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EAN : 9782343009568
306 pages
Editions L'Harmattan (12/07/2013)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Entre 1902 et 1909, de nombreux hommes quittent la région du Sud-Est de l'Espagne, en perte de vitesse économique, pour aller s'embaucher une saison de plus en Afrique du Nord. On les baptise les golondrinas (hirondelles). Pendant leur absence, les femmes restent au pays, délibérément actrices de leur vie. Retraçant le parcours de sa famille à travers quatre générations, l'auteur nous raconte le nomadisme viscéral des hommes qui tissent un nid qu'ils n'habitent pas ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Combien parmi nous connaissent et sont capables de raconter par le menu la vie de leur famille sur quatre générations ? Parmi eux, combien l'ont fait ?
Ce livre, rempli de respect et d'émotion, est un hommage rendu par Denis Nunez à sa famille. Il est construit comme un roman, se lit comme on écoute une histoire à la veillée.
Pour pallier le ralentissement économique qu'entraîne la mécanisation du labeur minier, qui, lui, épuise les hommes et les rend vieux prématurément, ces travailleurs persévérants tentent l'aventure lointaine. Qui en Argentine, une fuite plus qu'une quête d'Eldorado. Qui en Algérie, où deux soeurs vont se retrouver et faire souche, la troisième étant décédée dans la fleur de l'âge.
Malgré l'âpreté de la vie et l'absence des hommes, ces soeurs prennent leur quotidien à bras-le-corps, s'occupent de leurs nombreux enfants et veillent au grain qui s'invite régulièrement. Elles sont soutenues par leur foi inaltérable en Dieu, membre à part entière des familles.
Bien ficelé, riche en vocabulaire et en précision, cette oeuvre m'a fait penser à plusieurs reprises au style de Gabriel Garcia Marquez.
Vie lente et dure, secrète mais aussi joyeuse, pour ces "golondrinas" acharnés à donner une vie meilleure à leurs descendants. Ces "hirondelles" saisonnières sont empreintes d'une dignité infinie qui force le respect.
Chapeau à l'auteur (5e génération) pour cette saga familiale enrichissante et tous ces détails sur la vie en Espagne et en Algérie dans ce XXe s. qui frémissait sous les conflits (Cuba, décolonisation de l'Algérie) annonçant des lendemains plus optimistes.
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Les Golondrinas de Denis Nunez n'ont pas d'ailes ni de nids perchés sous les poutres des toits, elles ne dessinent pas une partition de notes noires et blanches sur les fils télégraphiques, elles n'annoncent pas non plus le printemps: on appelle ainsi en Espagne les migrants saisonniers qui, poussés par la misère et le manque de travail, quittent leurs terres et leurs villages pour aller louer leurs bras de l'autre côté de la Méditerranée, en Algérie, à la saison des récoltes ou des vendanges...Ces "golondrinas"-là finissent souvent par ne plus revenir au village natal...

C'est un livre touchant et intéressant.

Touchant, parce qu'on y sent toute la force d'un clan familial que les malheurs, les morts, les séparations ont cimenté au fil des générations, touchant parce que l'auteur a voulu l'écrire pour sa mère, très âgée, mais encore vivante au moment de la parution du livre, et que la petite Denise a dû recevoir comme un magnifique cadeau cette saga du courage et de la solidarité familiale sur 4 générations.

Intéressant parce qu'il fait revivre à hauteur d'homme des événements marquants: le pillage et la désertification des sols miniers, devenus impropres à la culture, la guerre coloniale tragique et cruelle de Cuba, la conscription fatale aux pauvres gens, la pesanteur -et la force aussi - de la religion dans cette Espagne paysanne de la fin du XIXème siècle, et surtout, surtout, la magnifique opiniâtreté, la tendre solidarité des femmes dans un monde machiste et rude, où elles sont le lien, la solidité, la présence et la douceur qui permettent souvent aux hommes de supporter la dureté de leur existence et aux enfants de faire reculer la frontière de leurs craintes.

Une femme surtout se distingue: la superbe Damiana, grand-mère de l'auteur, cheville ouvrière du regroupement familial, femme de ménage, brodeuse, tenancière d'une boutique de bois et charbons, couturière , douce, intelligente, obstinée, courageuse...elle éclaire vraiment tout le récit!

L'histoire des trois soeurs d'Alméria est exemplaire de la tendresse, de la fidélité et de la patience de trois femmes -trois soeurs- qui ont lutté contre vents et marées.

Contre la misère, la mort et la guerre qui leur ont enlevé leurs hommes. Contre leurs hommes eux-mêmes, avec leur appât du gain, leur envie d'ailleurs, leur orgueil de travailleurs humiliés.

Elles ont réussi à rassembler leurs forces, à refonder leur famille sous des cieux plus cléments, et à donner à leurs propres enfants l'éducation et les chances qu'elles n'avaient pas eues..

Un petit bémol: on se perd un peu, surtout au début, dans une famille espagnole où les fils reprennent souvent les prénoms paternels, où le nom de famille se compose de celui du père et de celui de la mère...et où les enfants, nombreux, viennent encore corser la difficulté!! Un petit arbre généalogique aurait été le bienvenu!

Sinon, le récit est vivant, coloré, chaleureux et plein d'enseignements sociologiques et historiques, dépassant largement l'intérêt, plus limité, d'une simple chronique familiale.
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Si loin, si proche. L'histoire commence à la fin du XIXe siècle, dans une petite ville au sud-est de l'Espagne, à quelques kilomètres de la mer, cernée au nord par une rangée de collines. Avant de plonger dans ce récit biographique, j'ai cherché à le situer sur la carte et dans le temps. Vera, au climat semi-désertique, a un passé mouvementé : les Carthaginois, les Romains, les musulmans puis les catholiques, un tremblement de terre qui l'a totalement détruite et, dans les siècles suivants, guerre, répression, famines, épidémies… Au moment où commence notre histoire, la petite ville ne sait pas qu'après le déclin de l'exploitation minière et les siècles de misère, elle finira par devenir un centre touristique et balnéaire.

Nous entrons dans l'intimité de deux familles, celle de Pedro et Dionisia, et leurs cinq enfants, et celle de José et Antonia et leurs six enfants. Nous entrons aussi dans la vie quotidienne de la petite ville, son bistrot, sa boulangerie, son dénuement. Les évocations sensorielles nous font ressentir ses murs, sa chaleur, sa matière :

« Le pas traînant, un baluchon en bandoulière, José Haro Léon avançait sans se hâter vers la Plaza del sol, l'entrée sud-est de Vera. le soleil, au zénith, ruisselait sur les maisons blanches et la chaux vive des façades vibrait derrière le mur de chaleur. Il cligna des yeux pour essayer de stabiliser les images tremblantes de lumière. »

« Le jour s'amenuisait. le soleil se cachait lentement derrière les flancs de la sierra Almagrera et ses derniers rayons coloraient de gris-rose et de bleu la montagne aux multiples filons. le pays vivait de ses ressources depuis presque soixante années. La richesse de ses pentes scintillait au couchant et n'en finissait pas d'étirer la lumière de cette journée. »

J'ai parfois ressenti comme une ambiance de western, tant dans le climat que dans la vie rude, pour apprendre ensuite que des westerns ont effectivement été tournés tout près (dans le désert de Tabernas). Au fil du récit, les scènes de la vie quotidienne nous décrivent le caractère et les préoccupations des différents membres de la famille. Ceux-ci sont confrontés à des problèmes de survie face à l'industrialisation qui prive certains de leur travail, les obligeant à en changer.
Comment vont-ils s'en sortir ? Comment chacun, avec son tempérament, son âge, son imagination, sa foi, va-t-il réagir au changement imposé ? le récit met en valeur la volonté et la patience des femmes, qui travaillent et font vivre les enfants quoi qu'il arrive. Après bien des détours et des questionnements, une longue absence de l'un et une prospection de l'autre, la famille sera enfin regroupée en Algérie, où chacun trouvera sa place.
Cette saga familiale est contée avec respect et délicatesse par un de leurs héritiers, qui retrace leurs joies et leurs peines, leurs errements et leurs efforts, dans une langue riche et évocatrice.
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Hommes et femmes font ici en sorte que la vie gagne, entre crise économique et lâcheté, larmes et ténacité, illusions et regrets. Leur histoire personnelle croise celle de la province d'Almeria, au sud-est de l'Espagne : entre 1902 et 1909, de nombreux hommes quittent la région, en perte de vitesse économique, pour aller s'embaucher une saison ou plus en Afrique du Nord. On les baptise les golondrinas (hirondelles). Pendant leur absence, l'énergie des femmes, restées au pays mais délibérément actrices de leur vie, fait le reste…
D'où vient le nomadisme viscéral de ces hommes qui tissent un nid qu'ils n'habitent pas et qui émigrent loin et longtemps ? Juan Manuel, le grand-père maternel de l'auteur, part deux ans avec son frère en Algérie ; Bartolomé, son grand-père paternel, choisit l'Argentine où il reste quatre ans. Lorsque son épouse décède, il rentre, épouse sa belle-soeur et repart en lui laissant la charge des trois enfants de son premier mariage. Il ne reviendra pas pendant huit ans…Mais comme les autres golondrinas, il porte son pays à même la peau et c'est avec lui qu'il transpire, fort d'une incroyable capacité de rebondir et de repartir à zéro quand cela est nécessaire.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Il était une fois trois sœurs, Béatriz, Damiana et Rosa Haro Garcia. Leurs parents, José de Haro Léon et Antonia Garcia Molina, habitaient à Vera, calle Inclusa, dans la province d’Almeria au sud-est de l'Espagne. Elles avaient deux frères : Frasquito, l’aîné, garde civil à Seron dans la sierra de los Filabres et Melchior, le cadet pêcheur à Cartagena.
Le père, José, exerçait la profession de métallurgiste et transformait le minerai de fer qu’extrayait un de ses voisins, Pedro de Haro Simon. Ce dernier marié à Dionisia Cervantes Carrizo avait six enfants, Juan Manuel, Francisco, Francisca, Maria, Antonia et Anita.
Pedro de Haro Simon hérita en 1886 des biens de son père Juan Manuel de Haro Albarracin, l’un des pionniers de l’épopée de la mine du Sud Est espagnol depuis la découverte du filon de galène argentifère de Jaroso en 1834. Certains des terrains étaient situés dans les montagnes dominant Vera, Los Cabezos Pelados.
Hélas, Pedro de Haro Simon et José de Haro Léon se lancent dans l’activité minière au moment où elle connait son déclin.
L’année 1890 voit naitre les premiers conflits sociaux, une grève des ouvriers sur le site minier de Bedar, et des dockers sur le port de Garrucha. L’arrivée d'industriels français et belges, la construction d’un téléphérique et d’un chemin de fer reliant les sites miniers au port de Garrucha marque le début de l’industrialisation de l’activité et la fin de l’époque des entrepreneurs individuels, souvent des propriétaires de terres agricoles qui se lancent dans la prospection minière. C’était le cas de Pedro de Haro Simon.
En 1890, malgré la crise, Pedro achète une maison 19 calle Hileros, et en 1892 devient actionnaire d’une société de mineurs «Providencia y amigos». Mais la malchance le poursuit. D’échec en échec, il est contraint de devenir salarié, maître fondeur, d’une grande compagnie minière à La Union près de Cartagena. Il mourra en 1895 à l’âge de 35 ans.
Pour sa famille c’est le début d’une période noire. L’année même de sa mort, Juan Manuel son fils aîné tire un mauvais numéro et part pour trois ans à la guerre hispano américaine de Cuba. Il en reviendra rescapé, miraculé, avec un autre jeune homme de Vera, Paco Romero.
À son retour, il prend la suite de son père comme maître fondeur à La Union. Son frère Francisco y travaillera avec lui.
En 1908 il épouse l’une des sœurs Haro Garcia, Damiana.
La région connait alors un déclin économique majeur. Ses habitants la quittent en masse. Juan Manuel fait le choix de la « emigracion golondrina » et part en Algérie avec son frère Francisco en 1909.

En 1902, Béatriz, la sœur aînée de Damiana, unit son destin à celui de Bartolomé Núñez Segura un ouvrier maçon. Les Núñez Segura habitaient aussi calle Hileros. Jusqu'à l’année 1910, le couple parvient à bien vivre, bénéficiant de la vague de prospérité des industriels de la mine. Ils ont trois enfants, Sébastian, José-Antonio et Lucia. Puis, se retrouvant sans travail, Bartolomé choisit de partir seul pour l’Argentine en 1911. Un choix qui implique une séparation longue et hypothèque l’avenir du couple.
Juan Manuel et Damiana sont les parents de ma mère Denise, Bartolomé et Béatriz ceux de mon père José Antonio. Mes deux grands-mères étaient soeurs !

Leurs maris à l'étranger, les deux femmes ont vécu seules avec leurs enfants. Lingère, nourrice, femme de ménage, elles travaillent essentiellement pour la famille Caparros, des commerçants catalans établis à Vera et possédant un « cortijo » dans la montagne.

Béatriz meurt à Vera en janvier 1914, à l’âge de trente-huit ans. Bartolomé revient alors d’Argentine. Le 8 mai de la même année, il épouse sa belle-sœur Rosa, la troisième fille Haro Garcia, de seize ans sa cadette, et repart au début de l’année suivante en lui laissant la charge des trois enfants de son premier mariage. L’infortunée Rosa attendra huit ans le retour de ce mari fugueur. Elle travaille chez le juge de paix de Vera pour subvenir aux besoins de ses trois neveux dont elle aussi est la belle-mère.

En 1911, Damiana, elle, avait décidé de partir en Algérie rejoindre son mari Juan Manuel, accidenté. Les deux sœurs ne se retrouveront en Algérie pour s’y installer définitivement qu’en 1923.

Enfant, j’ignorais cette histoire. Elle me fut révélée au fil des voyages en Espagne et du temps. Elle m’apparut comme un secret dont on ne parlait jamais ou plutôt comme d’une histoire banale qui ne méritait pas que l’on s’y attarde.

En 1964, quarante-deux ans après son départ du village de Vera où il naquit, mon père José Antonio y retournait pour renouer avec ses cousins espagnols. Dès lors, son unique obsession fut ce mois de congés payés qu’il y passait chaque année et qui constituait sa raison de vivre mais aussi, peut-être, un moyen de supporter sa modeste condition de maçon. L’amour qu’il portait à ce pays m’effrayait. Il parlait quelquefois d’y acheter une maison, de s’y installer, et les cousins évoquaient notre retour au pays en riant.

Un mois par an, l’Espagne me rendait mon véritable père mais je ne le comprenais pas. Je vivais ces vacances espagnoles comme une contrainte, et je regrette aujourd’hui d’avoir manqué plusieurs rendez-vous avec son histoire.

Lors de l’été de 1967, ma mère nous apprit que la maison de son père, Juan Manuel, celle de la calle Hileros, ainsi que les terrains des Cabezos Pelados, où se trouvait la mine, étaient toujours la propriété des héritiers. Une voisine de Vera, la Juana, voulait racheter la maison, inoccupée depuis 1911, et tombée en ruines. Préférant rester à la plage avec mes cousins, je n’assistais pas à la transaction entre elle et ma mère qui en était l’héritière, ni à la visite du terrain de la mine. La cession fut faite à titre gratuit, les deux propriétés étant grevées d’impôts. L’image de mes grands-parents quittant leur pays en fermant simplement la porte de leur maison est inspiré de cet événement.
Cette même année, ma mère retrouva l’une de ses tantes à Albacete, Maria, la sœur de mon grand-père Juan Manuel. Cette vieille dame de près de quatre-vingt ans lui rapporta de nombreux événements : le retour de son frère Juan Manuel de la guerre de Cuba, seul survivant avec un autre appelé du village, les facéties de Melchior son beau-frère dont elle refusait de croire qu’il était maintenant âgé de soixante-huit ans, le considérant toujours comme le petit garçon qui venait l’embêter.
La thèse d’Andres Sanchez Picon, « la mineria del levante almeriense », les œuvres du poète de Cuevas de Almanzora, José Maria Martinez Alvarez de Sotomayor, dont le père possédait la mine « Virgen del Carmen », notamment la pièce de théâtre « Pan de sierra », décrivent le contexte de cette histoire familiale.
Il y a quelques années, la fille d’Antonia, la plus jeune sœur de notre grand-père Juan Manuel, nous fit parvenir la copie d’actes notariés relatifs à la cession des biens de Juan Manuel De Haro Albarracin à ses enfants en 1886, et à l’achat de la maison Caparros de la calle Hileros par mon arrière-grand-père, Pedro de Haro Simon en 1890.
Elle me transmit également un récit tiré des souvenirs de sa mère Antonia sur le décès de Pedro De Haro Simon mon arrière-grand-père, en mars 1895.
En rapprochant ces différentes sources, j’ai bâti une chronologie des dates familiales qui s’insérait parfaitement dans celle des événements économiques et sociaux aux mêmes périodes dans la province d’Almeria. Des liens sont apparus, qu’il fallait à peine forcer pour les rendre cohérents.
Plusieurs entretiens avec ma mère ont permis de combler les vides dans cette chronologie et d’apporter des faitsque je ne connaissais pas, comme les récits de la guerre de Cuba par son père, le commerce de charbon de ma grand-mère Damiana à Oran, l’accident de Juan Manuel à la ferme Vivès, les retrouvailles des deux sœurs survivantes en 1923 à Oran, la maison Font, la Tia Lista, le TOH, le brigadier Juste et le tio Andres.

J’avais également conservé le souvenir d’une conversation avec ma tante Lucia, la sœur de mon père, après le décès de ce dernier en 1994. Elle m’avait alors raconté les relations tendues entre eux et la Tante Rosa, la deuxième femme de leur père Bartolomé Núñez Segura, avec laquelle ils ont vécus plusieurs années alors que celui-ci travaillait en Argentine.
Les certificats de travail de ce grand-père «argentin» m’ont permis, grâce aux archives de l'entreprise allemande Wayss y Freitag, de retrouver les lieux dans lesquels il avait travaillé, notamment «el centro de gravitacion del gran devoto» à Buenos Aires.
Las golondrinas s’est construit sur tous ces souvenirs, ces regrets, ces retrouvailles.
Avec l’aide d’Anne Ducrocq, que je remercie sincèrement pour son écoute patiente et ses conseils, je suis parvenu au résultat que vous allez lire maintenant.
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Il savourait à l’avance le moment où son corps fatigué se détendrait et salivait à l’idée du verre de vin de Jumilla qui accompagnerait le jambon sec au goût salé.
Il ferma les yeux. A peine assis, une impression de déjà-vu le troubla. Il eut, une fraction de seconde, la sensation d’appartenir à cet endroit depuis très longtemps. Il se servit à boire sans pouvoir chasser ce sentiment étrange et dérangeant. Quelqu’un l’observait, il se retourna.
Un vieil homme s’approcha, habillé de neuf, la barbe faite. Il tenait une drôle de canne à la main et une chaîne en or barrait son gilet.
- Je suis Juan Manuel De Haro Albarracin. Le café commençait à me manquer, ce fainéant de Miguel ne voulait plus travailler. Au village, on vous dira de moi que j’ai tout pris et rien laissé aux autres. C’est peut-être vrai mais je ne le crois pas. J’ai eu de la chance. Simplement.
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Ils portaient en eux le vertige du migrant qui n'est rien dans son pays d'accueil, réduit à des tâches viles, et redevient un être humain à chaque retour, adulé mais jalousé comme l'enfant prodige.
Qui peut trouver le bonheur dans une telle partition de sa vie? Pas Juan Manuel, et il enrageait d'en être réduit à cela.
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« La vieille passa son pouce sur chacune des lignes de la paume gauche de Juan Manuel. Son visage dégageait une impression de force et de sérénité. Elle sourit. Cette caresse inattendue le fit tressaillir. Il frissonna. La diseuse de bonne aventure parla d’une voix douce mais profonde :
- Quelqu’un de bien ! Tu es quelqu’un de bien !
Paco se transforma en interprète :
- Elle dit que tu es une bonne personne, je crois.
- J’avais compris.
- Bonne personne, continua la vieille, tu fais le bien, jamais le mal, ton père est mort, c’est triste, mais tu reverras les tiens. [...]
Le regard serein de la vieille femme aux yeux purs l’avait rassuré. Il se sentait protégé du mal. Paco le regardait marcher. Son compagnon d’armes se comportait différemment depuis les prémonitions de la vieille. Il semblait libéré de ses peurs. »
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P. 52 - Chacun avait en tête des rêves d'un autre siècle. Ils avaient vécu dans le mythe de la fortune espérée ou imaginée de leur père. La gloire l'avait touché. Mais eux, qui étaient-ils pour oser croire qu'une providence bienveillante les ferait hériter ne serait-ce que d'un haillon de cette gloire ?
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Vidéo de Denis Nuñez
Présentation du roman "Les golondrinas ou les 3 soeurs d'Alméria" par son auteur Denis Nunez Réalisation Editions l'Harmattan
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