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EAN : 9782021363456
480 pages
Seuil (16/08/2018)
3.69/5   101 notes
Résumé :
(également publié sous le titre "Hôtel Lonely Hearts")

Dans un orphelinat de Montréal, toutes les filles s'appellent Marie, et tous les garçons s'appellent Joseph. Mais parmi la grisaille des enfants abandonnés brillent deux étoiles : Rose et Pierrot.

Les deux orphelins se produisent en spectacle devant de riches Montréalais pendant les Années folles. Il joue du piano, elle danse, et ils rêvent ensemble de fonder le plus grand cirque... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Partons en rêve un peu loin dans l'espace et le temps, à Montréal au début du 20 eme siècle. C'est le contexte de cette histoire assez fantasque qui évoque les feuilletons à faire pleurer dans les chaumières qui paraissaient dans les journaux du début de ce siècle.

La canadienne Heather O'Neill concocte quelque chose comme un étrange mélange de genres. Du roman social, plutôt coquin, un « opéra de quat'sous », parfois très sordide avec criminalité, parrains de mafias, prostituées, bouges infâmes et paradis artificiels. « Sans famille » ou « Oliver Twist » au Québec avec plus de sexe et de drogue.

On suit les aventures de Rose et Pierrot, deux orphelins maltraités dans une institution catholique. Ils ont un réel potentiel artistique et tombent amoureux au premier regard comme Roméo et Juliette. Séparés, ils n'auront de cesse de vouloir se retrouver après s'être croisés, frôlés pendant au moins trois cents pages, avant les grandes retrouvailles....et c'est loin d'être fini pour les montagnes russes émotionnelles.

Ce genre d'aventures au fil de la plume, avec coups de théâtre et revers de fortune en cascades, dans un registre tout en excès n'est pas du tout mon genre littéraire préféré, mais j'apprécie la performance .

J'ai, à vrai dire, cherché un sens à cette histoire, au delà de l'anecdote. Dénonciation sociale ? Féminisme assumé et décomplexé ?...éloge des artistes, du monde du spectacle et des moments de rêves qu'il procure? jeu intertextuel malicieux avec références culturelles multiples et universelles ? Peut-être un peu tout cela à la fois ou plus simplement , juste un divertissement sans prétention. A vous de voir !

Au passage, j'ai découvert avec la traduction pas très heureuse, hélas, qu'il y avait un anglais du Canada avec ses petites particularités . On en apprend tous les jours avec les opérations « masse critique », et je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour ce moment de lecture.



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"Les enfants de coeur", également publié en France avec le titre "Hôtel Lonely Hearts", m'a attirée dès que je l'ai aperçu sur l'un des rayons à la bibliothèque. La couverture est sublime.

Je souligne également la jolie calligraphie en début de chaque chapitre.

"Les enfants de coeur", ce sont Rose et Pierrot, qui ont grandi ensemble dans le même orphelinat, unis à jamais et ce même quand le destin va les séparer. Leur personnalité fantasque va les conduire chacun vers des chemins différents, pour se rejoindre sur la route du monde du spectacle et des organisations criminelles. Les événements se déroulent à Montréal, dans la première moitié du XXe siècle, notamment pendant la Grande Dépression (provoquée par le Krach de 1929).

Quand j'ai commencé ma lecture, c'était plutôt mal parti (la faute aux nombreuses scènes de sexe). Puis, finalement, le style de narration m'a séduite et je me suis laissée porter par cette histoire funambulesque.

Je vais d'abord évoquer ce qui ne m'a pas plu. À commencer par le contexte historique et socio-économique : il n'est en effet pas du tout développé et ne sert que de "support" pour le déroulement de l'histoire. Quand un livre est qualifié des termes "fiction historique" ou "romance historique", je m'attends justement à ce que la période de l'Histoire dans laquelle se déroule les événements soit un minimum approfondie, bien implantée.

Mais ce qui fait essentiellement défaut au récit, c'est le rapport à la sexualité, quasiment omniprésente dans la première moitié du livre. D'autant plus que l'autrice dépeint ces passages de manière très étrange, salace et quelquefois malaisante. Quand il s'agit de décrire le tournage d'un film porno, je peux comprendre l'emploi de certains termes crus. L'autrice n'y va pas avec des pincettes, décrit l'acte franchement, sans la moindre émotion. Alors quand il s'agit du viol d'un enfant, ça devient très très incommodant et malsain. Même quand il y a de l'amour dans l'air, il n'y a rien de romantique, rien de poétique. Elle dépeint des rapports à l'état brut, instinctifs (impulsifs ?), animaux. Elle ne lésine pas non plus sur les détails, dont j'aurais très bien pu me passer. de ne pas savoir, par exemple, que Pierrot en a une plus grosse que la moyenne et que sa copine prostituée (donc très expérimentée sur la chose) en reste abasourdie parce qu'elle n'en avait jamais vue une pareille, n'aurait pas du tout changé le cours de l'histoire...

Mais, paradoxalement, entre ces passages libidineux, la plume de l'autrice se révèle être très élégante, poétique, onirique. Elle reste en revanche détachée de ses personnages et de leurs ressentiments, et c'est certainement à cause de cet aspect que je n'ai moi-même rien ressenti, mais j'ai pu relever quand même de très nombreux beaux passages.

Le style de narration très fantaisiste, ainsi que la personnalité dilettante de nos deux amoureux, apportent à l'histoire une atmosphère qui se veut plutôt "théâtrale", biscornue, bohème, volage. C'est assez original, très particulier. J'avoue avoir eu quelques difficultés à m'y faire au début. L'histoire dans son ensemble est quand même tragique (maltraitance, viol, prostitution, toxicomanie, pauvreté et misère sociale, crime et trafic de drogue) mais je n'ai jamais réussi à le percevoir ainsi. J'ai fini par me dire que c'était voulu par l'autrice, qu'elle ne voulait pas tomber dans le dramatique. J'ai donc accepté et ai pu m'imprégner de cette ambiance particulière.

Dans l'ensemble, j'ai bien aimé. Mais je me rends compte en me relisant à l'instant que mon avis est quand même assez mitigé et je ne pensais pas qu'il le serait autant quand j'en ai commencé la rédaction... Je garde pourtant encore maintenant l'impression d'un bon moment, avec plus d'aspects positifs que négatifs. C'est très bizarre cette sensation d'avoir aimé un livre pour lequel j'ai finalement pas mal à lui reprocher...
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Voilà un conte, une fable, que dis-je : une métaphore littéraire ! Mais pas que. Car Les enfants de coeur d'Heather O'Neill – traduit par Dominique Fortier – nous emmène sur les pas (de danse) de Rose et de Pierrot, démarrant comme une belle histoire pour enfant avant de s'éloigner peu à peu de la romance attendue… Et c'est tant mieux !

Car ces enfants de coeur sont loin d'être des enfants du bon dieu : tous deux élevés dans le même orphelinat, Rose et Pierrot vont développer en parallèle leurs dons artistiques et poétiques, tomber amoureux, se quitter puis se retrouver en grandissant. Voilà pour le côté pile ; Côté face, c'est le vol, la rapine, le sexe sulfureux, la drogue et même le meurtre. Loin d'être des pauvres orphelins Baudelaire, Rose et Pierrot sont des conquérants opportunistes de la Grande Dépression, qui de Montréal à New-York vont appliquer avant l'heure le conseil du grand Charles et comprendre que « la misère serait moins pénible au soleil ».

Il y a dans Les enfants de coeur une constante confrontation entre une histoire poétiquement romancée, et des twists néfastes qui viennent la percuter, le tout parsemé de passages délicieusement subversifs. Cela fonctionne, même si cela tire parfois un peu à la ligne et si les réflexions de fond que distille ci-et-là Heather O'Neill (sur la place des femmes, la nécessaire émancipation des enfants, la religion ou la réussite) sont peut-être un peu trop nombreuses. Mais l'histoire est atypique et les personnages délicieusement attachants, prenant de plus en plus d'épaisseur au fil des pages. Une jolie découverte donc.
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La drogue, le sexe et la prostitution dans ce qu'ils ont d'abjectes, voilà ce que Rose et Pierrot doivent affronter, victimes d'une société qui a abandonné ses orphelins aux mains de personnes peu charitables voire déséquilibrées. Pourtant, une légèreté se dégage de ces personnages doués pour le spectacle, celui que l'on donne, en se donnant avec candeur et obstination.
L'auteure ose une poésie dans ce monde-là, avec des comparaisons truculentes, des digressions spontanées d'abord hors sujet puis qui nous y ramènent finalement, des passages où des coïncidences se tissent et des dialogues de sourds se répondent.

Une histoire dense, travaillée, sans concession, et pourtant qui avance avec grâce.
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Un magnifique roman qui nous plonge dans les bas-fonds de Montréal au moment de la Grande Dépression, une période terrible avec son lot de misère, de drogue, de prostitution...malgré ce contexte sombre le livre est lumineux, une histoire, je devrais dire un conte (pour adulte) dont la tragédie n'est pas que tristesse, beaucoup de joie et d'innocence des deux personnages principaux, Rose et Pierrot, enfants abandonnés et maltraités dans un orphelinat.
Tous deux trouvent la force de rêver, de rire, d'apporter de la joie aux personnes qu'ils rencontrent, sans oublier de s'aimer, cette innocence, cette féerie qu'ils produisent leurs attirent aussi la cruauté de certaines personnes.
Tout tient dans l'écriture un peu magique de l'auteur, son regard naïf parfois tendre souvent cru. J'ai eu de l'empathie pour Rose avec sa volonté, son insolence, son féminisme mais j'ai surtout aimé la candeur de Pierrot.
C'est un roman magnifique, empli de poésie, de passion et aussi de sexe d'où le conte pour adulte.
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critiques presse (1)
LeMonde
31 août 2018
Malgré les lourdeurs d’une traduction souvent trop littérale et quelques sentences maladroites sur la nature humaine, Les Enfants de cœur revisite avec pertinence le thème de l’innocence bafouée et de la permanence des rêves. Ce drame romantique est surtout une célébration du pouvoir cathartique du théâtre et du cirque chez ceux que le spectacle du monde désole.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Elle aimait que tous les enfants du voisinage semblent connaître le nom de Pierrot. Elle aimait qu'il sache faire cuire un œuf sur le plat, une cigarette entre les lèvres. Elle aimait sa façon de l'appeler depuis le trottoir. Elle aimait sa manière de lui passer un bras autour des épaules. Elle aimait sa façon de parler des peintures quand ils allaient au musée. Elle aimait les choses qu'il remarquait sur le monde.
Il aimait les choses qu'elle remarquait sur le monde. Il aimait l'allure qu'elle avait, en sous-vêtements, assise en tailleur sur le lit, alors qu'elle décrivait ce qui lui était arrivé de terrible. Il aimait quand elle lisait des passages qu'elle avait soulignés dans des romans. Il aimait qu'elle se mêle des disputes des gens dans la rue. Il aimait qu'elle commence toujours la journée en lisant le journal. Il aimait la façon dont il se sentait avec elle.
Elle aimait la façon dont elle se sentait avec lui.
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De toutes parts, on s'efforçait de convaincre Rose que personne n'avait rien à fiche de ce qu'une fille avait à dire. On ne s'attendait pas à ce qu'elle ait des idées futées ou audacieuses, on s'attendait simplement à ce qu'elle tente vaguement de suivre ce qui intéressait les hommes. Ceux-ci étaient censés pouvoir lui envoyer leurs idées comme des balles de squash. C'était une façon plus ou moins agréable de se parler à soi même.
Il était important pour une femme d'être un peu idiote. Il était important de ne pas être trop fière de soi. On devait éprouver de la fierté uniquement quand son mari accomplissait quelque chose. Si on avait du talent, on risquait d'humilier son époux, alors mieux valait dissimuler ses talents, ou bien devenir talentueuse dans des domaines qui ne l'intéressaient pas. Ainsi, on pouvait être son habile assistante. Mais Rose ne pouvait accepter cela.
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Ils ne savaient jamais trop quand pleuvraient les coups, car les religieuses les frappaient sans rime ni raison. La nature d'un tel système voulait que les enfants ne puissent jamais deviner à quel moment ils allaient être battus – qu'ils ne puissent ni le prévoir ni le contrôler. Selon la sagesse des nonnes, les enfants étaient mauvais du simple fait de leur existence. Il s'ensuivait, en substance, que toutes leurs actions étaient mauvaises. Et ils pouvaient être châtiés pour des actions qui, commises par d'autres enfants, auraient été jugées anodines.
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C'est parce qu'on est des filles. On est censées avoir seulement des émotions. On n'est même pas censées avoir des pensées. Et c'est très bien d'éprouver de la tristesse, du bonheur, de la colère et de l'amour – mais ce ne sont que des humeurs. Les émotions ne peuvent rien accomplir. Une émotion, ce n'est qu'une réaction. On ne veut pas simplement avoir des réactions, dans cette existence. Il faut accomplir aussi des actions, des actions réfléchies.
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Tous les enfants sont en réalité orphelins. Au fin fond de soi, l'enfant n'a rien à voir avec ses parents, son milieu, son nom de famille, son genre, le métier de sa famille. C'est une personne toute neuve, née avec le seul héritage que reçoivent tous les individus en ouvrant les yeux en ce monde : le droit inaliénable d'être libre.
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