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EAN : 9782909698557
142 pages
Les Editions du Relié (02/06/2000)
4/5   5 notes
Résumé :
À la fois pamphlet spirituel qui dénonce Le Grand sommeil des éveilles et enseignement du « Mahachinachara », ou « Grande Voie chinoise », essence du tantra et du “chan”, ce livre incandescent met fin a l'illusion et aux rapports de soumission courants dans les milieux de la spiritualité. Il remet en vigueur l'idée ancienne que les disciples doivent faire travailler les maîtres spirituels en les renvoyant sans cesse a leur pratique, instaurant ainsi un véritable éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Daniel Odier (que nous avons rencontré au détour d'un séminaire à Trimurti vers Cogolin dans le Var début juin 2001 !) est ici tour à tour, teinté d'un humour ironique voire parfois sarcastique, profond et sans détours, tendre aussi, avec lucidité, bousculant une spiritualité de “convenance” et “de bon aloi” qui fait des ravages dans nos contrées... le ton est certes souvent quelque peu impertinent et provocateur, mais salvateur, ce que nous ne saurions lui reprocher, bien au contraire !
La « Lettre à Éléonore » (jeune fille de sept ans), m'a beaucoup touché, vraiment.
De très beaux chants poétiques de même facture que les “dohas” tibétains donnent de l'envergure, en particulier la superbe envolée, « Un chant à la gloire du spontané » du Mahàmudrà de Lalitâ Devî.
C'est chaleureux, puissant, plein d'audace, d'espace et d'horizon dans la perspective d'une humanité à vivre.
Ce livre est excellent dans son propos, et recadre dans l'authentique le coeur d'une réelle pratique de la dimension particulière à l'Humain et ce qui lui est accessible, puisque dans sa nature fondamentale.
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Quelle différence entre les abus spirituels et ceux dont nous sommes victimes dans la vie courante, me direz-vous ? Dans les deux cas, tout est fait pour créer la dépendance, contrôler, vendre. La seule différence, c'est que nous n'attendons pas d'un fonctionnaire qui nous complique la vie qu'il se comporte autrement, alors que nous projetons sur les maîtres spirituels un rêve de perfection qui finit par étouffer les plus authentiques. Pris au piège de l'admiration sans nuance de leurs disciples, ils se réfugient derrière l'institution de la « sainte folie » qui reconnaît aux maîtres le droit à la folie authentique et leur offre l'assemblée des disciples en guise de camisole de force ; ils deviennent alcooliques, pédophiles, violents, mythomanes, délirants ou sombrent dans la mélancolie de n'avoir pu éveiller quiconque à la conscience absolue, au point de se demander s'ils ont bien compris de quoi il s'agissait.
Bien sûr, ces débordements restent souvent secrets, connus seulement d'un petit cercle d'intimes, jusqu'à l'éclosion du scandale qui vient rassasier les médias. Et même après cela, les disciples justifient les égarements des maîtres ou font mine de les ignorer. Mais rassurez-vous, les censeurs évoluent dans le même univers de corruption absolue. Tout sert dans ce monde de recyclés : les sectes, les maîtres fous, les scandales qu'on nous jette en pâture viennent à point nommé pour cacher un malaise général et plus profond. Pendant qu'on s'occupe à la chasse aux sorcières, la couche sous-jacente se cache derrière la plus superficielle. Est-ce défaitiste, est-ce exagéré ? Il y a après tout un certain nombre de petits pères relativement honnêtes qui distillent un enseignement ennuyeux, formaliste, sexiste, traditionnel, vaguement créatif, où les oripeaux des grands courants mystiques sont reformatés à l'usage de nos contemporains. À l'instar du Prozac, ils aident leurs adeptes à ne pas sauter par la fenêtre et à se bercer dans la douce illusion qu'ils suivent une voie spirituelle authentique. Mais qui n'en suit pas une aujourd'hui ? Mon banquier est gurdjieffien et danse d'un bureau à l'autre, ma postière bouddhiste vire les mandats en se réfugiant dans la Terre pure, mon libraire revitalise son catholicisme romain moribond aux profondeurs de l'orthodoxie, souriant de ce que les parlementaires russes aient récemment classé l'Église catholique au rang des sectes et que leur président ait dû se rétracter après l'intervention du président Clinton et du pape. Les hédonistes sont tantriques ; les précis, zennistes en robe noire ; les intellos, shivaïtes ; les marginaux donnent dans le chamanisme et dans le champignon lucidogène, les rigoureux sont soufis, les timides redécouvrent Héraclite et Empédocle d'Agrigente. Quant aux autres, gavés de niaiseries télévisuelles, ils pensent que si leur voisin n'a pas la télé, bouffe bio ou fait du yoga il appartient forcément à une secte. Seul James Bond peut nous sortir des griffes de ces démons. Si la télévision ne nous lave pas le cerveau, il faut bien des substituts assoiffés de pouvoir pour faire le travail.
Mais qui parle du grand nettoyage, de celui qui se fait hors de la dépendance, de l'effarement, de la peur, en ne comptant sur personne que sur soi-même ? Évidemment, impossible de construire un empire avec de pareilles idées.
p. 10 et 11
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Être, c'est simplement avoir l'intuition de l'esprit avant qu'il soit strié par l'activité mentale. Le yoga consiste donc à accompagner chaque émergence vue comme créativité de la conscience à son retour en cet océan. Dès que quelque chose disparaît, c'est-à-dire suit son cours naturel, nous baignons dans l'océan de la conscience. Rien n'échappe à ce processus, alors pourquoi choisir et discriminer ? Il suffit de raccompagner chaque émergence au cœur. De toute manière, c'est la destination de toute chose. Il n'y a donc rien à faire, sinon voir que ce périple de retour à la tranquillité s'accomplit même lorsque nous sommes absents. C'est la grande pratique. C'est le liquide primordial duquel nous émergeons et auquel nous retournons sans cesse. Il n'y a illusion d'être un individu, un être séparé, que lorsque nous perdons l'océan des yeux. Nous entrons alors dans une dynamique rigide, rectiligne, qui nous fait parler de début et de fin, de naissance et de mort alors qu'il n'y a qu'émergence et résorption dans la conscience, dans le cœur. "Ainsi, cette prise de conscience est la moelle de l'ensemble des choses, car l'univers insensible a pour moelle la conscience suprême (fondement dont il dépend) et cette conscience elle-même a le grand cœur pour moelle", dit Abhinavagupta.
— Mais la conscience individuelle peut-elle se refléter dans cette conscience globale, dans ce cœur ?
— La conscience individuelle ne peut se refléter qu'en elle-même, car elle n'a pas conscience du cœur, elle n'a pas conscience d'être entourée par le grand miroir sphérique de l'océan de la conscience. Mais il arrive qu'au cours d'une perte momentanée de ce centre égotique, un éveil, elle devienne tout à coup l'océan de la conscience et disparaisse totalement, pour être réinvestie lorsque la distraction intervient. Finalement, ne pas être l'océan de la conscience sphérique n'est qu'une distraction passagère.
— Pourquoi passagère ?
— Parce qu'au moment de la mort la distraction prend fin. Notre ego nous est dérobé, l'assemblée de nos cellules déconstruite et jetée comme une poignée de feuilles dans le vent. S'éveiller, c'est mourir prématurément à la souffrance.
— Et le corps dans tout ça ? Il y a donc bien quelque chose à saisir au-delà du corps ? — Le corps, qu'il soit assemblé ou désassemblé, ne change pas de nature. Le seul problème est “l'intelligence discriminatrice” qui considère comme distinct de l'absolu les niveaux du réel, qui en fait lui sont identiques, et la pureté consiste à broyer une telle pensée. Ayant ainsi perçu son propre corps comme le réceptacle de la pure conscience, et d'elle uniquement, toute division étant évanouie, il se tient, tout-puissant, identique au Seigneur, au cœur de l'autonomie, pure conscience", dit Abhinavagupta, rejoignant Ma-t'sou.
p. 86 et 87
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Vivre c'est comme marcher. Tu peux penser que tu marches pour aller prendre le bus par exemple. Mais si pendant tout le temps où tu marches tu pensais au bus qui va arriver, tu n'aurais pas de plaisir à marcher. Tu ne verrais pas que c'est l'automne, qu'une feuille prend de belles couleurs rouges, que le ciel est gris ou bleu, qu'un nuage a une jolie forme, que les feuilles mortes sentent bon et qu'un marron tout brillant vient de sortir de sa bogue. Tu n'entendrais pas ce que te dit un ami avec lequel tu marches. Tu ne sentirais pas sa chaleur. Tu risquerais de te faire renverser par une bicyclette ou de te cogner dans un monsieur qui promène son chien. Quand tu marches, tes sens sont en alerte, tu vois et enregistres des centaines de choses et parfois tu as l'impression de te sentir joyeuse, simplement parce que tu es vivante, que tu respires, que tu ressens des sensations, que tes jambes bouges harmonieusement, que tes pieds sentent le sol et qu'ils s'y posent en faisant un mouvement merveilleux et très compliqué. Mieux tu te sens, plus tu peux observer comme c'est beau d'être en vie, de simplement marcher, d'entendre le chant d'un oiseau, de toucher un marron, de goûter la saveur d'une pomme, de voir les nuances d'une couleur, de sentir l'odeur de la terre, de comprendre quelque chose avec ton intelligence. Tout cela , c'est laisser l'arc-en-ciel sortir de ton coeur. La vie, ça sert à ça, à être pleinement vivant. Chaque fois que tu es triste, que tu as des soucis, essaie de voir ce qui est autour de toi, tu t'apercevras que l'arc-en-ciel est toujours là si tu sais le voir. C'est un peu comme Dieu, il aime bien se cacher partout et quand on est triste, on est comme au fond d'un puits, on ne pense pas à relever la tête pour voir le ciel lumineux.
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— Le Bouddha, c'est vous, c'est moi, c'est la nature profonde de notre propre esprit. Si vous n'osez remettre en question les maîtres, où trouverez-vous la liberté ?
— L'enseignement du Bouddha forme un tout cohérent dans lequel on peut avoir foi...
— Si vous comprenez profondément l'enseignement du Bouddha, vous comprendrez qu'il n'a ni nié ni affirmé quoi que ce soit. En fait il n'a jamais rien dit.
— Le Bouddha était un être parfait, pouvez-vous en dire autant ?
— Le Bouddha n'était pas parfait. La perfection est un fantasme d'adepte. Le Bouddha était un homme.
— Pouvez-vous citer un seul de ses défauts ?
— Il était sexiste. Comme il refusait d'admettre les femmes dans la sangha*, sa mère et sa femme, après s'être rasé les cheveux, ont dû conduire une marche forcée de plusieurs centaines de kilomètres, suivies par un grand nombre de femmes. Elles arrivèrent les pieds en sang et le Bouddha dut se résoudre à les recevoir dans la communauté. Le sexisme existe toujours. De nombreux moines ont prétendu par le passé que les femmes ne pouvaient atteindre l'éveil. Les religieuses doivent prendre trois cent trente vœux alors que les moines n'en prennent que deux cent cinquante. Les nonnes les plus extraordinaires sont toujours soumises aux moines, même à ceux de piètre entendement. Heureusement, cela commence à changer. Mais le sexisme n'est pas l'apanage du bouddhisme, on le trouve dans toutes les voies religieuses. Partout je ne vois que la grande mutilation des femmes. On leur interdit l'accès au sacré, on les isole, on les masque, on les découpe. Dans combien de centres spirituels demande-t-on directement ou implicitement aux femmes de ne pas laisser apparaître leur féminité ?
« Elles sont mises à part de peur qu'elles ne contaminent les hommes. Elles apparaissent cheveux tirés, corps masqués, on les préfère muettes, inexistantes. C'est à croire que les hommes sont nés hors de leurs corps. Dans le tantrisme, la femme a une place royale. On considère que sa présence, son courage, sa sensibilité, sa puissance, son enseignement sont capitaux. Un homme qui médite à côté d'une femme s'ouvre beaucoup plus vite à cette vaste sensibilité sphérique qui sans la proximité de la femme demeurerait à jamais une énigme.
Quant à mes défauts, je suis plus intéressé par la spontanéité que par la perfection. Chacun porte en lui ses caractéristiques personnelles où se font jour manques et qualités. Cela ne m'intéresse pas. »
p. 18 et 19
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Alors, laissant jaillir des murmures,
Le Soi, tel un danseur dans un rêve,
Se délecte au jeu des cinq sens.
Par un discours sincère et doux,
Il fait glisser l'aimée en son cœur,
La couvre d'un subtil parfum
Et la savoure, buvant sa fragrance.
Il vit cette union comme semblable
Au contact de cent jarres de nectar
Et tous deux embrassés
Jouissent de toutes les nuances
De cette bénédiction.

La yoginî, le regard plein de désir,
prononce des mots enrobés de miel,
Elle s'unit au danseur en bougeant son lotus
Qui éprouve une ondée de jouissance.

Le Soi au plus intime
Demeure uni à l'esprit,
Et goûte à la saveur unique
Des différents baisers.
S'abandonnant au flot passionné,
Mordant et griffant,
Faisant sourdre un intense plaisir,
Lacérant leurs corps avec ardeur,
Ils mettent fin à l'illusion.

Dans cette dissolution de la dualité,
Par le goût du désir,
Perdant l'expérience de l'identité,
Les amants goûtent à un plaisir
Inexprimable et jamais encore touché.

Chacun dans ce courant passionné,
Né de l'esprit un,
Oublie toute la dualité,
Conscient de ce seul plaisir.

Dans le bruissement passionné,
Sans distraction,
Ils atteignent l'abondance
De l'insurpassable plaisir
Porté au plus haut point.

Les plaisirs humains
Limités par l'attachement,
Lorsqu'ils sont transformés,
Se muent en extase spirituelle,
L'essence même de la réalisation du Soi,
Au-delà de la forme et de la pensée conceptuelle.
p. 80 et 81
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