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EAN : 9782414231102
234 pages
EDILIVRE A PARIS (18/05/2018)
4.05/5   11 notes
Résumé :

LES EDITIONS PERSEE
PRESENTENT LE CHEMIN DE L'OUED
un récit autobiographique
de
Denis Nuñez


Dix ans, l'âge où l'on commence à voir et comprendre un peu le monde qui nous entoure. Tout au moins à en être le spectateur, impuissant certes mais attentif et sensibilisé déjà aux problèmes d'un monde en perpétuelle évolution. Dix ans, c'est aussi l'âge où, s'appuyant sur son environnement familier, on s'est créé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pour moi, l'Algérie appartient aux trésors du paradis de mon enfance. J'y ai, en effet, vécu pendant deux petites années (1982 à 1984) et surtout j'y ai appris le français. Aussi, c'est avec grande curiosité que je me suis plongée dans ce livre que l'éditeur qualifie dès la couverture de « récit autobiographique ».

Au sens large l'autobiographie se caractérise au moins par l'identité de l'auteur, du narrateur et du personnage. le prologue nous renseigne utilement sur la démarche de l'auteur : « Ce travail de mémoire n'a pas la prétention de proposer une analyse de la situation des Français en Algérie. Il a pour unique ambition de figer pour les miens et pour ceux qui le liront, l'histoire d'une Algérie, celle que j'ai vécu. »

C'est précisément ce vécu qui m'intéresse chez Denis Nuñez, vécu écrit « par un enfant de 9 ans dont j'ai voulu restituer la naïveté et la candeur ». Je trouve le résultat fort réussi.

Qu'elle est belle cette déclaration d'amour : « Ma conscience d'Aïn-El-Arba se traduisait également par la couleur particulière du ciel, le vent sur mon visage, les images et les odeurs. Elle devenait réelle lorsque ce ciel, ce vent, ces images, ces odeurs venaient à ma rencontre » !

Une image (à peine idéalisée ?!) d'une enfance heureuse, un exode douloureux et surtout une écriture que j'ai vraiment beaucoup aimée. La scène des « piroulis », comme tant d'autres, dénote pour moi un réel talent d'écrivain et un grand raffinement dans la restitution si sensorielle de la mémoire. L'auteur a réussi brillamment son « travail de mémoire » au prix d'un travail littéraire que je soupçonne considérable, tant la construction et le style me semblent cohérents. J'ai également beaucoup aimé la fin (les deux derniers paragraphes).

Un excellent moment de lecture pour moi !
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Voici l'histoire d'une enfance arrêtée dans son élan d'insouciance.

En 1962, la guerre d'Algérie oblige quantité de « pieds-noirs » à quitter le pays où ils vivaient, souvent depuis plusieurs générations, pour s'établir dans cette « autre France » qui leur est étrangère.

Les préparatifs du départ autant que l'ignorance des événements pour un petit garçon de neuf ans, accélèrent le processus de maturité et font remonter les souvenirs d'une époque heureuse : la mémoire sémantique de Denis nous offre les visages et expressions familières, la place des objets dans la maison, la description scrupuleuse du village, des arbres du jardin, mais aussi cette mémoire épisodique qui retrace les rigolades en classe, les courses de vélos, les petits larcins, l'écoute aux portes, l'inspection des tiroirs, etc.

La famille espagnole de Denis (maternelle et paternelle) est marquée par l'exil, qu'il a tellement bien raconté dans son deuxième livre « Les Golondrinas ». Que ce soit en Argentine ou en Algérie, il y a eu tôt ou tard regroupement familial, de celui qui fonde des liens d'entraide et de solidarité, et aussi l'acceptation de l'abandon de biens acquis et cette détermination inébranlable à en créer d'autres. Cette force et cette confiance dans la vie ont, semble-t-il, été imprimées dans les gènes de l'enfant.

Quatre garçons, un père maçon qui travaillait le béton comme personne, une mère comptable de la petite entreprise familiale et couturière à l'occasion, des oncles, tantes et cousins pour rendre les dimanches familiaux pleins de chants et de gaieté. Tout ce petit monde vivait heureux, confiant dans l'avenir, en bonne intelligence avec la communauté arabe du village, jusqu'au jour où des rumeurs de plus en plus persistantes achevèrent de convaincre les Européens de partir sous peine de représailles des « Arabes de la montagne » pervertis par les idées du FLN.

A Oran, l'armée omniprésente endiguait le flux des exilés prêt à l'embarquement tandis que les enfants se regroupaient par affinités et échangeaient les innombrables souvenirs de leur jeune vie pour tromper l'attente interminable.

Après le bateau, le train jusqu'à Bourges, destination finale où une nouvelle tranche de vie allait succéder à l'enfance déracinée.

Premier essai d'écriture que je me plais à saluer et grâce auquel je me rends compte des progrès considérables réalisés dans « Les Golondrinas ». Bravo Szramowo et bon vent à ta plume alerte et attendrissante.
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J'ai vraiment aimé ce livre tendre, plein d'humour et de fraîcheur. Il s'agit d'une enfance algérienne, celle d'un petit pied-noir qui quittera sa terre d'enfance à l'âge de neuf ans. L'enfant vit dans un village agricole de l'ouest algérien, sur la frange littorale, Aïn-el-Arbaa (La quatrième source). Il est issu d'une paisible famille espagnole émigrée du temps de sa grand-mère, son père est maçon, tantôt à son compte, dans les temps de prospérité, et tantôt employé par des entrepreneurs, sa mère est couturière. A travers son regard, c'est tout un petit village qui revit, avec ses commerçant, son école son curé. Mais un village multiculturel, comme l'étaient ces communautés d'Algérie, avec aussi d'autres coutumes religieuses, d‘autres mausolées (un marabout est même enclos dans la cour de la maison de l'enfant).
Sans aucune acrimonie, l'auteur décrit cette vie simple et heureuse, tellement ensoleillée, fêtes religieuses, fêtes de famille, inventions d'enfants (j'ai particulièrement aimé le rite d'initiation qui consiste à oser manger une de ses crottes de nez !) Personne ne roule sur l'or, mais on compense par de la dignité et des rapports de solidarité avec les voisins. Et l'on s'exprime avec ce parler coloré, espagnol populaire ou bien français d'Algérie, ou pataouète, mélange d'espagnol, d'arabe et de français, mais déformés déviés de leur sens propre : « Qu'il est gracieux, ce gosse », « Traga la soupe, traga la soupe, le soldat » « Çuila ? il est maigre comme un stokofish », souvenirs d'une langue morte (enfin, n'exagérons pas, d'un parler oublié).
L'observation de ce petit garçon sage est très fine, on retrouve avec plaisir ces phrases charmantes pour ceux qui les ont connues, mais aussi, des comportements, des attitudes, des notations comme celle du silence pesant d'Oran se préparant à l'exode.
Moments de joie, moments de peine scandent une très intéressante description des moeurs des petits villages de cette Algérie rurale et coloniale.
Nostalgérie ? Peut-être pas vraiment. Car voyez la fin du livre : « Notre voisin, un paysan du sud du Cher contraint à l'exode rural avec se famille, vivait un déclassement social et professionnel équivalent à celui de mon père… Nous retrouvions dans ses récits des nostalgies comparables à la notre. Il racontait a façon dont vivaient les habitants du village qu'il avait quitté. Cela ressemblait trait pour trait à ce que nous avions vécu à Aïn-el-Arbaa… Il regrettait son village aussi fort que nous regrettions Aïn-el-Arbaa. »
« Toute enfance est une patrie perdue » disait J. Frémeaux dans un récent recueil .sur l'Enfance des français d'Algérie, justement.
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La Nouvelle République du Centre-Ouest

actualité, jeudi, 24 avril 2008,
Souvenirs d'enfance d'Oran à Bourges


« Bourges n'était pas Oran, notre ville de référence. Alors qu'Oran, tournée vers la mer, était une ville portuaire toujours en effervescence quel que soit le moment de la journée, Bourges nous montrait son calme, son silence, ses rues désertes dès la fin de l'après-midi. »
Cette découverte d'une ville de métropole, c'est celle d'un jeune garçon qui, en 1962, a quitté l'Algérie pour arriver avec sa famille à Bourges, logée à l'époque dans la cité du Beugnon, rue du Champ-Dur, dans le val d'Auron.
C'est Denis Nunez qui signe ce récite autobiographique d'un jeune pied noir confronté à l'émigration vers la mère patrie. du port d'Oran à Bourges, il raconte ses sensations, ses souvenirs, les étapes de ce voyage, les personnages qui ont marqué son enfance de chaque côté de la Méditerranée.
Issu d'une famille d'origine espagnole devenue française en Algérie, l'auteur du livre « Le Chemin de l'oued » relate son quotidien et celui de ses proches sous le soleil d'Oran.
La dernière partie de ce livre de souvenirs se déroule à Bourges où le petit Denis apprend une nouvelle vie. Au travers de cette chronique, le lecteur suit aussi l'exemple d'une famille rapatriée d'Algérie et sa démarche d'intégration dans la société métropolitaine : le premier logement, puis les petits travaux, la première voiture et le premier emploi dans une société qui ne connaissait pas le chômage... « La recherche de logement ne posa guère de problèmes non plus. La construction déjà bien avancée des quartiers nord de Bourges " le Moulon " et " La Chancellerie " permettait d'accueillir les nouveaux arrivants. Ces nouvelles populations venaient, comme nous, de l'extérieur... » Et c'est au numéro 4 de la rue Gustave-Eiffel que la famille de l'auteur se loge alors que son frère, marié à une institutrice, s'installe à Mehun-sur-Yèvre.
Aujourd'hui, Denis Nunez est installé à Paris et travaille à l'histoire de ses grands parents qui, en quittant l'Espagne pour l'Algérie en 1909, ont débuté ce chemin migratoire qui passe par Bourges et qui donne, 53 ans plus tard, ce livre intitulé « Le Chemin de l'oued ».
«Le Chemin de l'oued», Denis Nunez, 15 E, éditions Persée.
© 2008 La Nouvelle République du Centre-Ouest. Tous droits réservés.
Numéro de document : news·20080424·NR·5621607
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Denis, ce petit garçon de 10 ans, a bien du mal à se détacher de ses racines algériennes lorsqu'il évoque ses souvenirs et ses questionnements tout au long de ce voyage à bord du bateau en partance pour la France…

Tel le roulis de la Méditerranée, le ressac des rêves dans son esprit oscille entre l'évocation du bonheur passé, l'amère désillusion de la réalité, l'incertitude de l'avenir et l'espérance d'une nouvelle vie. Et c'est bien là tout le talent d'écriture de Denis Nunez qui relate avec beaucoup d'émotion, de sensibilité et une mémoire infaillible, les moments les plus forts de son enfance, d'abord innocente et facétieuse, à Aïn-El-Arba, et dans un même temps, la douleur du déracinement, l'exil forcé et l'arrivée à l'été 1962 dans la ville de Bourges où l'apprentissage d'une nouvelle vie va s'imposer.

J'ai été séduite par la fluidité et la simplicité de l'écriture de Denis Nunez dont le style littéraire est un mélange de sincérité, de douceur, de nostalgie et de poésie. Par ailleurs, je me suis laissée bercer et porter par la vague de son histoire émouvante, suite logique de son épopée familiale, débutée dans son roman « Les Golondrinas ». Si l'on rajoute, tout au long du récit, la description des paysages à couper le souffle dans une palette de couleurs chatoyantes, j'ai vraiment eu l'impression d'être téléportée dans son village natal installé au coeur d'une nature colorée et bienfaisante, et de vivre à ses côtés les grands moments de son enfance insouciante.
Je remercie l'auteur pour ces instants magiques de bonheur qu'il nous a délicatement transmis en ouvrant la porte de ses souvenirs...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Mon oncle, père de quatre enfants, qui possédaient chacun une bicyclette, avait mis au point un astucieux stratagème pour leur faire croire que le Père Noël leur apportait un nouveau vélo chaque année. Comme par enchantement, tous les vélos disparaissaient vers le début décembre. Ils se retrouvaient chez nous, dans le magasin de matériel. Là, mon oncle révisait chaque engin et les repeignait entièrement de façon à ce que chacun de mes cousins trouve, le matin de Noël, un nouveau vélo, plus grand, plus brillant, plus beau que celui qu'il avait utilisé pendant l'année écoulée.

p. 105
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Les jours de fête religieuse musulmane comme l'Aïd Kebir, des musiciens noirs, les Ghenaouas, descendaient des montagnes pour accompagner, de leur musique tribale, l'égorgement du mouton. Les darboukas et les flûtes formaient un tissu de musique épais et cotonneux. Le son modulé des flûtes s'envolait dans les airs comme les rubans rouges que les enfants agitaient vers le ciel, tandis que la rythmique implacable des peaux frappées de baguettes recourbées maintenait les danseurs sous pression. Ils s'agitaient autour de l'égorgeur qui dansait avec le mouton pour l'enivrer avant de lui porter le coup fatal. Le sang jaillissait sous les yous yous des femmes. Le boucher s'était levé, les bras au ciel, le couteau ensanglanté dans une main. Le mouton tombait doucement sur le sable rougi. La fête continuait avec plus de sérénité.
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En traversant le lit de l’Oued, en direction des montagnes, nous avions découvert un accident de relief, une sorte de dépression de la roche qui rendait le passage de l’oued plus encaissé qu’ailleurs.
Nous avions surnommé ce passage, que nous nous imposions de franchir d’un bond, « la vallée de la mort ».
Cet endroit magique perdu dans les chardons et les artichauts sauvages cristallisait notre imagination et servait de refuge à nos escapades de l’après midi.
Cachés par les tiges vertes des artichauts sauvages nous regardions au dessus de nos têtes les fleurs violettes qui se découpaient dans le ciel.
Avec un mépris du temps compté, elles se balançaient au gré du vent et marquaient le ciel, comme par inadvertance, de trajectoires de barbules blanches qui se détachaient par rafales et s’enfuyaient vers les traînées cotonneuses des nuages d’altitude.
Le silence envahissait les montagnes, nous étions biens, seuls sous le soleil, attendant un ennemi imaginaire que nos jeux décrivaient comme un indien d’Amérique ou un cow-boy égaré sur le mauvais chemin.
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Sur sa table de nuit étaient posés en évidence deux livres et un disque dont les illustrations de couverture formaient la trame dramatique de ses enseignements. Le premier, l’Église des saints et des martyrs de Daniel Rops, était illustré par une scène de martyre très réaliste. L’on y voyait un chrétien dont l’œil s’apprêtait à être crevé par une énorme vrille qu’un bourreau jovial et sadique tenait fermement. Le second était une édition de poche de Via Mala de John Knittel. L’illustration de couverture montrait au premier plan un personnage au visage verdâtre qui tenait dans sa main un énorme gourdin. Il sortait d’une pièce que l’on voyait au second plan. A travers la porte ouverte, on distinguait les pieds d’un homme étendu. On pouvait penser qu’il avait été occis par le personnage principal dont le regard laissait voir toute la méchanceté qu’il pouvait exprimer. Sans jamais oser lire une seule ligne de ces deux ouvrages j’imaginais leur contenu Le disque, Peer Gynt de Grieg, apportait l’accompagnement sonore idéal aux illustrations des couvertures des livres.
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C’était ça aussi notre Algérie, une réalité translucide, sucrée et irisée, pleine de bulles d’air comme le caramel des piroulis de la bonbonnière.
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Video de Denis Nuñez (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Nuñez
Présentation du roman "Les golondrinas ou les 3 soeurs d'Alméria" par son auteur Denis Nunez Réalisation Editions l'Harmattan
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