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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
En l'an de grâce 1528, trois cent hommes sous le commandement de Panfilo de Narvaez débarquent sur la côte de Floride. C'est l'une des premières incursions des conquistadors sur le continent nord-américain. Cette expédition se révèlera être une catastrophe, puisque seuls quatre hommes en réchapperont vivant : Alvar Nuñez Cabeza de Vaca (l'auteur de ce récit), Alonso del Castillo, Andre Dorantes et son esclave africain Estebanico (précisément, le même Esteban qui, en 1539, sous les ordres du vice-roi de la Nouvelle-Espagne, Antonio de Mendoza, partira à la recherche de sept légendaires cités dans l'actuel Nouveau-Mexique).
Ce récit de Cabeza de Vaca est vraiment très bien et a une valeur particulière par rapport aux autres récits qu'on peut lire sur la conquête de l'Amérique. D'abord, à cause du côté tragique de cette expédition. Ensuite, parce qu'il est le témoignage d'un homme qui a eu l'occasion de vivre six ans parmi les multiples peuplades qui habitaient à l'époque au sud du Texas.
Au début, pendant six mois, cette expédition dans les terres américaines ne se passe pas beaucoup plus mal qu'on pouvait l'espérer. Pas beaucoup de nourriture et des autochtones apeurés et donc, la plupart du temps, hostiles. Quelques morts. Puis, les 250 hommes encore vivants décident de construire cinq embarcations et de longer la côte. A partir de là, rien ne va plus, les cinq embarcations sont séparés et celle de Cabeza de Vaca échoue sur une île qu'il nomme « Ile du malheur ». Ces conquistadors deviennent plus misérables que les indiens, en sont réduits à s'entredévorer et meurent les uns après les autres à cause de la famine, la maladie, la fatigue. Cabeza de Vaca, qui très vite se retrouve seul, commence à observer les rites, les moeurs et les coutumes des indiens. Il vivote ainsi pendant six ans, soit du commerce, soit comme esclave. Et quand il retrouve ses trois compagnons, il apprend que tout le reste de l'équipage est mort. Ces quatre derniers rescapés décident alors de traverser le continent pour retrouver les chrétiens espagnols. Peu à peu, grâce à un subtil mélange de talents et de miracles, ils passeront auprès des indiens pour des guérisseurs et des fils du soleil.
Un récit vraiment passionnant à lire. Cabeza de Vaca, dans ces observations sur les indiens, n'a aucune raison de mentir ; ces descriptions sur la faune et la flore, qu'il ne connait pas, sont faites avec les mots dont il dispose. A part les résurrections de morts et les guérisons de paralytiques, le récit semble vrai (mais tout est sincère d'une certaine façon : le fantastique faisait parti de la vie de tout le monde à cette époque, pas seulement des indiens; les conquistadors partaient à l'aventure aussi pour trouver des cités d'or ou des fontaines de jouvence). Ce livre a été écrit pour Charles Quint, dans le dessein de l'informer, et l'auteur finit par suggérer à l'empereur de se montrer bienveillant avec les Indiens.
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