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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782848761213
658 pages
Philippe Rey (15/09/2008)
4.12/5   339 notes
Résumé :

"J'ai su alors qu'un homme pouvait aimer. Avec sa musique, avec ses doigts, un homme peut aimer. Un homme peut être bon, il n'est pas forcé de vous faire du mal ": quand elle rencontre le pianiste Chef Gallagher, Rebecca ose à peine y croire.

Enfant de juifs allemands réfugiés dans une petite ville américaine, elle a grandi dans la terreur et la misère.
Sa fuite éperdue à travers l'Amérique triomphante de l'après-guerre semble ne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 339 notes
C'est avec appréhension que j'entame cette critique, comme quand j'ai ouvert ce roman pour la première fois. de Joyce Carol Oates je ne connaissais rien; ni son style ni son univers, juste une auteure américaine très prolixe.
La petite Rebecca Schwart née sur le bateau qui emmène sa famille au Etats-Unis. le père, Jacob, la maman Anna et les deux frères Herschel et Gus ont fuit le nazisme.
Issu d'un milieu culturel plutôt élevé, lui professeur de mathématique citant Schopenhauer, la maman mélomane et pianiste vont se retrouver dans un lieu sordide, Milburn petite ville de l'état de New-York.
La petite Rebecca va devenir la fille du fossoyeur. Nous allons la suivre pas à pas sur ce chemin tortueux qu'est sa vie. Les parents sombrant peux à peux dans la folie, les enfants que l'on maltraitent. On continue on s'enfonce dans le gris puis dans le noir, de temps en temps, une petite éclaircie vient adoucir le récit comme cette sonate n°23 écouté à la radio. On ne sait pas où J.C.Oates nous emmène, pourtant je continue, les pages défilent :le premier travail de Rebecca, son mariage, son enfant; l'écriture est fluide, ces descriptions ces petits cailloux que la romancière laisse pour ne pas la perdre; des indices comme la sonate n°23 "appassionata".
Le personnage de Rebecca est magnifique, c'est une femme forte devant l'adversité.
Malgré la noirceur de ces parents j'ai eu de l'empathie pour eux. Seul Tignor, manipulateur, violent tout ce que je hais chez un homme m'a donné la nausée.
Nul besoin de dire que j'ai adoré ce livre, et madame Oates a rendu un lecteur de plus heureux. Pour les inconditionnels de musique je vous conseille la fameuse sonate n°23 de ce grand monsieur Beethoven.
Merci à Latina et aux lectrices qui se reconnaitront pour leurs conseils.
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En 1936, Ils ont quitté l'Allemagne pour les Etats-Unis parce qu'ils étaient juifs. Mais le père, ancien professeur devenu fossoyeur, y connait avec sa famille une déchéance intellectuelle et matérielle telle, qu'il se suicide devant sa fille après avoir tué sa femme.

Toute la vie de Rebecca, née sur le bateau qui les a conduits en Amérique, va être déterminée par ce drame initial. La haine de son père et son mariage avec un homme violent qui lui ressemble, ses changements d'identité pour se reconstruire après, les hommes nombreux et les métiers multiples et finalement le renvoi à son passé de fille de fossoyeur dans la quête de ses origines juives.

Cette histoire, inspirée à Joyce Carol Oates par celle de sa grand-mère, a une construction époustouflante. A l'inverse d'un récit linéaire, on découvre le combat et la survie d'une femme, blessée et malmenée par la vie, à travers les fluctuations de ses pensées intimes. C'est dense, historiquement passionnant, poignant et inoubliable.
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Rebecca porte en elle une tumeur : la tumeur de son enfance dévastée…par son père, lui-même dévasté par son statut d'immigré allemand aux USA. Ancien professeur de mathématiques, il n'a trouvé qu'un emploi de fossoyeur et fait payer le prix fort à sa famille. Les 2 frères aînés fuient cette maison délabrée, ce père taciturne et violent, cette mère à moitié folle. Rebecca survit, tant bien que mal, à cette ambiance mortifère, pour finir par assister à l'horreur absolue : le meurtre de sa mère et le suicide de son père.
La tumeur que Rebecca a enfouie en elle continue à se développer, lentement, pendant son adolescence puis le début de sa vie adulte, car la violence se retrouvera encore sur son chemin...
J'attribue à JC Oates le titre de « docteur ès psychologie » pour sa maîtrise absolue de l'âme humaine, autant masculine que féminine. Deux pas en avant, trois pas en arrière, c'est comme ça qu'on avance dans ce roman. Tout comportement, toute pensée, est décortiqué, mais de manière tellement sensible, tellement juste, tellement bouleversante, que je ne peux que balbutier et m'incliner.

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Ce roman de Joyce Carol Oates est conforme aux romans de Joyce Carol Oates que j'ai déjà eu l'avantage de lire ; c'est un coup de poing en pleine face.

On peut compter sur Joyce Carol Oates pour ne pas prendre de gants et son style brut et brutal peut déconcerter plus d'un lecteur. Question d'habitude ou d'apprivoisement. Une chose est sûre : on ne sort pas indemne d'un roman de Joyce Carol Oates.

Rebecca Schwart est née en 1936 sur le paquebot dont les cales bondées d'immigrés a transporté sa famille, son père, sa mère et ses deux frères, au pays où tout semble possible, aux Etats-Unis d'Amérique. Fuyant le fascisme nazi, les Schwart peineront à s'intégrer à une société qui les rejette et l'enfance de Rebecca sera marquée par une extrême violence sociale et physique. Une violence qui draine le drame dans son sillage.

Sur les 700 pages que compte le roman, j'ai passé un bon quart à me demander où l'auteure voulait m'emmener. le rythme du récit est plutôt lent, la narration s'éparpille tout au long d'une chronologie dense qui s'étale de 1936 à 1998. Et pourtant, on s'accroche, on se laisse aimanter.

Ne croyez pas suivre une chronique familiale, c'est d'abord le destin de Rebecca qui intéresse l'auteure et le lecteur. Un destin complexe, bouleversé et bouleversant, marqué par les erreurs, le sang, les coups, la fuite, la quête et la survie.

Un portrait au vitriol de la société américaine comme Joyce Carol Oates sait si bien en peindre ; un spectacle qui fait grincer des dents, donne envie de vomir ou de jouer des poings. Au final un roman rude et fascinant que j'aurai mis de longues semaines à lire mais dont je garderai longtemps la trace.


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Ce livre ne m'a pas quittée , j'ai oublié le temps, j'ai oublié la nuit , en fait je n'ai fait que lire depuis la veille, puis tard dans la nuit, et dès que j'ai pu abandonner quelques obligations sociales et domestiques, je suis retournée avec bonheur dans ces pages. Un vrai pavé, qui vous happe et absorbe vos pensées, un réel univers tout en nuances ! Bref je n'ai pas été de bonne compagnie depuis 24 heures.
C’est l'effet produit par les grands romans émouvants qui mêlent destins individuels et histoire du monde. C'est sûrement une expérience partagée par nombre de lecteurs passionnés, car elle sait raconter une histoire, cette auteure qui aime les personnages ambigüs, profonds, humains.
C'est l'histoire d'une petite juive allemande qui naît en 1936 dans le port de New York dans la cale d'un navire transportant des migrants fuyant les persécutions en Europe. Joyce Carol Oates raconte la vie de Rebecca/Hazel, faite de tragédies, de changements d'identité, de renoncements, de secrets et mensonges. C'est un très beau destin de femme, une histoire de survie, au-delà de la violence des hommes, au-delà de l'holocauste, qui nous est comptée là, quelque chose de profondément humain.
Elle nous emmène dans l'esprit de Rebecca pour voir et ressentir avec elle, jusqu'à sa manière d'enfant de percevoir les mots entendus dans les conversations des adultes. Elle réussit à nous faire partager ses pensées, ses regrets, ses peurs, ses contradictions en utilisant l'italique qui se mêle habilement à la narration.
Elle réussit à nous troubler avec ses réflexions sur l'histoire, sa prétendue linéarité, et son sens du présent, son rapport à la vérité qui n'est pas forcément positive. Cette complexité n’est pas la seule qualité de ce grand roman ...
La correspondance du dernier chapitre m'a émue aux larmes…

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Citations et extraits (162) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Elle espérait désespérément que Tignor n'entendrait pas les appels implorants de Niley.

Il avait cessé de lui faire mal, et elle se disait que c'était peut-être fini quand il y eut une brusque explosion de lumière sur le côté de sa tête. Elle se retrouva soudain à terre, assommée. Quelque chose l'avait frappée. Elle ne se rendait pas clairement compte que cela avait été un poing d'homme ni que l'homme qui l'avait frappée était Tignor.

Debout au-dessus d'elle, il la poussait du pied. Le bout de sa chaussure entre ses jambes, la faisant se tordre de douleur. "Hé, poupée ? Tu aimes ça, non ?" Rebecca était trop ralentie et trop hébétée pour réagir comme Tignor le souhaitait, il perdit patience et s'assit à califourchon sur elle. Maintenant il était vraiment en colère, il l'injuriait. Tellement en colère et elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne lui avait pas résisté, elle n'avait pas essayé de le provoquer. Et pourtant il lui entourait le cou de ses mains, juste pour lui faire peur. Lui donner une leçon. Oser lui faire honte devant leur fils ! Il lui cogna la tête contre le plancher, encore, encore. Rebecca suffoquait, perdait connaissance. Elle sentait pourtant un air froid à travers les fentes du plancher, montant de la cave au-dessous. Dans la chambre voisine, l'enfant hurlait, elle savait que l'homme le lui reprocherait. Il va te tuer maintenant, c'est plus fort que lui. Comme quelqu'un qui s'est aventuré sur une glace mince, certain de pouvoir rebrousser chemin quand il veut, il ne risque rien tant qu'il peut rebrousser chemin dans le même temps, elle pensait avec terreur qu'il allait s'arrêter bientôt, bien sûr qu'il allait s'arrêter, ça n'avait jamais duré aussi longtemps, il ne l'avait jamais gravement blessée jusque là. Il était entendu entre eux - non ? - qu'il ne la blesserait jamais gravement. Il l'en menacerait mais il ne le ferait pas. Pourtant il l'étranglait, il lui fourrait des billets dans la bouche, essayait de les enfoncer dans sa gorge. Jamais il n'avait rien fait de pareil, c'était entièrement nouveau. Rebecca ne pouvait plus respirer, elle étouffait. Elle se débattit avec désespoir, une peur panique dans les veines. "Juive ! Garce ! Putain !" Il était furieux. Une chaleur terrible émanait de tout son corps.

En tout, cela durerait quarante minutes.

Elles penserait ensuite qu'elle n'avait pas perdu connaissance. ... [...]
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Dans les machines, dans l'enfer de l'usine, il y avait une étrange vie primitive qui imitait la pulsation de la vie naturelle. Et le coeur vivant, le cerveau vivant étaient pris au piège de cette fausse vie . Les machines avaient leur rythme, leur pulsation. Leurs bruits se chevauchaient et éliminaient tout son naturel. Les machines n'avaient pas de mots, rien que du bruit. Et ce bruit vous submergeait.Il y avait un chaos en lui, malgré la répétition mécanique , l'ordre apparent, le rythme. Il y avait l'imitation d'une pulsation naturelle. Et certaines machines, les plus compliquées , imitaient une forme grossière de pensée humaine.
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Les cheveux de Hazel, mouillés de transpiration, collaient à son visage, à sa bouche. Ses seins étaient beaucoup plus gros, plus lourds qu’il ne l’avait imaginé, d’une pâleur laiteuse, avec des pointes grosses comme des baies. Il n’était pas préparé aux poils sombres, abondants sur son corps, noirs et hérissés sur son sexe, montant jusqu’au nombril. Il n’était pas préparé à la force de ses jambes, de ses genoux. Je t’aime t’aime t’aime les mots s’étranglèrent dans sa gorge tandis que, impuissant, il abandonnait sa vie en elle.
Rapidement le soleil grossit jusqu’à remplir le ciel.
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Non qu'elle croie en un dieu quelconque. Sûrement pas.
Il y avait toutefois des brises capricieuses, de temps en temps.
De soudaines rafales de vent. Un vent violent comme celi avec lequel elle avait grandi, soufflant de l'immense lac Ontario, secouant la vielle maison de pierre. Un vent cruel et suffocant qui vous empêchait de respirer. Qui arrachait le linge de la corde à linge et pouvait même renverser les poteaux. Mais il y avait des vents plus doux, des brises aussi douces que des souffles. Et c'étaient eux qu'elle apprenait à reconnaître. Eux qu'elle attendait avec impatience. Eux qui guideraient sa vie.
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Parce que dans la vie il n'y a pas de musique, pas d'indication. La plupart des choses se passent dans le silence. On vit sa vie vers l'avant et on ne se souvient qu'en arrière. On ne revit rien, on ne fait que se souvenir, et toujours de façon incomplète. Et la vie n'est pas simple comme l'histoire d'un film, il arrive trop de choses pour qu'on s'en souvienne.
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« Respire… » de Joyce Carol Oates, c'est à lire aux éditions Philippe Rey.
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