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Critique de Lunartic


Tout d'abord, une fois n'est pas coutume : un grand merci aux éditions Nathan pour ce second envoi, après Marquer les ombres de Veronica Roth, qui avait été un gros coup de foudre. On quitte la science-fiction dystopique pour un Young adult qui sent bon l'été et le soleil. En voyant la couverture avec son ciel bleu sans nuages, ses planches de bois blanches et rouges, et la plage et son sable chaud qui n'attendaient que moi en arrière-plan (je décris la cover française, très jolie elle aussi), je sentais que j'allais m'embarquer dans une belle histoire calibrée pour la période estivale et que je pourrais lire en bronzant sur ma chaise longue. Néanmoins, Le silence des sirènes ou The summer of chasing mermaids, peu importe l'appellation que vous choisissez, va bien plus loin qu'une simple lecture détente. En parlant des titres VO et VF, je trouve que les deux ont été très bien choisis et sont même complémentaires si on y pense un instant : l'été que va vivre Elyse d'Abreau, notre héroïne, sera celui de tous les défis.

Une quête pour faire resurgir la sirène qui est en elle après la perte de sa voix littérale, même au sens métaphysique du terme, afin de percer ce silence trop lourd qui ronge Elyse et même les autres personnages à petit feu. Elle n'est pas la seule sirène de cette intrigue, en effet. Tous nos amis sont cette étincelle en eux, qui ne souhaite que briller. Mais personne ne veut vraiment les écouter ou faire pencher la balance. Du moins, personne qui aurait les moyens matériels de faire avancer les choses. Notre jeune Trinidadienne et sa famille, sa tante Gini (Lemon en V.O., ne me demandez pas pourquoi) et sa cousine Kirby, ainsi que le cercle d'amis qu'elle va réussir à intégrer, vont devoir élever leur voix frêle et s'opposer aux règles pré-établies, aux normes de la société, à l'appât du gain des hommes de pouvoir et d'argent, à la rivalité incroyablement stupide de deux amis d'enfance qui ont leur destin entre leurs mains et qui le piétinent sans ménagement, sans leur demander leur avis.

Une ville répondant au charmant nom d'Atargatis Cove, où je me suis rapidement sentie comme chez moi, va devoir être sauvée de l'urbanisation et de l'invasion de touristes pullulants et ne demandant qu'à dépenser leur argent. La préservation de son âme brute est en jeu et Elyse va ainsi s'improviser pirate d'eau douce. En me plongeant dans les pages de cette douceur de YA, je me suis mise à me rêver navigatrice lors de la frégate, sirène lors de la parade, me régalant du plat du chef de Noah à la Perle noire, m'acheter des objets en cristaux confectionnés par la tante attentionnée et esprit libre qu'est Ursula (Non mais lol, la réf' à la Petite sirène quoi !), et je me suis vue lire des histoires de folklore antillais à l'adorable petite sirène qu'est Sébastian, ce petit garçon si attendrissant qui n'aspire qu'à une chose : trouver LA sirène des sirènes. Et en devenir une lui aussi, avoir ce droit alors qu'il est de sexe masculin *soupir*. J'ai adoré le message de tolérance véhiculé par ce roman, que notre appartenance sexuelle à un genre ne devait pas nous limiter, nous mettre dans une case, nous faire pointer du doigt par des préjugés sexistes, abjectes.

Nous ne devons jamais cesser de nous battre pour la justice, la liberté, et pour tout ce qui est beau et a de la valeur dans ce monde à nos yeux. Ce roman est tel un cœur qui pulse dans notre main, un cœur ardent et plein de vie, à l'image du combat qu'Elyse mène contre les promoteurs, contre le maire Katzenberg (quel misérable, celui-là), et enfin contre elle-même, démunie sans ses cordes vocales, qui représentaient son âme. A ses côtés, elle aura Christian, le capitaine du Véga. Il est certes présenté comme un bad boy sur la quatrième de couverture, mais j'ai trouvé qu'il n'avait rien de tel en lui. Il a collectionné quelques conquêtes grâce à son charme ravageur (rien qu'en me l'imaginant, j'en succombais déjà, héhé), c'est sûr ; n'empêche qu'il est un garçon attachant, qui a un cœur gros comme ça, il est un ami formidable et un grand frère fou d'amour pour son frérot, bref il ne manque pas de qualités.

Simplement, les hautes attentes que son père a placé en lui et le peu d'affection que ce dernier démontre pour ses deux fils, ainsi que le cadre familial globalement peu sain, voir sombre, n'ont pu que le rendre cynique et pessimiste sur les bords. Il n'attendait que l'arrivée de notre jolie poétesse des îles, à la peau couleur chocolat (et du vrai de vrai venant des plantations de cacao celui-là), pour allumer la flamme de l'amour passionnel en lui, l'amour qui consume tout et vous fait voir la vie sous un angle nouveau, plus lumineux. Un amour magnifique, au-delà des mots, qui vous consume. La relation entre Noah et Kirby est beaucoup plus en arrière-plan, mais je la trouve tout aussi sincère, forte et attendrissante que celle de nos deux protagonistes. Il y a une véritable magie qui opère entre le meilleur ami de Christian et la cousine d'Elyse.

L'un est écrasé lui aussi par l'ambition de son père, lui qui n'aspire qu'à un bonheur simple et sublime, et l'autre est une jeune fille chaleureuse et dynamique, amie fidèle qui sera toujours celle avec la main tendue pour vous relever, l'oreille pour écouter, sœur dévouée. J'ai adoré comment sa relation avec notre héroïne a évolué, pour prendre de plus en plus d'ampleur et finir par nous submerger. Ça a été extraordinaire à vivre. Je ne peux pas conclure sans vous parler de Vanessa et de sa mère.Vanessa est une adolescente superbe, féministe dans l'âme et qui n'hésite pas à vous dire droit dans les yeux ce qu'elle pense. Elle est la force comique du roman grâce à ses reparties cash qui vous laissent sans voix ; cependant, ne la sous-estimez pas car elle est puissante cette fille. Elle se bat comme une lionne pour ses amis, tous liés comme les doigts de la main, et elle n'a pas honte de ce qu'elle pense, de ses idéaux, bien au contraire. Quant on voit la maman, on comprend d'où la fille a hérité de sa manie de garder la tête haute et de parler pour les opprimés, les incompris, qu'on a rendus muets car on leur reste sourds.

Contrairement à la plupart des adultes du roman, Mme Jones n'est pas tourmentée ou incapable d'exprimer convenablement ses sentiments à sa propre progéniture. Elle est une maman exemplaire, et Vanessa a de quoi être fière.

Ce souffle de vent marin m'aura vraiment fait du bien, et je remercie encore sincèrement les éditions Nathan pour cet envoi qui m'honore. Ce roman est un petit rayon de soleil à lui tout seul, car il m'a rappelé que nous avions tous voix au chapitre, qu'il ne faut jamais plier face à l'absurdité de la discrimination, et que l'amour nous donne la force de nous sauver nous-même. Je ne peux que vous recommander cette lecture, spécialement en ce moment, pour parfaire au mieux votre été. Alors, prêts à débarquer à Atargatis Cove ? COUP DE FOUDRE ϟ
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
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