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Critique de florence0805


Joyce Carol Oates : L'homme sans ombre. Traduit par Claude Seban, Philippe Rey, 2019
Résumé de l'éditeur : Institut de neurologie de Darven Park, Philadelphie, 1965. Une jeune chercheuse, Margot Sharpe, accueille un nouveau patient, Elihu Hoopes, qui sera connu plus tard comme E.H., le plus fameux amnésique de l'histoire. Car cet homme élégant de trente-sept ans a été victime d'une infection qui ne lui laisse qu'une mémoire immédiate de soixante-dix secondes.
Au cours des années suivantes, Margot, séduite et attendrie, tente de comprendre et de débloquer les souvenirs figés de E. H., et surtout l'image obsédante d'une fille morte flottant dans l'eau. Tandis que la surveille le tout-puissant Dr Ferris, directeur du laboratoire, Margot devra veiller à ne pas se perdre elle-même. Tiraillée entre son ambition professionnelle, son désir sexuel et son éthique médicale, elle fouille avec acharnement le passé de E. H. Leur relation devient plus complexe – et même plus violente –, tandis que la fragilité de l'homme augmente avec le temps.
Mon avis : L'homme sans ombre est par certains côtés surprenant par rapport aux autres romans de Joyce Carol Oates. Mais on retrouve la rigueur habituelle de l'auteure dans la description clinique des faits. L'auteure s'est en effet immergée avec brio dans le monde des neurosciences.
L'écriture en phrases assez courtes est souvent répétitive, ce qui correspond parfaitement à la pathologie d'Elihu Hoopes et aux tests répétitifs auxquels il se livre dans l'unité de recherche de Darven Park.
L'amnésie du patient ouvre la voie à plusieurs axes de réflexion : comment se forger une identité lorsqu'on n'a pas de mémoire ? N'est-ce pas un avantage d'avoir perdu la notion du temps et de vivre une éternelle jeunesse ? Tous les tests que l'on fait subir au patient ne sont-ils pas une forme de violence ou d'abus ? Margot Sharpe se pose des questions éthiques, car elle est amoureuse de son patient et peut jouer de son ignorance pour se faire passer pour son épouse adorée… N'est-ce pas une forme d'abus également ?
Les personnages principaux sont très attachants : le ressenti et les interrogations d'Elihu Hoopes font bien percevoir ses souffrances et les efforts touchants qu'il déploie pour paraitre aimable aux yeux de l'équipe de recherche. Quant à Margot, on apprécie son amour sans faille pour son patient, car Margot ne vit que pour lui, et finit par se perdre elle-même par moment (sa confusion fait penser à celle de l'héroïne de Mudwoman). Elle cherche à comprendre avec acharnement ce passé qui échappe à Elihu, afin de lui rendre en quelque sorte.
Encore une extraordinaire réussite que ce roman de la grande Joyce Carol Oates.
Roman offert par Eli Za dans le cadre du swap de Noël organisé par le #PicaboRiverBookClub


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