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Critique de Lisbei13


Cet album, qui est un magnifique objet avec une belle reliure et cousu (si, si ça existe encore, les livres cousus), est en fait un receuil de nouvelles, 6 nouvelles graphiques, 3 en couleurs et 3 en noir et blanc. Sur ces 6 nouvelles, 2 sont "muettes", c'est-à-dire sans dialogues. La première nouvelle donne son titre au recueil, les autres sont La Boîte, L'Embobineur, Cyclope, L'Ecran, Equation.

J'ai trouvé la plongée dans l'univers de l'auteur que représente la lecture de cet album très déconcertante. L'auteur mêle avec application un humour décalé, des éléments fantastiques ou fantaisistes et un regard assez pessimiste sur notre monde, ainsi qu'une violence assez effrayante, en particulier parce qu'elle émane principalement d'enfants. La seconde nouvelle, La Boîte, muette, est à ce titre particulièrement éprouvante, en montrant la violence naturelle d'une bande d'enfants livrée à elle-même, pourtant entourée d'adultes, mais qui ne lui prêtent pas la moindre attention ... il en est de même pour L'Ecran, l'autre nouvelle muette, qui m'a également fait froid dans le dos ... et je mettrai la dernière nouvelle, Equation, dans le même panier, même si cette fois la violence n'est pas le fait des jeunes mais du professeur ... et pourtant, dans chacune de ses nouvelles, il reste encore une lueur d'espoir, un élément plus ou moins fantastique,qui suggère que quelque chose est encore possible ... il y a d'ailleurs une gradation dans la construction du recueil sur ses trois histoires, car l'élément fantastique s'y fait de plus en plus présent, et l'échapatoire possible.

Les trois autres nouvelles, L'Incroyable Histoire de la Sauce Soja, L'Embobineur et Cyclope sont beaucoup plus légères en apparence, sans violence, mais questionnent tout de même la société face à l'individu, même si l'humour et la fantaisie semblent l'emporter sur la réflexion, du moins pour les deux premières ... j'ai beaucoup aimé la tendresse qui se dégage de L'Embobineur. Cyclope est plus ambigu, elle montre la difficulté de ne pas être comme tout le monde, de le sentir, et de ne pouvoir surmonter ce sentiment d'étrangeté ...

Pour résumer, je dirais que ce recueil est une découverte, je ne connaissais pas cet auteur, qui travaille surtout dans l'animation (vous pouvez en apprendre un peu plus sur lui ici, là ou encore ici), et je pense qu'il vaut le détour. J'ai été heurté par la violence de certaines scènes, mais aussi interpellée par une certaine vision de la société ... Japonais vivant au Royaume Uni, Fumio Obata danse sur une corde tendue entre deux mondes, deux cultures, mais il me semble que l'expression de cette violence entre les individus et la société est plus teintée de culture japonaise, s'exprime plus crûment que dans une oeuvre purement occidentale ... cela ne signifie pas que notre société est moins dure que la société japonaise, du moins, dans certains aspects.

Bref, je vous conseille d'ouvrir cet album si vous le croisez au détour d'une étagère chez votre libraire ou dans votre bibliothèque, et je suis curieuse de lire d'autres ouvrages de ce jeune auteur.

Merci aux éditions La Pastèque (maison d'édition québécoise, je précise) et à Babelio pour cette lecture !
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