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EAN : 9791041410217
456 pages
Points (28/04/2023)
3.81/5   76 notes
Résumé :
Dans ce recueil de quatre longs récits à suspense, Joyce Carol Oates se joue de secrets familiaux tous plus glaçants lesuns que les autres. Ainsi en va-t-il de Clare, adoptée à l’âge de deux ans, qui reçoit en héritage de parents inconnus une étrange propriété à Cardiff, dans le Maine. Malgré l’accueil chaleureux que lui réservent ses tantes excentriques, ce legs empoisonné contraint la jeune femme à exhumer le douloureux passé enfoui dans sa mémoire. Ainsi en va-t-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Je poursuis inlassablement mon cheminement dans l'oeuvre de Joyce Carol Oates.
Quatre longues nouvelles composent ce recueil.
La première qui donne son titre au livre, démarre dans une ambiance gothique pour finir en thriller. Clare, jeune femme adoptée, reçoit en héritage une demeure étrange et découvre à cette occasion, sa famille inconnue qui y a été massacrée.
Miao Dao met en scène une adolescente victime des ardeurs de son beau-père, Comme un fantôme : 1972, une jeune universitaire courtisée par deux enseignants aux desseins malsains et enfin, L'enfant survivant, la nouvelle la plus forte et la plus dérangeante, Elisabeth, récemment mariée, arrivant dans la maison de son époux, où s'est suicidée son ex-femme avec sa fille.
Les procédés sont toujours un peu similaires. JCO gratte au sang, elle met à vif les plaies, dépeint des corps souffrant dans des environnements et des univers glauques. Elle pointe le grotesque et le sordide du quotidien.
Ces textes, comme l'ensemble de ses livres, remuent tellement de choses en profondeur qu'il est difficile d'en analyser les ressorts et de les commenter.
Nul autre écrivain ne nous parle et ne parait s'adresser à nous comme elle. Et pourtant un engourdissement me saisit à chaque fois que j'essaye d'écrire à son sujet, comme si je ne pouvais partager ce que j'ai totalement intériorisé. Faire l'effort de décoder les émotions soulevées, car on est bien dans le registre des émotions les plus primitives, s'avère difficile.
Joyce Carol Oates parait avoir absorbé toute la sauvagerie et la violence de son pays, plus singulièrement celle dirigée contre les femmes et infatigablement, elle nous conte les sévices physiques et psychologiques qui leur sont infligées et qu'elles s'infligent elles-mêmes.
Dans ses récits, elle dénonce l'oppression subie depuis l'enfance et sonde les mécanismes en jeu et les psychés de celles qui s'installent aisément dans un rôle de victime.
A notre tour, en tant que lectrices, de vibrer à l'unisson et de partager les inquiétudes, les peurs, les appréhensions, les difficultés de l'ensemble de ces héroïnes. Ces dernières font revivre des situations traversées, imaginées, craintes, fantasmées, oubliées même pour certaines d'entre elles, mais qui, à la lecture de ces histoires parviennent à se faufiler et à se hisser au niveau de notre conscience.
Sur quoi s'appuie-t-elle pour construire de tels contes horrifiques ? Comment travaille-t-elle ? Quel vécu est-il à l'origine d'une telle noirceur ? Quelles compétences a-t-elle développé pour créer ce monde peuplé de monstres et de meurtriers ? Elle nous offre quelques éléments de réponse dans Paysage perdu quand elle nous parle de morts violentes dans sa famille et son entourage proche.
JCO est une passeuse de l'inconscient universel des femmes. A ce titre, elle mériterait amplement, à mes yeux, le prix Nobel.
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Nouvelle #1 Cardiff près de la mer.

De toutes les productions de Oates, cette nouvelle est la première que je lis et que je finis désorientée...
Clare, adoptée, revient sur les terres de son enfance à la suite d'un legs de sa grand-mère biologique du côté de son défunt père. Intriguée, elle part à l'aventure.
Et à partir de là, ça se complique.
Elle est hébergée chez ses grands-tantes, deux figures "à la Oates" à moitié psychotiques, tant par leurs paroles que par leur accoutrement et maquillage. Deux sorcières, pas méchantes, mais complètement zinzin.
La version officielle est que le père ait assassiné toute sa famille, sa mère et son frère ainsi que sa soeur. Cette vérité crue apprise dans les journaux bouleverse Clare qui, à mon avis, à partir de là, perd complètement pied et devient très étrange.
Mais Clare ne veut pas croire à ce massacre perpétué par son père.
Je m'arrêterais là pour ne pas tout dévoiler.
Le style d'Oates est bien présent, avec ses tournoiements et ses errances.
Les deux tantes sont très bizarres, comme dans un rôle de théâtre qu'elles auraient répété.
Leur agissements sont très étranges, elles semblent sortir d'un film d'horreur.
Clare, va de surprise en surprise, comme engluée dans une toile d'araignée, toile poisseuse et collante, theme récurrent qui reviendra tout au long du texte.
J'en ai discuté avec une Babeliote charmante, qui pense que Oates a bien manipulée son lecteur...
La fin est surprenante, mais soudain, on n'y comprend plus rien.
L'atmosphère est pesante, lourde de secrets bien enfouis, malsaine.
On se pose beaucoup de questions à la fin du texte.
Sacrée Oates qui joue avec le lecteur comme un chat avec une souris.
Pour notre plus grand plaisir....

Ps : je mettrai 4 étoiles à cette nouvelle.
Les autres nouvelles feront l'objet d'autres critiques à la suite de celle-ci.

Nouvelle #2 : Miao Dao.

Encore une fois, une nouvelle dans le brouillard, la nuit, la moiteur, la bestialité, le beau-père insistant, aviné, limite sexuel, une mère avinée, paumée, fragile, des ados insultants et méchants, qui harcèlent Mia sans cesse au collège.
Mia à treize ans, et déjà elle est abasourdie des adultes. Elle ne se fait pas d'illusions.
Son père quitte sa mère, elle a deux petits frères dont elle se fiche royalement, et puis ces garcons imbéciles bêtes qui la houspillent sans répit au collège.
Alors elle va chercher ailleurs l'affection qui lui manque tant.
Elle trouve un refuge naturel près de chez elle, le coin des chats sauvages et errants. Un soir, elle trouve un bébé chat femelle, à qui elle s'attachera incroyablement.
Les hommes sont dangereux tout autour de Mia, la tension monte, mais la chatte sauvage devient adulte.
Méfions-nous des chats sauvages ; ils sauront châtier comme il faut les imprudents et les prédateurs....
Très bonne nouvelle, où Oates, encore une fois, sait jouer de sa plume pour nous offrir un récit bien glauque, bien broullardeux mais si parfait finalement.
Décidemment, ce recueil de nouvelles est fort surprenant et surtout très addictif.
À bientôt pour la 3e nouvelle : Comme un fantôme : 1972.

Nouvelle #3 : Comme un fantôme : 1972

Nouvelle assez courte mais très angoissante.
Encore un homme violent, impulsif, le professeur d'Alyce une étudiante de 19 ans. Elle tombe enceinte de lui mais le cache.
Et puis elle se prend d'amitié pour un vieux poète, et devient son assistante. L'homme est charmant, poli, très doué, rien à voir avec l'Autre. Il voudra l'aider, mais c'est trop tard....
La nouvelle étant courte, je ne vais pas en faire de résumé.
Juste un indice : nouvelle ayant pour thème le surnaturel
Et oui, c'est rare chez Oates, mais soyez les bienvenus dans l'antre d'Alyce.....

Nouvelle #4 : L'enfant survivant.

Encore une fois, il s'agit de poésie, d'amour maternel, de spectres, de maison hantée, et bien sûr, comme dans les quatre nouvelles du recueil, d'un homme violent, suffisant, pervers manipulateur, cruel, allant jusqu'au meurtre.
Encore une référence à la toile d'araignée, qui, il me semble, est récurrent dans toutes les nouvelles.
J'ai beaucoup aimé ce récit, qui est court lui aussi, mais très "disciplinée comme pourrait l'écrire Oates. Car tout est dit dans ce dernier texte, on apprend rapidement tout ce qu'il faut savoir ; Oates est très efficace par rapport à l'intrigue.

Voilà pour les quatre critiques.
Quant au livre globalement, j,ai beaucoup aimé, je ne saurai dire laquelle de ces nouvelles m'a le plus plu. Oates c'est surout une ambiance, une atmosphère bien particulière, malsaine, étouffante, qui vous prend à la gorge. Elle est très douée pour ça.
En tout cas, ce qui ressort du recueil, c'est la violence masculine avec ces hommes qui ne reculent devant rien pour imposer leur loi, se faire respecter et être des tyrans en puissance. Ils prennent sans vergogne ce qu'ils désirent. Ils sont menteurs, faux et brutaux. On assiste également à des manifestations de leur désir pour des jeunes filles. Bref, Oates ne fait pas la part belle à la gent masculine.
La femme est fragile, souvent frêle et légère, avec des sentiments purs voire etherés. Des rêves de jeunes filles...
Voilà.
Ce que j'ai adoré : la fin de la 4e nouvelle, magnifique d'espoir et de candeur, et surtout, surtout cet amour maternel que ressent Elisabeth pour son beau-fils, le survivant. Celui qui la sauvera.
De très belles pages, et une lecteurs passionnée.
Comme d'habitude avec Oates.



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J'ai toujours préféré chez Joyce Carol Oates ses longs romans qui lui permettent de donner libre cours à son imagination, de ne pas entraver la flamboyance de son écriture et de dérouler des personnages complexes et torturés.
Dans ces quatre récits , elle s'impose le format de la longue nouvelle, avec Cardiff en toile de fond, et ne parvient pas à m'enthousiasmer.
Sans doute, elle traduit brillamment le sentiment de malaise et l'inquiétude s'empare des lecteurs devant l'emprise que subissent ses personnages.

Entre intrigue policière et roman fantastique, les 4 héroïnes sont confrontées à des secrets de famille pesants et à des personnalités toxiques.
Clare va découvrir le secret de son adoption après un héritage qui lui permet de découvrir une famille étrangement excentrique et dissimulatrice. Plus elle cherche la vérité, plus celle-ci se dérobe dans une atmosphère trouble. La jeune Mia entretient avec un chat sauvage une relation qui va lui échapper. Comme Alyce, l'étudiante enceinte de son chargé de TD, incapable de résister à l'emprise des hommes sur sa vie. La dernière héroïne, Élisabeth, succombe à la fascination pour l'enfant à la beauté d'outre-tombe de son nouveau mari et tente de le protéger de son passé.

Plusieurs points sont récurrents dans les quatre récits.
Les hommes sont dissimulateurs et toxiques. Ils séduisent les jeunes femmes par leurs attentions pour révéler finalement des personnalités narcissiques et violentes. Ils sont, à des degrés différents, responsables et coupables.
Les jeunes femmes ne sont pas mieux traitées. Elles évoluent dans un brouillard de confusion, comme droguées ou ensorcelées. Aucune lucidité, ni clairvoyance ! Elles font des victimes parfaites, et c'est bien ce sentiment d'emprise qui permet à Joyce Carol Oates de diffuser cette atmosphère d'inquiétante étrangeté.
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Quatre longues nouvelles composent ce livre de Joyce Carol Oates, et dès les premières pages, j'ai été happée, comme d'habitude, par le style particulier de l'autrice, sa « voix » tout à fait reconnaissable, usant à sa façon de la ponctuation (italique, tirets, parenthèses, slash…).
Dans la première nouvelle qui donne son titre au recueil, une jeune femme adoptée dans l'enfance, Clare, hérite d'une propriété dans le Maine, dont l'histoire dramatique est liée à la sienne. le temps de rgler la succession, elle est hébergée par deux grands-tantes et un oncle des plus bizarres. Cette histoire à tendance gothique évolue de manière très prenante sur presque 200 pages, ce n'est donc pas trop court, par contre je ne suis pas sûre de ce que j'ai compris à la fin, ce qui ne m'a pas empêchée d'apprécier le texte. Je devrais peut-être le relire ?

Dans la deuxième nouvelle, Miao Dao, j'ai retrouvé le style caractéristique et les thèmes de prédilection de JCO, avec un personnage d'adolescente mal dans sa peau, chahutée au collège et perturbée par l'arrivée d'un beau-père intrusif… Comment la jeune fille va-t-elle gérer cette période stressante ?
La troisième nouvelle, Comme un fantôme, 1972, est très forte et impossible à lâcher : une étudiante en première année a une liaison, sans y consentir vraiment, avec un jeune professeur manipulateur.
Le quatrième texte, L'enfant survivant, fascinant aussi, crée peut-être un peu moins la surprise, mais est tout aussi puissant, avec un personnage central à la « Rebecca », une jeune femme fiancée à un veuf qui découvre la vie avec lui, et ce qu'il cache. Si cette dernière nouvelle est un peu plus prévisible, cela ne m'a pas gênée, j'étais curieuse de savoir comme JC Oates allait amener la révélation attendue (réponse : parfaitement bien).
J'ai noté la violence, physique ou psychologique, toujours présente dans les textes de l'autrice, tout comme la notion de consentement, du droit à procréer ou non, des ravages du secret… Les héroïnes oscillent entre faiblesse apparente et ressources intérieures puissantes, laissant l'issue de chacune des situations dramatiques qu'elles affrontent ouverte jusqu'à la dernière ligne. J'aime décidément beaucoup cette autrice dans les textes courts !
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Etant une inconditionnelle de Joyce Carol Oates, c'était évidemment avec plaisir que je me replonge dans un enième livre de celle-ci. J'ai une préférence pour ses romans plutôt que pour ses nouvelles, mais j'ai cependant aimé celles-ci.

Dans Cardiff, près de la mer, il est ici question de 4 nouvelles de femmes ayant des problèmes avec la noirceur des hommes qui les entourent.

Dans la première, qui a pour titre le nom de ce livre, on démarre comme toujours dans une ambiance malsaine pour finir sur un policier / thriller. Une jeune femme, Clare, orpheline, apprend qu'elle hérite de la maison de sa grand-mère biologique. Elle va alors se retrouver au coeur du drame familial qui a précédé son adoption.
La deuxième, Mia Dao, est dérangeante. On sent les problèmes avec les garçons et le nouveau beau-père de Mya arriver.
La troisième, 1972, narre l'histoire d'une étudiante entourée de deux professeurs malsains. Elle fera au mieux pour s'en sortir, bien que fragile et influençable.
En, la dernière, l'enfant survivant, est la plus glauque. Une nouvelle belle-mère, un enfant étrange, et le suicide de la première femme du veuf, nous donnent ici un décor glacial.

Comme toujours, je ne sais pas comment fait JCO pour nous plonger dans une ambiance malsaine et glaçante, tout en arrivant à se renouveler à chaque fois.
JCO, avec son style bien à elle, arrive à toujours se renouveler. Toujours aussi fan !
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critiques presse (1)
LeFigaro
18 avril 2022
Entre policier et fantastique, la romancière s’amuse à nous faire peur
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pareille à un oiseau aux plumes d'un brun grisâtre qui reste immobile pour ne pas attirer l'attention des prédateurs. Immobile au milieu de ces étrangers paraissant écouter leurs voix aiguës et pleines d'esprit tout en entendant dans le vent de l'Atlantique cette voix rauque, aussi intime dans son oreille. Mais tu sais bien que je ne suis pas partie (...)
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Vous ne savez pas avec certitude si vous êtes complètement réveillée ou bien captive dans ce lit inconnu (...) dans un rêve qui s'est éternisé et vous donne l'impression de patauger dans de l'eau boueuse aspirant vos pieds et menaçant de vous entraîner vers le bas, si bien que vous gardez les paupières hermétiquement closes comme un enfant, de peur de ce que vous pourriez entendre ensuite. Elle ne se souvient même plus de nous - qui l'avons trouvée. Rires soudains. Une hilarité semblable à la petite verrerie qui se brise en mille morceaux.
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Cette nouvelle vie est comme une fenêtre qu'on ouvre d'un coup sec. Mieux une fenêtre qu'on fracasse. Quelques fois, c'est vrai, vous vous prenez cette nouvelle vie en pleine figure, vous n'avez pas la capacité d'éviter les morceaux de verre qui volent.
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308. C'est ainsi que ça a commencé.
Toutes les choses commencent dans l'innocence.
C'est-à-dire - l'ignorance.
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En poésie, on cisèle les mots les plus magnifiques de la langue. Dans la vie, on bégaie les mots. Il n'est jamais possible de parler aussi magnifiquement qu'on le souhaiterait.
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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