Article à chaud après une lecture quasi sous apnée ! Baby, jeune demoiselle de douze ans, un pied dans l'enfance, l'autre dans l'adolescence vit à Montréal dans ce qui semble être les années 80. Elle vit avec Jules, son très jeune père (elle est apparue dans sa vie quand il avait quinze ans ans et sa mère est décédée peu de temps après sa naissance) qui tente, tant bien que mal de l'élever. Cette famille un peu "bancale", un peu "boîteuse" vit dans un quartier peu recommandable, changeant de lieux d'habitation selon les fluctuations de "leur fortune". La dite fortune n'est jamais très élevée car Jules est accro à l'héroïne, enchaîne les petits boulots et quand nécessité prévaut, fait les poubelles. Baby pousse comme une fleur sauvage, sans réel cadre et, faute d'avoir connu un environnement plus sain, considère comme normal d'être vêtue de vêtements improbables, de puer un peu, de passer Noël à la Mission, une association d'aide aux plus démunis et de sympathiser avec des souteneurs, des prostituée, des dealers ou d'autres enfants cabossés par la vie. Elle est heureuse tant qu'elle est avec son père et que son imagination transforme ce quotidien sordide en un univers extraordinaire. Son passage à l'adolescence va lui ouvrir les yeux sur la laideur de son monde et l'entraîner dans une spirale dévastatrice qui ne trouvera sa fin que dans une rupture avec son père, son milieu et sa ville....
Baby, poor little baby, emporte avec elle le coeur du lecteur !
Commenter  J’apprécie         60
Baby évolue dans un monde glauque et pauvre, dans certains quartiers de Montréal. Elle le dépeint pourtant avec poésie et une certaine légèreté, sans jérémiades incessantes. Sans avoir une intrigue complexe, le livre est si prenant que lorsqu'il s'achève, on en voudrait encore, encore de ce joli ton plein d'imagination et de ces situations loufoques.
Je recommande !
Commenter  J’apprécie         70
J'avais toujours aimé lire, mais, ces derniers temps, je m'étais mise à le faire d'une façon différente. Quand j'ouvrais un livre, je me laissais submerger. J'avais l'impression d'être follement amoureuse, de me trouver dans un confessionnal, pendant que, derrière la grille, les personnages me confiaient leurs secrets les plus intimes. En lisant, je devenais philosophe, c'était à moi de comprendre la signification des choses. Lire me plaçait au centre de l'univers.
Quand deux personnes pensent à la même chose, une décharge électrique leur parcourt le corps. Mes veines étaient des lignes téléphoniques, avec des gens qui riaient et hurlaient tout le long.
Si vous voulez qu'un enfant vous aime, allez vous enfermez dans un placard pendant trois ou quatre heures. A genoux, le gosse vous suppliera de sortir et fera de vous un dieu. Ce sont sûrement des enfants délaissés qui ont écrit la Bible.
Les gens en faisaient baver aux gamines de douze ans. Ils ne voulaient plus leur donner de bonbons à Halloween et disaient des trucs du genre : « Si on était au Moyen Âge, tu serais mariée, tu aurais une ferme et tu devrais t’occuper d’une tripotée de poules. » Ils essayaient de vous arracher à l’enfance à coups de pied. Mais une fois que vous en étiez sortie, impossible d’y retourner, alors il fallait s’y accrocher le plus longtemps possible.
|SPOILER LEGER|
Je n'avais jamais pensé que je finirais par me piquer. Je ne crois pas que c'était à cause de Jules. Sauf que nous nous droguions tout les deux parce que nous étions des idiots trop fragiles pour supporter la tristesse et que personne n'avais pu nous donner une raison de ne pas le faire.