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Neville Colvin (Illustrateur)
EAN : 9781848561069
104 pages
Titan Books (12/05/2009)
4/5   1 notes
Résumé :
The dark underworld of espionage and crime is lit up by the fatal charms of the gorgeous Modesty Blaise — high priestess of pulp crime and goddess of cult thrillers!

Adventurer, spy, smuggler, racketeer and all-round bad girl, Modesty is as stylish as she is smart, as lethal and beautiful as a Japanese fighting sword! This latest volume features three classic hard-to-find stories: ‘Dossier on Pluto’, ‘The Lady Killers’ & ‘Garvin’s Travels’... all wra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le quinzième dans la série de réédition des aventures de Modesty Blaise par l'éditeur Titan Books. Il se situe entre Green Cobra (tome 14) et The scarlet maiden (tome 16). Il reprend des histoires parues en 1980/1981 et comprend 3 récits complets. Il est possible de lire ce tome sans rien connaître du personnage. Tous les scénarios sont de Peter O'Donnell (le créateur de Modesty Blaise) et les illustrations en noir & blanc de Neville Colvin. Il s'agit d'histoires initialement parues sous forme de comic strips dans des quotidiens britanniques, sous forme de 3 cases (plus rarement 2) juxtaposées par jour. Chaque page de cette édition comprend 4 bandes quotidiennes.

Dossier on Pluto (30 pages, histoire 45) - Modesty Blaise passe quelques jours en bord de mer en chez Steve Taylor dans le Golf du Mexique. Taylor étudie le comportement des dauphins, et essaye de communiquer avec eux pour des applications civiles. Il éduque 3 dauphins surnommés Pluto, Neptune et Vénus. Des mercenaires travaillant pour des militaires d'une autre nation rôdent autour de son installation s'emparer des résultats de ses recherches.

The lady killers (29 pages, histoire 46) - Cette histoire se déroule dans un passé indéterminé (après l'époque de The Network). Modesty Blaise rencontre Gunnar Hove qui l'avait sauvée par le passé et qui lui demande de l'aider à sortir sa compagne des griffes d'un maître chanteur. L'intervention de Blaise et Garvin vont les entraîner dans un kidnapping politique.

Garvin's travels (30 pages, histoire 47) - Willie Garvin passe quelques jours de vacances bien méritées avec Maude Tiller (une agente de Sir Gerald Tarrant), sur l'île de Taupita dans l'océan indien. Ils sont repérés par des agents de l'URSS qui ont justement besoin de cobayes pour leurs expérimentations en matière de conditionnement psychologique. Par un hasard qui ne se produit que dans les livres, Modesty Blaise accepte une mission pour le compte de la CIA : infiltrer une étrange installation de remise en forme située sur l'île de Taupita.

Le personnage de Modesty Blaise est une institution en Angleterre. Il a été créé par Peter O'Donnell (scénario) et Jim Holdaway (dessins) pour les journaux anglais. La série a paru sans interruption de la date de sa création en 1963 jusqu'en 2002, année de la dernière histoire, soit 95 histoires. Peter O'Donnell a également transposé son héroïne en roman, tel Modesty Blaise (1965). Elle a aussi connu les honneurs du cinéma avec Modesty Blaise (1966) et My Name Is Modesty (2003). Modesty Blaise est une orpheline de guerre qui s'est imposée comme organisatrice d'activités criminelles au Maroc. Elle s'est mariée et a acquis la nationalité anglaise, où elle s'est installée. Ayant du mal à supporter l'oisiveté, elle a fini par travailler en freelance pour les services secrets britanniques, avec l'aide de Willie Garvin, son fidèle second. Son contact au MI5 est Sir Gerald Tarrant.

Peter O'Donnell concocte des récits où l'aventure prime, avec une touche d'exotisme, des personnages maîtrisant les armes à feu et le combat au corps à corps. On n'est pas loin d'aventures à la James Bond du temps de Sean Connery (James Bond - Coffret Sean Connery). Dans la mesure où Modesty Blaise n'est pas un agent secret au service de sa majesté, O'Donnell a plus de latitude pour piocher dans une gamme plus large de scénarios. Il donne à Modesty Blaise une arme spécifique qu'elle appelle un kongo (il s'agit d'une arme de poing plus communément connue sous le nom de yawara) et elle utilise parfois une technique très particulière qu'elle a baptisée "the nailer" qui consiste à utiliser ses charmes féminins pour déconcentrer l'adversaire.

O'Donnell imagine des aventures qui fleurent bon les années 1960/1970 dans lesquelles la réflexion, la stratégie et les actions d'éclats priment sur la violence et le rythme effréné. La technologie de pointe prête aujourd'hui à sourire et les gadgets utilisés s'inscrivent dans la tradition de ceux utilisés par James Bond. À la lecture aujourd'hui, les récits ne sont pas palpitants, ils se laissent lire sans être fastidieux. Neville Colvin (le sixième dessinateur de la série, il l'a dessinée pendant 6 ans) s'inscrit dans la tradition des dessinateurs de comic strip anglais : des dessins précis, contenant une bonne densité d'informations, très contraints par le format de 3 cases par jour.

Au-delà de la découverte de ce personnage patrimonial de la bande dessinée anglaise, c'est bien le format de cette série qui constitue le deuxième attrait de ces aventures. Il est difficile d'apprécier cette lecture lorsque l'on ne garde pas à l'esprit les contraintes imposées par le format. le scénariste et le dessinateur doivent donner chaque jour en 3 cases un bout d'aventure assez consistant pour que le lecteur ait envie de connaître la suite, sans perdre le fil du récit d'une semaine sur l'autre. Une gageure, un vrai défi au bon sens ! À condition de s'intéresser à cet aspect de la narration, le lecteur découvre un format surprenant et 2 créateurs d'une efficacité surnaturelle. Il faut faire l'effort de consciemment séparer chaque bande pour prendre plaisir à les lire une par une et pour admirer l'art consommé avec lequel O'Donnell et Colvin composent leurs 3 cases du jour. En quelques coups de crayon, Colvin capture dans ces petites cases une jolie jeune femme en train de se dorer au soleil, un bateau de plaisance en pleine mer, une chambre à coucher confortable, un petit port de plaisance, Modesty Blaise en tenue de plongée sous-marine, un repas dans un restaurant aux serveuses topless avec un pianiste de jazz (en 1 seule case), un voyage nocturne en char à voile sous l'éclat de la Lune, une promenade en carriole, un décor géant avec des individus minuscules en hommage à L'homme qui rétrécit, etc. Chaque case compte, chaque case est utilisée avec une rentabilité maximale, sans surcharge. C'est une leçon de mise en images d'une force peu commune, dans un environnement avec un maximum de contraintes.

Peter O'Donnell réussit un tour de force tout aussi impressionnant. Toujours à condition de garder à l'esprit que chaque bande de 3 cases forme un tout, il est possible d'apprécier la forme du récit : comment en quelques dialogues, O'Donnell fait avancer de manière significative l'intrigue. Évidemment, il prend soin de bâtir un point de départ qui lui fournira de l'action, des déplacements et des endroits exotiques (le summum étant atteint lors de cette expérience d'endoctrinement à base de décors géants baptisée Brobdingnag, en référence à l'ouvrage de Jonathan Swift : Les voyages de Gulliver). Par contre lues d'une traite, ces bandes ont un rythme un peu étrange puisque pensé en fonction du mode de parution.

Peter O'Donnell et Neville Colvin poursuivent les aventures de Modesty Blaise dans 3 histoires représentatives de cette héroïne. Pris au premier degré, il s'agit d'histoire dont les codes sont révélateurs de l'époque de sa production, avec une forte influence des James Bond interprétés par Sean Connery, et quelques particularités liées à la personnalité de l'héroïne. Prises avec un peu de recul, ces histoires sont un exemple impressionnant d'une narration totalement adaptée au mode de parution, à base de 3 cases quotidiennes dans le journal du jour. Je ne recommande pas de lire l'intégralité de la série, mais il est enrichissant d'avoir lu un tome des aventures de Modesty Blaise pour découvrir ce personnage et appréhender le savoir faire nécessaire à une parution quotidienne dans un journal.
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