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Critique de Seijoliver


A l'heure où le nième et dérisoire Black Friday vient de se dérouler, où, par le hasard des calendriers le chef de l'église catholique visite le Japon et y dénonce comme un crime l'utilisation des armes nucléaires, lire les Notes écrites il y a plus de cinquante ans par Oe Kenzaburo, vous met face à des questions métaphysiques aussi simples, universelles, qu'essentielles.
Comment se donner une dignité s'interroge Oe ?
L'écrivain est allé à la rencontre des habitants de la ville martyre, pour faire connaître leur façon de vivre, leur vision des choses. Il n'y a qu'eux qui puissent ou se taire, ou parler sur cette tragédie. Ses Notes, ses réflexions sont produites depuis Hiroshima, avec celles et ceux qui incarnent Hiroshima, celles et ceux qui comme l'écrit Oe « ne capitulent jamais ».
« Pour les gens qui continuent de vivre à Hiroshima, ne pas taire cette tragédie absolue de l'histoire de l'homme, ne pas la rejeter dans l'oubli, mais en parler au contraire, l'étudier, la consigner, est un acte pesant qui demande des efforts surhumains. Les personnes extérieures à Hiroshima sont incapables de mesurer à sa juste valeur la somme de tous les sentiments – et d'abord la répugnance – qu'il faut surmonter pour accomplir cette tâche. Qu'on songe simplement que l'initiative de parler, d'étudier, de consigner ce drame, vient précisément des seuls qui ont le droit d'oublier Hiroshima, et de l'enfouir dans le silence » (p. 140)
Oe raconte le combat pour l'amélioration de la prise en charge sociale des malades, car le gouvernement a les yeux ailleurs. Il dresse également des portraits saisissants d'hommes et de femmes malades, en citant de nombreux témoignages, ou comme celui du docteur Shigeto, directeur de l'hôpital de la bombe A. Il rappelle combien ces médecins sont partis de zéro, aucune expérience n'exister sur laquelle s'appuyer, combien les recherches furent tâtonnantes pour comprendre et soigner ce qui était inédit.
Qu'a-t-on retenu de la bombe ? Que peut-on apprendre « désespérément » d'une telle expérience se demande l'écrivain ? Oe Kenzaburo a été bouleversé par ses séjours à Hiroshima et il y a découvert « la dignité humaine. Car c'est la valeur fondamentale que j'ai découverte à cet endroit, et c'est sur elle, et sur aucune autre, que je désire à présent m'appuyer » (p. 122)
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