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3,34

sur 158 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un mystérieux étranger suscite fascination--voire admiration --- lorsqu'il pénétre dans le pub de ce petit village perdu d'Irlande ..
Il en impose avec sa silhouette à la Raspoutine..
Il se dit "guérisseur ", venu du Monténégro , "réussit "à calmer les hésitants et les méfiants en soignant Soeur Bonaventure , l'une des quatre nonnes du couvent très proche.


Quant à la belle Fidelma, on peut parler de coup de foudre.

Mariée à un homme plus âgé qu'elle , elle tombe sous le charme, aveuglée par le plaisir et de mirifiques et aléatoires promesses!
Las! Peu de temps après , l'idylle s'interrompt brusquement .
Victime de sa naïveté ,dupée par son désir pour un effroyable menteur : "La Bête de Bosnie", inculpé de divers crimes, génocide, nettoyage ethnique, massacres, tortures, détention de gens dans des camps et déplacement de centaines de milliers d'habitants .......choc, répugnance, incrédulité .......la belle Fidelma n'a d'autre choix que la fuite à Londres :" Dans tous mes rêves, il y a du sang".......
D'entretien en entretien , devenue une moins que rien, elle finit par travailler la nuit pour un salaire de misére , hantée par son passé , entourée de réfugiés, qui, comme elle, subissent un quotidien dévasté par la barbarie sociale .
Beaucoup avaient fui l'horreur du pays où elles ne pourraient jamais revenir.
Toutes charriaient des souvenirs et l'essence de leur premier pays, connu d'elles seules .
"La peur qui comprimait toute leur vie se trouvait maintenant comprimée dans cette urgence d'attraper un bus ou un train pour permettre à un mari, une mère ou un cousin d'aller travailler ".

Elles étaient les gens de la nuit , à un pas des fantômes et étrangères les unes aux autres.
Elles couraient comme si elles fuyaient des catastrophes ......
Un ouvrage puissant, à l'écriture parfaitement maîtrisée , éblouissante , travaillée , qui nous offre une histoire de honte, d'effroi le plus profond, passant de l'horreur à la romance, du réalisme le plus cru à la naïveté et à l'audace , une compassion précieuse et infinie, à la rédemption et l'expiation ...... En multipliant les points de vue tout en préservant une écriture admirable, soignée, au lyrisme flamboyant dont on aimerait citer nombre de phrases tellement elles sont belles !
C'est un livre bouleversant traversé par la souffrance d'un peuple dans un pays contraint par la religion où les femmes comptaient moins que les bêtes !
Entre force du Mal et sa Dualité , le portrait déchirant d'une femme rongée par la culpabilité , une femme qui se bat seule jusqu'au bout .

Pour moi, un chef d'oeuvre et un véritable coup de coeur, j'aime les romans Irlandais et remercie les amies de Babelio qui m'ont incitée à le lire !
Mais ce n'est que mon avis, bien sûr !

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J'ai ouvert ce livre, l'inconnu m'a été présenté, planté là au bord de l'eau, "visiblement fasciné, barbu, avec un long manteau noir et des gants blancs". le décor est planté. Une écriture qui coule comme "le courant de l'eau qui rugit", une écriture racée, précise, argumentée et soutenue par un vocabulaire choisi. Je n'ai pas lâché ce livre. J'ai vécu tour à tour le mystère entourant cet étranger, puis le charme et le pouvoir qu'il a dispensé, l'amour, la vérité, la haine, l'effroi, l'oppression, la culpabilité, le combat, la vie tant bien que mal. Un livre fort ou la puissance des mots traduit et décrit une fresque ou le roman s'agrippe à l'histoire sans en changer le sens, ou l'histoire s'impose au roman pour en construire la trame. Inoubliables ces petites chaises rouges.
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Imaginez-vous un instant dans cette petite ville d'Irlande ; vous êtes belle, mariée à un homme plus âgé que vous et vous n'arrivez pas à concevoir d'enfant, c'est l'histoire de Fidelma.

Un jour, arrive un étranger du Monténéro, homme élégant, grand, beau cheveux longs, barbe blanche qui ouvre un cabinet de sexothérapie ; Vladimir Dragan, homme séduisant qui va attirer bien des convoitises féminines et dont la jeune et jolie Fidelma va tomber amoureuse et devenir la maîtresse !

Mais un jour, Vladimir Dragan (dont ce n'est pas le vrai nom) recherché par toutes les polices est arrêté, il est emmené à La Haye où inculpé pour génocide, il devra répondre de ses crimes.

Fidelma, est enlevée ensuite par trois hommes étrangers ; dès lors, elle va fuir et se réfugier à Londres…

Ce livre qui s'inspire d'une histoire vraie (cf la quatrième de couverture) nous entraîne dans la désillusion de Fidelma. Elle a aimé un homme passionnément sans connaître son passé, mais elle est rongée par la honte, le remords et la terreur…

C'est un beau roman qui bien que soulignant l'atrocité des crimes de guerre et la cruauté d'un homme, nous parle aussi d'amour. Celui d'une femme qui par naïveté s'est retrouvée mêlée à un drame… Comment peut-on se pardonner d'avoir aimé un monstre.

Bref, un beau roman, dur et bouleversant…

À lire assis(e) sur une chaise rouge, en se régalant d'un fish and chips accompagné d'une pinte de bière…

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En 2012, 11 541 chaises rouges ont été alignées dans la grand-rue de Sarajevo pour représenter les Sarajéviens tués lors du siège de 1992. 1425 petites chaises rouges représentaient les enfants décimés par les snipers et autres armes lourdes. de cet évènement, Edna O'Brien a tiré ce récit tragique.

Un étranger se disant docteur -sexothérapeute arrive un jour dans la petite ville de Cloonoila, en Irlande. Il est grand, beau, et ses longs cheveux et sa barbe blanches lui donnent un air mystérieux. C'est assez pour que les femmes en mal de sensations soient attirées par lui et que tout le monde en parle.
Fidelma, mariée à Jack, ne peut pas concevoir d'enfants et se met en tête de devenir la maîtresse de cet inconnu nommé Vlad pour y parvenir, après que tous deux aient fait connaissance et passent du temps ensemble.
Mais comme dans une ville de cette taille, tout se sait tôt ou tard, Vlad est un jour embarqué par la police et peu après, Fidelma est enlevée par trois hommes étrangers qui ne lui veulent pas du bien.
Vlad est en fait un criminel très recherché, l'un des tortionnaires ayant commandité les atrocités commises dans l'Ex-Yougoslavie: tortures, viols, massacres. de nombreuses vidéos en témoignent et quand Fidelma, brisée, s'enfuira à Londres, elle rencontrera de nombreux réfugiés traumatisés par cet homme auquel ils vouent une haine incommensurable.

Le récit se déroule sous tension une bonne partie du roman, suivant Fidelma dans sa tragédie, sa descente aux enfers et sa lente résurrection. Ce roman est bouleversant, dur par son sujet et vraiment bien écrit, entre paysages et sensations. On y rencontre de nombreux immigrés qui parlent de leur passé, de la raison de leur exil, on sent que l'autrice a longtemps et sérieusement enquêté, a sûrement entendu de nombreux témoignages, et on retrouve ici comme dans d'autres romans que j'ai lu d'elle une grande humanité. On y découvre une Irlande ouverte aux étrangers, ça correspond bien à ce que j'ai connu quand j'y avais habité.
Les atrocités commises entre Serbes, Croates et Bosniaques sont de nouveau en plein coeur de l'actualité aujourd'hui et ma lecture et les titres de journaux se sont télescopés, donnant encore plus de sens à ce que je lisais. Hasard des choix de lectures....
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L'histoire raconte l'arrivée d'un parfait inconnu, originaire du Montenegro, à Cloonoila, un petit village perdu d'Irlande où personne ne s'arrête jamais.
Vladimir Dragan y est accueilli chaleureusement par les habitants et s'installe comme guérisseur.
Il exerce très vite une sorte de fascination sur la population et surtout sur toutes les jeunes femmes.
Il faut dire que les seules occupations des habitants sont les réunions au pub pour y boire une bière, et le club de lecture.
Fidelma est mariée à un homme plus âgé. Jack et elle tiennent un magasin où elle s'ennuie maintenant que l'autoroute permet aux habitants de se rendre plus facilement à la ville. Ils n'arrivent pas à avoir d'enfants.
Quand, dans le cadre du club de lecture, dont Fidelma est présidente, une lectrice explique le profond ennui qu'elle a ressenti à la lecture de la mythique et merveilleuse histoire d'amour entre Didon et Enée...Vladimir Dragan intervient...il subjugue tout le monde !
Fidelma est conquise et tombe follement amoureuse de lui. Rien de plus banal me direz-vous ?

Et bien vous vous trompez car, Vladimir Dragan est arrêté et les habitants découvrent avec consternation et horreur que celui qu'ils admiraient tant, est un des pires criminels de guerre qui soit, qui a fui son pays après avoir commis d'horribles massacres et torturé des milliers de personnes, pendant la guerre civile.
Recherché par toutes les polices, il devra être jugé au Tribunal international de la Haye pour "crime contre l'humanité".
C'est alors que Fidelma, qui a découvert qu'elle était enceinte, se retrouve au centre de la tragédie. Il n'y a pas que la police qui a poursuivi Vladimir Dragan jusqu'en Irlande. Certains hommes le recherchent aussi pour se venger.
Comment survivre à la violence que Fidelma va subir ? Elle choisira de fuir son village et la honte pour tenter de se reconstruire à Londres où le lecteur la retrouvera parmi d'autres immigrés...
Les habitants se remettront-ils un jour de leur culpabilité d'avoir si bien accueilli cet assassin ?
Et le vieux mari de Fidelma, lui pardonnera-t-il un jour sa trahison ?

C'est un roman très violent mais qui, et c'est là toute la subtilité de l'écriture de l'auteur, garde toujours espoir en l'humanité.
Le vrai sujet de ce roman n'est pas la guerre civile qui vous l'aurez compris, est celle de l'ex-Yougoslavie, même si le personnage de Vladimir Dragan est en effet le double fictif de Radovan Karadzic...que l'on a dénommé le "boucher des Balkans".
L'auteur s'attache davantage à nous montrer comment une femme intelligente, cultivée et curieuse arrive, ainsi que toute la population d'un village, à se faire berner par un charlatan charismatique certes, mais surtout manipulateur et psychopathe.
L'alternance entre les moments insoutenables et la beauté des descriptions de la nature ou des rencontres, permet au lecteur de ne jamais se complaire dans l'horreur.
L'auteur sait mettre ce qu'il faut de poésie et souvent aussi, d'humour au bon moment, pour éviter au lecteur de lâcher le livre.
Un livre et un auteur à découvrir absolument !

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Traduit par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat

Fidelma vit à Cloonoila, un village paumé d'Irlande. Elle est propriétaire, avec son mari Jack, un homme plus âgé qu'elle, d'un magasin de "nouveautés", qui a connu son heure de gloire. Mais à présent, les affaires vont mal depuis que l'autoroute toute proche permet aux habitants de se rendre facilement en ville. On s'ennuie un peu ferme dans ce village où le lieu de réunion est l'unique pub (tradition irlandaise par excellence!) et le club de lecture (là j'étais déjà en train de sourire !). Alors, quand un jour se pointe un homme charismatique qui se dit guérisseur et sexologue, c'est tout le village qui est en émoi et fasciné. le type prétend s'appeler Vladimir Dragan et être bosniaque. Il arrive même à mettre dans sa poche le curé du village (qui voit plutôt d'un mauvais oeil ce sexologue :) ) en trouvant un rapprochement entre l'église orthodoxe de son pays et celle d'Irlande. Grand causeur devant l'Eternel, il se fait aussi prof de littérature au club de lecture dont Fidelma est présidente, en expliquant l'histoire d'amour mythique d'Enée et Didon, L'Enéide, dont celle qui s'est chargée d'en faire la lecture pour le club avoue s'être fait royalement suer par son sujet. Bref, ce type envoûte tout le monde d'une manière ou d'une autre, et Fidelma sera sa victime en mal d'enfant...
La première partie du roman s'achève sur la capture de l'imposteur démasqué, parce que le monde est bien plus petit qu'il ne se l'imaginait, surtout quand on est criminel de guerre, et l'un des monstres les plus sanguinaires du XXe siècle. Fidelma devra fuir à Londres, une Irlandaise immigrée chez les Britanniques où elle côtoiera d'autres immigrés, victimes de guerres, laissés pour compte de la société, survivant comme ils peuvent, rongée par la culpabilité, décuplée par les vies ruinées (autant que la sienne) de ceux qui seront ses compagnons d'infortune.
Le titre du roman, Les petites chaises rouges, est expliqué en exergue : "Le 6 avril 2012, pour commémorer le vingtième anniversaire du début du siège de Sarajevo par les forces serbes de Bosnie, 11 541 chaises rouges furent alignées sur les huit cents mètres de la grand-rue de Sarajevo. Une chaise vide pour chaque Sarajévien tué au cours des 1 425 jours de siège. Six cent quarante-trois petites chaises représentaient les enfants tués par les snipers et l'artillerie lourde postés dans les montagnes à l'entour." le personnage de Vladir Dragan est la figure fictionnelle Radovan Karadzic. Tout cela est une réalité historique dont l'écrivain se sert pour montrer autre chose que vous raconter une nouvelle fois la guerre de l'ex-Yougoslavie.
Edna O'Brien s'attache davantage à montrer comment une femme ordinaire, généreuse, cultivée, curieuse et naïve arrive à se laisser berner par un homme au charme certain et au charisme apparemment hors norme, pourtant menteur, manipulateur, psychopathe : un fou qui vit dans le déni. Une histoire qui pourrait arriver à n'importe qui. Une femme complètement dépassée parce qu'elle a fait et surprise elle-même d'une audace dont elle ne se serait pas cru capable.
Fidelma est vraiment un personnage attachant. Edna O'Brien est tendre avec elle mais la malmène également.Elle lui en fait vraiment baver. Et nous fait passer par mille émotions qui vont de la romance au film d'horreur. Il y a des passages durs, pétris de violence, des descriptions qui vous glacent d'effroi devant la barbarie guerrière dont a été capable son amant dont elle ignorait tout. Et la violence dont elle sera victime elle aussi. On frôle le thriller. Jusqu'à quel point connaît-on quelqu'un ? Ce roman m'a fait penser au Liseur de Bernhard Schlink (dont je vous conseille très vivement la lecture !)
Il y a aussi beaucoup de poésie dans la prose d'Edna O'Brien, qui s'attache méticuleusement à décrire la nature irlandaise. Et aussi un humour sans bornes. Je me suis vraiment tordue de rire à certains passages.

Extraits :

"Longtemps après, d'aucuns rapporteraient d'étranges événements ce même soir d'hiver ; les aboiements fous des chiens, comme s'il y avait du tonnerre, et le timbre du rossignol dont on n'avait jamais entendu si à l'ouest le chant et les gazouillis. L'enfant d'une famille de Gitans, qui habitait une caravane au bord de la mer, jura avoir vu le Pooka s'approcher d'elle par la fenêtre, montrant du doigt une hachette." Glurps, non ?

"Comme d'habitude, la soirée commença par une brève lecture, histoire de leur raffraîchir l'esprit. Fidelma demanda à Bridget si elle voulait bien lire et, de son fauteuil roulant, dans ses vieux habits déchirés et ses bottes de suède verte, elle lut le chapitre intitulé Didon dans le chant IV de L'Enéide, avec le calme et la cérémonie qui s'imposaient :
Troupeaux, oiseaux de toutes couleurs, habitants des grands lacs limpides ou des landes broussailleuses, tous dormaient sous couvert de la nuit silencieuse. Mais non la Phénicienne, à l'âme infortunée... Ses tourments ne font que redoubler, l'amour resurgit et fait rage...
"Putain", fut le premier mot qui jaillit, suivi d'un chapelet de putains, qui donnèrent le ton à l'invective qui allait suivre.
"Qu'est-ce que ça m'a fait chier.
- Rien à voir avec nos vies...
-Exactement dit Moira... Il y a des gens sans foyer... des mères célibataires...
-Ouais, ouais.
- ... Les gens pointent.... les salauds du gouvernement nous baisent et on nous demande de nous apitoyer sur le sort de Didon..."(sérieusement, j'ai pleuré de rire ! :) ; un passage qui est aussi un bel écho à ce qui va arriver à Fidelma)

Un autre extrait, mais qui cette fois m'a fait un peu tiquer par sa traduction :
"(...) le gérant qui a rappliqué aussi sec et demandé qu'on serve un irish coffee à tout le monde, faisant péter un câble au personnel". Je vois mal Edna O'Brien, 85 ans, écrire cette expression tellement à la mode et argotique de "péter un câble" dans son équivalent anglais. Je me trompe peut-être mais ça m'a fait un drôle d'effet : si quelqu'un a la version originale et peut me dire ce qui est écrit, je suis intéressée... :)

Je classe ce roman parmi mes coups de coeur de la rentrée littéraire et de l'année 2016. Sans doute l'un des meilleurs d'Edna O'Brien.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Oui, il est question des massacres de Sarajevo ; oui, il est question du Boucher qui a permis ces crimes contre l'humanité. Mais il est également question des autres personnes déracinés par la guerre et qui arrivent à Londres ou ailleurs après avoir fui la violence.

L'auteure propose un triste constat : Vlad arrive dans le village irlandais plein d'une science de la nature qu'il fait partager aux villageois (massages et décoctions de plantes) ; mais au Tribunal Pénal International, il est incapable de reconnaître ses crimes, accusant les Puissances occidentales d'avoir mis des cadavres d'anciennes guerres dans le marché de Sarajevo pour faire croire à un massacre. Jamais personne n'est tout blanc ou tout noir.

De même le père de la petite fille qui la cache aux services sociaux pense faire son bien. le mal revient bien des visages…..

L'histoire de Fidelma m'a moins touchée, pourtant personnage central du roman. Elle est une femme qui fait des choix. Et elle les assume jusqu'au bout, se retrouvant déracinée elle aussi : la communauté de son village ne lui ayant pas pardonné.

La langue de l'auteur est à la fois plaisante et déroutante : elle sait évoquer l'Irlande et ses paysages aussi bien que le Londres de la City ; nous laisser deviner les différents personnages et leurs caractères ; mêlant vocabulaire soutenu et plus trivial.

Un roman important.

L'image que je retiendrai :

Celle des petites chaises rouges du titre, symbolisant le nombre d'enfants tués pendant le siège de Sarajevo. Combien de petites chaises rouges pour les enfants morts dans d'autres guerres…..
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2351
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Edna O’Brien sait depuis « Les filles de la campagne », paru en 1962, nous raconter l’Irlande et ses habitants. Elle a cette fois-ci légèrement déplacé son sujet et elle le fait d’une manière remarquable.

Dans une toute petite ville irlandaise, la vie s’écoule paisiblement voire de façon ennuyeuse pour ses quelques habitants, les habitués du pub, le prêtre et les quatre nonnes.

Ce bel équilibre va être perturbé par l’arrivée d’un mystérieux inconnu qui se dit médecin guérisseur et décide de s’installer à Cloonoila. Son allure (barbu, avec un long manteau noir et des gants blancs) et son charisme ont vite fait de charmer les dames du village. qui reviennent toutes émoustillées de ses consultations.

Fidelma, très belle et mariée à un homme beaucoup plus âgé, se désespère de ne pas retomber enceinte après deux fausses-couches. Elle aussi ira consulter le docteur Vladimir pour lequel elle ressent une attirance très forte. Elle finira même par le persuader de devenir son amant pour être à nouveau enceinte.

Vous l’aurez compris, le Dr Vladimir est devenu la coqueluche de toute la ville. A quelques kilomètres de là se trouve un château hôtel-restaurant où travaille un jeune homme, Mujo, quasi-muet depuis qu’il a réchappé aux massacres dans sa ville d’origine, Sarajevo.

Un soir, alors que Mujo sert à table, il reconnaît parmi les convives, en la personne du Dr Vladimir, le « monstre de Sarajevo », celui qui a ordonné l’épuration ethnique, le fameux Vladimir Dragan, recherché par toutes les polices.

Les habitants de Cloonoila assisteront médusés à son arrestation et découvriront horrifiés à la télévision qui était réellement le Dr Vladimir. Ce sera un terrible choc pour Fidelma, qui se sait enceinte. Elle ne peut supporter d’avoir aimé cet homme, de porter son enfant.

Elle s’exilera à Londres, tentant de survivre au milieu d’autres déshérités et malmenés par la vie. Elle aura le courage d’affronter la véritable personnalité de ce Dragan en assistant à son procès à La Haye.

Edna O’Brien dresse là un beau portrait de femmes et rend également hommage à toutes celles qui, réfugiées, exilées, mutilées tentent de survivre au quotidien.

Elle nous fait également toucher du doigt ce terrible génocide que fut la guerre civile en Bosnie et que tout le monde semble avoir aujourd’hui oublié.

Le choix du titre n’est pas anodin : « Le 6 Avril 2012, pour commémorer le vingtième anniversaire du début du siège de Sarajevo par les forces serves de Bosnie, 11 541 chaises rouges furent alignées sur les 800 mètres de la grand-rue de Sarajevo. Une chaise vide pour chaque Sarajévien tué au cours des 1425 jours de siège. 643 petites chaises représentaient les enfants tués par les snipers et l’artillerie lourde postés dans les montagnes à l’entour. »

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