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René de Ceccatty (Traducteur)Ryôji Nakamura (Traducteur)
EAN : 9782070347391
208 pages
Gallimard (04/10/2007)
3.91/5   95 notes
Résumé :

Les trois nouvelles rassemblées dans ce recueil appartiennent à la première période littéraire de Kenzaburô Oé. Elles ont pour protagonistes de jeunes ou très jeunes gens confrontés à une situation extrême, exprimée en termes métaphoriques ou réalistes, sexuels, psychologiques ou politiques. C'est dans une morgue, une maison de redressement, une famille en décomposition, un lyc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Les trois nouvelles du recueil sont exigeantes et dérangeantes. Elles ont été écrites de 1957 à 1961 par un jeune homme profondément marqué par la violence de la guerre et celle de l'après-guerre au Japon. Elles sont assez différentes mais traitent toutes du mal de vivre d'adolescents déboussolés et désespérés, incapables de trouver leur place dans une société japonaise hiérarchisée et déresponsabilisée. Ils sont en proie à des pulsions morbides.

1) le Faste des morts (1957) ****
Le narrateur est un étudiant en lettres qui a trouvé un travail méprisé à la morgue de la fac de médecine. Il déplace des cadavres d'une cuve à l'autre en compagnie d'une fille enceinte. Ce travail se révèlera absurde suite à une erreur que personne ne voudra endosser. L'odeur pestilentielle et l'atmosphère suffocante créent le malaise au propre et au figuré. Les corps des cadavres côtoient ceux des vivants et bientôt le narrateur dialogue intérieurement avec un soldat mort. Quand la guerre s'est terminée, les adultes ont digéré sa dépouille, pas les enfants.

2) le ramier (1958) ***
Le narrateur a quatorze ans. Il fait partie d'un groupe d'adolescents incarcéré dans une maison de redressement. Il décrit sans complaisance la violence des gardiens mais aussi celles des rapports de fascination et de domination sexuelle au sein du groupe. Pour monter dans la hiérarchie et être protégés par "le marin", les adolescents se lancent dans un concours morbide. Il faut prendre la vie d'un animal et l'exhiber pour être reconnu et protégé. le narrateur raillé par "la femme" du marin entre dans le jeu.Le fils du directeur, un métis aux yeux bleus, se lance aussi dans la compétition. La vie du narrateur va alors basculer. La nouvelle est vraiment très dure, jusqu'au bout.

3) Seventeen (1961) *****(je reprends le billet dédié à cette nouvelle)
Une nouvelle forte et dérangeante qui s'intéresse à la formation d'un militant d'extrême-droite dans les années soixante. Elle est inspirée d'une histoire vraie.
Le narrateur, anonyme, a dix-sept ans ce jour-là. Sa famille oublie son anniversaire à l'exception de sa soeur, infirmière dans les Forces d'auto-défense. il n'a pas d'ami Il passe son temps à se masturber, en rêvant de beauté, de puissance et de gloire. La réalité est toute autre, il se trouve très petit, très laid, trop sensible. Il angoisse au point d'uriner de honte au cours d'un huit cent mètres où il est largué devant les filles...
La narration à la première personne fait que l'on s'attache à ce teenager empoté, omnibulé par ses pulsions sexuelles , rongé par la culpabilité et capable de soudains excès de violence. Il est en quête de reconnaissance qui ne viendra malheureusement qu'associée à un groupuscule nationaliste d'extrême droite. A travers ce personnage, Kenzaburô Oe nous parle aussi du Japon déboussolé des années soixante.
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Sans que ça n'ait été un choix prémédité, je me rends compte que je découvre l'oeuvre de Kenzaburo Oé, depuis des années, à rebours: me voilà arrivée au but, à la naissance de l'auteur en tant qu'auteur, c'est-à-dire à ces trois nouvelles, écrites alors qu'il avait 21 ans seulement, et parfaitement maitrisées.

Comme tous ses romans de jeunesse, son écrit est violent, glauque et sans concession; et pourtant magnifique, bouleversant et sensible.
Les protagonistes de ces trois récits semblent jetés dans un monde comme on le serait dans le tambour d'une machine à laver en marche: tributaire du cours de la vie, dans l'incapacité de décider de leurs actes et destins, soumis à une violence absurde. La première nouvelle qui donne aussi son titre au recueil sa passe dans la morgue d'un hôpital: deux jeunes étudiants y sont engagés pour transférer sur une journée des dizaines de cadavres flottant dans une cuve de conservation dans une autre. le jeune narrateur se voit confronté à ce monde inversé des morts et semble un instant perdre pied face au monde des vivants. le deuxième récit, mon préféré, se passe dans l'un de ces centres de redressement pour jeunes ados délinquants (ça m'a fait penser aux Quatre cents Coups mais aussi à Genet) coupés du monde et de ses règles.
Le troisième, je l'avais lu il y a quelques années et s'avère incroyablement contemporain par rapport à ces fusillades qui ont lieu un peu partout dans nos sociétés avancées.
C'est un peu comme boire cul sec un shot d'alcool fort qui reste là à brûler la gorge encore longtemps après, violent et puissant.

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Sans en faire une obsession, j'essaye de découvrir les auteurs consacrés par le prix Nobel ; c'est ainsi que je suis tombé sur ce livre. Il est longtemps resté au chaud dans une pile, je ne savais même pas qu'il s'agissait de nouvelles.
Pour vous éviter de devoir chercher ailleurs (ce que pourtant vous devriez faire si cet auteur peut vous intéresser), je vous copie la présentation de l'éditeur :
"Les trois nouvelles rassemblées dans ce recueil appartiennent à la première période littéraire de Kenzaburô Oé. Elles ont pour protagonistes de jeunes ou très jeunes gens confrontés à une situation extrême, exprimée en termes métaphoriques ou réalistes, sexuels, psychologiques ou politiques. C'est dans une morgue, une maison de redressement, une famille en décomposition, un lycée et un groupuscule d'extrême droite que se développe cette violence, sous des formes diverses : la mort, la nausée, la mauvaise foi, la manipulation, la culpabilité règnent et brouillent l'univers mental des jeunes anti-héros".

Ce qui m'a frappé c'est la violence du propos opposée au raffinement de la langue : utiliseriez vous des termes rares et précieux pour décrire une morgue et des cadavres anciens? Comment choisiriez-vous votre vocabulaire et vos tournures de phrase pour évoquer une maison de correction pour adolescents tourmentés par leur culpabilité et leurs hormones? Associeriez-vous le style le plus littéraire à la naissance d'un fasciste monstrueux? C'est, vous l'avez deviné, ce que fait le tout jeune auteur, et je parierais volontiers que c'est ce qui l'a rendu célèbre. (Vérification faite, le pavillon d'or de Mishima a été publié juste un an avant la première de ces nouvelles : Mishima lui aussi célèbre dans une langue fastueuse les troubles des jeunes de cette génération profondément désorientés après le désastre de la guerre).

Je ne suis pas sûr d'avoir aimé ces textes, parce que c'est une lecture perturbante, mais je les ai admirés. Belle maîtrise à 22 ans, pour oser parler de la vie et de la mort, d'amour et d'avortement, de masturbation solitaire ou mutuelle, de la culpabilité ressentie, voire espérée, du trouble éprouvé à la vue d'une blessure ou d'un cadavre d'animal, de la fascination qu'exerce un discours fascisant sur un esprit torturé par le doute... et pour captiver son lecteur! Peut-être ce recueil est-il un catalogue de tout ce que l'adolescence peut avoir de douloureux, voire de morbide, catalogue animé par un tout jeune auteur qui ressemble à un chirurgien de l'âme tourmentée.
En tous cas, une découverte intéressante.
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Le faste des morts rassemble trois des premiers écrits de Kenzabûro Ôé, prix Nobel de littérature 1994 (1957, 1958,1963). Ces trois nouvelles révèlent avec éclat le talent de l'écrivain et méritent vraiment d'être lues, pour la finesse d'écriture et la capacité de Ôé à toucher le lecteur, à l'intriguer, à le bouleverser.

La première nouvelle, le faste des morts, première publication de l'auteur est très dérangeante car elle étudie les limites entre la vie et la mort. En effet un étudiant accepte un petit boulot, il doit déplacer les cadavres utilisés par la faculté de médecine d'une cuve de formol à une autre. Alors qu'il effectue ce travail dans la pièce exiguë du sous sol, la présence des morts s'impose à au personnage et par son entremise à nous, et, peu à peu, rend l'atmosphère suffocante : baignants dans le formol, les morts semblent évoluer dans un univers ou ils deviennent des êtres vivants qui se meuvent dans le liquide glauque disparaissants et apparaissants alternativement des profondeurs de la cuve, et donnent par leur odeur l'impression dérangeante qu'ils mènent une nouvelle vie, dans un univers sombre, parodie de leur vie terrestre et dont le formol rappelle étrangement le liquide amniotique dans le ventre des mères, ce qui peut laisser songeur. L'auteur veut-il nous signifier à travers cette nouvelle que les limites entre la vie et la mort, que l'on souhaiterai intangibles, sont inadéquates et qu'ils existe une vie après la mort ? Ou veut-il nous signifier que l'on ne dout pas oublier les morts ? Je laisse à chacun son interprétation personnelle... C'est d'ailleurs tout le talent d'Ôé, de réussir à entrer en resonnance avec ce qu'il y a de plus profond en nous, tout en traitant avec une grande habileté de sujet délinquants.

La deuxième nouvelle, le ramier, traite de la vie d'un jeune enfant dans une maison de correction. L'auteur parvient à nous attacher à ces jeunes enfants, qui sont des délinquants, en nous exposant, sans pathos assommant mais dans son style sobre et émouvant, la vie dure que les enfants mènent, entre vie matérielle rude, brimade des éducateurs. On est attristés de voir ces enfants qui confrontés aux dures lois de la société ne se comportent plus comme des enfants mais comme une bande aux attitudes dures et cruelle qui exerce sa violence sur les animaux et ou les conflits sont violents, en ce sens l'écrivain réussi à reproduire fidèlement l'univers d'une maison de correction. de plus les sentiment du personnage principal rendent le récit très intéressants, car il semble supporter le poids d'une culpabilités terrible et diffuse que rien de rationnel ne peut expliquer. Cette culpabilité insidieuse et gênante nous touche et semble l'arme utilisée par Ôé pour nous rappeler que bien que criminel, un enfant ne doit jamais être accusé par la société, de peur de retirer à tout jamais ce qui fait d'un enfant cet être si merveilleux : son innocence.

Pour la troisième nouvelle, voir ma critique de Seventeen.

Au final, un recueil talentueux, intriguant et qui mérite le détour, une excellente manière d'aborder Ôé !
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Dans ce recueil de trois nouvelles, Kenzaburô Ôé explore avec une grande acuité les états d'âme, le désoeuvrement et les interrogations existentielles d'une jeunesse en perdition, ou plutôt en sustentation dans le doute et la confusion. Face à la mort, à la violence, aux espérances avortées, à la culpabilité ou aux idéologies extrémistes, les jeunes gens portraiturés dans ces nouvelles tentent de dégager un sens à leur vie. Tantôt malmenés, tantôt manipulés, que ce soit par leurs pulsions sexuelles, les idées morbides ou des élans politiques nauséabonds, leur esprit échafaude des principes ou des raisons, en quête d'une manière de tenir leur place dans le lieu où ils marchent.

Dans « le faste des morts », un étudiant en lettres accepte un travail dans la morgue de l'hôpital universitaire. Accompagné par le gardien des lieux et une jeune femme perturbée, il doit y faire de la manutention de cadavres. Déplacer et étiqueter des gens morts parfois depuis de nombreuses années, et qui flottent désormais comme des choses dans un liquide brunâtre chargé de puanteur. Au cours de cette journée au pays des oubliés, l'étudiant s'interroge sur ce qui sépare le vivant du trépas.

Dans « le ramier », un adolescent décrit son quotidien dans la maison de redressement où il est incarcéré avec d'autres délinquants. Il raconte les rapports de force et l'oppression sexuelle des plus grands sur les garçons choisis pour « femmes », les jeux morbides visant à accrocher des cadavres de petits animaux au mur d'enceinte, la manière dont l'admiration ou l'humiliation peuvent jaillir de rien. Il y est aussi question de culpabilité et de pardon à soi-même.

Dans « Seventeen », un garçon de dix-sept obnubilé par sa propre médiocrité et tout entier possédé par l'onanisme, lutte contre ses complexes dans une famille dysfonctionnelle et une société dans lesquelles il ne trouve pas sa place. Jusqu'au jour où son engagement auprès de militants d'extrême droite lui fait découvrir la voie qui fera de lui un « garçon élu ». Cette nouvelle s'inspire d'un fait réel, l'assassinat d'Inejirō Asanuma, président du Parti socialiste japonais par un garçon de dix-sept ans.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Un grand miroir était fixé au mur du vestiaire attenant. Je découvrais mon reflet : seul, debout, plongé dans une lumière jaune, déprimé. C'était bien un "seventeen" déprimé : sur son bas-ventre à peine poilu, son sexe pendait flapi, avec son prépuce tout ridé, bleu-noir, fripé comme une chrysalide, toute moite, imbibé d'eau et de sperme, tandis que seules les couilles, ramollies par l'eau chaude, semblaient assez longues pour toucher aux genoux. Voilà qui manquait de charme. Dans le miroir, mon corps éclairé par derrière n'avait rien de musculeux, il n'avait que la peau sur les os. Dans la salle de bain, l'éclairage était flatteur. Maintenant, je déchantais. Mortifié, j'ai enfilé mon tricot de peau. J'observais mon propre visage qui se détachait du col de mon maillot. Je me suis rapproché du miroir pour mieux scruter mes traits. C'était un visage rebutant ; il n'était ni mal fait ni terreux, mais vraiment rebutant. Pour commencer, la peau est trop lourde : on dirait une tête de cochon à l'épiderme blanc et épais. J'aime les visages dont la peau fine et hâlée est impeccablement tendue sur une ossature ferme, bref, les visages d’athlètes, mais sous la mienne, ce n'est que chair et graisse. On dirait que seul le visage est gras. Et mon front étroit est encore plus réduit par des cheveux drus et denses. Mes joues sont bouffies. Seules mes lèvres sont petites et rouges comme celles d'une femme. Mes sourcils sont épais et courts, clairsemés et informes. Et mes yeux sont sournois, minces et légèrement révulsés. Quant à mes oreilles, elles sont charnues et écartées, avec des lobes pendants. Chaque fois que je le vois en photo avec cette mollesse féminine et cette expression geignarde et timorée, je suis terrassé. En particulier quand on en fait pour la classe, ça donne des photos déprimantes à en mourir. Pire encore, le photographe retouche toujours mes traits, pour en faire un bellâtre au visage fade. En retenant un gémissement, je fixai mon visage dans le miroir. Il avait pris une teinte bleu-noir : c'est le teint d'un onaniste invétéré.
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Lorsque, au quartier général de l'Action Impériale, j'eus prêté serment pour l'adhésion, Kunihiko Sakakibara me dit que je serais ainsi le membre le plus jeune. En effet, à l'époque où je commençais à fréquenter le quartier général, il m'a semblé que j'étais le seul mineur. Plus tard, j'ai fini par en repérer trois de dix-neuf ans, mais ils étaient à mille lieues de l'image que je me formais d'un jeune militant. Ces adolescent de "droite" ne se départaient jamais d'une expression hautaine, compassée et pesante. Si jamais je leur parlais de cinéma, de jazz ou de musique pop, ça les mettait en fureur comme si je les avais méprisés, et commençaient à m'insulter en me traitant de «déliquescent». Chaque fois qu'ils se plaisent à employer ce type d'expressions, j'avais l'impression d'engranger ma déception à l'égard de la "droite", telle une fourmi faisant rouler sa boule de boue jusqu'à la fourmilière. Car ces jeunes militants ressemblaient comme deux gouttes d'eau à la caricature de bande-dessinée que je m'étais figurée avec amusement avant d'adhérer au parti.
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Je me suis dit avec une passion ardente : c'est ça, dans la loyauté, il ne peut pas y avoir d'esprit individuel ! Si je tremblais d'angoisse, craignais la mort et était saisi d'inertie sans pouvoir appréhender ce monde réel, c'était parce que j'étais captif de mon esprit individuel. Tant que j'avais un esprit individuel, je me trouvais bizarre, plein de contradiction, anarchique, alambiqué, confus et décalé, ce qui redoublait mon angoisse. Chaque fois que j'entreprenais une action, je me demandais si je n'avais pas fait le mauvais choix, et cela aggravait encore mon inquiétude. Or, dans la loyauté, il ne peut y avoir d'esprit individuel. C'est cela, il faut, en abandonnant tout esprit individuel, se dévouer corps et âme, à Sa Majesté Impériale. Abandonner mon esprit individuel et abandonner tout ce qui m'appartient ! J'ai senti que ce brouillard, infesté de contradictions qui m'avaient jusqu'alors torturé, s'était dissipé. Ce brouillard, qui m'avait fait perdre toute confiance en moi, s'en est allé, sans avoir trouvé de solution. Le brouillard a été balayé d'un seul coup. C'est Sa Majesté Impériale qui m'avait ordonné : «Abandonne le brouillard de ton esprit individuel !» et j'ai obéi. Je suis mort, comme individu, ainsi que mon esprit individuel.
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Mais dès lors que nous avons été isolé du changement des saisons, par un mur épais de béton, nous qui nous trouvions dans l'enceinte de ce mur, nous avions été aussi coupés de notre croissance. Dévié de la trajectoire de la croissance, isolés du reste des enfants qui eux grandissaient à l'extérieur, dépossédés de toute volonté de grandir, nous ne vivions plus que du respect des règles. Notre vie n'était déjà, tout comme celle des vieillards, rien de plus qu'une répétition qui ne bougeait ni ne se développait ; de plus nous avions déjà un statut social inébranlable. Nous étions de jeunes vieillards qui n'avaient besoin d'aucun projet, qui ne souhaitaient devenir personne. Et nous étions plongés jusqu'au cou dans ce liquide de l'«abandon» qui envahit les vieux à l'approche de la mort : nous vivions lentement le même quotidien où une semaine valait un mois, un mois un an, ce quotidien où d'innombrables crépuscules n'étaient des reflets chaotiques d'un seul crépuscule.
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Je m'immobilisai, laissant avancer l'infirmière et son malade dans cet air limpide et lumineux. J'étais ébahi. Une lassitude languide engourdit soudain mes membres. C'était un homme vivant. Un homme vivant, un homme habité de conscience, au corps enveloppé d'une immense pellicule visqueuse, avait la faculté de me refuser. J'avais pénétré le monde des morts. Puis quand j'étais retourné chez les vivants, tout était devenu compliqué : c'était le premier achoppement. Je me demandais, avec une funeste inquiétude, si je ne m'étais pas trop investi dans cette tâche et si je n'aurais pas du mal à en sortir.

[in "Le faste des morts", p. 31]
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