Pour qui ressent le charme sauvage du Finistère, ce petit livre attire l'oeil. Singulière bretonne signalée pour son attachement au désert mauritanien, l'auteure se fait ici le témoin discret de la vie dans les îles au début des années trente. le cadre naturel n'a sans doute pas beaucoup changé, toujours hors norme, mais l'austérité de la vie d'alors secoue la conscience du lecteur douillettement installé dans le confort moderne. On sent, chez
Odette du Puigaudeau, peut-être à la manière de
George Orwell dans les mêmes années, le besoin de s'approcher au plus près des choses et des gens, pour ressentir et comprendre. Avec, en fin d'ouvrage, ce constat simple et touchant, inadmissible pour ceux qui préfèrent expliquer le monde en quelques lois à vocation dogmatique et bien rassurante : "(...) Pourtant, si l'on pouvait voir à la fois tous les univers, toutes les existences, toute cette masse de vie qui tourne indéfiniment à travers l'infini, on découvrirait peut-être un sens, une harmonie insoupçonnés où rien n'est à supprimer, ni à mépriser. Peut-être que tout a sa raison d'être... Peut-être aussi que rien n'a d'importance... Mais il faudrait beaucoup de paix, d'amour et de pitié pour comprendre. C'est difficile !... Et, en profondeur, tant de courants contradictoires, entrelacés, que nous ne voyons pas avec nos faibles moyens humains !"
Tout ce qui est aux confins aide peut-être à trouver sa place !?