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3,44

sur 272 notes
Quentin a déjà été condamné pour abus sexuel sur un mineur & maintenant il est sous contrôle judiciaire & il a un traitement médical & ses parents qui l'aident lui ont confié le gardiennage d'un immeuble qui leur appartient et qu'ils louent à des étudiants.
Tout va bien se passer pour Quentin tant qu'il n'a pas de contact visuel avec les autres & il sait qu'il doit faire autrement & qu'il doit le transformer en ZOMBI & « un vrai ZOMBI serait à moi pour toujours. Il obéirait à tous les ordres & les caprices. En disant « oui, maître » & « non, maître ». il s'agenouillerait devant moi les yeux levés vers moi… »
& il faudrait en kidnapper un & l'attacher & lui planter un pic à glace dans l'orbite de l'oeil & le lobotomiser & il serait enfin obéissant & il se laisserait violer… Pour toujours…
Quentin va faire des essais qui laisseront ses victimes vivantes de plus en plus longtemps… Dans la baignoire.
Extraordinaire prouesse de l'auteur que d'être arrivé à s'immiscer dans la peau d'un malade mental sanguinaire et décrire l'ensemble des sentiments qui l'animent avec tant de réalisme.
Ce roman de Joyce Carol Oates est un voyage au bout de l'horreur, l'horreur d'une forme de folie créatrice, où le docteur Frankenstein est bien plus dangereux que sa créature.
Traduction de Claude Seban.
Editions Stock, le livre de poche, 211 pages.
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Bram Stocker 1995 Prix du meilleur roman : Zombi de J C Oates !
Si ma culture littéraire s'étendait au delà de quelques rizières , j'aurais associé Dracula à ce prix et aurais su à quoi m'attendre . mais voilà, je ne savais pas . Et , mon Dieu, quelle claque!
C'est clair , depuis Ciao Connard , oeuvre complétement déjanté et déroutante, je n'ai rien lu de si "trash'.
Q...P... vient d'un milieu aisé. Son père est une sommité universitaire , sa soeur directrice d'école. Petit polo, mocassin à glands et brushing américain des années 80.
Q....P... lui est juste gardien d'immeuble, même s'il suit des cours d'ingénierie dans la fac locale.A 30 ans.
Parce que Q...P...a un peu déconné sur un mineur et qu'il est en liberté conditionnelle pour deux ans. Cela se passe bien. Il est poli, tond la pelouse de mamie et semble courtois avec son entourage.
Mais Q... P... a un rêve. Se fabriquer un Zombi, qui lui dirait "oui maitre, je suis à toi, encule moi". (Ce n'est pas du moi mais de madame Oates, je ne me permettrais pas :) ).
ça tombe bien , il tombe sur un document qui lui explique comment attaquer le cerveau à partir du globe oculaire ! En avant l'aventure !

C'est un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, mais je suis admiratif devant le texte livré et cette immersion de l'auteur dans la peau de son personnage. le style , la folie latente, les apparences, la société qui passe à côté et derrière cette question des délinquants sexuels dans la nature et l'offuscation générale à la récidive.
Dire que ce livre est dérangeant, c'est un euphémisme . Mais le travail de l'auteur est remarquable.
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Vite commencé, vite terminé ... Je tiens à ma santé mentale !
Quel livre horrifique, terrifiant, nauséeux !


Et pourtant, je le savais, je m'étais dit que jamais je ne lirais cela, au vu des critiques sur Babelio.
Or Joyce Carol Oates est un de mes auteurs préférés.
Donc...il FALLAIT que je lise QUAND MEME cette horreur.


Je reconnais bien là Oates qui, avec son style original, bien à elle, qui change continuellement d'un roman à l'autre, emporte le lecteur dans ses abîmes concoctés avec délices.
Avec délices, oui. Je me rends bien compte qu'elle a dû s'amuser comme une folle (d'ailleurs, je m'inquiète également pour sa propre santé mentale) à nous expliquer, en détail et avec croquis à l'appui s'il vous plait, la manière de pratiquer une lobotomisation en enfonçant un pic à glace à travers l'orbite. le sujet « opéré » deviendrait donc un « zombi », un être sans réaction dont on peut faire l'esclave sexuel. C'est en tout cas ce qu'essaie Quentin, la petite trentaine, manifestement dérangé du ciboulot, et pas qu'un peu !


Durant TOUT le roman, nous sommes dans la tête de ce Quentin, et je vous assure que la tête me tournait, je me sentais prête à vomir tripes et boyaux, d'ailleurs, rien qu'à écrire cette critique, je ne me sens pas bien.
Ce Quentin est à la recherche de « spécimens » masculins à opérer (il faut dire que ces pauvres spécimens ne résistent pas longtemps à l'opération...) car il est homosexuel et ne désire assouvir son désir que sur « jeunes hommes en bonne santé. Remplissant certaines conditions de taille, de poids, de carrure et. Il faudrait quelqu'un ayant du ressort & de la vigueur. & bien monté ».
Il nous raconte donc ses chasses, ses traques, ses expériences "médicales", ses faux-semblants avec sa famille, avec les médecins, avec la justice qui l'a déjà condamné à 2 ans avec sursis pour une sombre affaire de poursuite raciale.
Ce Quentin a un physique répugnant, il est sale, il sent mauvais, il évite tout contact visuel.


Je n'en dis pas plus, voici un extrait qui vous résume tout le propos du livre :
« Un ZOMBI ne jugerait pas bien sûr. Un ZOMBI dirait : « Dieu te bénisse, maitre. » Il dirait : « Tu es bon, maitre. Tu es généreux & miséricordieux. » Il dirait : « Encule-moi à me défoncer les boyaux, maitre. » Il mendierait sa nourriture & il mendierait l'air qu'il respire. »
Je continue ? Non, c'est en est assez pour moi. Je me sens mal.


Pour ceux que ça intéresserait :
Joyce Carol Oates est une auteure prolifique et géniale, elle atteint les tréfonds de la psychologie pour les violenter et nous bousculer sans ménagement. J'aime ça, mais ici, c'est trop. Trop. Trop.


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C'est curieux comme il arrive que l'on se fasse de fausses idées.

Ainsi, je m'étais imaginé que Joyce Carol Oates était une auteure de romans sentimentalo-intellos, une sorte de Danielle Steel pour lectrices de Télérama.*
D'où me venait cette idée ? Mystère, peut-être une simple confusion, erreur sur la personne...
Enfin bref...

Avec Zombi, nous sommes très loin du roman à l'eau de rose, intellectualisant ou pas !
Dans ce roman, l'auteure donne la parole à Quentin, qui d'ailleurs ne parle de lui que comme Q... P...

Q... donc, est un trentenaire fils d'un universitaire, il pourrait être le produit standard de la classe moyenne blanche américaine, mais Q...est un jeune homme "spécial".

Il ne rêve pas d'une belle carrière d'une charmante épouse, et d'une maison au bord d'un lac pour ses vieux jours.

Son grand projet, c'est de créer un zombi, il n'est pas adepte du vaudou, il veut un esclave sexuel tout dévoué.
En cela, il rejoint un certain Jeffrey Dahmer, dont l'auteure s'est manifestement inspirée.

Et la morale dans tout cela, Q...est-il puni..?
Cela, je ne vous le dévoilerai pas, sachez juste qu'on le soigne...

Bien joué Mme Oates, vous nous démontrez, s'il en était besoin, que les femmes écrivent des romans aussi dérangeants et malsains que leurs collègues masculins.

*Je sais, ce n'est pas gentil pour Danielle Steel.
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Même si les romans de Joyce Carol Oates ont toujours un côté sombre, il est rare d'être à ce point au coeur de la noirceur! Et comment y échapper quand le narrateur est un psychopathe éminemment dangereux, suffisamment intelligent pour élaborer des plans diaboliques et échapper ainsi à la justice. Si une imprudence a pu un jour le faire prendre et repérer par les autorités judiciaires, ce sera la dernière fois...
Malgré le raisonnement en boucle du jeune homme dont le but ultime est de pratiquer une lobotomie sur les sujets qu'il capture, pour en faire des zombis dévoués corps et âmes et acquiesçant à ses pulsions sexuelles, avec force répétition de scénarios de part puis de procédures expérimentales, le récit reste cependant scotchant, mais trop intense pour pouvoir le lire d'une traite : la nécessité de reprendre sa respiration est vitale.

Âmes sensibles s'abstenir : c'est tellement vraisemblable que c'en est encore plus terrifiant.

Je ne suis pas sûre d'avoir pu imaginer un seul instant que ce récit soit de Joyce Carol Oates si je n'en avais pas connu l'auteur avant lecture. J'aurais plus volontiers évoqué Stéphan King ou Jean-Christophe Grangé!
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Bof...Un intérêt très limité. Heureusement que le livre est court sinon je l'aurais abandonné par manque d'intérêt. Ennuyeux car plat.
Il ne suffit pas d'avoir un sujet se voulant provocateur, en l'occurrence un psychopathe egocentré homosexuel cherchant à fabriquer le zombi décérébré soumis à sa volonté sexuelle, encore faut il le mettre suffisamment en scène pour captiver le chaland, la seule monstruosité du sujet et des situations scabreuses n'y suffisant pas.
Là ce ne sont que saynètes s'enchaînant sans trame, mais c'est justement quand on veut explorer une histoire décousue qu'il faut une rigueur narrative que n'a pas le roman, qui estime l'angle délibérément choquant de son histoire suffisant à sa construction.
Quant à l'écriture elle même, si elle semble originale de prime abord, elle en devient in fine roborative par absence de variations.
Bref une déception pour moi. Je lirai donc un autre roman de JC Oates pour ne pas rester sur cette impression car les critiques sont majoritairement favorables, et abandonnerai si je n'accroche pas plus.
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Quelle horreur ! Quand je suis tombé sur ce roman, Zombi, à la bibliothèque, c'est le nom de Joyce Carol Oates qui a attiré mon attention. J'ai lu en vitesse, en diagonal la quatrième de couverture et ça m'a semblé intéressant. Un jeune homme est accusé d'agression sexuelle sur un mineur et ses parents ne croient pas à cette accusation. Garçon exquis, rêves, franchise, grand-mère qui ne peut rien refuser au petit, etc. Pourquoi pas ? Je m'attendais à l'histoire d'un type de dix-neuf ou vingt ans qui était au mauvais endroit au mauvais moment, solitaire, introverti, que ses parents comparent à un zombi parce qu'il est peu communicatif.

Eh bien, non ! Quentin a réellement commis cette agression dont on l'accuse, d'ailleurs, il en a commis d'autres. Pire : il enlève des gens sans attaches et procède sur eux à des expériences pour tenter de créer… des zombis. Dégoûtant ! le lecteur suit ses péripéties, collectant des informations scientifiques sur la manière de procéder. Je crois que, ce qui était pis, c'était les raisonnements du jeune homme, son détachement, son manque d'empathie à l'endroit des gens qu'il mutilait, qu'il tuait. Difficile à supporter.

Malgré que le sujet me répulse, je dois saluer le talent de l'autrice, Joyce Carol Oates. Elle a trouvé une voix très personnelle à son personnage, crédible, originale. Surtout, elle a réussi à nous intéresser à lui et à son projet en nous faisant entrer dans sa tête. Quand ses expériences tournaient mal, j'étais presque déçu. J'insiste : presque. Dans tous les cas, je parvenais à ressentir la frustration du jeune homme. Tellement que, vers la fin, j'espérais voir un zombi. Bref, elle est parvenu à m'intéressr à Quentin, à sympathiser avec lui, ne serait-ce que partiellement. Cela est un tour de force, compte tenu qu'il s'agit d'un criminel abject.
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La force de Joyce Carol Oates, outre son indéniable don de créatrice et son incontestable talent de plume, c'est, pour moi, sa capacité à se réinventer en permanence... quitte à se "planter"... ce qui, convenons-en, fait plutôt figure d'exception dans son oeuvre magistrale et variée.
Fi des romans fleuves dépassant largement les 1000 pages de lecture, - Zombi - paraît presque "minuscule" à côté de ce que l'écrivaine nous propose fréquemment.
Que sont en effet pour cette habituée des trails littéraires que 185 pages largement "aérées" et agrémentées de nombreux dessins à l'encre de Chine ?
Rien... a priori...
Mais beaucoup lorsqu'il s'agit d'entrer dans la tête d'un serial killer homosexuel et pédophile, à moins que l'exercice ait consisté à le faire sortir de ses propres entrailles, accoucher d'un de ses propres démons ( s'adresser à monsieur Freud pour tenter d'en apprendre davantage !), de le faire parler, de lui donner la parole... à moins que ce soit lui qui s'en soit emparé...Et là, je salue l'artiste qui a su ( c'est un de ses nombreux talents ) trouver un verbe, une langue, une syntaxe, un lexique, une grammaire, une ponctuation, un rythme, un souffle tout à fait originaux, voire bluffants, à son personnage.
Le personnage en question est le fils cadet... il a une soeur, Junie, de cinq ans son aînée, proviseure d'un établissement scolaire coté... d'une famille bourgeoise ; des notables nantis qui ont le bras long.
Et il faut posséder un certain pouvoir, avoir les moyens, pour sortir ce fils qui vient d'agresser sexuellement un gamin noir de douze ans, des griffes de la justice.
Une justice qui le condamne à deux ans de prison avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve.
La famille qui possède des biens et en l'occurrence un immeuble dont elle loue les studios qui le composent à des étudiants étrangers, donne à Quentin qui s'appelle Q...P, la possibilité de repartir à 31 ans, de zéro, de se refaire, socialement, une "virginité", en travaillant comme gardien de l'immeuble familial, tout en suivant des cours à l'IUT tout proche, espérant faire de leur rejeton un ingénieur en "quelque chose"...
Pour cela, le jeune homme qui a fauté... mais à qui la famille veut offrir l'occasion de se racheter et de préparer son "avenir", compte sur un psy de leurs amis, sur un agent de probation, un groupe de parole et sur l'avocat de la famille, grâce auquel Q...P a bénéficié d'une peine légère.
Ça, ce serait envisageable si Q...P n'en était qu'à sa première "faute", qu'à son premier délit, qu'à sa première agression qu'à sa première victime.
Or, c'est très/trop loin d'être le cas ; et tout le monde est dans l'ignorance.
Il y a déjà d'autres précédents : "YEUX-RAISIN", "PATTES-DE-LAPIN", BALAISE, SANS-NOM... ÉCUREUIL(?)... d'autres ZOMBIS passés et à venir(?)...
Ce qui obsède Q...P, c'est ce désir permanent, cette pulsion impérieuse de posséder des esclaves sexuels, des ZOMBIS...
Pour ce faire, il a trouvé dans ses lectures, un moyen infaillible : la lobotomie transorbitale.
Comprenez-par là que, substituant au leucotome chirurgical, un pic à glace stérilisé sur la plaque chauffante de sa cuisinière, il se fraie un chemin à travers les orbites de ses cobayes jusqu'aux lobes frontaux de ses victimes, lobes frontaux dont les fibres sectionnées matérialiseront son rêve de zombification de ses sujets.
Et son rêve de zombification, il l'explique ainsi :
"Un ZOMBI ne jugerait pas. Un ZOMBI dirait : "Dieu te bénisse, maître "Il dirait : "Tu es bon, maître. Tu es généreux & miséricordieux." Il dirait : " Encule-moi à me défoncer les boyaux, maître. Il mendierait sa nourriture & il mendierait l'air qu'il respire. Il mendierait la permission d'aller aux toilettes pour ne pas souiller ses vêtements. Il serait toujours respectueux. Jamais il ne rirait ni ne ricanerait ni ne froncerait le nez de dégoût. Il lécherait avec sa langue comme demandé. Il sucerait avec sa bouche comme demandé. Il écarterait ses fesses comme demandé. Il ferait l'ours en peluche comme demandé. Il poserait sa tête sur mon épaule comme un bébé. Ou je poserais ma tête sur son épaule comme un bébé..."
Nul besoin de "psychiatriser". Cette obsession plusieurs fois répétée ( énoncée ) dans le roman, nous dit beaucoup de la psyché de Q...P.
Comme il est de mon habitude, j'essaie autant qu'il m'est possible de ne pas trop dévoiler de l'histoire de cette lecture qui sera peut-être vôtre un jour prochain.
Je tiens cependant à ajouter que, ( c'est un marqueur de l' oeuvre de JCO ), l'histoire de ce serial killer s'inscrit dans un contexte, une époque, un pays, sa sociologie, son histoire, sa culture ses moeurs.
Q...P ne pourrait pas être tout à fait ce qu'il est ni faire tout ce qu'il fait s'il n'était aidé "involontairement" par une famille bourgeoise, qui a pignon sur rue, qui place les apparences en tête des vertus sociales cardinales, et ainsi, à l'insu de son plein gré, par un effet domino, crée les conditions qui permettent à Q...P de vivre sa psychopathologie quasiment dans l'impunité.
C'est amoral ?
Bien évidemment !... à l'image du monde que nous avons créé et auquel nous ne voulons apporter aucune correction.
Une immersion déstabilisante, oppressante, frustrante dans le monde de nos démons.
J'ai néanmoins voulu garder un espoir quant à l'absurde de ce monde, absurde souvent trahi par et pour ce qu'il est.
Q...P a une faille ; il collectionne des "souvenirs" de ses ZOMBIS. Eux et les preuves de leur fin tragique ont disparu. Que deviendront ces "souvenirs" ?...
J'ai aimé.
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Zombie
Traduction : Claude Seban

Roman relativement court puisqu'il ne dépasse pas les cent-quatre-vingt-quatre pages en édition du Livre de Poche, "Zombi" possède le froid et l'impitoyable tranchant d'un couteau de boucher. Je ne dirai pas "scalpel" puisque Oates limite son intrigue au premier meurtre, demeuré impuni parce que non découvert, de son anti-héros, Q ... P ..., et que celui-ci, en dépit d'une préméditation que le lecteur découvre avec une horreur croissante, en est encore à tâtonner pas mal sur la voie du crime en série.

C'est donc un serial killer non pas néophyte mais encore en phase de "formation" que nous décrit la romancière. Les brouillards de son esprit et de son âme sont d'autant plus impénétrables que Q ... P ... est et restera notre seule "voix" de référence. Tient-il un journal ou ne s'agit-il que de ses pensées auxquelles Oates, par l'autorité de l'écrivain, nous donne accès sans autre forme de procès ? On ne le sait pas mais le résultat fascine autant qu'il angoisse.

Non sur l'instant - enfin, certainement pas pour celles et ceux qui s'intéressent au phénomène des tueurs en série et ont déjà lu des ouvrages, documentaires ou pas, sur le sujet - mais une fois le livre refermé et rangé. En effet, "Zombi" ne connaît pas l'espoir.

Q ... P ... n'est pas mauvais, au sens où l'entendent la plupart des religions et le commun des mortels, non, il est simplement fait comme ça : tel un enfant de six ans qui souhaite désespérément qu'on lui offre un jouet bien précis, notre anti-héros veut se procurer une sorte d'esclave lobotomisé qui lui obéirait sans états d'âme. Viscéralement incapable de songer à la douleur infligée par son délire aux uns et aux autres, il ne songe qu'au meilleur moyen d'obtenir ce qu'il désire. Non, répétons-le, il n'est pas mauvais : il n'a aucune notion du Bien, ni du Mal, c'est tout, et à peine celle de l'Interdit, un interdit qu'il ne comprend pas du tout et qu'il cherche simplement à contourner.

Pourtant, il est loin d'être idiot et sait très bien calculer et prévoir, mais toujours en fonction de ce que ces prévisions peuvent lui rapporter - ou lui éviter de fâcheux. Sinon, c'est le néant. Claquemuré dans un monde que les psys peinent à saisir, il avoue lui-même, avec une innocence étrange, ne pas avoir de rêves.

Sur son passé, Oates nous donne le minimum de détails : un père à la carrière de chercheur et d'universitaire exemplaire, une mère attentionnée, une soeur aînée brillante et une grand-mère aimante. "Un peu trop de femmes," entonnera certainement le choeur des psys. Sans aucun doute mais cela n'explique en rien l'abîme qui dort en Q ... P ...

Raffinement suprême, Oates pousse le sadisme envers son lecteur jusqu'à lui instiller goutte à goutte la certitude que, au-delà l'apaisement de ses désirs sexuels, Q ... P ... recherche en l'acte de tuer quelque chose qui nous dépasse tous, lui y compris, et dont il nous est impossible de nous faire une idée claire.

C'est en cela que "Zombi" est terrifiant, d'autant qu'il se termine sur la vision d'un Q ... P ... pour qui le meurtre va devenir une routine. En d'autres termes, le pire est à venir et Joyce Carol Oates vous laisse l'imaginer à loisir.

Du grand art. ;o)
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Beurk
Vous connaissez le film Maniac de William Lustig avec un Joe Spinell qui scalpe des prostituées dans le but de recréer sa méchante maman traumatisante? Et pendant tout le film vous vous demandez pourquoi vous vous infligez cette horreur, et en même temps vous continuez à le visionner? Pour les talents de maquillage de Tom Savini ? La prestance déstabilisante de l'acteur ?
Et bien le roman Zombi de Joyce Carol Oates m'a fait exactement le même effet.
C'était absolument horrible.
Ici, on a plutôt affaire à un déséquilibré qui sodomise des jeunes hommes, qu'il a préalablement lobotomisé à coup de pic à glace, pour avoir son esclave sexuel Zombi chéri à lui (MAIS QUE QUELQU'UN LUI ACHETE UNE POUPEE DANS UN SEXSHOP A CE GRAND MALADE !!!!)
Et pour des raisons obscures vous continuez à lire le roman. Pour le talent de Joyce Carol Oates? Probablement. Et avec le coup de grâce du point de vue interne : elle nous oblige à nous mettre dans la peau de ce taré fini (ou pas fini).

Et ce qui me surprend (encore plus bien sûr), c'est : Prix Bram Stoker.
On est quand même très très loin du temps de Dracula. A côté, les romans de Stephen King ressemblent à un album des Bisounours font du snowboard avec les gentils Dauphins (quoi? Y a bien un mec qui a réalisé un film avec des requins en montagne)!! Pour moi le prix Bram Stoker réunit des romans d'épouvantes, avec des sorcières, des vampires, des morts-vivants, des loups-garous, des fantômes. Mais des jeunes hommes amorphes qui meurent dans la baignoire du protagoniste, ne sont pas vraiment les zombies auxquels je m'attendais.

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