Cela faisait bien longtemps que j'avais envie de découvrir
Joyce Carol Oates. Oui mais voilà, devant son oeuvre colossale, la taille assez importante de la plupart de ses romans, les thèmes abordés et les avis très divergents (voire même assez négatifs) sur certains d'entre
eux, je ne savais pas par lequel commencer. Je tergiversais et repoussais sans cesse la lecture d'un de ses livres. Je crois que j'avais tout simplement peur, peur de ne pas choisir le “bon” et d'être déçue. Mais y a-t-il vraiment un “bon” roman pour aborder l'oeuvre d'un auteur qu'on a l'intention d'explorer en profondeur ? Quoi qu'il en soit, j'ai choisi
le département de musique. Probablement l'un des moins connus puisqu'il ne compte à ce jour que 90 lecteurs et 7 critiques sur Babelio. Choix pour le moins étrange, dû tout simplement au fait qu'il se trouve à ma médiathèque, que je vais bientôt déménager et qu'il n'est pas dans ma nouvelle médiathèque. Cela a précipité les choses et je me suis lancée dans la lecture de ce roman sans attendre.
Passé cette introduction personnelle un peu longue, je vais pouvoir parler maintenant plus précisément de ma lecture. Il en ressort avant tout que
Joyce Carol Oates se révèle particulièrement perspicace pour nous décrire et nous faire partager l'état d'esprit de ses personnages. Maggie Blackburn, pianiste et professeure au département de musique de l'université de Forest Park, est une femme pour le moins énigmatique. Elle se retrouve mêlée à une affaire de viol par un autre professeur sur l'un des étudiants. Contre l'avis général et à l'encontre de ce qu'on pourrait penser, elle s'implique personnellement dans cette affaire au point de mener elle-même l'enquête pour découvrir la vérité. Au fur et à mesure de mon avancée dans ma lecture, le doute a commencé à s'insinuer en moi pour s'installer ensuite définitivement. Des petits détails semés au fil des pages m'ont poussé à voir l'intrigue et sa possible solution sous un jour différent, faisant naître ainsi un faible (mais bien présent) sentiment d'angoisse qui ne m'a pas quitté jusqu'à la fin.
Ce roman a été publié en 1993 mais il est difficile de ne pas penser aux révélations de harcèlements et d'agressions sexuelles qui ont éclaté il y a quelques années dans les mili
eux artistiques. de ce point de vue, le roman reste très actuel et décrit parfaitement les volontés d'étouffer ces affaires de la part de ces mili
eux pour ne pas avoir de mauvaises publicités. Les pressions subies par les victimes tout comme les discours qui leur sont tenus correspondent bien à ce que devait être la réalité en pareil cas.
Joyce Carol Oates nous propose une enquête sous une forme inhabituelle à mi-chemin entre le roman policier et le thriller. La recherche du meurtrier est seulement un des aspects de l'histoire mais pas le principal. L'intérêt réside surtout dans l'influence que les événements vont avoir sur le personnage de Maggie, sur son comportement et la perception qu'elle va avoir d'elle-même et que les autres vont avoir d'elle. C'est dans l'observation fine de la nature humaine que réside l'atout principal de ce roman et je p
eux dire qu'en cela il est réussi.