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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782384820467
597 pages
Philippe Rey (12/10/2023)
4.01/5   361 notes
Résumé :
Tout semble aller comme il se doit dans la petite ville de Carthage en ce début de juillet 2005, si ce n’est que Juliet Mayfield, la ravissante fille de l’ancien maire a, pour des raisons peu claires, rompu ses fiançailles avec le caporal Brett Kincaid, héros de retour de la guerre d’Irak. Un héros très entamé dans sa chair et dans sa tête, dont pourtant Cressida, la jeune sœur rebelle de Juliet, est secrètement amoureuse. Or, ce soir-là, Cressida disparaît, ne lais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (83) Voir plus Ajouter une critique
4,01

sur 361 notes
Ce qui se passe à Carthage

Une certaine vision de l'Amérique.

Une famille bien sous tous rapports. Sous la surface ondulent ses sentiments contradictoires qui font de Oates une grande observatrice du genre humain. Prêtresse des sentiments les mieux dissimulés.

On a Papa, fier de bien tenir la barque, Maman, plutôt insignifiante (quoi que …), et leurs deux filles, la Jolie et l'Intelligente.

Lorsque l'Intelligente disparaît au moment même ou la Jolie rompt ses fiançailles avec l'Ancien Soldat , le vernis se craquelle de toutes parts.

J'ai aimé ce petit pavé. J'ai aimé la cruauté qui pullule entre ces pages. Ces histoires dans l'histoire. L'humanité est souvent moche et Oates sait si bien la décrire. Virtuose, elle nous fait pénétrer l'intimité d'une famille de notables, nous propose même une visite guidée à l'intérieur d'une prison américaine et nous fait plonger dans le mystère d'une disparition étrange.

Ce qui se passe à Carthage, ici, ne restera pas à Carthage … Grâce au talent de Joyce Carol. On lui dit merci et on en redemande!
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" Il y des contes de fées dans lesquels l'une des soeurs est bonne et belle ....
L'une des soeurs est bénie et l'autre soeur est damnée. Je suis cette soeur là. La soeur damnée."
Carthage dans l'état de New-York; la ville est en ébullition, la fille cadette de l'ancien maire Zeno Mayfield a disparu. Tout semble incriminer Brett Kincaid un héros de la guerre en Irak et ancien fiancé de Juliet, la belle Juliet.
Cressida est intelligente mais se sent rejeté, son physique androgyne n'attire pas les garçons, son caractère difficile l'isole encore plus.
Les années passent, la vie suit son cour, les recherches ont cessé.
Qu'est devenue Cressida ?.
Voila la trame, inutile dans dire plus. Joyce Carol Oates nous entraine dans une histoire particulièrement difficile, la disparition d'un enfant. Elle décortique avec minutie le caractère particulier de Cressida, ce vilain petit canard. Carthage est un voyage au bout de l'enfer, où l'on découvre l'univers carcéral d'Orion, le couloir de la mort, la chambre des exécutions. Un chapitre particulièrement difficile. Joyce Carol Oates nous invite à la réflexion sur le bien fondé de la peine de mort ou sur les vétérans d'Irak ou d'Afghanistan.
" Maintenant que les guerres d'Afghanistan et d'Irak ralentissaient, les anciens combattants allaient être rendus à la vie civile, telles des épaves sur une plage après le reflux d'une grande marée."
J'avais aimé " la fille du fossoyeur" j'ai adoré " Carthage".
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Une horreur, une abomination.
Un samedi soir, votre enfant, votre jeune fille de 19 ans ne rentre pas de chez son amie. Vous découvrez son lit, vide, à 4 heures du matin. Disparue. Tuée ? Par qui ? Par l'ancien fiancé de sa soeur ? Par une bande de motards violents ? Où est son corps, alors ?
Commence votre chemin de croix. Horrible. Abominable.
Les recherches dans la réserve de la Nautauga, quasi frontalière avec le Canada.
Les appels à la TV, les journalistes envahissants.
L'espoir.
La peur au ventre.
L'horreur. L'abomination.
Et puis les années passent.
Et puis...Mais je m'arrête là. Je m'en voudrais de vous ôter tout le « plaisir » de la découverte.

En tout cas, personne, je dis bien personne, excepté Joyce Carol Oates, n'a le don exceptionnel de se mettre à la place des gens impliqués dans ce drame, à part ceux qui l'ont déjà vécu. Mais tout drame est unique, n'est-ce pas ?
Je peux vous certifier que vous allez vivre DE L'INTERIEUR cette horreur, cette abomination.
Et pas seulement en vous focalisant sur un seul être, mais sur tous, chacun à leur tour.
Car une catastrophe ne touche pas un seul individu, une seule victime.
La victime, la mère, le père, la grande soeur, l'amie, le présumé coupable, ses amis, sa mère.

Le présumé coupable. Parlons-en. Ce beau garçon, soldat blessé au retour de la guerre d'Irak, après ce 11 septembre où l'Amérique devait combattre le Mal. Traumatisé dans son corps et son coeur. A vie. A mort.

La victime elle-même. Parlons-en.
Une fille très spéciale, qui des 2 soeurs, est « l'intelligente », c'est-à-dire, plus crûment, « la laide ». Nous la suivons jusqu'au bout : avant, pendant, après.
Et nous assistons à un magistral décorticage psychologique fouillant jusqu'aux tréfonds de l'âme.

En passant, Oates nous décrit avec une minutie hors du commun la vie des prisons ainsi que la vie au combat.
Violence. Torture physique et psychologique. Faiblesse. Résistance. Domination jubilatoire.
Abattement. Désespoir. Auto-sabotage.
Religion. Alcool.
« Exposer le ventre malade de l'âme américaine » : Oates en est la spécialiste ultime.

Magistral.
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Dieu que j'aime Carol Oates. Dieu que cette femme a du talent. Celui de raconter l'Amérique et les êtres humains comme nul autre. Celui de sonder les sombres méandres de l'âme humaine. Chacun de ses livres est pour moi une claque magistrale...
Ici c'est une famille américaine, les Mayfield, qui vit dans une petite ville nommée Carthage. le père, Zeno, est estimé pour ses fonctions de maire. Il a deux filles, Juliet et Cressida. L'une est belle, appréciée de tous, souriante et tranquille. L'autre est laide, "compliquée", tourmentée. Un jour, Cressida, la "laide" disparaît. Il semble alors que ce soit l'ancien fiancé de Juliet qui l'ai tuée. Brett Kincaid est en effet brisé, physiquement comme psychiquement, par la guerre d'Irak. Très vite, le jeune homme fait ses aveux, confirmant les soupçons qui pesaient sur lui.
Le livre est très dense, hypnotique. Encore une fois Joyce Carol Oates parvient à créer des personnages absolument convaincants, qui sonnent incroyablement justes. Des hommes et des femmes avec leurs faiblesses, mais qui s'aiment malgré tout très fort. J'ai trouvé le personnage de Cressida très puissant, allant jusqu'à m'identifier à cette jeune fille incomprise de tous, si fragile au fond. Il y a également des thèmes qui m'ont beaucoup plus : le retour au pays après la guerre, la prison, le couloir de la mort... Une plongée dans l'Amérique profonde, dans tout ce qu'elle a de plus excessif et de plus particulier. Je n'ai pas pu lâcher le roman, que j'ai dévoré. le récit est écrit très habilement, l'auteure alterne les narrateurs et les points de vue, laissant toujours le lecteur dans l'expectative. Il y a ainsi un vrai suspense. J'ai trouvé l'histoire incroyablement touchante, bouleversante. Ces personnages sont tous blessés, chacun à leur manière, pourtant ils ne cessent de s'aimer et de se supporter les uns les autres. C'est donc aussi une très belle histoire d'amour, mais un amour de la vraie vie, fort et douloureux. Je crois que c'est ce que j'apprécie par dessus tout : la justesse des mots qui fait qu'on ne cesse jamais de croire au récit et aux personnages.
Que dire de plus, à part que cette écrivaine est définitivement l'un de mes auteurs préférés.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Carthago delenda est ?
Carthage.
Un nom qui exhale un parfum de tragédie. Non pas grecque, mais américaine.
Carthage.
Un nom qui n'a certainement pas été choisi au hasard, car avec Joyce Carol Oates, rien n'est laissé au hasard.
Carthage.
Un nom qui rime avec carnage, en anglais et en français. Ça tombe bien !
Une fois de plus, mon auteur fétiche frappe fort.
Frappe sans état d'âme.
Frappe juste.
Frappe pile là où ça fait mal.
Joyce Carol Oates nous parle de la famille Mayfield. Une famille "ordinaire", comme on en voit tant aux États-Unis.
Papa, maman et leurs deux filles. Une famille normale. Du moins, en apparence. Car il suffit de gratter un tout petit peu, et la belle façade s'effondre, faisant apparaître toutes les lézardes, toutes les failles du bel édifice.
Et s'il n'y avait que la famille Mayfield !
Parce qu'à travers elle, c'est toute la société américaine qui passe à la moulinette. Et Joyce Carol Oates n'est pas tendre !
Fidèle à ses habitudes, elle ne fait preuve d'aucune indulgence et dresse un portrait terrible de son pays.
Traumatismes liés à la guerre, jalousie fraternelle, différentes façons de vivre un deuil, liens familiaux... les thèmes abordés sont multiples et s'imbriquent parfaitement dans un roman à la construction savamment maîtrisée de bout en bout.
Sans oublier la mort, omniprésente sous toutes ses formes.
Quelles différences y a-t-il entre la mort que donne un soldat au combat, un meurtre, et l'exécution d'un condamné ?
Voilà un beau sujet de réflexion, non ?
C'est féroce, c'est grinçant, c'est noir, c'est corrosif... et qu'est-ce que c'est lucide !
Joyce Carol Oates fait vivre ses personnages ; ils sont tellement crédibles, tellement vrais qu'on ne peut qu'être touché de plein fouet par le récit. Elle se met souvent dans leur tête pour nous faire partager leurs pensées, impliquant ainsi le lecteur, qui ne peut rester simple spectateur.
Lire Joyce Carol Oates est tout sauf anodin. Rien n'est paisible dans ses romans, et ce n'est pas celui-ci qui déroge à la règle.
La romancière vous emmène là où vous ne seriez jamais allés, là où vous n'auriez jamais osé vous aventurer.
Une petite promenade en prison dans le couloir de la mort vous tente ? Une petite visite dans une salle d'exécution vous fait envie ? Venez, c'est un guide de génie qui vous convie. Mais, attachez votre ceinture et respirez un bon bol d'air frais avant de vous lancer : la dame a la plume acerbe, elle distille à volonté ses petites remarques perfides et n'hésite pas de temps à autre à vous balancer ses scuds.
Je ne compte plus les livres de Joyce Carol Oates que j'ai lus : elle arrive encore à me surprendre, et j'en redemande.
Carthage est un roman bluffant, brillant, un excellent cru.
God bless America !
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critiques presse (1)
Telerama
03 décembre 2015
La romancière met en scène un drame provincial pour sonder, avec sa clairvoyance rare, la psyché de l'Amérique contemporaine.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Cressida comprenait à la façon dont parlait son père, à la façon dont son intonation, d'ordinaire sardonique, vibrait d'une tendresse contenue, que Zeno Mayfield tenait Socrate en haute estime. Elle objecta d'un ton sec : « Si c'était quelqu'un d'aussi extraordinaire, pourquoi a-t-il été arrêté et condamné à mort ? » et Zeno dit, avec un clin d'œil à la tablée : « Ainsi en va-t-il de nous tous ! Plus on est extraordinaire, plus on vous méprise. Où est ma ciguë ? » Et il empoigna son verre de bière mousseuse pour faire rire son petit public.
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Si les gens te regardent à Carthage, c’est parce qu’ils ont entendu parler de toi – de tes médailles, de tes décorations. Ils t’admirent parce que tu es un héros de guerre, mais ils ne veulent pas t’importuner.

Comme papa. Il a beaucoup d’admiration pour toi, Brett ! Mais quand il est ému, ça se manifeste d’une drôle de façon : il devient très silencieux. On ne le croirait pas comme ça, mais Zeno Mayfield est quelqu’un de timide, en fait.

Dans le fond, je veux dire.

Les hommes ont du mal à parler… de certaines choses. Papa n’a jamais eu de fils, seulement des filles. Avec nous, c’est lui qui parle. Nous, nous écoutons.

Et maman parle sans cesse de toi. Quand tu étais en Irak, au combat, elle priait continuellement pour toi. Elle s’inquiétait presque davantage que moi quand nous n’avions pas de tes nouvelles…

Toute ma famille, Brett. Tous les Mayfield.

Essaie de le croire : nous t’aimons.
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" Personne ne sait grand chose sur Zénon d'Elée. C'était un contemporain de Socrate, et ils se ressemblaient beaucoup, au fond, des hommes qui poussaient les autres à réfléchir... et qui, du coup, se faisaient des ennemis. "
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Difficile pour Zeno Mayfield qui avait atteint sa majorité dans les dernières années cyniques de la guerre du Vietnam de comprendre ce qui pouvait pousser un jeune homme intelligent comme Brett Kincaid à s’engager volontairement dans l’armée. Pourquoi, alors qu’il n’y avait pas de conscription ! C’était de la folie.
Il voulait « servir » le pays… le pays de qui ? Quel fils ou fille d’homme politique s’était engagé dans les forces armées ? Quels étudiants ? En 2002, déjà, on pouvait se douter que la guerre serait faite par les classes pauvres, sous la supervision du ministère de la Défense.
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Sa femme ne lui faisait pas confiance, il le savait. Mariée avec lui depuis plus d'un quart de siècle... Arlette lui faisait moins facilement confiance qu'au début.
Car elle le connaissait, maintenant − jusqu'à un certain point. Connaître certains hommes amène assurément à ne pas leur faire confiance.
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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