AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,65

sur 137 notes
5
4 avis
4
20 avis
3
9 avis
2
0 avis
1
0 avis
A l'origine d'un fait divers réel, l'auteur nous emmène dans une ambiance glauque, violente, où il est impossible de démêler le faux du vrai. Mais le plus important, et le but du livre, est surtout, je pense, de démontrer qu'en pareille situation, chacun a son idée des évènements qui se sont déroulés, et au final, l'histoire réelle est totalement différente de celle présenter. Certains protagonistes tentent d'en tirer profit. Jusqu'à quel point ?...
Qui dit la vérité ? A qui profite cette vérité, ou ces mensonges ?
Ambiance malsaine, quartiers glauques et insécurité constante.
Carol Oates Joyce arrive à instaurer, par son écriture incisive et tellement proche de la réalité sociale des narrateurs, cette ambiance de pauvreté , ces quartiers malfamés du New Jersey, les suspicions inter-raciales, la haine... Rien n'est vraiment positif dans ce roman. On espère une fin heureuse, mais ne nous voilons pas la face, elle n'arrivera pas. Ici, c'est un portrait d'une Amérique sans concession, un Amérique qui ne fait pas rêver. Nous sommes à des années lumière du rêve américain !
Commenter  J’apprécie          641
A partir d'un drame qui s'est déroulé en1987, dans un quartier noir délabré du New- Jersey, l'auteur dresse le portrait incendiaire et profondément dérangeant d'une société hantée, troublée et gangrenée par la question raciale,qui lui tient à coeur, comme dans presque tous ses ouvrages.

À l'automne 87, une adolescente afro-américaine: Sybilla , est retrouvée, non loin de chez elle, à demi- consciente, le corps enfoui dans un sac poubelle.

Elle a été enlevée depuis trois jours, battue, violée, par quatre hommes blancs.
Le corps et les cheveux barbouillés d'excréments de chiens et d'injures racistes, tracées au crayon feutre sur la peau de son ventre, emmenée aux urgences, elle accusa " ces flics blancs " de l'avoir agressée.
J.C. Ô plante le décor au coeur de la petite ville sinistrée de Payscane: ses habitants déboussolés, traînant leur extrême pauvreté et leur deseuvrement , le long de la rivière, ses usines à l'abandon, ses quartiers miséreux .....

Elle fait se succéder tous les acteurs de cette tragédie : l'inspectrice chargée de l'enquête Ines Iglesias , la Mére de Sybilla , exaltée, révoltée, dans sa "Croisade de Justice ", son drôle de beau- père, l'énigmatique Anis Schutt, le pasteur et l'avocat qui ont pris fait et cause pour elle, dans leur recherche de la justice, un peu biscornue, car non dénuée d'arriere- pensées.....,
L'auteur, avec une lucidité et une pertinence glaçantes, fouille minutieusement dans les consciences , les mécanismes de l'oppression et du pouvoir,en un - entre -deux assez "inconfortable "entre l' innocence et la culpabilité , les croyances indécentes ou stupides , le spectacle médiatique , la justice , l'injustice, le châtiment .

Un roman dur, profond, âpre, brutal , impitoyable et subtil, qui dérange et interpelle !
On en sort le coeur serré , sidéré par la force singulière que cette " grande dame " des lettres américaines insuffle aux protagonistes de l'histoire, lorsqu'elle nous livre , au style indirect leurs pensées , souvenirs et réflexions , non- dits et paradoxes .......
Cette histoire forte et troublante nous tient constamment en haleine .

Un grand livre, une satire violente et sauvage des relations inter-raciales au cœur de la société Américaine et des dérives du sensationnalisme à travers toute" la Publicité et les Bavardages" des Gens .




Commenter  J’apprécie          558
Madame Frye, on a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne, on vient de retrouver votre fille, Sybilla.
La mauvaise, elle semble avoir été séquestrée, battue, violée, recouverte d'excréments et d'insultes racistes. Sinon, tout va bien.

S'inspirant une fois encore d'un fait divers réel (l'affaire Tawana Brawley en 1971), Joyce Carol Oates dépeint avec force et virtuosité les clivages raciaux qui ne manqueront pas de faire écho avec les tragiques événements de ces jours derniers.

Un truc que je ne m'explique toujours pas, c'est ce manque d'accroche récidivant envers l'écriture de l'auteure.
Il me faut systématiquement un temps d'adaptation certain, voire un certain temps de chauffe, avant de profiter pleinement et de sa plume et de son propos.
Mais une fois ce vilain écueil franchi, c'est plaisir de lire à tous les étages.

Sybilla s'en est sortie mais à quel prix.
Son histoire sordide fait la une de moult gazettes nationales.
Elle aimante également les opportunistes un rien cyniques qui pourraient bien y voir l'occasion d'en faire un porte-drapeau pour la cause, et pourquoi pas une Sainte, voire une martyre, en cas de campagne rondement menée. Et puis quitte à se faire mousser, autant y aller franco dans le travestissement assumé et la manipulation éhontée.
Deux frangins aux faux airs de vautours assoiffés de notoriété maîtrisent tous les rouages scéniques et les roueries impudiques nécessaires à une telle mise en orbite personnelle.

Au-delà de ce triste fait divers, l'auteure dresse le constat implacable d'une société incapable de se sortir de l'ornière raciale.
Ni manichéen, ni moralisateur, ce Sacrifice apparaît comme une déflagration, un camouflet aux yeux des légalistes de tout bord rapidement enclins à prendre pour acquis une vérité qui pourrait bien desservir une juste cause originelle.
Commenter  J’apprécie          468
Le fait divers est un élément d'inspiration chez Joyce Carol Oates. le fait divers et les révélations souvent nauséabondes qui en découlent : sur les hommes, sur la société, sur la vie en général. Dans "Sacrifice", l'auteure démarre au plus près de la réalité : en octobre 1987, dans le New jersey, une jeune adolescente noire disparaît durant trois jours. Elle est finalement retrouvée dans la cave d'une usine désaffectée ligotée, couverte d'excréments et portant des injures racistes sur le torse . Elle dit avoir été enlevée, séquestrée, battue et violée par quatre policiers blancs. Dans une ville où les conflits raciaux entre les Blancs et les Noirs sont à vif, c'est l'allumette qui va mettre le feu aux poudres.

A partir de ce fait divers , Joyce Carol Oates offre un récit dérangeant, à la lecture souvent pénible et inconfortable.
Les lieux tout d'abord, la ville fictive de Pascayne et surtout le quartier de Red Rock, sorte d'îlot dans la ville, laissé à l'abandon depuis les émeutes raciales de 1967, nous engluent dans leur grisaille étouffante et miséreuse : maisons incendiées, chaussées défoncées, bâtiments abandonnés, rivière polluée, usines désaffectées... Tout pue, tout est glauque, tout respire la crasse. Et c'est là où vivent Sybilla Frye, la fameuse adolescente du roman, et sa mère Ednetta Frye.

Mère et fille ne sont guère touchantes, on ressent peu d'empathie vis à vis de cette jeune fille sournoise qui a pourtant subit l'horreur. Mais dit-elle la vérité ? Car dès le début la question est posée au lecteur, comme elle l'a été posée dans la vraie vie. Agression (présumée), viol (présumé)... Que cache cette jeune fille qui refuse les prélèvements médicaux et les entretiens avec la police ? Sa mère n'est guère plus coopérative, au contraire. Autour de ces deux femmes énigmatiques gravitent d'autres personnages, d'autres voix qui se font entendre alternativement au cours du roman : l'enquêtrice hispanique, le beau-père, le jeune policier blanc, le révérend et son frère l'avocat, le gourou... Roman polyphonique, le récit alterne ainsi les points de vue de chaque protagoniste, parfois de façon assez déroutante. On le sait, Joyce Carol Oates aime sonder les âmes de ses personnages qui révèlent les noirceurs les plus profondes de leur être. Une chose est certaine : les innocents seront sacrifiés.

"Sacrifice" est avant tout l'histoire d'une manipulation sournoise où le racisme est instrumentalisé pour des raisons pas toujours nobles. La vérité ne compte plus car une croisade est lancée : c'est l'heure pour les Noirs de faire payer leurs crimes aux Blancs. Peu importe les moyens, peu importe les victimes, seuls comptent le pouvoir et l'argent. Mais qui en profitera ?
Entre fiction et réalité, dans un style froid et sans prendre partie, Joyce Carol Oates donne une nouvelle fois à voir les failles et les blessures d'une Amérique où la question raciale reste d'une complexité absolue. Elle nous interroge surtout sur notre relation à la vérité où médias et justice, prophètes et avocats, Blancs et Noirs, brouillent les lignes. Aveuglés par leur haine respective, ils sacrifient les innocents et les idéalistes.

Un roman brillant comme toujours chez Oates, un style âpre, mais dont la polyphonie entrave parfois notre propre vision des choses et dont l'ambiance désespérée vous laisse abattu à la fin de l'histoire.

Reste une question, certes anecdotique même si on pressent la réponse : quelle était la vérité ?
Commenter  J’apprécie          354
Sacrifice. Sacrifiée. Perdue....
Une jeune fille, noire, 15 ans, retrouvée attachée à moitié nue dans une cave d'un bâtiment à l'abandon. Agressée, violée, humiliée.
L'Amérique dans son côté le plus sombre : le racisme présent, violent, évident.... et cette pauvre gamine....
Dans ce roman JC Oates s'attaque au racisme qui imprègne la société américaine, mais pas que... D'un fait divers tristement vrai, elle fait une histoire prenante qui va s'interroger sur la victime (de qui est-elle victime ?) mais surtout sur la récupération qui en est faite. Ces moments glaçants où certains vont se faire de l'argent sur cette pauvre gamine.
Rapidement on comprend qu'il y a quelque chose de louche dans cette histoire. Mais l'auteure ne cherche pas à savoir si les faits annoncés sont avérés ou pas. Ce qui l'intéresse c'est ce qu'il va se passer, la prise en charge de la jeune fille par de preux chevaliers pas vraiment honnêtes pour qui elle représente un trésor : une jeune fille noire violée séquestrée qui accuse des flics blancs. du pain béni ! Et c'est parti pour une croisade violente, raciale et manipulatrice. La pauvre gamine est oubliée puisqu'elle n'est qu'un moyen dans cette lutte.
Les personnages sont tous troubles au possible. C'est violent pour chacun, aucun ne sortira indemne de cette histoire. Et cette pauvre fille.... quelle tristesse....
Commenter  J’apprécie          334
Encore un grand roman de Joyce Carol Oates, et comme souvent dans ses romans ce n'est pas un conte de fées, c'est un drame contemporain, c'est glaçant, puissant, dérangeant, mais c'est aussi le quotidien de bien des américains de couleurs.
L'histoire de Sybilla, une jeune afro-américaine, retrouvée ligotée et abandonnée dans une usine désaffectée après avoir été battue par des flics blancs. L'auteur nous décrit comment suite à ce drame des personnes dites respectables peuvent s'emparer, manipuler cette pauvre adolescente, sa famille mais aussi la communauté noire, les répercutions que cela peut aussi entraîner.
Une lecture puissante, difficile par son thème, révoltante qui ne peut laisser indifférent.
Joyce Carol Oates dit dans les notes de l'auteur que "sacrifice" est étroitement lié à son roman "eux" l'émeute de Detroit en 1967.
Commenter  J’apprécie          311
Quartier de Red Rock, ville de Pascayne, État du New Jersey, automne 1987, une femme afro-américaine court dans la rue demandant à chaque passant s'il n'a pas vu sa fille, qui a disparu depuis plusieurs jours. Cette mère, c'est Ednetta. Sa fille, Sybilla, sera retrouvée violemment meurtrie, couverte d'excréments et d'injures racistes. Elle accuse quatre policiers blancs de l'avoir tabassée et violée.

Si le quartier comme la ville sortent tout droit de l'imagination de Joyce Carol Oates, le fait divers, lui, est véridique et défraya la chronique, tout en déchaînant de violentes passions. Car le sort subi par Sybilla enflamme un quartier déjà ostracisé, marqué par la misère et la délinquance. Ednetta se place en tête de cette croisade au nom de sa fille et, plus généralement, au nom des Noirs victimes des brutalités de toutes sortes de la part des Blancs.

La question des Noirs aux États-Unis est un thème récurrent dans l'oeuvre de l'auteure. Dans Eux, elle retrace d'ailleurs les émeutes qui soulevèrent Detroit en 1967, ville où elle a enseigné durant la fin des années 1960.
Avec Sacrifice, elle déplace le débat sur un autre angle. Celui de la vérité et de ses altérations. Car que s'est-il réellement passé dans le lieu sordide où fut retrouvée Sybilla? Et pourquoi refuse-t-elle les examens médicaux de base lorsqu'elle est transportée à l'hôpital?

Sacrifice est un roman dont la lecture se révèle extrêmement dérangeante. Avec son sens de l'observation d'une acuité exceptionnelle, Joyce Carol Oates pointe les dysfonctionnements d'une société mise à mal socialement, économiquement et toujours profondément marquée par un racisme latent. Ses descriptions de Pascayne, et de Red Rock plus particulièrement, mettent mal à l'aise par la chape de grisaille et de désespérance qui semble l'écraser. On trouverait une pancarte "No Future" à l'entrée qu'on n'en serait pas surpris.

A la question du racisme et de la croisade entamée pour rendre justice à Sybilla s'ajoute la réappropriation du sujet par les courants religieux chrétiens puis musulmans du quartier. Les faits embrouillés, les contradictions dans les déclarations de la jeune fille, tout disparaît derrière un voile politico-religio-idéologique qui se soucie plus de démonstrations ostentatoires que de vérité.

Une fois de plus, Joyce Carol Oates frappe fort et frappe juste sur un sujet des plus sensibles. Les portraits qu'elle dresse d'Ednetta et de sa fille comportent les mêmes ambiguïtés que la "Croisade de la justice". L'ensemble est donc très perturbant. Mais elle n'est pas là pour nous raconter de jolies bluettes idéales. Son acuité incisive passe au scalpel l'Amérique contemporaine et rien ne semble échapper à son regard et à sa réflexion.
Commenter  J’apprécie          250
Un jour peut-être, je serai déçu par Joyce Carol Oates.
Un jour peut-être il y aura, dans son oeuvre pléthorique, un titre qui me fera un peu déchanter ... mais ce jour-là n'est pas encore venu !

Avec Sacrifice, elle nous délivre une fois encore un roman puissant, tragique et fermement ancré dans une réalité terrible : celle des tensions raciales qui depuis toujours déchirent l'Amérique.
Tout démarre par un fait divers atroce, avec la disparition de la jeune Sybilla Frye. Dès les premières pages glaçantes, le désespoir de sa mère Ednetta, arpentant hébétée les trottoirs crasseux de Camden Avenue, dans les bas quartiers de Red Rock, nous saute au visage.
Avec force détails et tout le réalisme qu'on lui connaît, l'auteur nous dépeint une banlieue sordide, un ghetto de misère définitivement abandonné par les pouvoirs publics. Abondantes descriptions d'immeubles insalubres, de voitures calcinées, de terrains vagues jonchés de caddies, de seringues et de préservatifs usagés. L'enfer sur terre.

Quand miraculeusement, trois jours plus tard, Sybilla est retrouvée ligotée dans une usine désaffectée, souillée d'excréments et barbouillée d'injures racistes, et qu'elle prétend avoir été kidnappée et violée par plusieurs policiers blancs, c'est tout le quartier qui entre en ébullition. Les accusations de la jeune fille se répandent comme une trainée de poudre au sein d'une communauté noire déjà sous tension, elle qui depuis trop longtemps s'estime opprimée et victime de violences policières.
Bientôt toute la ville s'embrase, alors que surgissent Marus et Byron Mudrick (un pasteur cupide et son frère avocat lui aussi avide de notoriété), deux rapaces déguisés en fervents défenseurs des droits civiques bien décidés à s'emparer de l'affaire et à instrumentaliser la jeune Sybilla.

Que s'est-il vraiment passé dans cette cave ? Qui sont les coupables ? Sybilla croit-elle elle-même à son histoire ?
Pour les deux manipulateurs peu importe, des Blancs doivent payer, et tant pis s'il devient vite impossible de démêler le vrai du faux. On ne saura d'ailleurs jamais le fin mot de l'histoire (à moins d'aller se renseigner sur Internet pour en apprendre davantage sur le véritable fait divers dont s'est inspiré l'auteur), mais l'essentiel est peut-être ailleurs...
En effet la quête de justice et d'égalité, ainsi que la mise au jour de la vérité, ne sont ici que secondaires : ce que nous raconte Oates, c'est avant tout l'histoire d'une impasse, l'inexorable escalade de la haine.
Les portraits qu'elle dresse, terribles mais toujours pleins de justesse et d'acuité, sont ceux de deux Amériques irréconciliables, et le racisme endémique qu'elle dénonce de sa plume experte fait véritablement froid dans le dos...
Bien sûr le lecteur prend vite fait et cause pour la victime présumée, avant de réaliser que la machine infernale, attisée notamment par la hargne des frères Mudrick est en passe de faire des ravages dans les deux camps, et que l'intolérance des leaders Noirs n'a rien à envier aux abjections des Blancs.

Dans ce texte très dur et parfois un peu redondant (qui préfigurait déjà en 2016 les violences engendrées dernièrement par la mort de George Floyd), Oates n'épargne personne, et surtout pas son lecteur !
Au coeur de la mêlée, le voilà donc rudement chahuté, sidéré par l'ampleur de d'emballement médiatique, effrayé par l'implacable mécanique de la vengeance, pantelant d'effroi mais heureusement convaincu, en fin de lecture, d'avoir tenu entre les mains le livre d'une immense romancière.
Commenter  J’apprécie          227
Vingt ans après les émeutes  raciales de Détroit en 1967, Joyce Carol Oates reprend un fait divers qui pointe du doigt la persistance du malaise de la société américaine face à sa communauté noire .
Dans le roman de J C Oates, Sybila Trye, une jeune fille de 14 ans , noire,  est retrouvée 4 jours après sa disparition dans la cave d'une usine désaffectée de Pascayne, une petite ville sinistrée de l'état de New-York , ligotée, battue et violée avec des inscriptions racistes écrites sur la peau.
La jeune fille, terrorisée est persuadée d'avoir aperçu des insignes de policiers.
Seulement, la méfiance vis à vis des Blancs et le manque de confiance étendue même aux services sociaux font que la mère de Sybila refuse de porter plainte et de laisser l'inspectrice faire son enquête.
Impasse qui peut paraitre paradoxale car les coupables ne sont pas démasqués, un policier innocent est même condamné ...
Paradoxe qui s'accentue encore avec l'arrivée en scène d'un couple de jumeaux noirs , l'un prédicateur célèbre, l'autre avocat qui vont médiatiser l'affaire ( et oui déjà à cette époque aux Etats Unis ...), se servir de la crédulité de Sybila et de sa mère pour soutirer de l'argent aux  paroissiens .
La pirouette du dénouement du roman fait également froid dans le dos ...
Je n'ai pas malheureusement ressenti d'empathie envers Sybila et sa famille, on a du mal à admettre leur absence de combativité  , certes ce ne sont que des marionnettes manipulées et qui finissent par baisser les bras . Triste Amérique !
J'ai eu également la sensation d'une retenue chez l'auteur , elle décrit les faits , à chacun de porter son propre jugement .
Commenter  J’apprécie          200
1987. Un crime raciste dans une Amérique qui ne se parle pas. Dans ce quartier de Red Rock, Pascayne, New-Jersey, la jeune Sybilla Frye est retrouvée agonisante dans le cave d'une usine désaffectée. Elle est noire, elle a à peine quinze ans, elle avait disparue depuis plusieurs jours... Quand on la retrouve, elle accuse des blancs, cinq ou six hommes, dont probablement des flics, de l'avoir séquestrée, d'avoir abusée d'elle et de la l'avoir ligotée et abandonnée ...

Comment la police (blanche) pourrait-elle enquêter sur cette affaire ? Vingt ans après les émeutes qui ont vu la ville s'embraser, la moindre étincelle peut raviver la méfiance mutuelle. Et de la méfiance à la haine il n'y a qu'un pas ...

Peinture d'une société cloisonnée, hargneuse, violente, Sacrifice nous plonge profondément dans la construction du ressentiment communautaire, victimaire, d'une partie de la société, les plus démunis, noirs aux emplois les moins qualifiés, femmes violentées ou au mieux abandonnées, femmes noires dont les perspectives sont quasi nulles.

Mais Sacrifice nous retourne aussi, car derrière ce fait divers horrible, il y a la manipulation, la récupération, la construction et la diffusion de l'information (à une époque où le web 2.0 n'existait pas) pour des fins pas aussi humanitaires qu'il y paraît dans cette Amérique de la lutte pour les droits civiques, de l'extrêmisme exacerbé qu'il soit blanc-nazi ou afro-américain radical.

Une lecture difficile par son contenu, par son contexte, mais très profond dans sa peinture de la société à cette époque et dans ce lieu. Encore un très grand roman.


Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (353) Voir plus



Quiz Voir plus

Joyce Carol Oates (difficile si vous ne connaissez pas son oeuvre)

Un des nombreux romans de Joyce Carol Oates est consacré à Marilyn Monroe. Quel en est le titre ?

Corps
Sexy
La désaxée
Blonde

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Joyce Carol OatesCréer un quiz sur ce livre

{* *}