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Critique de le_Bison


Minuit, dans le jardin du bien et du mal. Deux noirs sont lynchés par des sympathisants à la cagoule blanche. Nous sommes au début de l'année 1905 et le Ku Klux Klan a ses entrées dans le domaine universitaire de Princeton. le lieu de cet épais roman de Joyce Carol Oates, pensionnaire du même collège. Elle connait donc bien les moeurs et son histoire. Et quelle étrange histoire son esprit a fomenté dans les marécages de ses environs. Une histoire de démon et de malédiction centrée autour de la personne de Woodrow Wilson, président de l'Université de Princeton, avant qu'il n'engendre des fonctions bien plus hautes et méritantes.

Mais après tout, deux noirs au bout d'une corde, on s'en balance un peu… Non ? Il y a plus important : la Malédiction ! Une jeune femme, bien sous tous rapports, la fille du pasteur, enlevée lors de son mariage par un « être », plus proche du diable que de l'humain, parait-il, pourtant on a fumé le cigare ensemble le mois dernier, mais je lui ai trouvé un air louche quand même, surtout après le second bourbon pris dans le fauteuil en cuir de la bibliothèque.

Un garçon qui se recueille auprès d'une tombe et qui se transforme lui-même en gargouille de pierre. Un autre respire les pétales d'une fleur de Lys et s'en trouve empoisonné. Les événements s'enchaînent dans le tempo des pages qui défilent. Il faut dire que plus de 800 pages pour décrire ces « Maudits », il faut de la matière…

Alors, du coup, il y a quelques digressions, des pages mêmes, des chapitres entiers. Des trucs qui ne servent à rien dans l'histoire. A lire en option, les esprits du malin diront. Joyce Carol Oates laisse vagabonder son esprit. Des parties inutiles… qui auraient méritées d'être coupées au montage pour en faire un film de 120 minutes au lieu d'une série de 22 épisodes… oui, sauf que toutes ces digressions font de ce roman foisonnant de richesse une atmosphère indéfinissable. Je reste pris dans l'engrenage, et si j'ai envie de bailler, je me sers un double bourbon, et me retrouve à nouveau basculer dans ce monde de ténèbres où les marécages sont illuminés par la face obscure de la lune.

Et sous l'obscurité de la lune, entre pâle et bleue, les rencontres se succèdent au coin d'une rue, dans une taverne aussi bruyante que puante, odeur de marécage, odeur du vice, délice de la vie, vie ouvrière et bourgeoisie bien-pensante. En plus du futur président des États-Unis, je fréquente l'activiste Upton Sinclair, l'un des pères fondateurs du socialisme dans ce pays, je lis les premiers poèmes d'Émilie Dickinson, je découvre un Mark Twain sur une plage des Bermudes et un grand Jack London, grand par son mépris et son ivrognerie. En plus du Diable. de l'élite aux pauvres, des noirs aux femmes, J.C.O tisse la toile sociale des États-Unis en ce début de XXème siècle, un roman d'une incroyable richesse, foisonnante de détails, plus de 800 pages de littérature gothique.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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