courts. J'aurai aimé en découvrir d'avantage, l'auteur touche à peine du doigt les rencontres, les avantages et les inconvénients pour les faire revenir aussi vite. Après la fin du livre, nous avons le pourquoi ces épisodes sont ainsi et je peux le comprendre, cela ne m'enlève pas cette envie de plus.

Une belle histoire temporelle qui nous invite aux voyages d'époque. La mélancolie ne m'a pas quitté tout du long du récit, comme en attente de cette fin. Elle n'est pas abrupte, elle est ce qu'elle est, avec la possibilité d'oublier, de ne garder que la beauté et l'espoir. le choc des époques n'est pas si grand, le langage par contre... C'est ce qui m'a mis la puce à l'oreille. Clarence est plus vieux que Roxane, une manière de s'exprimer plus juste, plus mesurée aussi, presque aristocratique. La jeunesse face à (non pas la vieillesse tout de même) mais à la maturité de celui qui sait ce qui c'est déjà passé. L'avenir reste incertain, pourtant Clarence ne compte pas y aller, il se garde les surprises. Sa vie ne semble pas de tout repos, ses nombreuses vies. Les explications de certains phénomènes restent dans une logique à faire peur. Les passés de l'un et de l'autre sont sombres, pas besoin d'avoir de détails, nous sommes capables de découvrir ce qui leur est arrivés à une période de leur vie. Ces événements qui les ont amenés à ces choix, à se rencontrer, à vivre pleinement cette aventure.

Peut-être que l'amour en fin de compte est le seul sentiment qui peut survivre au temps, qui sait ?

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/les-chercheurs-du-temps-emmanuelle-nuncq-a184736460
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