AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782757871805
408 pages
Points (22/11/2018)
4.06/5   32 notes
Résumé :

Une plongée fascinante dans l'univers sombre et oppressant des nouvelles de Joyce Carol Oates.

Avec La Princesse-Maïs, Joyce Carol Oates captive une fois de plus le lecteur
par sept récits vénéneux et intrigants.

Dans le premier, Marissa, douce préadolescente à la pâle chevelure couleur maïs, disparaît un soir de chez sa mère, qui peine à l'élever seule. Tandis que cette dernière et la police retournent les environs en va... >Voir plus
Que lire après La Princesse-Maïs et autres cauchemarsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
... et autres cauchemars ... tout est dit dans le sous-titre !

Il s'agit bien de 7 cauchemars, tous plus flippants que les autres, des cauchemars éveillés confinant à la folie dans lesquels Joyce Carol Oates déploie tout son talent de conteuse.

Tout inquiète dans ces nouvelles, tout trouble, tout sidère, tout stupéfie mais les frissons sont toujours subtils pour sonder la face cachée des nos âmes. L'effroi psychologique nait en fait du télescopage entre la violence sous-jacente distillée dans chacun des récits et leur caractère pourtant si familier.

Sur les 7, deux m'ont semblé nettement moins intéressantes que les autres ( Bersabée et Personne ne connaît mon nom ). Mais les 5 autres sont remarquables d'étrangeté et d'ambiguïté. Surtout la première, La Princesse-Maïs, dont la construction est en soi une performance virtuose en donnant une vue d'ensemble de la situation par un éclatement des points de vue et par une maitrise des ellipses étonnante.

Ce qui me reste de ce recueil, ce sont des images indélébiles :
- une mère découvrant la disparition de sa fille et paralysée, devant son téléphone lorsqu'il faut appeler les secours , par la honte sociale d'être une mère célibataire pauvre dans un quartier de riches qui va être montrée du doigt pour avoir laisser sa fille seule
- la princesse-maïs droguée au sol ses cheveux en couronne étalée autour de sa tête
- un foetus «  frère-démon »appuyant fort de sa tête sur la nuque de son jumeau faible pour ne plus avoir de concurrence
- une perceuse électrique qui s'approche de la tête d'une riche excentrique avide d'expérience ésotérique via la trépanation exercée par son chirurgien esthétique
- un chat sur la bouche d'un bébé sous le regard de sa grande soeur

Toute l'iconographie américaine est ainsi triturée jusqu'au point de non-retour. Glaçant.
Commenter  J’apprécie          814
Comment ne pas être une fois de plus bluffé par le génie et l'imagination ample de l'auteur, scrutant au scalpel la psyché de ses contemporains américains ?
Ces sept nouvelles nous touchent, nous interpellent et nous secouent violemment !
Oppressantes,vénéneuses, noires, elles nous transportent dans la tête de personnages troublés et troublants, telle cette jeune fille disparue un soir, chacun la cherche alors qu'un mini- gang de filles psychotiques l'ont kidnappée , décidées à pratiquer sur elle un Sacrifice inspiré d'une légende indienne .......
Ces jumeaux pris au piège funeste de l'amour- haine.......
Cette femme exerçant une cruelle vengeance sur son ex- beau- pére , ce chirurgien esthétique qui rate de maniére spectatuculaire une trépanation .......cette petite fille à l'ossature gracile qui refuse obstinément d'accepter l'arrivée de sa petite soeur ........
Une lecture cauchemardesque pétrie de frissons , la tête retentissant de révélations -choc mais claires !
Nous ressortons stupéfiés, pourtant sains et saufs , surpris par cette écriture subtile et ciselée, puissamment évocatrice , angoissante et incroyablement tourmentée, une écriture attentive aux détails , de très grande qualité !
Lire J.C.O c'est un plaisir intense qui nous secoue comme si nous traversions un immense champ de mines à l'émotion explosive , toujours renouvelée.........
Je suis une inconditionnelle de cette grande dame des lettres américaines .
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !
Commenter  J’apprécie          382
La sortie d'un nouvel ouvrage de Joyce Carol Oates est synonyme de jubilation par anticipation pour moi. Alors quel bonheur de tenir entre les mains son dernier recueil de nouvelles Princesse-Maïs et autres cauchemars!

L'auteure nous délivre dans ses sept récits une galerie de portraits saisissants dans l'Amérique post-crise économique des années 2000. Chirurgien esthétique, mère éplorée, jeunes filles psychotiques, vétérans du conflit irakien, jumeaux en mode "je t'aime moi non plus", ... autant de personnages aussi captivants que dérangeants (voire dérangés tout court pour certains).

Joyce Carol Oates renoue avec des thèmes qui lui sont chers et continue de passer sous son stylo-scalpel les êtres humains qui constituent l'Amérique contemporaine. Les tensions dans les rapports sociaux ou familiaux restent très prégnantes. Cauchemar oblige, elle ausculte avec l'acuité qu'on lui connaît les dérives, folies et autres rancoeurs suscitées par l'agrégat de petits faits quotidiens.

Le premier récit, éponyme, s'apparente plus à une novella avec ses 140 et quelques pages. L'histoire a de quoi faire froid dans le dos devant tant de folie et de mauvais esprit. La nouvelle opte pour une construction offrant les points de vue des principaux protagonistes. Parfait cauchemar  d'ouverture pour ce recueil. Je l'ai dévoré fébrilement, oscillant entre l'angoisse présente et la jubilation devant les qualités de l'auteure. La lecture des six autres récits fut à l'avenant.

J'ai ressenti une émotion particulière avec Hélène Haidts, l'héroïne de Helping Hands. Quarante-six ans, veuve de quelques semaines, en proie à la détresse et au rejet de toute manifestation ostentatoire de commiseration ou de pitié. Elle m'a renvoyée à l'auteure elle-même telle qu'elle se dépeint dans J'ai réussi à rester en vie relatif au décès de son premier époux. Des mots si justes et émouvants, sans pathos, sur l'incommensurable perte.

Je me répète au gré des critiques d'oeuvres de JCO en soulignant la qualité de son style. Une écriture subtile, ciselée, nuancée où la beauté n'a d'égale que la puissance évocatrice des mots. Après de multiples lectures - romans, nouvelles, articles - je reste impressionnée et complètement fascinée par l'univers littéraire de Madame Oates. Chaque ouvrage est un enchantement renouvelé.
Commenter  J’apprécie          334
Ah ma chère Oates !
J'ai découvert son dernier poche au détour d'un chemin sur Amazon, et, ravie, je l'ai commandė et lu assez vite.
Effectivement, le titre résume bien l'affaire ... "La princesse-maïs et autres cauchemars."
Car ce sont bien de cauchemars dont il s'agit.
Mais l'on pardonne tout à Oates, même ses cauchemars.
J'avoue que les recueils de nouvelles ne sont généralement pas ma tasse de thé. Je n'aime pas particulièrement les petites lectures, vite lues, vite oubliées. Mais là, je me suis, disons-le tout net, régalée.
Ce recueil est une petite pépite, pour les amateurs de Oates j'entends.
Car elle ne vous épargnera rien...
Dans l'ordre, nous avons affaire à une petite fille blonde enlevée par des gamines bien malades et malsaines, un ex beau-père en proie à la vengeance tardive de sa belle-fille, une petite fille jalouse du bébé qui arrive dans la famille (c'est la nouvelle que j'ai le moins aimée, peut-être à cause de sa brièveté), deux textes sur les jumeaux (thème cher au coeur de notre chère Oates, qui l'obsède littéralement), que j'ai adoré, jumeaux qui seront soudés à jamais je pourrai ajouter, mais réellement soudés... comme dans le ventre de leur mère, une veuve si seule qu'elle s'exposera à de graves ennuis, et enfin, un médecin peu scrupuleux qui blessera grièvement une patiente par un geste opératoire fou.
Comme on le voit, Oates la Sublime nous offre sept cauchemars sortis tout droit de son cerveau (malade ?), mais qui ont fait mon plus grand bonheur de lecture, comme à chaque fois d'ailleurs.
Il me tarde de lire un de ses nouveaux ouvrages, L'homme sans ombre, qui jouit des meilleures critiques.
En attendant, bons cauchemars à tous !!

Commenter  J’apprécie          150
Entre "Le maître des poupées" et "La princesse-maïs", sortis respectivement en 2019 et 2017, Oates nous fait encore la démonstration d'une maîtrise parfaite du format court et du sens du drame. Dans son recueil le plus récent, elle aborde dans cinq Nouvelles les travers d'une Amérique qui perd ses valeurs, victime d'une violence aussi intense que banale, executoire d'une société divisée par les inégalités.
Dans "Soldat" et "Accident d'arme à feu", elle aborde le thème ultra sensible des armes en vente libre. Ce thème se retrouvera également dans son dernier (énorme) roman, publié fin 2019, "Un livre de martyrs américains".
Elle ne juge jamais, Oates.
Ses personnages sont terriblement humains, perdus dans les contradictions d'une société puritaine où il est pourtant normal de se faire justice soi-même. Dans un pays où les services publics sont inexistants sur des territoires denses, où, de ce fait, des pans entiers de la population sont laissés à l'abandon, l'arme à feu s'acquiert parfois dès le plus jeune âge et fait partie de la culture.Vous achetez votre premier fusil ou on vous le fournit, comme votre première voiture vous sera remise à vos 16 ans. Et cette arme se transmet comme un capital génétique à votre descendance.
Avec une écriture subtile où chaque mot compte, elle nous fait vivre la psychologie des personnages, victimes ou agresseurs. Et souvent chez Oates, cette distinction est floue. L'agresseur a été une victime et la victime devient un agresseur. Rien de plus complexe qu'un être humain !
La parentalité et ses nouveaux bouleversements, avec l'évolution rapide et sans concession de nos sociétés occidentales, se retouve dans deux Nouvelles absolument terrifiantes."Big Momma" dans le "Maître des poupées" fait écho à "La princesse-Maïs", Nouvelle d'ouverture du recueil de 2017. Je ne sais laquelle est la plus terrible. Tout simplement inhumain. Et...si réaliste !
Si vous vous êtes déjà posés cette question "Que deviennent les enfants qui disparaissent brutalement ?", Oates, dans ces deux Nouvelles, nous livre des possibilités de réponses...effroyables. Pas de sang, pas de gore. L'auteur nous fait juste pénétrer dans le cerveau des agresseurs et des victimes. Et ça suffit pour vous rendre K.O.(et accro à sa littérature !)

Avec "Personne ne connaît mon nom", "Personnages fossiles" et "Champignon mortel" du recueil "La princesse-Maïs", l'auteure américaine s'attache à dévoiler les revers des fratries et de la gémellité. le sentiment de jalousie, le rapport de domination, la manipulation s'expriment au travers de
petits signes que Oates dissèque, et c'est en ça qu'elle nous tient en haleine tout au long de ses histoires.
D'une virtuosité incroyable !
Et cette virtuosité atteint son paroxysme dans "Equatorial", Nouvelle centrale tant pour sa position (à mi parcours) dans le recueil du "Maître des poupées" que pour sa construction puisque Oates manipule finement (et divinement) son lecteur à l'instar de son personnage masculin, voyageur invétéré, accompagné de son épouse (ou celle-ci forcée de l'acccompagner plutôt !)
Tout en nous maintenant dans une tension extrême jusqu'aux dernières pages, comme dans un thriller bien ficelé, elle ébranle au passage, tout en délicatesse, le patriarcat et la certitude dont nous, l'espèce humaine, faisons preuve (et abusons) en matière de sciences naturelles et animales.

J'ai dévoré ces deux recueils de Nouvelles absolument terrifiantes. L'auteure aura 82 ans en juin prochain. Et elle n'a pas fini de nous ébranler...Du moins, c'est ce que j'espère ! Longue vie à vous, Mme Joyce Carol Oates !
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Les jours, puis les semaines qui avaient suivi la mort de son mari, Helene s'était retrouvée debout devant des placards ouverts, à regarder fixement à l'intérieur. Dans ces moment-là, elle bougeait lentement et avecdélibération, comme si ses membres n'étaient rattachés à son corps que de manière rudimentaire, par la seule force de sa volonté. Le simple fait de voir nécessitait de tels efforts! Caressant les beaux vêtements de son mari, enfouissant son visage dedans pour respirer leur légère odeur, si particulière, elle éprouvait une sensation de perte absolue, de chagrin, avant d'être submergée de lassitude; son cerveau était frappé de stupidité comme par manque d'oxygène, et pendant de longues minutes hébétées elle était incapable de bouger.

Helping Hands
Commenter  J’apprécie          120
La musique pour orgue de Bach était si belle! Emplissant l'intérieur spartiate, ordinaire et blanc de l'église de cascades ferventes d'un son aussi pur et soudain qu'une chute d'eau. Une musique de ce genre militait en faveur de la dignité fondamentale de l'esprit humain. La transcendance de la douleur physique, de la souffrance et de la perte. De tout ce qui est mesquin, vil.

Champignon mortel
Commenter  J’apprécie          90
Des heures, des jours. Des heures isolées, blessantes comme autant de cailloux avalés de force. Et que sont les jours sinon des durées insondables et inexplorées trop pénibles à charrier si ce n'est heure par heure ou même minute après minute.

La princesse-maïs
Commenter  J’apprécie          120
"Dans l'infini, qui est l'oubli.Mais c'est de cet infini que nous avons surgi: pourquoi ? "
Commenter  J’apprécie          140
Elle redoutait la pitié! Même la sympathie est une forme de pitié. Elle redoutait la terrible intimité du chagrin. A l'instar d'unecréature blessée qui préfère s'éloigner en rampant pour soigner sa douleur, plutôt que de la partager avec autrui.

Helping Hands
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Joyce Carol Oates (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (100) Voir plus



Quiz Voir plus

Joyce Carol Oates (difficile si vous ne connaissez pas son oeuvre)

Un des nombreux romans de Joyce Carol Oates est consacré à Marilyn Monroe. Quel en est le titre ?

Corps
Sexy
La désaxée
Blonde

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Joyce Carol OatesCréer un quiz sur ce livre

{* *}