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sur 194 notes
Joshua Seigl, universitaire juif fortuné et auteur du best-seller « les ombres » sur l'holocauste, vit reclus dans sa grande maison du quartier huppé de Carmel Heights. La quarantaine pas encore atteinte, il est atteint d'une maladie que son neurologue n'arrive pas à diagnostiquer. Véritable affection ou trouble psychosomatique, toujours est-il que Joshua se décide enfin à embaucher un assistant pour l'aider dans son travail, lui qui chérit tant sa solitude et fuit les relations humaines.
Alma Bush est la fille tatouée. Campagnarde paumée, illettrée, elle fuit une famille prolétarienne qui ne lui a pas fait de cadeau et un passé tumultueux. Echouée dans le café où Dmitri travaille comme serveur, ce dernier la voyant finir les restes des repas des clients, l'héberge chez lui. Dmitri Meatte, « meat » comme la viande, Dmitri le viandard. Elle tombe éperdument amoureuse de lui, jusqu'à accepter de se prostituer pour lui faire plaisir.
Ayant trouvé une place de vendeuse dans une librairie, elle y croise Joshua. Il l'engage sur le champ comme assistante.
Le roman de Joyce Carol Oates est l'histoire de cette rencontre improbable d'anti-héros.
Lui est imbu de sa personne, noyé par le flot de ses courtisans qui l'adulent, ses succès auprès de la gente féminine et la reconnaissance d'une élite intellectuelle. Il en est devenu misanthrope.
Elle n'est personne. Issue d'une famille de mineurs, elle fait partie de la couche sociale la plus basse, prête à n'importe quoi pour un peu de reconnaissance, jusqu'à s'être fait tatouer le corps avec des bariolages dignes d'un enfant de cinq ans. Elle n'a pas d'existence propre, pas d'avis, aucun caractère. C'est une suiveuse. Elle est antisémite sans savoir ce que cela signifie sinon que son petit copain, Dmitri, qu'elle aime et qui la méprise, l'est.
Trois sentiments les animent : mépris, dégout et haine, de soi comme de l'autre.
Mais la vie se joue des certitudes et brouille les idées préconçues. Son oeuvre achevée, elle lève le voile sur une réalité insoupçonnée et révèle l'ampleur de l'illusion qui a trompé les esprits de ses jouets, ces êtres humains pétris de certitudes. La seule vérité éclate pour désigner l'ampleur des erreurs commises par chacun et du mensonge dans lequel ils se sont vautrés toute leur existence. Malheureusement la folie de l'aveuglement aura le dernier mot.
Traduction de Claude Seban.
Editions Stock, le livre de poche, 405 pages.
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Il n'y a pas à dire, JCO fait partie des meilleurs écrivains !
Profondeur psychologique, style au plus près de la pensée, focus sur l'Amérique profonde, description vraie des mentalités : tout est à prendre, chez elle.

La Fille tatouée vient de cette Amérique profonde, et elle provient même du plus profond des trous perdus, comparable à l'enfer, car son enfance et son adolescence ont été enterrées dans ce paysage de mines d'Akron Valley, finalement incendiées et rejetant des vapeurs toxiques.
La Fille tatouée, prénommée Alma, est profondément inculte, rejetée, niée dans sa personne, exploitée par ces mâles qui sautent sur tout ce qui est débile. D'ailleurs, les tatouages qu'elle porte, elle ne sait pas d'où ils viennent, du moins elle est incapable de l'expliquer.
Et quand la Fille tatouée rencontre l'intellectuel reconnu Seigl, auteur d'essais et d'un roman sur la Shoah, c'est le choc des cultures ! Ou plutôt le choc de l'inculture et de l'intelligence.

Oates excelle dans l'art de plonger dans les êtres, qu'ils soient horribles, fades ou tourmentés, pour en extraire la quintessence. Oates aime l'Homme, même si elle adore en raconter les instincts les plus sauvages ou les plus cachés. Elle l'aime tant qu'elle arrive à en extirper le coeur pour prouver la condition humaine, par là-même faible et excusable.
Pas de parti-pris, rien que l'humain, chez chacun, que ce soit la Fille tatouée, créature débile et molle, ou Joshua Seigl, au cerveau plein d'ouragan, ou encore les personnages secondaires, génialement décrits.

Je me ferais bien tatouer « JCO » sur le bras, tiens !
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Au moment de coller à ce roman des étiquettes, j'ai bloqué. Au-delà de "littérature américaine", blocage complet. Tellement typique de la littérature de Joyce Carol Oates ! Avant la lecture, on ne sait pas de quoi parle le roman ; pendant la lecture, on cherche à savoir de quoi parle le roman ; après la lecture, on n'est pas bien sûr de savoir de quoi parle le roman mais on est sûr d'une chose : on n'oubliera pas le roman. Là est le talent de l'auteure.

Joyce Carol Oates écrit sur la haine ; elle y excelle.
Joyce Carol Oates écrit sur les névroses de la société américaine.
Mais Joyce Carol Oates écrit avant tout sur la femme.
Elle écrit aussi sur l'homme, mais d'abord sur la femme.

Ici, la femme, c'est Alma.
L'âme de ce roman, c'est Alma.
En latin, Alma signifie "nourricière, bienfaisante, aimante, encourageante" ; étrange de ce fait qu'elle soit embauchée comme "assistante" ou plutôt comme "femme-à-tout-faire" par Joshua Seigl, un essayiste et romancier, fortunée figure de proue de l'élite new-yorkaise.
Seigl est d'ailleurs surtout renommé parce qu'il traduit Virgile du latin à l'anglais.
Alma est simple, pas éduquée, basique ; elle est pourtant une ressource pour Seigl.
Aussi mystérieuse qu'une divinité, elle surgit de nulle part ou plutôt de l'Enfer - quelque part en Pennsylvanie, au pays des mines chaudes où se consume la misère.
Alma est tatouée, marquée d'étranges dessins informes qui sont autant de stigmates.
Alma intrigue, séduit, fascine, répugne tour à tour ; elle est comme ces anti-héroïnes qui nous en apprennent beaucoup sur nous-mêmes.

Que raconte "La fille tatouée" ? Beaucoup en peu de pages. La Fille tatouée est clivante, inutile et indispensable à la fois. Elle se trouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment. La Fille tatouée est manipulée, exploitée, influencée, utilisée. La Fille tatouée est la femme.

Comme toujours avec Joyce Carol Oates, il y a d'abord l'uppercut de l'écriture qu'on prend en pleine face. C'est tellement corporel, physique, métabolique que le malaise s'installe. On est subtilement un cran au-dessus de la crudité, on est dans la brutalité.

Le lecteur est voyeur, le malaise se poursuit et ne le quittera pas : fascination, répulsion, fascination, répulsion... Tout le monde n'apprécie pas, ça se comprend, moi je suis fan. Peu d'auteurs contemporains me chahutent de la sorte, m'expulsent de ma zone de confort tout en me faisant le cadeau d'une littérature de grande classe.


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Ce n'est pas celui que je préfère parmi les nombreux romans de la surdouée Joyce Carol Oates mais je l'ai trouvé intéressant. Toutes ses publications le sont, d'une manière ou d'une autre...

Nous assistons ici à un huis-clos progressif et oppressant entre un écrivain malade et son assistante inculte, qui fascine.Ils se tournent autour, elle, pauvre et paumée , qui a des idées de meurtre , car on lui a inculqué la haine primitive du Juif, et lui, aisé ,si indifférent et méprisant parfois, mais subjugué aussi par l'illettrisme de cette assistante improbable, qu'il a choisie sur un coup de tête.

La violence psychologique de cet affrontement sourd et malsain se doublera d'une violence physique assez difficile à supporter. Jusqu'au point de non-retour.

Je n'ai pas trouvé le thème très original, il a déjà été exploité à de nombreuses reprises, seul le talent de la romancière permet de le transcender .Néanmoins, je n'ai pas ressenti le même enthousiasme,le même élan que pour d'autres romans comme "Mudwoman"ou "Petite soeur, mon amour"ou "Les chutes".

Une histoire en tout cas intrigante, mais qui ne restera pas tatouée dans mon esprit...

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Une jeune fille, pauvre, tatouée, dont on en sait pas grand chose, et dont on ne saura pas grand chose.... Alma l'héroïne de ce roman étrange, dérangeant, qui est traversé par plusieurs thèmes, la violence faite aux femmes, les classes sociales, la pauvreté.... Car Alma va devenir la femme à tout faire d'un riche écrivain. A la fois secrétaire, bonne, cuisinière, intendante....
Alma va progressivement haïr cet homme qui a tout alors qu'elle n'a rien.

Pas mon JCO préféré, je dois l'avouer. J'ai mis du temps à me laisser porter par le récit, ne sachant pas trop où l'auteure voulait m'emmener. Il est vrai qu'en plus elle nous a offert une batterie de personnages plutôt antipathiques. Car en effet pas de noir/blanc dans cette histoire, aucun manichéisme. On est loin du feel-good, mais plus proche de la réalité. Chacun son tour va être détestable, odieux....

Un sentiment d'étrangeté m'a accompagnée durant toute cette lecture. Je craignais la fin. J'oubliais l'auteure : j'ai trouvé la fin remarquable.
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Avez-vous déjà lu les critiques enthousiastes de Cécile/Latina concernant les romans de Joyce Carol Oates ?
Il m'était impossible d'ignorer plus longtemps cette auteure dont notre amie se ferait bien tatouer le nom sur le bras tant elle l'apprécie...
J'ai donc attrapé le premier titre qui se présentait et ce fut : La fille tatouée.

D'emblée, j'ai été saisie par la justesse et la précision avec lesquelles l'auteure décrit la personnalité complexe de ses personnages.
Entre Joshua Seigl et Alma Busch se crée un lien étrange fait de haine, d'attirance réciproque, d'observation mutuelle.
Comment l'écrivain malade en est-il arrivé à engager la pauvre fille paumée, originaire de la vallée minière de l'Akron, pour l'assister dans son travail ?
D'autant qu'imprégnée d'un antisémitisme viscéral, elle déteste ce Juif intellectuel, légèrement imbu de lui-même, qui l'ignore.
Telle un animal traqué, la jeune femme baisse les yeux et mendie l'amour, devenant ainsi la proie d'un amant abusif qui profite d'elle sans vergogne.
Farouche, elle se dévoile peu mais n'en est pas fragile pour autant.
Sa détermination à nuire à Seigl n'a d'égal que la pitié qui la saisit parfois malgré elle.
Ses tatouages mystérieux, elle n'en parle pas, ils lui viennent d'une autre vie.
Scarifications indéterminées, ils la condamnent à la méfiance.

La fille tatouée est un roman fort, âpre, dont les personnages sont durs.
Même les personnages secondaires sont dépeints avec une réalité crue, sans concession.
C'est un livre qu'on ne peut lâcher tant il est immersif.

Il se pourrait bien que Joyce Carol Oates trouve sa place au panthéon de mes auteurs préférés...
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La fille tatouée de Joyce Carol Oates est resté un long moment sans être réédité. J'attendais donc sa "reparution" chez Point-Seuil.

Voilà un roman déroutant, comme souvent avec elle. Il aborde à la fois des aspects sociologiques, mémoriels, économiques, intellectuels, etc.
Seigl est un éminent traducteur et essayiste spécialiste de la poésie latine. Il a aussi rédigé plus jeune un roman basé sur la tragédie de ses grands-parents déportés et morts à Dachau. Âgé de 38 ans, il réside dans la vaste demeure familiale située dans le quartier cossu de la ville. Solitaire voire reclus dans sa tour d'ivoire, il décide pourtant de prendre un assistant pour l'aider dans son secrétariat, le tri de ses nombreux manuscrits entassés au fil des ans et autres menus services.
Après divers entretiens avec de fringants doctorants, son choix se porte sur Alma, nouvelle venue en ville, sous la coupe d'un jeune homme rien moins que louche. Elle n'est ni étudiante, ni cultivée; sa façon d'être et de s'habiller pourrait se résumer par une certaine vulgarité.

Joyce Carol Oates construit autour de ses deux personnages si diamétralement opposés une sorte de huis-clos inconfortable dont on peine à voir l'issue. Lui est né aisé, elle est issue d'un coin où les fermetures de mines apportèrent chômage et misère aussi bien économique que morale. Il est un intellectuel, elle a terminé tant bien que mal le secondaire. Il est homme plaisant aux femmes, elle a toujours servi d'objet voire de défouloir sexuel à de trop nombreux hommes. La liste pourrait s'étendre longtemps.

Seigl voit en elle quelque chose qu'il semble être le seul à voir, la possibilité d'un perfectionnement, d'une rédemption. Alma, avec ses tatouages qu'on lui a imposé comme autant de stigmates de sa vie rabaissée et humiliée, voue à son généreux une haine profonde. Haine sociale et, plus intense encore, haine du Juif, fondée sur les préjugés ancrés dans sa famille et qu'elle a avalé avec son pain quotidien, sans remise en cause.

Le roman est d'un style peaufiné et à la narration maîtrisée, comme d'habitude chez Mme Oates. J'y ai ressenti une tension croissante et le malaise qui imprègne les relations entre les personnages est perceptible. Il y a de la violence dans ces pages, les pensées haineuses d'Alma étant crachées comme un venin. Ça n'est pourtant pas une personnalité qu'on appréhende d'un bloc, en dépit de ce que l'intrigue apporte d'éléments. le résultat final est beaucoup plus nuancé et, peut-être d'autant plus dérangeant. de même pour Seigl qui évolue le temps du récit.
Sans compter les actions et influences des autres protagonistes de cette quasi tragédie antique, comme par exemple la soeur névrosée et acharnée de Seigl.

Un texte fort à nouveau, placé dans le Nord-est américain au début des années 2000. Joyce Carol Oates distille son histoire en mesurant savamment les doses. La fille tatouée n'est certes pas mon ouvrage préféré de cette auteure, et n'a pas forcément la même puissance que Les Chutes ou Nous étions les Mulvaney (pas le même format non plus), mais il m'a procuré un intense moment de lecture.
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Je ne sais comment, après avoir lu ce livre qui était le premier, pour moi, de Joyce Carol Oates, j'ai pu en essayer et en aimer tant d'autres de cette auteure...
Je ne dirais pas que j'ai détesté. A la lecture, je reconnaissais également la qualité de l'écriture, ce à quoi je m'attendais de toute façon. Mais ce roman, dans lequel se confrontent deux mondes au coeur des Etats-Unis, celui de l'intelligentsia et de la richesse, et celui de la pauvreté, de la misère, est à la fois, autant dans le récit que dans son érotisme, noir et glauque.
J'ai du mal avec le glauque. J'accepte beaucoup, mais ce qui est glauque, ou vraiment sans aucun espoir, aucune lumière aussi subtile soit-elle... c'est ce qui m'a sauvée ici, il y a bien cette petite lueur.

A rebours, je reconnais, dans ce monde, quelque chose de celui de Mudgirl dans Mudwoman, une nature sauvage mais pas dans le sens américain, une nature boueuse, sale, et la violence, aussi, celle de ce rapport à la nature et aux autres.
Mais pour moi, La Fille Tatouée n'est pas une réussite dans l'oeuvre de cette auteure prolifique. Pas grave, j'en ai encore tant à découvrir, d'elle!
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Après avoir refermé le livre , on se dit :... roman psychologique . Face face somme toute assez classique. Oui mais pas seulement...c'est peut être un peu plus … un roman sociologique ? . Parce que ce que Joyce Carol Oates peint et dépeint dans ce roman c'est en fait l'état moral, mental d'une certaine Amérique . Certaine ? L'Amérique est multiple.
Mais laquelle exactement ? Un face à face entre lettré et non lettré ? riche face au pauvre ? Considérons le deux personnages : le professeur, et l'ignorante. Cela aurait pu être un « my fair lady » version 21e siècle. Oui cela aurait pu… Et si Bernard Shaw pensait que les pauvres pouvaient encore accéder au savoir détenu par la haute bourgeoisie ( bon ils n'en étaient pas plus heureux pour autant,... ) , Jack London à travers Martin Eden aura également su nous rappeler que le savoir dans certaine contrée ne suffit pas pour être intégré, accepté.
Cette Amérique du 21 e siècle décrite par Oates, elle, ne laisse aucune passerelle possible entre les classes. le gouffre est là. Social, culturel, économique… Mais le calme règne. En apparence, il ne faut pas grand-chose pour que les choses déraillent. Pour que la folie explose.
Hypocrisie de façade, les classes se côtoient, co-habitent sur le même territoire, le bon langage est d'usage. L'union , la concorde...Code de bonne conduite d'une démocratie qui a cloisonné, clivé les groupes sociaux. Car si l'antisémitisme est présent en filigrane tout au long du récit, celui ci aurait aussi bien pu être le racisme, ou tout autre infection cérébrale.
Il s'agit de haine, pour le dire directement. Haine née de l'ignorance, ignorance née du maintien des classes sociales les plus défavorisées dans un triptyque infernal : Misère sociale, misère morale, misère économique. Marquées à vie . Alors oui nous sommes loin, du rêve américain, même si le rêve est vendu comme valeur politique. le rêve occidental tout entier a basculé. Ascenseur social rime à présent avec antiquité sociale, et se conjugue avec précarité. Disons que le monde devient …horizontal. Tout est prétexte à religiosité, la morale, le fric, le sexe, le travail, comme le reste, plus les autels se dressent plus les bidonvilles progressent.
Alors roman psychologique, sociologique et je dirai politique Roman noir.
Roman politique, cela n'engage que moi. On comprend l'étendue du mal qui ronge cette société. Car même la partie la plus démocrate des classes dites supérieures est déconnectée par rapport à la réalité de la déglingue de la société. Ils y croient encore, et l'on comprend que les classes sociales oubliées, elles, n'y croient plus, même si elles en rêvent encore. La faille est belle et bien présente. Ce n'est pas la progression de cette tension résidente dans le face à face des personnages qui m'a glacé le sang dans ce roman, c'est l'issue de son récit.
Joyce Carol Oates : une grande plume de la littérature américaine.

Astrid Shriqui Garain

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Cet ouvrage repose sur la confrontation entre deux univers que tout oppose et qui vont pourtant cohabiter, mener une relation étroite.
Joshua Seigl est juif, professeur d'université,fou de Virgile et de littérature liée à l'holocauste, il est un écrivain connu et brillant.
Il a écrit un livre chef d'oeuvre sur ses grands parents morts dans les camps de concentration.
Érudit et bel homme, il est plein de bienveillance envers Alma Busch,la jeune femme qui devient son assistante.
Alma est heurtée par cette bienveillance, elle nourrit à son égard une haine démesurée où se cristallisent toutes ses rancoeurs.
Elle est issue d'une famille pauvre où le mot amour n'existe pas.
Les hommes l'ont toujours traitée en objet sexuel,ils l'utilisent, la vendent, l'insultent, lui donnent des coups de pieds dans le ventre, elle n'a aucune estime pour elle même.
Elle déteste la culture de Joshua, ses amis, son aisance matérielle et jusqu'au mépris dans lequel il tient l'argent.
Elle le déteste en tant que juif.
Elle se livre en secret à des vengeances sordides, crachant dans ses boissons, mélangeant ses médicaments ou détruisant des pages de ses manuscrits.......
Nous sommes à Mount Carmel, de nos jours et l'obscurantisme fait son sale travail.
La réunion de ces deux êtres, c'est la confrontation explosive de deux extrêmes, de deux milieux sociaux que tout oppose, de deux Amériques qui ne se connaissent pas.
L'auteur avec une grande habileté décrypte les sentiments humains, la complexité des émotions, des instincts sous forme de monologues .
C'est un ouvrage violent, dur, les descriptions sont très réalistes, il vous bouscule, vous malmène, vous empoigne, je ne connaissais pas Joyce C Oates sous ce jour et la fin ne vous met pas de baume au coeur....
Enfin, elle nous fait prendre conscience de l'exploitation sexuelle , financière et psychologique par Dmitri Meatte et autres de la jeune femme issue d'un milieu modeste.
Ce roman est une dénonciation de la condition des femmes qui partent dans la vie avec un handicap social et un capital d'amour nul.

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