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EAN : 9782848765112
270 pages
Philippe Rey (07/04/2016)
3.77/5   258 notes
Résumé :
Avec Daddy Love, Oates emmène son lecteur aux frontières de l'horreur. Une horreur qui commence dans le centre commercial où Robbie, cinq ans, l'enfant chéri des Whitcomb, est enlevé sous les yeux de sa mère. Le ravisseur, un technicien du kidnapping, collectionne les petits garçons dont il se débarrasse dès qu'ils atteignent onze ou douze ans. Devenu " Gideon ", Robbie va ainsi passer sept ans à " obéir " à Daddy Love afin de survivre aux traitements abominables qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 258 notes
Pas besoin de mille pages pour marquer les esprits : Joyce Carol Oates n'y va pas pas quatre chemins pour conter l'horreur de la violence humaine.

L'entrée en matière est surprenante. après avoir parcouru le premier chapitre, on a un doute : c'est avec les mêmes mots que débute le deuxième chapitre! Une erreur d'impression? Non, quelques mots différent et d'autres détails arrivent. Même chose pour les deux chapitres suivants : un exercice de style? Cet artifice donne finalement du relief à la scène inaugurale, et la transforme en obsession, en rumination inévitable que génère tout drame, pour reconstruire ce que l'histoire aurait pu être si….

Le rapt de l'enfant et l'accident de sa mère sont alors mis de côté pour que l'on passe du côté de la victime. Sans pudeur, L'auteur décrit avec précision et méticulosité le fonctionnement du prédateur, qui va formater son butin, le rendre conforme à son désir pervers, avec cruauté et jamais une once de compassion. C'est à la limite du soutenable.
Curieusement après avoir décrit le calvaire du petit garçon avec luxe détails, six ans s'écoulent et l'on comprend bien que la fin de cette relation dévastatrice est proche. L'enfant a perdu son charme, il est temps de le remplacer. C'est alors que l'auteur décrit avec adresse le ressenti de ce presque adolescent, des sentiments contradictoires faits de haine et d'un attachement proche du syndrome de Stockholm.

Pendant tout ce temps, six ans, la mère panse ses blessures physiques, celles de l'âme sont beaucoup plus tenaces et l'image de la petite main qu'il n'aurait pas fallu lâcher est là, bien présente et obsédante. La reconstruction d'un corps crée des douleurs avec lesquelles on peut vivre, la souffrance d'une absence quotidienne est beaucoup plus délétère.

L'issue de ce récit dense et riche, laisse par contre un sentiment d'inachevé, comme si l'auteur déléguait au lecteur la mission de s'en débrouiller; C'était déjà le cas avec Mudwoman.

C'est donc une construction assez originale que nous propose Joyce Carol Oates, avec ce début répétitif, puis deux périodes espacées de six ans et une fin pas vraiment finie….Au risque de ne garder le souvenir que des moments les plus pénibles.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Joyce Carol Oates.

Ca en jette quand même comme nom, non?

Bref, je m'attaque à cet auteur légendaire américain pour la première fois. Je n'ai pas été déçu du voyage.

Daddy Love, un homme monstrueux kidnappe des jeunes enfants puis les tue lorsqu' « ils deviennent trop « vieux ». Robbie Whitcomb va devenir sa prochaine victime et nous allons suivre son calvaire, ainsi que celui de ses parents.

L'écriture est fine. La psychologie des personnages approfondie. Rien que les 4 ou 5 premiers chapitres qui racontent tous la même scène décrite de plusieurs façons m'ont séduit. Puis elle m'a entraîné jusqu'à la fin dans cette terrible histoire. Il y a une puissance d'écriture chez elle qui emporte le lecteur.

Daddy Love, un livre marquant qu'on referme un peu soufflé. La force d'un grand écrivain.

Je pense dans les mois à venir me faire une cure de Oates. Mais l'oeuvre semble gigantesque ! Je ne sais où donner de la tête !!

Pour mon plus grand plaisir.
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Il y a des films d'horreur... et des livres d'horreur. Celui-ci en est un.
Et quand on sait qu'il est écrit par la reine en la matière, les attentes sont élevées.
Une fois de plus, Joyce Carol Oates ne m'a pas déçue.
Oh non, c'est beaucoup trop faible dit comme ça. Elle m'a happée dans son histoire et m'a promenée dans un tourbillon d'atrocités.
Mais attention, avec JCO (si vous me permettez cette abréviation, en aucun cas irrespectueuse, mais admirative et affectueuse), il ne s'agit jamais d'horreur gratuite, crue, provocante et vomitive comme chez Bret Easton Ellis dans American Psycho.
JCO est bien plus fine. L'horreur, elle la suggère. Elle vous la glisse telle une image subliminale dans une petite phrase ou un simple petit mot qui, hors du contexte seraient anodins, mais qui prennent tout leur sens dans l'astucieuse construction.
"Donne-moi la main dit-elle." ouvre le livre, le petit Robbie est en sécurité avec sa maman ; "Donne-moi la main, dit-il." débute le chapitre sept, alors que l'enfant est avec son ravisseur. Quelle horrible symétrie, mais quelle habileté ! Tout l'abomination de la situation est là, entre ces deux phrases insignifiantes en apparence, et qui m'ont bouleversée, fait hurler intérieurement : "Non, non, non ! Robbie ne devrait pas être là avec Daddy Love. Sa place est avec sa maman !"
Daddy Love.
Quelle invention ! Quelle ironie dans ce nom ! La juxtaposition du diminutif enfantin Daddy, si plein d'amour et de confiance, et de Love, qui n'a pas besoin d'être expliqué. C'est diabolique d'avoir choisi un tel nom pour un tel personnage.
Je pense qu'il y a un petit côté cruel et pervers chez JCO, et qu'il ressort plus ou moins selon ses romans. Ici, nous ne sommes clairement pas au bas de l'échelle.
Alice Ferney dans le ventre de la fée nous faisait entrer dans la tête d'un serial killer ; ici, Joyce Carol Oates nous emmène dans celle d'un pervers sexuel, kidnappeur de petits garçons. Si je rapproche ces auteurs que j'aime, c'est parce que je trouve dans leurs deux romans beaucoup de points communs malgré leurs différences : l'absence de limite dans la mise à nu de l'atrocité, leur façon de faire naître le dégoût chez le lecteur par de petites phrases plus suggestives que descriptives, le réalisme de leur personnage. Et surtout le fait que le Gabriel de l'une est aussi intelligent que le Daddy Love de l'autre, ce qui les rend malheureusement plus "efficaces" dans leurs actions. Plus humains dans leur monstruosité aussi, et donc plus effrayants.
Oui, Daddy Love est effrayant. Il est effrayant pour Robbie bien sûr, et pour le lecteur qui suit son parcours.
Mais pour les gens qu'il côtoie, il sait dissimuler. Pire, il se montre serviable et enjôleur. Insoupçonnable, donc. Le genre d'homme dont ceux qui ont vécu des années près de chez lui disent face à la caméra "On n'a jamais rien remarqué. C'était un homme sans histoires, un si gentil voisin." une fois sa véritable nature révélée.
Chaque année, je retiens ma respiration au moment de l'annonce du prix Nobel de littérature... et chaque fois, je suis déçue. Quand les jurés vont-ils enfin se décider à récompenser Joyce Carol Oates ?
Je ne vais pas faire dans l'originalité pour conclure, je reprends ce que j'avais écrit dans ma critique du roman Au commencement était la vie.
Je me dis toujours, après avoir refermé un de ses romans que je pourrais croiser l'une de ses créatures... en fait, que j'en croise peut-être sans le savoir... qu'un de mes voisins sous une charmante apparence a les mêmes fêlures qu'un des multiples personnages que cet écrivain de génie a créés...
On ne voit plus le monde de la même façon après avoir plongé dans l'univers de Joyce Carol Oates !
Lisez et jugez par vous-même, mais je vous aurai prévenus : c'est à vos risques et périls.
Cette lecture est dérangeante, j'en ressors ébranlée, mais que j'aime être bousculée quand c'est fait avec autant de talent !
Une fois de plus, merci madame Oates.
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Je ressors littéralement scotchée par ce roman de Joyce Carol Oatès. Ma première découverte de l'auteur "Viol, une histoire d'amour" avait déjà donné le ton.
Joyce Carol Oatès s'empare de thèmes dramatiques, odieux, insupportables, et elle nous entraîne dans les pires comportements humains.
La construction du roman est remarquable et rend l'histoire très addictive. D'emblée on sait qu'un enfant va être enlevé mais sur 5 chapitres elle fait monter une pression terrible reprenant les mêmes phrases ou à peu près, m'ayant d'ailleurs fait reculer de quelques pages pour voir s'il n'y avait pas un problème d'imprimerie. Mais non.
Le petit Robbie 5 ans se dirige vers sa voiture avec sa maman quand un homme monstrueux l'enlève de force à sa mère. La pauvre femme sauvagement frappée tente pourtant de s'accrocher à la voiture du ravisseur qui n'a aucune pitié.
On suit un peu les parents pour qui forcément on a beaucoup de pitié. Non seulement il faut supporter la perte de l'enfant, attendre des heures que le téléphone sonne pour dire que Robbie est retrouvé, subir les regards, les commentaires sur internet où chacun donne son avis sans rien connaître aux faits. Les heures s'étirent en jours, en semaines, en mois et en années.
De son côté, Robbie vit avec son ravisseur prédateur qui se fait appeler Daddy Love. Lavage de cerveau de l'enfant à qui il fait croire que ses parents l'ont abandonné, mauvais traitements, tortures psychologiques. Daddy Love reconstruit l'enfant qu'il appelle fils. Daddy love est apprécié de tous. Prédicateur, artisan. Il est invité aux barbecues, les femmes le courtisent. Daddy Love trompe tout le monde.
jamais de voyeurisme ni de scènes horreur gratuite.
C'est un roman coup de poing.
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Roman coup de poing, que ce Daddy Love. Pas d'enjoliment ni de fioriture, surtout pas de dentelles. Assez rapidement, le malaise s'installe : un enfant et sa mère angoissent parce qu'ils ne se rappellent plus où ils ont garé la voiture. Pourtant, on le sent, le pire reste à venir ! Pour ceux qui n'ont pas lu le résumé, je ne révèle rien qu'on ne découvre pas aussitôt, le jeune sera kidnappé.

Ça déboule à la vitesse de l'éclair mais, en même temps, on revient longuement sur les moments précédents le drame. J'y trouvais quelques redondances, surtout quand les chapitres s'enchainent et se répètent à la fois. C'est qu'ils racontent le même épisode mais à travers le point de vue (pas toujours évident) de l'enfant, de sa mère, d'un narrateur externe qu'on suppose être celui du monstre.

Puis, enfin (je me suis senti mal de le penser, d'attendre ce moment !), ça y est. le jeune Robbie est enlevé, l'action décolle.

Les chapitres suivants étaient mouis, mouis. Ils alternaient entre Daddy Love (le monstre) qui explique un peu comment il procède avec chaque nouvel enfant qu'il «récupère» puis la mère, Dinah, qui essait de remonter la pente psychologiquement et, surtout, mentalement. En effet, en plus de surmonter sa culpabilité, elle doit subir plusieurs opérations (la résistance qu'elle a offerte au monstre était brutale…). Sur le coup, je m'en foutais un peu mais heureusement qu'ils étaient là, ces chapitres avec la mère, sinon ça aurait été affreux.

Je trouvais plus intéressant tous les chapitres suivants sur Robbie, maintenant appelé Gideon Cash. Six ans après le drame, que devient-il ? Comment vit-il ? Quelles séquelles en garde-t-il ? Toutefois, la question que je me posais vraiment était : que s'est-il passé pendant ces six années ? Très peu de réponse, malheureusement. Quelques indices dévoilés ça et là, et dont on peut douter parce qu'ils sont livrés par le monstre.

Puis, enfin, le terrible moment. Celui où le garçon commence à changer beaucoup, à ne plus ressembler à un enfant mignon mais à un adolescent pubère. Cet âge critique où les autres petits de Daddy Love « disparaissaient »… Robbie/Gideon s'en sortira-il vivant ?

La prolifique Joyce Carol Oates ne craint pas les sujets tabous, délicats, sensibles. Et il faut bien que quelqu'un le fasse, autant que ce soit une auteure de talent. Elle réussit toujours à écrire sur de tels sujets sans que ça paraisse déplacé ni troublant. Ceci dit, Daddy Love est un roman qui marque et dont on sort un peu ébranlé. J'ai l'impression que j'attendrai un peu avant de me lancer dans un autre des siens.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Darlene Barnhauser était une femme massive d'environ trente-cinq ans. Des bras charnus et musclés, des mollets musclés (nus), et une mince paire de tongs aux pieds. Ses cheveux méchés de blond étaient longs et épais comme la crinière d'un cheval, relevés et enroulés autour de sa tête, une coiffure à laquelle elle devait sans doute attribuer une séduction gitane. Elle avait un visage rond de pleine lune et le nez camus. Son rouge à lèvres lui allait à peu près comme à une truie, mais lui donnait un air de gamine insolente et sexy.
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Un jour, Daddy Love s'était enroulé la jambe (gauche) de gaze blanche et de sparadrap et avait boitillé de façon très convaincante, appuyé sur une béquille. Une vieille ruse de Ted Bundy, immédiatement repérable pour un œil éclairé, mais l'œil stupidement confiant d'une jeune mère qui avait amené son enfant de huit ans dans une aire de jeux - à Carbondale, Illinois - ne l'avait pas repérée. Pardon Madame est-ce que vous pourriez m'aider - j'ai du mal à ouvrir ce coffre - cette fichue béquille m'encombre...
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Daddy Love plaignait ce gosse, qui avait perdu toute beauté dès l'âge de dix ans. Il ne servait pas à grand-chose de le garder, mais il était d'une sentimentalité idiote, comme on le serait pour un vieux chien aveugle et incontinent : impossible de tuer le cabot, mais ça ne vous embêterait pas que quelqu'un d'autre l'écrase dans la rue à votre place.
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Et Robbie grimperait sur les genoux de papa et lui demanderait, comme il l'avait demandé à maman, s'ils ne pourraient pas avoir un lapin de Pâques. Et papa dirait comme maman l'avait dit : Pas cette année mais peut-être l'an prochain à Pâques.
Et à mi-voix, à l'adresse de maman : En civet, peut-être. Au vin rouge.
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Son avocat affirme : mon
client reconnaît avoir agi en marge de la loi séculaire pour se
conformer à une “loi morale supérieure”. Le révérend Cash est
“non coupable” d'enlèvement ou de tout autre chef d’accusation
parce qu'il est “non coupable” d'avoir violé cette loi supérieure. ››
p182
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« Respire… » de Joyce Carol Oates, c'est à lire aux éditions Philippe Rey.
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