Voilà encore un roman où
Joyce Carol Oates épouse le cheminement de la pensée d'un de ses personnages, en l'occurrence une jeune fille de 17 ans. Et avec quel brio, comme d'habitude !
Jenna est la rescapée d'un terrible accident de voiture dans lequel sa maman, la conductrice, a été tuée. Elle est prise en charge par son oncle et sa tante, ne voulant pas aller chez son père avec lequel elle ne se sent aucune affinité, c'est le moins qu'on puisse dire, depuis qu'il les a quittées, sa mère et elle quelques années avant.
Déménagement, cela veut dire changement de vie complet, en particulier pour les jeunes qui doivent changer d'école, quitter leurs amis…
Jenna, déjà démolie par le terrible bouleversement de sa vie, est en plein blocage. Et quand elle rencontre certaines personnes, le choc peut être brutal.
Comme je le disais, cette auteure a le don de décortiquer tous les rouages du cerveau et de soulever pan par pan les enveloppes du coeur. Et elle révèle que l'on n'est jamais sûr de ses propres pensées, que la clarté du jugement, cela n'existe pas souvent. Qu'un geste est esquissé sans qu'on ne sache exactement pourquoi, il suffit juste d'un hasard, d'un concours de circonstances…
Et cette jeune fille bouleversée jusqu'aux fondements de son existence ne peut que balbutier dans un immense désarroi. Colère, incompréhension, repli sur soi, refus d'être aimée, hésitations :
Joyce Carol Oates excelle à les mettre en oeuvre et joue des sentiments avec toute son habileté, sans faux-semblants, sans langue de bois. Sans se cacher.