Roman coup de poing, que ce
Daddy Love. Pas d'enjoliment ni de fioriture, surtout pas de dentelles. Assez rapidement, le malaise s'installe : un enfant et sa mère angoissent parce qu'ils ne se rappellent plus où ils ont garé la voiture. Pourtant, on le sent, le pire reste à venir ! Pour ceux qui n'ont pas lu le résumé, je ne révèle rien qu'on ne découvre pas aussitôt, le jeune sera kidnappé.
Ça déboule à la vitesse de l'éclair mais, en même temps, on revient longuement sur les moments précédents le drame. J'y trouvais quelques redondances, surtout quand les chapitres s'enchainent et se répètent à la fois. C'est qu'ils racontent le même épisode mais à travers le point de vue (pas toujours évident) de l'enfant, de sa mère, d'un narrateur externe qu'on suppose être celui du monstre.
Puis, enfin (je me suis senti mal de le penser, d'attendre ce moment !), ça y est. le jeune Robbie est enlevé, l'action décolle.
Les chapitres suivants étaient mouis, mouis. Ils alternaient entre
Daddy Love (le monstre) qui explique un peu comment il procède avec chaque nouvel enfant qu'il «récupère» puis la mère, Dinah, qui essait de remonter la pente psychologiquement et, surtout, mentalement. En effet, en plus de surmonter sa culpabilité, elle doit subir plusieurs opérations (la résistance qu'elle a offerte au monstre était brutale…). Sur le coup, je m'en foutais un peu mais heureusement qu'ils étaient là, ces chapitres avec la mère, sinon ça aurait été affreux.
Je trouvais plus intéressant tous les chapitres suivants sur Robbie, maintenant appelé Gideon Cash. Six ans après le drame, que devient-il ? Comment vit-il ? Quelles séquelles en garde-t-il ? Toutefois, la question que je me posais vraiment était : que s'est-il passé pendant ces six années ? Très peu de réponse, malheureusement. Quelques indices dévoilés ça et là, et dont on peut douter parce qu'ils sont livrés par le monstre.
Puis, enfin, le terrible moment. Celui où le garçon commence à changer beaucoup, à ne plus ressembler à un enfant mignon mais à un adolescent pubère. Cet âge critique où les autres petits de
Daddy Love « disparaissaient »… Robbie/Gideon s'en sortira-il vivant ?
La prolifique
Joyce Carol Oates ne craint pas les sujets tabous, délicats, sensibles. Et il faut bien que quelqu'un le fasse, autant que ce soit une auteure de talent. Elle réussit toujours à écrire sur de tels sujets sans que ça paraisse déplacé ni troublant. Ceci dit,
Daddy Love est un roman qui marque et dont on sort un peu ébranlé. J'ai l'impression que j'attendrai un peu avant de me lancer dans un autre des siens.