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EAN : 9782070247691
246 pages
Gallimard (12/11/1965)
3.58/5   18 notes
Résumé :
Le jeune Francis Marion Tarwater habite avec son grand-oncle dans une clairière au fond des bois : le vieillard, atteint de folie mystique, entend faire de l'enfant un prophète. Il a tenté la même expérience avec son neveu George F. Rayber, mais sans succès. Il n'a pas réussi non plus à baptiser Bishop, un petit idiot, fils de Rayber. Avant de mourir (aux premières pages du livre) il demande à Francis Tarwater de baptiser son cousin à sa place. Tarwater obéira-t-il ... >Voir plus
Que lire après Et ce sont les violents qui l'emportent.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Habiter au fin fond d'une clairière avec son grand-oncle pour unique compagnie et passer son temps entre prières et travaux des champs, c'est tout sauf drôle pour le jeune Francis Marion Tarwater mais quand le grand-oncle qui travaillait déjà bien du bigoudi devient mystiquement dément sur sa fin et décide qu'il fera de son protégé le prophète que Dieu lui a ordonné d'offrir au monde, ça devient carrément du délire.
Heureusement, après quelques simagrées le vieux fini par casser sa pipe. Tarwater va enfin pouvoir mettre les voiles et aller se frotter de près à cette chose abstraite connue sous le nom de civilisation. Enfin ça c'est ce qu'il croit, et nous avec, mais c'est compter sans les quatorze années d'un véritable lavage de cerveau évangéliste qui se rappellent à son bon souvenir à chaque fois qu'il pense les laisser derrière lui. En rejoignant ce qui lui reste de famille dont un oncle ayant échappé à l'idéologie du vieillard en son temps et devenu (blasphème !) instituteur, Tarwater pense se laver de cet enseignement théologique trop lourd pour son âge. Alors, oubliera-t-il la leçon dite et répétée que Dieu a une mission pour lui et pourra-t-il enfin, dans la canicule poussiéreuse du Sud profond, commencer une vie normale ?

Une vie normale... Voilà bien une notion inconnue de Flannery O'Connor, grande dévote catholique qui, après le magnifique La Sagesse dans le Sang continue avec Et ce sont les Violents qui l'emportent sa croisade contre le fondamentalisme fanatique du Sud, des faux prophètes aux fous de Dieu et toute la congrégation évangéliste en général qu'elle n'a rencontrée que trop souvent dans sa Georgie natale et nous délivre par le biais des jeunes années de Francis Tarwater une oeuvre captivante, fiévreuse et brutale sur l'embrigadement, l'impossible rédemption et bien sûr la violence car s'il y a un livre qu'elle connaît par coeur Flannery O'Connor, c'est certainement le plus célèbre au monde et dont l'un des personnage principal du nom de Matthieu dit en substance : "Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et ce sont les violents qui l'emportent".
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« Il décida de creuser la tombe sous le figuier, parce que le vieillard serait bon pour les figues. le sol était sablonneux à la surface et dur comme de la brique en dessous, et, en le frappant, la bêche rendait un son métallique. Cent kilos de montagne morte à enterrer, pensa-t-il, un pied sur la bêche et penché en avant, les yeux fixés sur le ciel blanc à travers les feuilles des arbres. »

C'est Francis Marion Tarwater, un adolescent perturbé qui tente de creuser cette tombe. Il a environ 14 ans et vivait avec son grand-oncle dans une clairière à l'écart de tout. le corps à enterrer c'est celui de ce fanatique religieux, fou à lier. Il l'avait tout simplement enlevé, encore bébé, au seul membre de sa famille encore vivant : son oncle Rayber, libre penseur. Tarwater n'a quasiment connu personne d'autre que ce grand-oncle. Et il est tout aussi dangereux que lui.

Sa soudaine liberté le pousse alors à rechercher Rayber. D'autant plus que son grand-oncle lui avait confié une mission quasi-prophétique : baptiser par tous les moyens le fils de Rayber, un enfant atteint d'un handicap mental.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu du Flannery O'Connor et je pensais que ce roman pourrait aujourd'hui me paraître vieillot ou dépassé. J'ai lu par exemple il y a quelques mois « le Diable, tout le temps » de Donald Ray Pollock, qui boxe dans la même catégorie et qui m'avait sonné. Cette chère Flannery, allait-elle encore être à la hauteur ? Je ne vous fais pas languir plus longtemps : oui, elle garde pour moi une longueur d'avance sur toute la concurrence dans le registre des thrillers métaphysiques fortement marqués par un christianisme exacerbé.

Evidemment, d'autres lecteurs pourraient objecter que toute cette symbolique est bien lourde : eau et feu, folie et meurtre, bien et mal, douleur et devoir moral. Ils pourraient aussi juger que le style est ampoulé et que le références bibliques, omniprésentes, ne facilitent pas la tâche d'un lecteur qui les ignorerait…

Pour ma part ce roman m'a fait forte impression, tout comme, il y a très longtemps, la lecture de « Les braves gens ne courent pas les rues », un recueil de nouvelles inégalable dans ce genre cruel. Ici, tout comme chez Donald Ray Pollock, tous les personnages sont des bourreaux en puissance. le Mal mène le monde, c'est la seule leçon à en tirer.
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Un roman placé sous le signe du bien et du mal et de la guerre qu'ils se livrent depuis Caïn et Abel.
C'est une plongée dans les ténèbres que ce roman qui démarre sur une sorte de coup de folie. Un vieil homme, certain d'être un élu de dieu, a kidnappé son petit-neveu tout bébé, il a élevé celui-ci dans la certitude d'être un prophète, il l'a soustrait à toutes les influences qu'il considérait comme pernicieuses, pas d'amis, pas d'école, pas de distractions à part les sermons dont il abreuve largement le monde alentour et l'accès à son alambic.

A sa mort Francis Marion Tarwater va se retrouver seul et entame un retour vers ses origines. Il part à la recherche de George Rayber un oncle qui a tenté de le soustraire à la folie du vieil homme mais l'a abandonné à son sort, il a quatorze ans et ne connait que haine et colère comme sentiments.
Le mal est fait, il entend des voix, son grand-père lui a intimé l'ordre de baptiser Bishop l'enfant handicapé de son oncle, il s'y refuse mais l'emprise du vieil homme est encore très prégnante et quand il découvre l'enfant qui « avait les yeux légèrement enfoncés sous le front, et ses pommettes étaient plus basses qu'elles n'auraient dû être. Il était là, debout, sombre et ancien, comme un enfant qui serait enfant depuis des siècles. » il ne sait plus.

La tragédie est en marche sur fond de fournaise sudiste

Cette histoire est traitée avec un humour corrosif et féroce que j'avais rarement rencontré jusqu'ici. Flannery O'Connor nous montre la face cachée de la foi religieuse, celle qui déclenche souffrance, cruauté, superstitions ridicules mais dangereuses c'est d'autant plus courageux et surprenant qu'elle était elle-même très croyante.

C'est l'Amérique sous l'emprise de la Bible et des prédicateurs de tous poils.
On ne sait ce qui l'emporte, le grotesque ou l'effroi, l'auteur utilise les sentences bibliques comme des fers rouges, le titre du roman sortant de l'Evangile de Matthieu, ses personnages se dirigent droit vers la damnation.

Il y a du Jérôme Bosch dans ce roman, comme le peintre Flannery O'Connor mêle l'enfer et le grotesque.
Son biographe et traducteur Maurice-Edgar Coindreau dit qu'elle n'avait « aucune illusion sur la vraie nature d'une humanité qu'elle estimait plus ridicule encore que méchante ».
Flannery O'Connor a écrit deux romans ayant pour acteurs le prophète grotesque qui nous ferait rire s'il n'était aussi dangereux, les héros marginaux dont on aurait pitié s'ils n'étaient aussi violents. C'est absolument saisissant et éprouvant à la fois.

C'est le premier roman que je lis de l'auteur mais je sais que j'y reviendrai.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Et ce sont les violents qui l'emportent" plaira à tout lecteur qui a la nostalgie du temps où l'intégrisme que l'on craignait le plus est était chrétien et non musulman. C'était aussi l'époque, où une écrivaine de la gauche comme O'Connor écrirait des phrases comme: "Il était fier du fait qu'il avait répondu aux questions avec l'astuce d'un nègre." ("He prided himself on having answer the questions with the cunning of a negro.") (p. 103)
Hélas, ce roman en 2020 reste toujours très actuel car il décrit bien la culture des blancs du sud des États-Unis où se trouve la clientèle électorale la plus fidèle à Donald Trump. Dans trois semaines nous saurons s'il lui en reste d'autres.
"Et ce sont les violents qui l'emportent" est un calvaire à lire. Tarwater, le protagoniste, est un monstre. Abusé physiquement, émotionnellement et finalement sexuellement, il devient un évangéliste qui noie les gens qu'il baptise. Malgré ses moments abominables, c'est un livre à lire pour tous ceux qui veulent comprendre les É.-U.
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J'ai globalement bien aimé ce roman, subjuguée par le mélange de tendresse et de violence que nous transmet la prose envoûtante de Flannery O'Connor.
Mais je suis sûre de ne pas avoir compris tous les enjeux philosophico-religieux, ni la symbolique qui les sous-tend.
Comme une oeuvre un peu magique, mais on reste à l'extérieur, avec sa petite frustration de candide, exclue d'un petit cercle averti, à même de tout appréhender.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L’oncle de Francis Marion Tarwater n'était mort que depuis quelques heures quand l'enfant se trouva trop soûl pour achever de creuser sa tombe, et un nègre nommé Buford Munson, qui était venu faire remplir sa cruche, fut obligé de la finir et d'y traîner le cadavre qu'il avait trouvé assis à table devant son petit déjeuner, et de l'ensevelir d'une façon décente et chrétienne, avec le signe du Sauveur à la tête de la fosse et assez de terre par-dessus pour empêcher les chiens de venir le déterrer
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Peut-être que les enfants sont attirés par les yeux des fous. Une grande personne aurait pu résister. Un enfant ne le pouvait pas. La malédiction des enfants, c'est qu'ils croient. 
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l’enfant avait les yeux légèrement enfoncés sous le front, et ses pommettes étaient plus basses qu’elles n’auraient dû être. Il était là, debout, sombre et ancien, comme un enfant qui serait enfant depuis des siècles
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Ses yeux brûlés n'avaient plus l'air vides, ne paraissaient plus n'être là que pour le guider dans sa marche en avant. On aurait dit que, touchés par un charbon comme les lèvres du prophète, ils ne serviraient plus jamais à voir des choses ordinaires.
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aucune illusion sur la vraie nature d'une humanité qu'elle estimait plus ridicule encore que méchante
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