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Critique de latina


« Ici, les gens pensaient que Marylin Monroe ne faisait que jouer son propre rôle. Tous les films qu'elle faisait, si différents fussent-ils les uns des autres, ils trouvaient moyen de les déprécier : « Cette nana ne sait pas jouer. Elle ne joue que son propre rôle ». Mais c'était une actrice née. Un génie, si on croit au génie. Parce que Norma Jeane n'avait aucune idée de qui elle était, et qu'elle devait remplir ce vide en elle. Chaque fois, elle devait inventer son âme. Nous autres, on est tout aussi vides ; peut-être qu'en fait tout le monde a l'âme vide, mais Norma, elle, le savait. »


J'ai préféré commencer ma critique de « Blonde », ce roman de mon auteure-fétiche sur une actrice que je ne connaissais très peu, par cet extrait qui résume tout le propos du livre.
Entendons-nous bien : Oates n'a pas voulu retracer la biographie de Marylin Monroe, elle l'a bien affirmé. Elle ne fait « juste » que tenter de comprendre l'insaisissable personnage qu'elle était. Insaisissable car considérée souvent comme une « grue », une moins que rien qui ne pensait qu'au sexe et à affoler les hommes par la même occasion, mais qui faisait preuve d'une telle profondeur de réflexion au-delà de son apparence superficielle qu'elle mettait souvent très mal à l'aise.
« Il était plus sage de rire que de pleurer. Plus sage de rire que de penser. Plus sage de rire que de ne pas rire. Les hommes l'aimaient quand elle riait. »


Personnage complexe, aussi. Etonnamment complexe. Et ici, Oates joue au psychiatre. Elle explore avec ténacité et lenteur extrême l'enfance de Norma Jeane, qui n'a jamais connu son vrai père et dont la mère est devenue folle alors qu'elle avait à peine six ans. En perpétuelle quête d'affection auprès de cette mère mythomane, elle a fini par aller en foyer pour orphelins. Puis recueillie dans une famille d'accueil, elle est poussée au mariage à 16 ans. Et la voilà jetée dans cette vie de femme à laquelle elle n'était pas préparée : vie de femme se déployant sous les regards concupiscents d'une multitude d'hommes.
« La vérité fondamentale de ma vie, que cela ait été la vérité ou une parodie de vérité : quand un homme vous désire, vous êtes en sécurité. »
« Les hommes étaient l'adversaire, mais il fallait faire en sorte que l'adversaire vous désire. »


Le désir de plaire, d'être aimée à tout prix vient donc de son enfance dévastée par un manque cruel d'affection et même de « reconnaissance » en tant qu'enfant.
Toute sa vie, d'ailleurs, sera une quête perpétuelle de reconnaissance de soi, y compris sa vie d'actrice : « Echouer dans sa carrière d'artiste c'était échouer dans la vie qu'elle avait choisie pour justifier sa naissance injustifiée. »


Amant après amant, film après film, producteur après producteur, elle trace sa voie, la petite Norma qui se distanciera toujours de la grande Marylin.
Tant bien que mal, encensée par beaucoup, heurtée par tous.


Bon, je dois vous avouer quelque chose : j'ai lu les trois quarts de ce roman-fleuve, de plus en plus agacée par l'écriture chaotique de Oates mimant, je le reconnais, l'esprit tumultueux de cette femme-enfant, sa personnalité complexe ainsi que multitude d'autres voix .
A la fin, n'en pouvant plus, obsédée par cette femme, ses amants, ses films, par ce style lancinant et tortueux, j'ai jeté l'éponge.
Bien m'en a pris, car je me rends compte que ma critique a pris dangereusement le pli de la longueur ! Trêve donc de bavardages, je tente de me déprendre de cette oeuvre tentaculaire. Figurez-vous que j'étais prête à visionner les films de Marylin! Et toutes les nuits, ne parvenant pas à m'endormir après quelques pages de lecture, je me ruais sur Google pour voir ses photos !

Marylin Monroe est dangereuse, finalement ! Ou, bien réfléchi, ce serait plutôt Joyce Carol Oates...et là, je viens de comprendre. Elle m'a bien eue, cette auteure.
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