Paru dans le volume Romans et chroniques dublinoises, aux éditions Les
Belles Lettres, sous le titre la Chienlit, une exégèse de la crasse.
Le narrateur de cette sympathique histoire a été recueilli, avec son grand frère, à la mort de ses parents, par un demi-oncle. Ce dernier quitte rarement son fauteuil d'osier fatigué où il reçoit ses visiteurs, une cruche de whisky à portée de main, au sein de laquelle il puise réconfort et inspiration, les entretenant de ses dispositions pour le bon fonctionnement d'un comité dont il est difficile de savoir la raison d'être. Soucieux que ses pupilles ne filent un mauvais coton, il les envoie dans deux établissement scolaire religieux séparés, fidèle en cela à l'adage diviser pour mieux régner. En vain. L'aîné de la fratrie se distingue par son industrie dans la carrière du lucre à moindre effort, entretenant régulièrement son frère des projets plus farfelus les uns que les autres et de la réussite de ces derniers.
La Chienlit est un récit très sympathique, humoristique avec des dialogues fort réussis. C'est une oeuvre beaucoup plus réaliste, avec son atmosphère dublinoise, que les deux opus les plus connus de l'auteur irlandais, qui se caractérisent par le grotesque et un goût prononcé pour l'absurde. Ce qui déconcerte le plus finalement, c'est le titre, car point d'exégèse de la crasse ici, à moins que cela soit un clin d'oeil à l'esprit décalé du romancier. En somme, un roman d'une facture plus classique, le plaisir de la lecture restant cependant intact, d'autant qu'il est d'un abord plus aisé.