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Critique de Yvan_T


Cette saga d'anticipation de près de 350 pages, réalisée entre 1957 et 1959 par les auteurs argentins Hector German Oesterheld et Francisco Solano Lopez, fut initialement publiée sous forme de feuilletons de seize pages dans la revue Hora Cero Semanal. Devenu un incontournable récit de science-fiction, la popularité de « El Eternauta » était déjà énorme à l'époque. Notons également qu'il existe une seconde version de cette oeuvre, créée dix ans plus tard par le scénariste en compagnie de son ami Alberto Breccia. Mais, d'après les commentaires, cette réécriture, traduite en français par les Humanoïdes Associés, est bien inférieure à cette version originale, éditée en trois tomes par Vertige Graphic.

Le récit invite à suivre les aventures de personnages ordinaires qui sont confrontés à une situation extraordinaire, plongeant le lecteur dans un suspense qui tient en haleine de la première à la dernière page. Tout débute par un huis-clos prenant, où une famille, calfeutrée dans sa propre maison, tente de s'organiser pour survivre dans un environnement subitement devenu hostile. Une soudaine chute de neige phosphorescente mortelle a en effet transformé l'Argentine en paysage post-apocalyptique recouvert d'un épais tapis blanc. Dès les premières pages, le récit installe une atmosphère d'angoisse qui se nourrit de l'isolement et des peurs de personnages profondément humains, qui finissent par devoir prendre les armes contre l'envahisseur.

Publiée dans un pays secoué par de nombreuses répressions, cette bande dessinée a profondément marqué le public, devenant même une sorte de hymne à la résistance. L'ancrage de cet ouvrage dans des lieux familiers de Buenos Aires, renforce encore son réalisme, tout en faisant écho aux angoisses de la population de l'époque. L'engagement de ces hommes dans une lutte inégale face à l'oppresseur, leurs sentiments d'insécurité, leurs peurs et leurs espoirs font alors écho à la lutte du peuple contre la dictature argentine, expliquant au passage l'immense popularité de cette saga. La disparition en 1977 du scénariste, enlevé par ses forces armées et présumé mort en 1978, ne fera d'ailleurs qu'augmenter l'importance de cet ouvrage.

Si le contenu est intemporel, la forme date un peu plus. Datant d'une période où l'on prenait plus le temps de s'attarder sur les événements, cet album est donc plutôt lent et assez bavard. Comme elle était à l'origine diffusée sous forme de feuilleton, cette intégrale souffre également de quelques répétitions. D'un autre côté, cette progression des événements en temps réel a tendance à renforcer l'immersion du lecteur. le dessin noir et blanc de Solano Lopez contribue également à installer une ambiance pesante, avec des planches superbes et des personnages aux visages expressifs et très détaillés.

Un récit culte qui a notamment été sélectionnée pour le Prix du patrimoine par le jury du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême en 2010 !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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