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Citations sur L'histoire de Chicago May (27)

A l'époque où May mourut, et pour au moins un demi-siècle encore, l'Irlande était totalement en proie à une peur institutionnalisée des femmes; c'est-à-dire de la sexualité. Un homme irlandais sur 50 était alors un prêtre catholique: les trois quarts des hommes entre vingt-cinq et trente-quatre ans étaient célibataires; les admissions d'hommes dans les hôpitaux psychiatriques avaient quadruplé en dix ans et l'Irlande avait le taux de natalité le plus bas d'Europe. Le clergé travaillait de façon obsessionnelle afin de contrôler la sexualité par diktat et en propageant le dégoût. De mon temps, les petites filles n'étaient pas autorisées à faire de l'athlétisme parce qu'elles auraient été obligées de se changer à côté des garçons. L'archevêque de Dublin interdisait l'usage des tampons parce qu'ils familiarisaient les filles avec leur corps. Tomber enceinte hors mariage entraînait la disgrâce à vie pour les filles et leur famille. La contraception était interdite de même que la connaissance que cela existait. Les femmes devaient aller à l'église pour se purifier après chaque naissance. Et ainsi de suite.
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Elle avait été très seule au cours des dernières années. Le brouhaha et la frénésie de sa vie s'étaient arrêtés, abruptement, quand elle avait plongé dans le silence d'une cellule. En prison, en France, non seulement elle n'était pas une légende mais elle était à peine un être humain. Elle était la détenue numéro tant. Elle avait sans doute dû se raccrocher à chaque souvenir de ce qu'elle était avant, rassembler ses forces contre son environnement déshumanisant.
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Vers la fin du XIXième siècle, quand la moitié des gens nés en Irlande émigrèrent, la majorité des émigrants étaient des femmes et quatre-vingt-dix pour cent d'entre elles étaient célibataires. C'était la faute de l'Angleterre si elles étaient forcées de partir - c'était ce qu'on croyait dur comme fer. L'Angleterre avait contrôlé l'Irlande pendant des siècles, mais cela n'avait jamais été accepté autrement que comme un pouvoir d'occupation. Quand vous quittez votre pays occupé, vous le trahissez, c'est pourquoi il vous incombe de jurer que vous détestez être obligé de partir et que, un jour, vous reviendrez. Alors si May bondit dans le wagon un sourire au lèvres, elle sortait de l'ordinaire.
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La lune se lève. L'ombre de May est noire sur une chaussée délavée construite au-dessus de prairies inondées, mais il n'y a personne pour la voir. Aucun son, sinon l'appel émouvant d'un bécasseau surpris dans le sombre marais.
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Personne ne possède sa propre histoire. Quelqu'un d'autre peut arriver et s'en emparer, comme un coucou s'approprie un nid. Et les histoires ont une vie après la mort, aussi.
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La traite des Blanches n’était pas imaginaire. Il y avait, et il y a encore, du trafic. Les gangs trouvaient leurs victimes parmi les domestiques sous-payées, les ouvrières des usines, les serveuses et les vendeuses dont des milliers luttaient pour survivre avec des salaires insuffisants. Elles étaient « dressées » puis vendues. En un seul mois, pendant une campagne de réforme des années 1890, la police sauva trois cent vingt-neuf jeunes filles qui ne croyaient plus jamais ressortir de leurs bordels.

Dans une bibliothèque de ce « quartier des plaisirs », j’ai recopié une courte lettre qu’une de ces filles écrivit: « J’aimerais que tu viennes me voir et ainsi je pourrais tout te raconter car je suis une esclave blanche, c’est certain. Excuse le crayon, il fallait que j’écrive ça et que je l’envoie en douce. »

May nie avoir été une prostituée. Elle se considère comme une « soutireuse », femme qui attire un homme dans une chambre ou les préliminaires amoureux sont interrompus par un complice qui joue le rôle d’un flic, d’un mari outragé ou d’un propriétaire, et, dans la panique qui s’ensuit, elle ou son complice vole les objets de valeur de l’homme. En d’autres termes, c’est une honnête voleuse. C’est une travailleuse qualifiée.
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Personne ne possède sa propre histoire. Quelqu'un d'autre peut arriver et s'en emparer, comme un coucou s'approprie un nid.
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Avec son livre, elle a engrangé les bénéfices de son histoire, tout comme jadis elle avait engrangé les bénéfices de sa beauté. Elle ne possède rien de plus. Est-ce pour cela qu'elle craignait l'avenir, maintenant qu'elle était de nouveau malade? Était-ce une question d'argent? Apparemment elle avait pensé à retirer plus du livre qu'il n'en était raisonnable d'espérer - elle ne savait presque rien, après tout, du commerce normal. Cela a dû être difficile pour elle de comprendre que les auteurs ne reçoivent rien pendant six mois à peu près puis n'obtiennent que ce qui excède l'avance qui leur a été versée. Toute sa vie, May a vu l'argent aller et venir. Elle ne sait pas l'attendre.
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Elle n'allait pas se servir de fusils et de chevaux rapides pour tirer "bénéfices du crime", mais plutôt de sa personne. Elle ferait un instrument grossier de sa tendre chair qui rattachait son moi sexuel, à travers un réseau de nerfs délicats, à l'ensemble de sa sensibilité. Ouvrir son corps de femme à un étranger est un événement physique aussi terrible que d'être tué par balles. La vessie, les entrailles de May, ses brûlures d'estomac, ses règles douloureuses, son nez qui coule, ses chevilles endolories faisaient autant partie d'elle que sa peau rosée et sa chevelure d'or rouge lorsqu'elle entama sa vie indépendante à Chicago dans une rue crasseuse traversée par un train vibrant au milieu d'un nuage de fumée étouffante [...]
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May nie avoir été une prostituée. Elle se considère comme une « soutireuse », femme qui attire un homme dans une chambre où les préliminaires amoureux sont interrompus par un complice qui joue le rôle d'un flic, d'un mari outragé ou d'un propriétaire, et, dans la panique qui s'ensuit, elle ou son complice vole les objets de valeur de l'homme. En d'autres termes, c'est une honnête voleuse.
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