“Personnages en quête d'une vie” pourrait bien convenir comme titre à ce roman. Désoeuvrés sans en être tout à fait conscients, et surtout pas coupables de l'être, constamment réfugiés dans le délire et le fantasme, ils évoluent dans la vie comme on se laisse aller dans le courant, secoués à l'occasion d'un spasme de révolte. Pourtant jamais on ne s'ennuie, tellement leurs parcours sont atypiques, ponctués d'imprévus, virevoltant au gré des humeurs ou des prises de substances diverses. On a là une faune exotique, inadaptée, à la rancoeur aussi tenace que justifiée, prise dans le filet de ses limites et contradictions. Il n'y a que Nouschka qui, malgré ses errements à gauche et à droite, a un but et tient, tant bien que mal, le cap.
J'ai adoré cette histoire où l'autrice, moins déjantée ici que dans “
La vie rêvée des grille-pains”, aborde avec candeur des thèmes aussi variés que la parentalité, la cohabitation francos anglos, l'indépendance du Québec, le trauma des enfants vedettes, les motards, etc. Mais c'est surtout le personnage de Nouschka, torturée, pleine de questions pragmatiques, déterminée, audacieuse même, qui permet au lecteur d'appréhender ce monde de marginaux, d'en décoder les règles qui n'y existent peu ou pas. Définitivement une autrice que je vais suivre de très près.