Publié aux USA en 1976 et traduit en français en 2010, "
Le triomphe du singe-araignée" est un court roman de l'écrivaine américaine
Joyce Carol Oates, notamment auteure des romans "
Délicieuses pourritures", "
Viol, une histoire d'amour", "
Premier amour" , "
Reflets en eau trouble" ou plus récemment du recueil de nouvelles "
Le Musée du Dr Moses".
"
Le triomphe du singe-araignée" nous plonge et nous aspire dans les méandres d'un cerveau "qui vit de l'autre côté de la santé mentale".
LienAbandonné à la naissance par sa mère tandis que son père purgeait une peine de prison, Bobbie Gotteson fut retrouvé par la police dans le casier d'une consigne.
Confié à plusieurs familles, il atterrit finalement chez Melva où il tient à la fois le rôle de l'amant et celui de père de substitution pour ses 2 fils.
A la suite de longs séjours en prison et de multiples déconvenues artistiques, voilà que Bobbie troque sa guitare contre un autre instrument, une machette dont il se sert pour découper des femmes...
Bon sang mais quel bouquin...A peine 130 pages mais croyez-moi, c'est bien suffisant pour rentrer dans la tête de celui qui durant tout le roman portera les surnoms de "taré", "monstre", "créature" ou encore "métèque".
Bobbie c'est le nouveau-né abandonné à son sort dans une consigne, le petit garçon qui devient la risée de ses camarades parce qu'il s'est oublié dans son pantalon, le jeune homme dont les blagues font rire les autres taulards et le charme attire les femmes, le bouffon qui amuse la galerie.
Privé d'amour durant toute sa vie, Bobbie développe une haine envers les femmes, à commencer par la malsaine Melva, sa "mère" d'adoption qui se plait à débattre avec ses fils du rôle de frère ou de père dont héritera Bobbie.
Le jeune homme se montre volontiers enjôleur auprès des femmes en ne perdant pas de vue que toutes se jouent de lui. le petit singe se fait alors multiple, convoque ses "pouvoirs", tisse une toile et escalade leurs balcons pour leur faire payer leur mépris.
Les romans de Oates que j'ai pu lire jusqu'à présent exerçaient sur moi un curieux mélange de fascination et de malaise. Ici le malaise domine.
Ce qui m'a véritablement bousculée, ce ne sont pas tant les détails sanguinolents (relativement peu nombreux finalement) que tous ces souvenirs marquants qui ressurgissent à l'improviste et rendent compte d'une cruauté connue dès le plus jeune âge et dont on peut se dire qu'elle a certainement contribué à renforcer sa nature violente.
Sans parler de toutes ces choses qui passent par la tête de Bobbie lorsqu'il procède à leurs exécutions.
Comment vous dire ? C'est comme si on y était, comme si l'on pouvait lire la terreur dans les yeux de ses victimes.
On sent combien l'auteure s'est attachée à creuser loin dans la noirceur, d'autant que son écriture vertigineuse, délirante accompagne horriblement bien le récit des événements et la personnalité dérangée de Bobbie.
Le roman ne s'encombre d'aucune chronologie, laissant place à une "confession désarticulée" dont j'ai peiné à m'extirper.
J'étais soulagée de finir ce roman insoutenable, de sortir ce type de ma tête, c'est vous dire comme le procédé est fort réussi...
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