AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
L'Arche (01/01/1916)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Pièce en un acte, créée et publiée en 1916.
Au milieu de l'Atlantique, à bord du paquebot britannique Glencairn, le marin Yank a été blessé dans une chute et gémit dans sa couchette. Son ami l'Irlandais Driscoll et les autres marins l'encouragent avec bonne volonté, mais Yank réalise qu'il est en train de mourir. Comme il craint d'être seul, Driscoll reste avec lui et ils discutent d'anciennes aventures et de leur dure vie en mer.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après En route vers CardiffVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Si j'en crois l'édition du Théâtre complet de O'Neill par les éditions de L'Arche, il s'agirait là de la première pièce créée et publiée par O'Neill. C'est un leitmotiv bien connu que Tchekhov, Ibsen et Strindberg ont été les grandes influences de O'Neill (mais pas seulement), et nous y reviendrons. Il faut bien se mettre en tête que le théâtre américain au début du XXème siècle n'existait pas, ou fort peu, coincé inévitablement entre les représentations des indétrônables pièces de Shakespeare - ce n'est pas par hasard que dans le documentaire sur Richard III d'al PAcino, il soit question du sentiment d'infériorité des dramaturges et comédiens américains vis-à-vis de Shakespeare - et un théâtre national "yankee", intéressé essentiellement par l'histoire de la Frontière, tout comme le sera le cinéma un peu plus tard. Et puis le puritanisme ambiant n'avait pas arrangé les choses. Comme ce fut le cas en Europe plus tôt, notamment dans la France du XVIIème, le théâtre, c'était mal. Là-dessus arrive un dramaturge qui prétend changer la donne et introduire, entre autres, du réalisme mêlé de tragique dans le théâtre.


La très courte pièce En route pour Cardiff résume bien cette volonté de O'Neill. Un caboteur y est à la fois le lieu d'une vie de labeur épuisante et guère reluisante, où les blagues fusent au début de la pièce, pour très vite faire place au découragement. le bateau est englué dans une tempête qui n'en finit pas, tandis que sur sa couchette, Yank, un des marins, est en train de mourir d'une mauvaise chute (eh oui, pas de médecin à bord !) C'est là que le tragique prend toute la place. Yank est résigné à mourir - alors que tout le monde, ou presque, refuse de regarder les choses en face - et passe ses derniers instants avec son meilleur ami, évoquant leur passé de marins. Rien de joyeux dans ces souvenirs, juste la mélancolie d'avoir vécu une vie inutile pour enrichir des crétins.


S'il est difficile de rattacher cette pièce à l'influence d'Ibsen, puisque personne ici n'essaie de se libérer de sa condition (encore que Yank et son ami en aient eu la velléité, mais n'ont jamais osé passer le cap), celle de Tchekhov me paraît sensible. Ce n'est pas tant, pour le coup, aux grandes pièces de Tchekhov que j'ai pensé, mais plutôt, en partie, à Sur la grand-route, une pièce en un acte. On y retrouve en effet un huis-clos, et le lieu est hanté de personnages à la vie plus ou moins misérable. Mais pas de grandiloquence chez O'Neill : le tragique reste dans le registre du quotidien, du banal, et c'est sans doute ce qui a touché les spectateurs d'emblée à la création (alors qu'on avait reproché à Tchekhov de se complaire dans la fange). C'est en tout cas ce que je retiendrai avant tout de cette petite pièce, qui sans me bouleverser totalement, a le mérite de, non seulement montrer un théâtre nouveau, mais aussi de mettre le doigt sur les fêlures du rêve américain et des destins individuels, brisés sous le joug d'une vie de labeur. le tout très cohérent sur le plan dramaturgique.



Challenge Théâtre 2018-2019
Commenter  J’apprécie          295

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
YANK. Cette vie de marin, quand on la quitte, y a pas tellement de quoi pleurer. Bateau après bateau, travail dur, petite paye, et tambouille infâme. Une fois au port, on se saoule, ça tourne en bagarre, tout l'argent file, et le bateau reprend la mer. Jamais on connaît des gens bien. Dans les villes, on quitte pour ainsi dire jamais le quartier du port. On voyage dans le monde entier, et on le voit pas. Et personne pour se demander si on est mort ou vivant. (Avec un sourire amer:) Pas grand-chose à regretter, dans tout ça, Drisc.
Commenter  J’apprécie          110
YANK, rêveur. - Ça doit être formidable de passer toute sa vie à terre, d'avoir une ferme, une maison à soi, avec des vaches, des cochons, des poulets, loin à l'intérieur des terres, et jamais sentir la mer, jamais voir un bateau. Ça doit être formidable d'avoir une femme, et de s'amuser avec les gosses, le soir, après souper, quand le travail est fini... Ça doit être formidable d'avoir une maison à soi, Drisc.
DRISCOLL, avec un profond soupir. - Oui, sûrement. Mais à quoi ça sert d'y penser ? Ces chose-là, c'est pas pour des gars comme nous.
Commenter  J’apprécie          20

Video de Eugene O'Neill (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eugene O'Neill
The Iceman Cometh, film réalisé par John Frankenheimer en 1973, d'après une pièce de théâtre écrite par Eugene O'Neill en 1939. Bande-annonce
autres livres classés : théâtre américainVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
156 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}