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Avec un titre pareil, une satire féroce serait à attendre…
C'est bien le cas, même si les propos de l'auteur sont beaucoup plus ambivalents qu'attendu…
Avec l'étonnante histoire du jeune Onuma, symbole du grand écart entre traditions et modernité au Nigéria, on passe de l'amusement à la consternation, alors que l'auteur vaporise dans plusieurs directions la « morale de cette histoire »… car tout commence par un « il était une fois… »… et s'achève de la plus curieuse façon…
Onuma représente le rêve d'ascension proposé par nos sociétés capitalistes au monde entier, ou bien cette avidité est-elle constituante, voir structurante à toute société humaine ? L'auteur nous répondra par un sourire, et continuera cette histoire à rebondissements avec une grande décontraction, maniant les âmes sans peur du cliché, se gardant bien de toute considération réellement politique.
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Ce beau livre de Nkem Nwankw, publié en 1975 nous présente le climat de l'Afrique des années 70 où la question sur la route à prendre pour la plupart des pays africains est très fondamentale. Après avoir fêté la fin du colonialisme, le départ des blancs et l'octroi des indépendances dans la décennie 1960. Eh bien la décennie des années 70 est celle de la réflexion, celle de former des assises qui permettent de fonder les nouvelles sociétés africaines. C'est en même temps le déclenchement d'un conflit culturel, j'oserai dire un peu à l'image de la guerre froide, où beaucoup optent pour faire un retour aux sources c'est-à-dire à la tradition et d'autres préfèrent adopter la culture occidentale afin d'accéder au modernisme.
Nkem Nwankw, dans Ma Mercedes est plus grosse que la tienne, étale alors ce conflit à travers le personnage de Onuma et sa voiture. Aussi cela me fait penser à l'aventure ambiguë de Cheik Amidou Kane où l'on retrouve le même conflit culturel du genre. A cela, il faut voir aussi comment l'auteur nous révèle ce retour aussi malicieux des occidentaux qui continuent à gérer les affaires africaines tout en utilisant les africains eux-mêmes à travers Onuma comme chargé des relations dans une société européenne, il sert de passerelle entre les affairistes et les politiciens...
Un magnifique livre, d'une écriture limpide et vivante!
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Publié en 1975 et traduit en français en 1996, "Ma Mercedes est plus grosse que la tienne" est le deuxième roman de l'écrivain nigérian Nkem Nwankwo (1936-2001), une belle découverte grâce à l'équipe de chroniqueuses de choc de Palabres autour des arts (en juin dernier à la librairie Charybde).

Onuma, après des études universitaires qui ont tourné court à Lagos, du fait de sa paresse et de son mépris des études, est employé dans une société de Relations Publiques, c'est-à-dire qu'il utilise son entregent et sa connaissance des boîtes de nuit et des bordels pour faciliter les relations entre politiciens et fonctionnaires nigérians corrompus et les hommes d'affaires européens qui les corrompent.

Onuma mange à tous les râteliers pour satisfaire son ambition suprême, avoir une voiture. La voiture est pour lui comme une maîtresse parfaite, le moyen d'être adulé par les femmes en recherche de sauveur ou simplement de sexe, le moyen de se soustraire, derrière son pare-brise, à la misère qui fleurit partout. Il s'endette donc jusqu'au cou pour s'offrir une Jaguar – dorée -, et, après quinze ans d'absence, retourne dans son village natal au coeur de la brousse, étaler devant ses proches cette preuve de son arrogante opulence.

Jeune homme égoïste, il méprise autant les intellectuels qui gagnent mal leur vie que les villageois qui lui semblent crasseux et léthargiques. Mais la Jaguar n'a pas été conçue pour les chemins de brousse et la réussite matérielle d'Onuma va s'avérer fragile, construite sur du vent. le portrait d'Onuma est cruel, jeune homme sans traditions, sans aucun sens moral ni aucune authenticité, mais le village n'est pas idéalisé pour autant, avec les luttes tribales, ses rixes dérisoires et le père qui exploite sans vergogne les travailleurs agricoles. Finalement, l'amour pour sa mère est la seule relation authentique de ce livre, personnage remarquable, paisible et généreuse, borne de stabilité dans une société qui dérive.

Avec des titres de chapitres en hommage à "La terre vaine", "Ma Mercedes est plus grosse que la tienne" est une fable tragi-comique, peinture vivace de la période postcoloniale, de l'urbanisation galopante et de la misère de Lagos, mais aussi du dénuement de la brousse et des luttes tribales, et au passage portrait au vitriol des hommes d'affaires européens qui pillent les richesses et des politiciens locaux corrompant et corrompus.

« "Fils – c'était une de ses expressions favorites – fils, qu'est-ce que tu fais exactement à Lagos ?"
Onuma sourit. Sa profession, celle de chargé des relations publiques, n'avait pas le moindre rapport avec ce qui avait pu appartenir à l'expérience de Nweze. Aussi ne savait-il pas en quels termes la décrire. Alors il adopta sa méthode favorite pour tourner les questions embarrassantes. Il affabula. Il se présenta comme un voyageur, un expérimentateur en moeurs exotiques. Par exemple, il avait escorté un convoi de voitures sur des milliers de kilomètres. Il avait été aussi le premier non-croyant à visiter le harem d'un sultan. Il brossa un tableau pittoresque des montagnes d'arachide "qui touchent le ciel" et il couronna son récit avec des histoires de courses de chevaux sauvages à travers les plaines du Soudan.
Il parlait en gesticulant et ses yeux noirs et brillants avaient un air de défi. Les paysans buvaient ses paroles.»
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Une sorte de Chat noir, chat blanc avec la plume d'un Camus. Une famille qui nous parait un peu barrée mais qui semble ne pas sortir de la norme africaine, où le bonjour est souvent suivi d'une insulte au sein de laquelle rentre de Lagos (la capitale) le héros fort de sa suffisance et de sa jaguar (qu'il foutra en l'air).... Une bonne photographie d'une famille africaine, même si l'on peut supposer des différences (ce livre ayant été écrit en 1975). Vu mon ignorance dans la culture africaine je peine à savoir ce qui tient de l'ironie ou de la satyre, peut être tout le texte ? Mais mon ignorance n'enlève rien au plaisir de la lecture; l'écriture est belle, le récit fluide, les personnages suffisamment hauts en couleurs pour que l'on s'attache à leurs déboires.
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Souvent, l'inconscient guide la main du lecteur dans le choix d'un roman. Je sens qu'un fil ténu lie quelquefois mes lectures. Si le précédent livre (cf. Automobile club d'Egypte) parlait de tout sauf de voiture, ce roman est quasiment son contraire.
Cette histoire ressemble, étrangement au roman, le bûcher des vanités, de Tom Wolfe sauf qu'il se déroule en Afrique. Il s'agit ici d'une longue descente aux enfers suite à un accident de voiture. Alors que Sherman McCoy, le héros de Tom Wolfe a malencontreusement écrasé quelqu'un, Onuma envoie sa Jaguar dans le ravin après une soirée alcoolisée.
Onuma, comme Sherman McCoy, qui nageait dans l'opulence, se retrouve soudain au fin fond du gouffre. Issu d'un petit village de Nigeria, ce jeune homme réussit brillamment à Lagos, la capitale du pays. Doué d'un bon charisme, il arrive à se faufiler et à gravir aisément les échelons pour occuper un poste intéressant dans une société étrangère. La possession d'une voiture de luxe est en effet un symbole de réussite sociale. Mais tout s'envole en fumée avec l'accident.
Nous avons ici le portrait d'un jeune homme arrogant et plein de mépris pour ses semblables. Sans aucune éthique ni morale, il est prêt à tout pour assouvir ses besoins matériels, quitte à voler son employeur, à fréquenter des truands et à s'affilier en même temps à des partis politiques concurrents. Bref, c'est un petit malfrat qui ne suscite aucune compassion.
Ce livre dénonce également la corruption qui gangrène la politique, les traditions ancestrales coûteuses, les pratiques religieuses chrétiennes assez brutales, le culte de l'apparence au niveau de la société nigériane, le choc culturel entre les moeurs occidentales et les valeurs africaines.
Pour conclure, c'est un court roman qui mérite le détour pour ceux qui seraient intéressés par la littérature du continent africain.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Onuma, fils du chef Udemezue Okuda, revient à Aniocha son village natal ! Après 15 années pendant lesquelles il a étudié à Lagos et trouvé un travail lucratif de "chargé de relations publiques dans une société européenne basée à Lagos". C'est donc dans une superbe Jaguar qu'il fait son entrée au village où tous l'attendent.... "Son salaire mensuel aurait pu nourrir tout le village pendant des mois."

Suivent alors toutes les aventures d'Onuma et de sa Jaguar, qui finit rapidement accidentée au fond d'un ravin (les routes sont mal signalées, surtout si on a un peu bu...) et ensuite complètement désossée.

Les aventures tragi-comiques d'Onuma sont prétextes à d'amusantes scènes qui présentent la vie à Lagos et ses embouteillages, ainsi qu'à Aniocha et ses environs : le village familial, la police, la justice, les transports en commun, les boîtes pour se distraire, les mécaniciens, et pour finir les politiciens.

"Les paysans reconnurent le policier et le traitèrent selon le code du village. Un rprésentant de la maréchaussée devait toujours être induit en erreur, mal informé ou dirigé sur un fausse piste."

Parfois caricatural, mais bien observé et bien raconté.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Onuma retourne dans son village natal au volant d'une Jaguar. Là, il lui arrive toute sorte de mésaventures.

Ce livre raconte le drame des jeunes élevés en ville loin de leurs traditions et en dehors de toute morale. Thème très classique dans la littérature africaine et pourtant tellement vrai. Notre type de vie occidental qui s'insère dans les villes fait disparaitre les valeurs traditionnelles mais ne les remplace par aucune nouvelle valeur. C'est à l'Afrique de se créer cette nouvelle identité, mais c'est bien souvent au prix d'une génération perdue.
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J'ai pas bien compris comment ce jeune Onuma continue et s'évertue à agir comme un naze. Jamais il ne s'améliore, ou ne progresse. J'ai pensé même que dans un éclair de lucidité il se suiciderait, mais non;
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