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Une fois n'est pas coutume, je vais faire une critique de trois kilomètres, il faut dire qu'on m'a filé ce roman en me disant que j'allais pleurer du sang, et avec attente de remarques en retour^^ Donc j'ai essuyé mes yeux tout rouges et j'en profite pour recycler mes remarques (ce qui peut expliquer un peu le fouillis qui va suivre^^) Bon alors, ce roman est affreusement mauvais. C'est une romance qui n'a rien pour elle parce que les deux héros sont totalement antipathiques, la période historique (1800 tout pile à en juger par les maigres indices) est mal traitée, voire maltraitée, et l'intrigue emplie de clichés (et d'horreurs, notamment les scènes de « sexe »). L'héroïne, Morgana, est une femme du XXI ème siècle (et encore) qui se comporte n'importe comment et ne peut pas vraiment mener la vie que l'auteur lui prête à cette époque. Si on me dit que c'est fait exprès, ben c'est mal fait. Il faut savoir qu'il y a un homme dans la famille, l'oncle des soeurs, qui est leur tuteur. C'est à lui de prendre la responsabilité des filles, peu importe qu'il en ait envie ou pas. Jamais une nana de l'époque régence ne peut mener la vie qu'elle souhaite sans que personne ne lui dise rien, et encore moins inventer ces mensonges autour de sa prétendue maladie pour éviter le monde. Quant à gérer les comptes de la famille, dans la mesure où c'est une fille, alors là.... Si Elinor le fait dans « Raison et Sentiments », c'est parce qu'elles sont seules. Bon, je dis pas que tout ça n'est pas possible (notamment tout ce qui tourne autour des activités scientifiques de l'héroïne (mal pompé sur « Ridicule »)), mais c'est tout de même hautement improbable. Les dialogues sont très mauvais et surtout, très contemporains. Il y a tout le temps du « ça » au lieu de cela ! C'est de l'oralité, bon sang, « ça » ne se met pas à l'écrit ! (Sauf dans ma critique, mais on s'en fout :P) Et comme ils sont nobles, ils sont d'autant plus sensés parler correctement. On croirait un jeune de banlieue qui s'amuserait à imiter un noble, mais qui en réalité, ne connaît rien à son langage et se contente d'ajouter du vocabulaire ampoulé qu'il ne maîtrise pas et du « ma chère », « mon cher », à chaque fin de chaque phrase. Et puis sérieusement, ils ne s'appelaient pas par leurs prénoms en public T-T Vazy c'est pas la fête du slip. Il y a tout le temps un mauvais usage des noms : par exemple on ne donne pas du milady à l'héroïne quand elle ne l'est pas. le style est très scolaire, plat, bourré de mots et d'expressions contemporaines (on ne parle pas de « ragots », d' « électricité dans l'air » ni d' « air blasé » par exemple) et les descriptions sont totalement absentes, à part évidemment celle sur le beau physique du héros, obligatoire T-T. J'ai eu l'impression de pantins qui s'agitaient dans un monde tout gris. Et puis les virgules ça existe ! C'est quoi ces constructions pourries ? Je ne vais pas m'attarder sur le style mais sincèrement, c'est très mauvais. Il y a un nombre de répétitions incroyables : rien que pour exemple, le début du chapitre 3 contient deux fois « sa toute nouvelle » dans la même phrase. On peut trouver des phrases comme : "Il souleva doucement son menton et effleura doucement sa joue". Seriously ? Mais aucun éditeur n'a relu ce truc ou quoi ? Bon, je sais, vous allez me dire mais pour qui elle se prend de juger alors qu'elle écrit comme une patate ? Oui, là, dans ma chronique, c'est fait exprès, histoire de me venger des heures que je passe à tenter de bien tourner mes romans^^ Et avant d'envoyer un roman à un éditeur, je le fais toujours relire par douzmille personnes, parce que je ne suis pas infaillible, loin de là. Seulement pour ce texte-là, personne ne l'a fait ; et si c'est le cas, c'est un peu la honte ! Même si le contexte historique n'est pas le plus important, qu'il est en arrière-plan lointain, il doit tout de même être travaillé. Là ce n'est pas le cas, on trouve des anachronismes à chaque page. Quand Rosalie avoue à sa soeur qu'elle va publier un roman, celle-ci devrait s'offusquer : ce n'était pas bien vu du tout, surtout pour une femme. C'est comme si des bourges cathos d'aujourd'hui apprenaient que leur fille compte vivre en faisant de la jonglerie^^. Quand Morgana explique ensuite que l'éditeur fait preuve de sottises et de préjugés en ne voulant pas publier de femme, alors là, pour moi, c'est le pompon. Aucun éditeur sérieux ne publiait de nanas à l'époque, et les soeurs Bronté ont commencé par des pseudos masculins. Même Jane Austen se cachait sous du « A Lady ». C'était quand même bien intégré dans les moeurs à cette époque, qu'écrire des romans n'était pas glorieux. Même si Morgana est moderne, elle ne peut pas avoir ce genre de réactions sans au moins passer par une phase de doutes avant. La relation entre Morgana et sa tante n'est pas crédible pour un sou : jamais une fille de cette époque n'irait raconter des choses aussi intimes, même à sa mère ! Et celle-ci agit vraiment comme une entremetteuse tout du long, on dirait une vieille catin alors que c'est une Lady. Quand je l'ai entendue parler de ses règles en public, j'ai halluciné. Même en privé y avait des tabous là-dessus, alors devant du monde... Morgana lui dit à un moment : "Figurez vous qu'il vient de m'avouer qu'il nourrissait l'intention d'aller voir notre oncle et de lui demander la main de Rosalie sans même l'en informer, vous imaginez?" Et sa tante lui répond : "C'est ainsi que les choses se font dans certaines familles". Euh, what? C'est comme ça que ça se faisait en grande majorité dans les familles nobles, et Morgana est une noble, elle devrait le savoir ! Enfin, c'est vrai qu'à se laisser embrasser sur les terrasses devant tout le monde, on ne dirait pas. Si cette histoire avait été déplacée au XVIII ème en France, elle aurait été plus crédible, question libertinage et dialogues scandaleux. Mais ce que je trouve le plus déplorable dans ce livre sont les scènes d' "amour" même si on ne peut pas vraiment les nommer comme cela. Une romance, c'est sensé exciter un peu la lectrice, la faire se mettre à la place de l'héroïne, frissonner, tout ça tout ça, quoi. Ici, je me serais servie du poignarde Morgana à sa place (qui n'a rien à faire là d'ailleurs, c'est pas un roman de piraterie) pour couper les valseuses à ce crétin de Greenwald. Première rencontre : il l'embrasse de force. Première agression sexuelle. Il recommence plus tard au bal, et sur la terrasse en plus, devant tout le monde ce con, histoire de bien la compromettre. Et enfin, les deux scènes de « sexe » : ne sont ni plus ni moins que des viols. Rendus d'autant plus dégueulasses qu'ils sont commis pour des raisons infectes et dans des conditions qui ne le sont pas moins. La première fois, c'est parce que le comte ne sait pas se contenir. Et il rentre chez elle par effraction. Un mec primaire et agressif, c'est sensé être sexy ? D'autant qu'il se finit sur son ventre, ce gros porc, ce qui était humiliant et réservé aux prostituées. Il lui dit qu'il l'aime mais la traite comme la dernière des merdes : ça, c'est sensé faire de l'effet ? Et le second... il la viole encore une fois, cette fois-ci pour la rendre enceinte et l'obliger à l'épouser. Et elle, après s'être moyennement révoltée, lui propose ni plus ni moins... de devenir sa maîtresse. Et donc d'être mise au banc de la société si ça s'apprend, et de perdre tout ce qu'elle a. Mais c'est terriblement romantique tout ça ! Aaaah la la, ça m'a vraiment fait rêver cette histoire. Moi aussi je rêve de me faire violer par une grosse brute agressive, possessive et machiste, et de me faire épouser de force avec la complicité de ma famille qui rigole en voyant qu'il m'a foutu une fessée pour me faire obéir. Ainsi, ce roman est léger ? Pas pour moi ! J'ai eu l'impression de lourds coups dans l'estomac à chaque ligne. Un pavé indigeste que je ne recommande pas du tout, à part si, comme moi, vous souhaitez lire les règles de ce qu'il ne faut surtout pas faire dans une romance Régence et voulez vous donner envie de faire mieux ! + Lire la suite |