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4,17

sur 1013 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au nom du fils disparu trop tôt de William Shakespeare.
Ne vous y trompez pas le véritable héros de ce fabuleux roman à la poésie folle n'est pas Shakespeare jamais désigné par son nom dans le livre d'ailleurs. le projecteur est cette fois braqué sur son fils décédé à 11ans mais surtout sur son étincelante femme Agnès Hathaway. S'inspirant de ce tragique décès (la pièce Hamlet aurait été écrite en son honneur) Maggie O'Farrell imagine un pan de la vie intime de Shakespeare en se polarisant sur l'environnement familial du poète, sur les personnes de l'ombre qui l'ont entouré jusqu'à ses premiers succès au Globe Théâtre de Londres. L'autrice brode de sa laine d'époque filée au rouet un canevas de scènes baroques enchâssées d'effets dramatiques, d'émotions exacerbées, de sensations, d'images et de portraits en clair-obscur nous emportant dans un souffle teinté de magie. Elle restitue à merveille les conditions de vie de l'époque, nous transporte de sa magnifique plume rythmée et addictive. Deux récits alternent : celui des heures précédant la mort d'Hamnet à Stratford et la genèse de la relation entre William et Agnès dans la campagne anglaise. Ce sublime roman sur le deuil parental, la puissance de l'amour maternel, conjugal et fraternel s'ouvre en 1596 sur la recherche vaine par Hamnet d'une aide pour sa soeur jumelle victime des symptômes de la peste quelques heures avant le décès de son frère. En parallèle l'écrivaine nous replonge dans la jeunesse de Shakespeare alors précepteur de latin travaillant pour éponger les dettes de son père un gantier acariâtre et autoritaire. C'est là, en lisière de forêt, qu'il rencontre Agnès « la femme à l'oiseau ». Il tombe amoureux de cette fille étrange et sensible au fluide extraordinaire vivant en synergie avec la nature, fée ou sorcière selon les rumeurs, qui concocte onguents et potions. D'un pincement appuyé sur votre peau elle ressent ce qu'un coeur cache, devine les besoins du corps. Shakespeare l'épouse et de leur union naîtront Susanna et des jumeaux : Judith et Hamnet. Ils s'installent à Stratford et c'est là que survient le drame au moment où Shakespeare s'éloigne avançant vers sa destinée...
Éblouissant.

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Pas inspirés par Shakespeare ? Pas intéressés par l'époque à laquelle il a vécu ? Bon , chers amis, pas de panique . Londres en 1596 ( oui , oui ) , William Shakespeare ( lui - même ) , ne vous faites pas de bile , on ne va que vraiment ( très ) peu en parler dans les quelque 400 pages que vous allez...ADORER !!! ( si , si, je vous l'assure ) . Bon , moi , ce roman , je l'ai dans le " viseur " depuis un certain temps mais ....la hauteur de ma PAL ....m'oblige ( voix de la raison ) à attendre les sorties en poche . Par contre , sitôt sur les étals, sitôt entre mes mains . Et une fois plongé dedans , ah mes amis , pas le Graal , non , pas le Nirvana , on n'en demande pas tant mais ,pas loin , franchement, un inoubliable moment de vie . Si vous aimez sentir l'émotion qui pénétre en vous par tous les pores de votre peau , ne vous posez pas de questions.... de la formation d'un couple improbable mais amoureux à la désespérance face à la mort d'un enfant , vous avez tous les ingrédients d'un drame intemporel , un drame qui va vous toucher au plus profond de vous . La lenteur du propos est sublime . le " couteau " ne cesse de vous triturer les tripes , vous allez en " redemander " tant l'autrice sait user d'une écriture fine et précise . Agnés , la mére , va vous émouvoir et , je le crois , vous perturber à jamais . Et que dire de la relation entre Hamnet et sa soeur ? Si je vous dis que c'est beau, c'est que c'est superbe . Peu importe le contexte , on se sent vraiment " impliqué " , on vit les scènes comme si l'on était présent aux cotés d'Agnés et de son fils .C'est long , dramatiquement long et , paradoxalement , c'est tellement " humain " , précis , qu'on n'a pas envie que cela cesse et , mieux , on s'attend même à un quelconque miracle qui viendrait inverser le terrible cours des choses . Entre réalité et fiction , la marge est étroite. Avec , en plus , une écriture ( traduction ) plus que soignée et même poétique ,on vit
des passages extraordinairement beaux et on côtoie des personnages differents , extraordinaires , parfaitement dépeints , riches , épais . Ma libraire Isabelle m'avait dit le plus grand bien de ce roman , je ne peux que m'incliner une fois de plus devant ses avis de grande qualité. C'est l'une de mes plus belles lectures de cette année . A voir la note décernée par les lectrices et lecteurs de Babelio , les avis semblent unanimes . Je n'ai pas lu les commentaires , je vais le faire , mais , pour moi , aucune hésitation , allez - y . Si je suis parfois hésitant à me livrer et à vous " embarquer " avec moi ....je vous le dis , chères amies , chers amis ...ne passez pas à côté, vous manqueriez un sublime moment de belle , très belle lecture . Allez , je vous en prie, " en route " . Des relations humaines extraordinaires, vraiment....A bientôt.

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-----♫ - To be or not to be - ♫-----

Mourir, dormir, rêver peut-être ?
Voir chaque nuit les souvenirs
Sortir de l'ombre comme des vampires
Et vous tournoyer dans la tête
Quelle question vitale à poser !

Hamlet Hallyday - 1976 -

----♪----♫----💀----🤔----💀----♫----♪----

Oups - Question - Philosophie -
Sachant que "Hamnet et Hamlet sont en fait le même prénom, parfaitement interchangeables dans les registres de Stratford de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle." William Shakespeare aura t'il prénommé son fils "Hamnet" (1585-1596) suite sa pièce la plus célèbre ou a-t'il joué "Hamlet" [1598-?-1601] après la perte de son fils de 11 ans !? 😰
Johnny s'inspire-expire-respire-inspire-expire-sexprime-

"Il est mort et parti, madame,
Il est mort et parti ;
A sa tête une étendue de gazon vert;
A ses talons une pierre"
Hamlet, acte IV, scène 5

Il est facile de passer à coté de la douleur, de la colère qui peuvent habiter quelqu'un
Surtout si cette personne ne dit jamais rien
Aussitôt Sa main tenant une plume trempée, l'encre, le début d'une crainte
Regarder les mots se déverser du bout de la pointe
♫Arrêtez de tordre vos mains
Je ne crois pas à vos chagrins
Les crocodiles pleurent comme vous
Oh, laissez-moi tordre votre cou♫
Johnny s'inspire-expire-"Ah que" tout t'inspeare- chaqu'expeare-sexprime-

"Je suis mort;
Toi, tu vis;
...puise ton souffle dans la douleur,
Pour raconter mon histoire."
Hamlet, acte V, scène 2

On ne fait pas d'Hamnet sans placer des Je
Tous ces mots, ces non-dits, y'en a trop, on les trie
-----♫ - To be or not to be - ♫-----
-----Or To be c'est être two aussi----
Lui, Hamlet Johnny le déclare, il en sera ainsi !
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Le 11 août 1596, Hamnet, onze ans, mort de la "pestilence", est enterré au cimetière de Stratford-upon-Avon. Il laisse sur Terre, inconsolables, sa soeur jumelle Judith, sa soeur aînée Susanna, sa mère Agnes et son père, qui n'est jamais nommé mais dont on sait qu'il n'est autre que William Shakespeare.
Depuis 14 ans, Agnes et son mari forment un couple improbable. Lui, instruit, rêveur, fils d'un gantier aisé et violent, ne sachant que faire de sa vie, est tombé fou amoureux, à 18 ans, d'Agnes, fille de la campagne, illettrée mais savante des choses de la Nature et de l'âme humaine, un peu guérisseuse, un peu voyante, avec ce que cela comporte de don et de malédiction.
Le roman alterne les chapitres consacrés au drame de la mort d'Hamnet et de son enterrement, et ceux des jours heureux, relatant la rencontre d'Agnes et William, la naissance de leur amour, leur vie commune, plus tard mise à l'épreuve lorsque le futur Barde immortel s'installe à Londres pour bâtir sa carrière. La seconde partie, plus linéaire, décrit la vie ou la survie des personnages après ce deuil innommable, et leur résilience en dépit de tout.
L'auteure le précise, ce roman est une fiction, extrapolée à partir des bribes d'informations glanées dans les registres paroissiaux ou les rares documents officiels de l'époque. Une histoire fictive, donc, mais totalement crédible. Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce texte n'est pas une biographie romancée de la vie de Shakespeare, ou alors en contrepoint. le personnage principal n'est pas Hamnet non plus, c'est Agnes, instinctive, lumineuse, entière, amoureuse, mère-louve jusqu'au bout des griffes, qui tuerait la Mort pour ne pas qu'elle emporte ses enfants. le portrait sublime d'une femme, mais aussi des autres femmes qui occupent les devants de la scène de ce roman : mère, fille, soeur, grand-mère,...
Avec "Hamnet", je découvre la plume de Maggie O'Farrell, et je l'ai trouvée d'une beauté à couper le souffle. Elle a un don pour nous immerger dans le quotidien de l'époque, avec force détails et descriptions mais sans être didactique ou rébarbative, juste captivante. Elle décrit les sentiments de chacun avec une justesse et une finesse impressionnantes, et surtout, elle distille au fil des pages une émotion, des émotions, c'est poignant, bouleversant à vous mettre les larmes au bord des yeux.
Une magnifique découverte, un de ces rares romans dont on voudrait qu'il continue même après la dernière ligne. Souvenez-vous de Hamnet.

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#MaggieOFarrell #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Hamnet est un livre dont les pages se situent à la lisière des forêts.
Nous sommes en Angleterre, un jour d'été de 1596, un enfant de onze ans qui s'appelle Hamnet cherche du secours pour sa soeur jumelle Judith qui est malade. Mais personne n'est là, ni dans la maison, ni dans le voisinage ; sa mère est partie ramasser des plantes médicinales dont elle a le secret, elle qui sait guérir les autres, dans l'inquiétude de cette Angleterre ravagée par la peste...
Judith et Hamnet se ressemblent comme deux gouttes d'eau. L'existence de l'un fait écho à celle de l'autre. La joie de l'un est capable de ruisseler sur le visage de l'autre... Aujourd'hui elle est malade et c'est lui qui va prendre sa fièvre...
Cette scène grave, poignante d'un jour d'été de 1596, ouvre ce très beau roman qui m'a totalement envouté. C'est ma première incursion dans l'univers de son auteure Maggie O'Farrell.
Cet envoûtement tient à plusieurs choses... Il y a tout d'abord la force de la narration qui alterne d'un chapitre à l'autre entre le présent de cette journée d'été et le passé.
Le passé, parlons-en. Il nous fait entrer dans une famille de Stratford où le père, gantier parfois peu honnête dans ses transactions, règne dans le cercle familial par ses sautes d'humeur d'une rare violence. Ce passé explique aussi la genèse fragile, saisissante d'un couple qui va s'unir d'amour à l'aune de cette famille peu accueillante. Les scènes quotidiennes de l'Angleterre rurale du XVIème sont peintes avec une grande justesse. Et alors, c'est l'occasion pour moi de vous évoquer ce magnifique personnage d'Agnes, la mère, son chemin qui semble venir tout droit de la canopée d'une forêt. Les pages qui évoquent ses origines d'enfant sauvageonne sentent l'humus, la fleur d'églantier, elles sont imprégnées du bruit des abeilles.
Ce personnage d'Agnes m'a ému. Elle est totalement d'un autre monde. Elle a toujours sur elle dans les poches de ses vêtements des racines encore pleines de terre, des glands, des tritons, parfois une colombe blessée... Elle voit des choses que personne d'autre ne voit, elle possède la faculté de lire dans l'âme des gens. C'est comme un don. Elle préfère appeler cela des intuitions.
Les pages qui évoquent l'endroit d'où elle vient relève presque d'un conte gothique.
Ce jeune homme qu'elle s'apprête à aimer, ce précepteur de latin qui a su poser sur elle ce beau regard aimant, a-t-elle deviné en lui pinçant avec ses deux doigts la peau de son bras qu'il deviendrait un jour célèbre sur la scène théâtrale londonienne, puis de manière universelle ? Qu'il se perdrait parfois en chemin ? A-t-elle deviné l'ivresse de l'amour, les joies, les rires des enfants qui viendraient s'agripper à leurs gestes fragiles, les douleurs, les chagrins qui viendraient plus tard ?
Ce livre, baigné d'étrangeté, est d'une beauté folle, onirique, habitée par les sortilèges, où les prophéties parfois font peur.
Et puis, à un moment donné, il y a ce récit dans le récit qui explique comment cette pestilence se serait introduite en Angleterre, cette fable est tout simplement fabuleuse...
Bon, d'un saut de puce, me voilà revenu vers le propos du récit, mais les chemins sont multiples...
L'écriture oscille avec grâce et enchantement dans un clair-obscur qui met en beauté les paysages tant extérieurs qu'intérieurs. Quand je dis intérieurs, c'est bien sûr l'âme des personnages. Oui, tout n'est qu'ombre et lumière, comme l'image de cette rivière où poussent de magnifiques iris d'eau, au milieu d'une eau sombre et boueuse. Comme la douceur de la neige, froide et aveuglante... Comme l'amour d'Agnes et de celui qui n'est jamais nommé ici...
J'ai du mal à ne pas vous parler encore de cette femme, Agnes. Plus tard, dans son rôle de mère, elle emportera l'émotion du texte dans la mort qui approche un enfant et où elle ne reçoit plus aucun signe, dans ses mains devenues impuissantes à guérir, dans ses larmes, dans l'absence de son mari qui n'est plus à ses côtés, au côté de ses enfants ; s'absenter de la troupe de théâtre dont il s'occupe n'est pas possible dans le moment, écrit-il. Pourquoi cet homme s'est perdu en chemin ? Pourquoi est-il devenu rebelle ? Pourquoi cette fuite ?
Sans jamais le nommer, ici le père d'Hamnet entrera plus tard dans la postérité, à jamais. On devine alors aisément ô combien le destin douloureux de son enfant et le chagrin qui s'ensuivit, lui donna l'inspiration pour écrire l'une de ses plus belles tragédies théâtrales...
Le livre de Maggie O'Farrell est une approche romanesque pour dire cette genèse...
Et puis, en chemin, acceptez de vous perdre dans les nombreuses digressions que procure ce texte. La droite qui relie deux points est souvent le parcours le plus triste.
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« Il est mort et parti, madame,
Il est mort et parti ;
À sa tête une étendue de gazon vert ;
À ses talons une pierre. »
Hamlet, acte IV, scène 5

Je ne connaissais pas Maggie O'Farrell. Je l'ai découverte en lisant la très tentante critique du roman « L'étrange disparition d'Esme Lennox » par Cascasimir. Ma libraire ne l'ayant pas en rayon, elle m'a proposé son tout dernier roman, « Hamnet ». J'ai bien essayé de résister, mais comme elle est vraiment très convaincante, je suis repartie avec.
*
« Hamnet » est une oeuvre fictive, mais Maggie O'Farrell a remarquablement imaginé à travers les écrits qui nous restent de William Shakespeare et en particulier « Hamlet », l'histoire de sa famille et le décès de son fils unique à l'âge de onze ans.
Dans ce roman, le père de Hamnet restera sans nom, relégué à un rang de second rôle, laissant la parole à sa femme Agnès, à une époque où les femmes étaient si peu considérées.
C'est donc un magnifique portrait de femme, impressionnant de force et de réalisme que nous relate l'auteure.

On ne connaitra William Shakespeare que par le regard qu'elle porte sur lui.
Un regard pénétrant.
Un regard intuitif.
Agnès lit en lui comme dans un livre ouvert, il apparaît comme un homme bon, mais secret et mystérieux.
*
Eté 1596, Stratford, Angleterre
Seuls dans la maison, les adultes vacant à leurs occupations, Hamlet et Judith, sa soeur jumelle, jouent, jusqu'à ce que la fillette fatiguée et fiévreuse délaisse ses jeux pour rentrer s'allonger.
Très vite, son état s'aggrave.
Hamlet se blottit contre elle.
« Il forme un crochet avec son petit doigt, le glisse sous le petit doigt de sa soeur. Une larme solitaire tombe de son oeil, atterrit sur le drap, puis roule en dessous, sur le jonc. »
*
Agnès veille son enfant inerte.
Agnès rêve éveillée.
Elle rembobine le temps comme une pelote de laine et repense à tous ces moments de bonheur simple. Amour, partage, bienveillance.
« Ne jamais tenir pour acquis que le coeur de vos enfants bat, qu'ils boivent leur lait, respirent, marchent, parlent, sourient, se chamaillent, jouent. Ne jamais, pas même un instant, oublier qu'ils peuvent partir, vous être enlevés, comme ça, être emportés par le vent tel le duvet des chardons. »

Agnès tremble.
Elle se sent totalement démunie face à cette ennemie puissante et impitoyable.
« le silence enfle ; il s'étire, les enveloppe tous les deux ; il possède maintenant une silhouette, une forme, des tentacules qui s'agitent, comme les fils d'une toile d'araignée détruite. »
*
Le fond historique est très intéressant. Maggie O'Farrell restitue incroyablement bien les moeurs, la condition des femmes et les mentalités de l'époque élisabéthaine, restituant l'atmosphère rurale insalubre, la promiscuité, par des descriptions minutieuses telles que l'on s'y croirait.
*
Au-delà du récit et du contexte historique, il y a également des qualités littéraires indéniables dans ce livre.
La magnifique écriture de Maggie O'Farrell, précise, sensible et acérée, excelle à décrire les ambiances, à disséquer les émotions et la psychologie de chaque personnage, à raconter dans les moindres détails le destin du jeune Hamnet et la souffrance de sa mère.

L'auteure aborde des thèmes forts : l'amour, le chagrin à la perte d'un enfant. Elle le fait avec beaucoup de force en imposant un rythme lent au récit. Une polyphonie d'émotions contradictoires et douloureuses m'a submergée.

C'est la première fois que je ressens autant cette impression d'oppression, d'étouffement, de souffrance partagée, d'un écoulement très lent du temps qui ne laisse que peu d'espoir à un dénouement heureux.
Comme si l'auteure freinait le temps pour que la mort trop impatiente choisisse une autre victime.
*
Maggie O'Farrell signe un roman remarquable dans lequel le récit et le style de l'auteure sont en parfaite harmonie.
Une lecture qui me laissera un souvenir poignant.
« Souviens-toi de moi. »

Mes yeux se sont embués de larmes.
Oui, je me souviendrai de cette magnifique histoire et de cette auteure. Un très gros coup de coeur !
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L'histoire que nous raconte Maggie O'Farrell nous propulse au XVIe siècle dans la petite ville de Stratford. Une petite fille Judith est très malade, elle a beaucoup de fièvre, et son frère jumeau Hamnet, très inquiet, parcourt la ville à la recherche de sa mère partie cueillir des plantes pour faire les décoctions avec lesquelles elle soigne les gens du village.

Il n'arrive pas à la trouver, et tous les autres membres de la famille ont mystérieusement disparus, eux-aussi, quant à leur père, il est à Londres. Il finit par aller frapper à la porte du médecin, car la fièvre pestilentielle s'installe avec son cortège de souffrance et de morts.

Agnes, alias Anne Hattaway a épousé William quelques années auparavant, ils sont tombés amoureux, au grand dam du père, John, car ils viennent de milieux différents.

John, le père de William est gantier, il a été un notable de la ville de Stratford mais il a été exclu de la guilde pour des manquements divers, notamment un trafic de laine. Il est très autoritaire, aurait voulu que ce fils aîné prenne sa succession alors que ce dernier ne s'intéresse qu'aux livres, au théâtre.

Maggie O'Farrell est partie du fait que l'enfant de William Shakespeare s'appelait Hamnet, décédé alors qu'il était encore enfant, et lui a donné vie à sa manière dans ce superbe roman ; elle a fait beaucoup de recherches pour construire son récit, sans anachronisme, se basant sur la vie des gens à l'époque.

Sa description de la peste, la manière dont elle s'est répandue, à partir de puces contaminées sur la tête d'un petit singe et la transmission par contact, piqures etc. bien-sûr, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la pandémie actuelle et les ravages qu'elle entraîne.

J'ai terminé ce roman il y a quelques jours déjà, et j'avais envie de rester sous le charme, dans l'atmosphère de l'époque, dans le destin tragique de l'enfant tel que l'a imaginé Maggie O'Farrell, dans la difficulté de faire son deuil, de manière différente selon le père et la mère d'Hamnet, l'une sombrant dans l'émotion, la dépression, l'autre essayant de transcender en écrivant une pièce de théâtre. Comment exprimer des sentiments dans une famille aussi rigide que celle de William ? il ne peut rester sur place à Stratford s'il veut rester en vie…

L'écriture est magnifique, les personnages, comme les lieux sont admirablement décrits, on a des images plein les yeux et l'auteure a bâti l'histoire sur Agnes, c'est la femme, son statut à l'époque, qui est l'héroïne, William est bien pâlot à côté d'elle, en artiste méprisé par son père, qui n'arrive à exister que loin de lui, comme s'il fonctionnait de manière quasi schizophrène.

Les relations intrafamiliales sont bien étudiées, tant du côté de William que du côté d'Agnes et le petit Hamnet (autre orthographe d'Hamlet) est très attachant, très mature.

« Hamnet et Hamlet sont en fait le même prénom, parfaitement interchangeables dans les registres de Stratford de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. »

J'ai eu un immense coup de coeur pour « L'étrange disparition d'Esme Lennox » de Maggie O'Farrell, il y a quelques années, et depuis je lis tous ses livres au dur et à mesure de leur sortie en France, il ne me reste plus que les plus anciens à découvrir. Je n'ai jamais été déçue, même avec son recueil de nouvelles « I'am, I'am, I'am » le dernier en date, alors que j'ai plus de mal avec les nouvelles (surtout à rédiger des chroniques en fait plus que la lecture elle-même).

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver les talents de conteur de Maggie O'Farrell que j'aime tant et en plus, j'ai une énorme envie de me replonger dans l'oeuvre de Shakespeare, ce qui ne m'est pas arrivé depuis un long moment, faute de temps et de PAL démentielle.

Vous l'avez compris, si l'auteure vous plaît, foncez, vous ne serez pas déçus…

#MaggieOFarrell #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Startford, à la fin du XVI ème. Un petit garçon , Hamnet, se désespère de trouver sa mère pour venir en aide à sa soeur jumelle Judith. Il la voit dépérir sous ses yeux sans rien pouvoir faire.
Parallèlement à cette histoire , le roman revient sur la rencontre des parents d'Hamnet.

Si ce roman m'a semblé posséder quelques longueurs au début de l'ouvrage , la deuxième partie est absolument remarquable et dresse un portrait de femme étincelant . Elle a raison Agnès, il n'y a pas de mot pour désigner une mère qui perd son enfant.
Loin de son mari , se servant du prétexte de la vente de gants à Londres pour s'émanciper dans le théâtre , elle va faire son deuil seule , dans un climat de jalousie et d'hostilité. Elle va chercher son enfant dans tous les souffles de la vie , dans tous les sourires juvéniles . Elle va chercher son homme aussi , chercher à comprendre sa réaction.

Avant cela, on aura plongé dans le XVI ème siècle , avec tout ce qu'il comporte d'inconfort, de solidarité et d'injustice. On y aura plongé avec l'écriture envoutante de Maggie O'Farrell qui m'avait déjà emporté dans le très bon I am,I am,I am. Bien entendu , on aura aussi appréhendé ce que fut l'existence de William Shakespeare. Romancé de façon magnifique .

Merci à @PetiteBichette pour le conseil.
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«  Je ne saurais la comparer à personne . Elle n'a que faire de ce que les gens pensent d'elle .Elle n'écoute qu'elle même » .
«  Elle sait voir l'âme des gens . Il n'y a pas en elle une once de dureté » .

Ainsi parle un jeune lettré de la ville , à sa soeur Elisa , jeune précepteur de latin , en train de s'éprendre d'une orpheline: Agnès aux dons étranges tout à tour voyante , chercheuse de plantes , et guérisseuse. elle les comprend et ne se sépare Jamais de sa crécerelle.

Nous sommes à l'aube des années 1580 ,dans le Warwickshire …..

Cet ouvrage situé à la lisière des forêts , d'une beauté incomparable occupa une grande partie de ma nuit…
Je désire faire court vu le nombre élevé de commentaires .
Le pourrai - je ? .
De l'union du précepteur et d'Agnes naîtront Susanna, l'aînée , puis Judith et son Jumeau Hamnet , qui mourra à onze ans , dont le prénom et la très courte trajectoire auraient , semble t - il inspiré le plus célèbre des drames SHAKESPEARIENS, HAMLET .

Un jour , dans la campagne anglaise une petite fille tombe malade et son frère jumeau part chercher de l'aide car aucun des parents n'est à la maison….
Coup de coeur pour ce roman anglais , qui nous plonge au coeur de l'ère Élisabéthaine , au sein d'une tragédie , entre présent et passé , le quotidien de la famille Shaskespeare retraçant d'une part les amour d'Agnes et de Will , d'autre part les derniers jours poignants de Hamnet.

C'est un livre délicat, sublime aux mots d'une telle beauté , sans pathos, puissant : phases longues et poétiques , infiniment qui émerveillent le lecteur , résonnent en lui d'une façon tellement bouleversante !

Fine psychologue et conteuse hors pair , l'auteure transcende , par sa langue poétique , les sujets qu'elle aborde avec une grâce infinie , une délicatesse un peu éthérée , à la fois intime et universelle .
Cette plume douce,, à la folle beauté explore le deuil parental, l'incroyable puissance de l'amour conjugal, paternel , maternel et familial .

Pour dévoiler les éléments du récit , explorer les arcanes de la condition féminine, l'écriture se fait vibrante d'émotions , en résonance avec le coeur de chacun.
Une belle et triste histoire profondément humaine, magnifique, tendre histoire d'amour et de deuil' impossible , chaque page descriptive étincelle .

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« Hamnet » est un saut dans le temps, fin du 16ème siècle, dans la campagne anglaise. On y fait la rencontre de deux enfants : Hamnet et sa soeur jumelle, Judith, fortement malade. Ces jumeaux vivent en compagnie de leur mère et de leurs grand-parents. Leur père n'est pas présent car il se trouve à Londres. Ce dernier n'est pas n'importe qui car c'est William Shakespeare mais il n'a pas encore rencontré le succès que nous lui connaissons.

Maggie O'Farrell a une plume talentueuse et poétique. Elle parvient à immerger le lecteur dans son atmosphère et à lui faire oublier le temps présent. Par cette lecture, j'ai eu l'impression d'avoir fait – grâce à une machine à remonter le temps – un saut dans son univers, tant ses descriptions sont précises et visuelles. Cette campagne anglaise du Warwickshire m'a semblée si réelle et les personnages si vivants !

Malgré le patronyme célèbre du père du garçon, l'auteure a la pudeur de ne jamais l'écrire car c'est bien l'histoire romancée du fils qui importe et sur lequel elle focalise son travail. A la fois belle et tragique, cette histoire ne vous laissera pas indifférent par ses thèmes si omniscients : le deuil impossible d'un enfant, la séparation, l'Amour avec une majuscule, les relations familiales.

Outre le fait s'il s'agisse d'une oeuvre de fiction, l'auteure s'est appuyée sur des réalités historiques pour coller au mieux aux faits. Elle explique d'ailleurs les discordances, qui sont peu nombreuses, à la fin du bouquin. Elle nous fait aussi découvrir la genèse de la terrible épidémie de peste bubonique qui toucha l'Angleterre et fit des milliers de morts.

L'histoire de ce fils, Hamnet, aurait inspiré son père à en écrire une pièce, selon de nombreuses spéculations. Comme vous avez pu sûrement deviner vous-même le parallèle, il s'agit bien de « Hamlet ».

La seule chose qui m'a moins plue est que j'ai trouvé qu'il y avait certaines longueurs au texte. Mais ce faisant, cela reste un très beau livre qui ravira les amateurs de romans historiques et de textes enchanteurs.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs de L'Actu Littéraire.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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