« Je me demandais si dans toute la bonté de ton coeur, tu pouvais trouver pour moi simplement un livre et essayer de mettre la main sur les poèmes d'Ethna Carberry. C'est vraiment tout ce que je veux.Ma dernière volonté , comme on dit. Certains demandent des cigarettes, d'autres à avoir les yeux bandés, ton ami te demande de la poésie ».
Ce fut un des derniers messages de
Bobby Sands. On ne ressort pas indemne du récit de Denis O'Hearn. On apprend, on se souvient, on se demande, et imperceptiblement en le lisant il vous vient une force.
Je ne résumerai pas ici l'histoire de
Bobby Sands. Je vous dirai : droits civiques, colonialisme, impérialisme, de vous dirai république, combats politiques, justice, je vous dirai territoires occupés, répression, insoumission. Je vous dirai aussi terreur, guerre, meurtres, exil, terrorisme, religion. Je vous parlerai d'un député, membre de l'I.R.A provisoire, élu de la Chambre des communes du Royaume-Uni, durant le mandat de
Margaret Thatcher, et qui est mort, en prison après 66 jours d'une grève de la faim, grève qu'il aura menée jusqu'au bout pour que son statut, et celui de ses camarades, hommes et femmes, soit reconnu comme étant un statut de prisonnier politique. Je vous dirai , histoire, siècle, langue, identité, nation, conscience politique. Je vous dirai résistance, opposition, idéal, et poésie. Je vous dirai Blanket protest, Bloody Sunday, H Blocks.
Bobby Sands est mort le 5 mai 1981. Il avait 26 ans.
Le 05 mai 1981, la France entière regardait le débat télévisé Giscard/Mitterrand.
Le 05 mai nous regardions ailleurs. Je ne pense pas que nous devons nous en féliciter.
Astrid Shriqui Garain