Citations sur La légende des quatre, tome 1 : Le clan des loups (45)
Pourquoi les Yokaïs devaient-ils toujours se battre entre eux ? Qu'est-ce qui les poussait à agir ? Leur part animale ou leur part humaine ? Pour Nel, la réponse était évidente : les animaux, contrairement aux hommes, ignoraient la haine, le mensonge, la trahison ou l'hypocrisie.
- T'es encore fâché ?
- Un peu, reconnut Bregan.
Mika prit une ou deux secondes de réflexion.
- Et si je t'attrape un lièvre et que je te le donne, tu seras toujours fâché ?
- Tu essaies de me corrompre ?
- Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais si c'est que je veux te donner quelque chose pour que tu ne dises pas à maman que j'ai séché l'école, alors oui. C'est ça.
_ Partez devant, je vous rejoins, déclara Nel en s'éloignant.
_ Où vas-tu? demanda Cléa.
_ Il me faut plus de place pour changer. Je sens qu'on va bien s'amuser, répondit la Rapaï avec un sourire inquiétant.
Cléa et Wan la suivirent un instant des yeux, puis la louve tourna la tête vers le Serpaï et dit:
_ Tu sais, je me demande parfois qui de toi ou de cette gamine est le plus terrifiant.
Wan esquissa un rictus.
_ ça, il n'appartient qu'à toi de le découvrir.
- Tu n’es qu’une idiote, feula-t-il en léchant le filet de sang qui coulait du haut de son oreille en souillant son beau pelage blanc.
Le contact de la langue de Bregan sur sa fourrure fut comme un électrochoc pour Maya. Elle se cabra et, dans un grondement rageur, commença à se débarrasser de son pelage. Bregan, qui avait senti le corps de la louve brûler sous lui comme un volcan en pleine irruption, se redressa et décida de se transformer à son tour.
- Qu’est-ce qu’il t’a pris de me lécher ? C’est dégoûtant ! s’écria-t-elle, furieuse, dès qu’elle ut repris forme humaine.
Bregan, qui n’avait pas tout à fait terminé son changement, tourna vers elle un visage mi-homme mi-bête et lança d’une voix gutturale !
- Tu aurais préféré que je te tue ?
- Non, j’aurais préféré que tu ne me baves pas dessus ! répliqua-t-elle en le fusillant du regard avant d’attraper ses vêtements et de se rhabiller.
Apprendre à connaître les forces et les faiblesses de ses ennemis n'est jamais une perte de temps.
- Eh ma jolie! Tu ne veux pas me faire un câlin?
Cléa plissa les yeux et, toisant avec dédain le petit homme joufflu aux gros sourcils épais qui lui souriait, elle posa ses mains sur les siennes et lui brisa les deux poignets d'une simple pression.
- Aïe! Mais ça va pas! t'es folle! hurla le petit homme en gémissant de douleur.
Cléa s'éloigna sans répondre, suivie de près par Nel qui se disait que, décidément, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre.
— A t'entendre, on dirait que tu es déjà aux commandes.
Non, Bregan n'était pas aux commandes. Il devait attendre son vingtième anniversaire avant de prendre la tête de son clan, mais il n'avait pas le choix. Il allait devoir convaincre le Conseil et croiser les doigts pour qu'il l'écoute et accepte de se ranger à ses arguments. C'était une question de survie. Les Taïgans avaient beau être les plus forts, les Lupaïs avaient l'avantage du nombre, ce qui en faisaient des adversaires particulièrement dangereux.
— Maya, réfléchis à ma proposition, s'il te plaît. Parle à ton père, parle au conseil. On peut arrêter tout ça...
Maya pris un temps de réflexion. Elle détestait les Taïgans pour ce qu'ils avaient fait...
Bregan lui jeta un regard dubitatif. Les humains étaient de la nourriture. Une nourriture interdite mais une nourriture tout de même, et il ne voyait vraiment pas ce qu’il y avait d’amusant à jouer avec un steak.
- Ne me dis pas qu'il a aussi sympathisé avec la Lupaï ?
- Que veux-tu que je te dise ? Il est du genre sociable.
Comment un garçon aussi beau pouvait-il être détraqué à ce point ? C'était quoi ? Une compensation offerte par la nature ? "D'accord, tu seras cruel et complètement dingue, mais ton physique sera à tomber" ?
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