Cette bande dessinée, constituée de six volumes, retrace sous forme de fiction la vie de Joseph Joanovici, ferrailleur juif roumain illettré devenu l'un des hommes les plus riches de France et qui a entretenu durant la Seconde Guerre Mondiale des rapports proches à la fois avec la Gestapo et avec la Résistance.
Un avertissement en début de chaque volume rappelle que cette histoire s'inspire de faits historiques mais mêle aussi de la fiction.
Avant de commencer cette série, Joseph Joanovici m'était totalement inconnu : "Je suis un petit ferrailleur. J'ai des camions, des entrepôts ... et un casier vierge.".
Je ne dirai pas que je le connais mieux après cette lecture, car ce personnage était tellement énigmatique qu'il est bien difficile de démêler le vrai du faux.
C'est pourquoi son histoire se prête bien à la fiction, et son adaptation sous forme de série dont le titre est sans équivoque emprunté à un film de
Sergio Leone.
Je qualifierai ce premier tome d'extrêmement brouillon, il y a de quoi se perdre facilement tant les sauts dans le temps sont importants.
Si la suite était du même acabit j'aurais décroché avant la fin.
Ce premier tome manque de structure narrative et de cohérence, j'ai eu l'impression que les auteurs cherchaient à donner le plus possible d'informations au lecteur, ce qui a pour conséquence de le dérouter.
Je reconnais à
Fabien Nury des recherches approfondies sur la personne de Joseph Joanovici pour construire son histoire, mais ici elles manquent de cohésion et donnent l'impression d'un cheval fou lancé au galop.
Fabien Nury ne m'était pas inconnu puisque j'ai notamment croisé sa route au cours de la série W.E.S.T.
Les dessins de Sylvain Vallée sont quant à eux beaux et collent assez à la réalité, notamment si l'on compare une photographie de Joseph Joanovici avec son portrait en bande dessinée.
Quant au personnage en lui-même, difficile de ne pas éprouver de la compassion à son égard, mais cette compassion finira par disparaître quand le lecteur se rend compte de l'ambigüité du personnage : "D'accord, il a fait des affaires avec les boches ... et ils les a bien roulés ! D'accord, il a fait croire à des collabos qu'il était leur copain ... il fallait bien qu'il survive ! Nom de dieu, rien qu'avec sa religion, s'en tirer comme ça ... ça devrait vous forcer le respect !" et sa dureté : "Mon pays, c'est ma famille. Les autres peuvent crever.".
"L'Empire de Monsieur Joseph" n'ouvre pas forcément sous les meilleurs auspices cette nouvelle série en bande dessinée mais il ne faut pas s'arrêter à ce premier tome un peu trop brouillon, la suite m'a heureusement prouvé que ce défaut avait été corrigé et que l'histoire était plus organisée.
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