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EAN : 9782351785713
176 pages
Gallmeister (03/05/2018)
3.67/5   85 notes
Résumé :
Ce sont des histoires de mineurs et de sorciers, de joueurs et de cultivateurs de marijuana, des contes tragiques et étranges enracinés dans le réel. Le Kentucky est vu et raconté sans le vernis de la nostalgie : une petite communauté anonyme des Appalaches, trop petite pour être qualifiée de ville, un endroit où réclamer une éducation scolaire est la marque d'une arrogance impie et chercher de l'eau avec une baguette de coudrier, une occupation normale et légitime ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Kentucky Straight, c'est une série de claques violentes et brutales, comme de fortes lampées de bourbon. Neuf textes, puissants, qui vous prennent à la gorge tant les sentiments y sont forts. Qui vous ravissent, aussi, tant les paysages semblent vivants, emplis d'odeurs, de sons, d'images fascinants. Chris Offutt, en quelques mots, en quelques phrases, campe le décor et y place ses personnages, souvent d'une pauvreté hallucinante, parfois plongés dans une détresse sans fond. Mais pas tous : nombreux sont ceux qui, malgré tous ces handicaps, surnagent avec force, avec brio.
Attention, je divulgâche un peu dans certains commentaires…

« La sciure » : une famille au fond des bois. Un père qui vire dans la folie totale. Un refus local de la culture : il faut se servir de son corps, pas de son cerveau. Pourtant, un jeune garçon, Junior, passe son temps dans les livres. Et il se donne un but : passer le certificat. Se prouver qu'il en est capable. Malgré la jalousie et la haine des autres pour ce type de diplôme, malgré la défiance inspirée par ceux qui tentent de sortir du modèle. Un personnage fort et tellement réaliste. J'étais placé juste à côté de lui, à observer la nature avec ses yeux, à la lire avec sa connaissance des plantes et des animaux ; mais aussi à affronter le regard des autres. Un texte d'ouverture d'une grande efficacité.

« Élévation » : un homme tente d'installer son mobile-home en haut d'une colline, alors que des pluies diluviennes s'abattent sur ce coin d'Amérique. le camion s'embourbe. Il fait appel à un grutier. le drame, brutal, sanglant, montre la rudesse des gens habitant ce coin, leur relation à la mort bien différente de la nôtre. Idem pour la souffrance. le seuil de tolérance est bien plus élevé. Bien plus…

« Ceux qui restent » : Vaughn, un jeune garçon, se promène dans la forêt et croise Lije, un vieil homme qui dit être son grand-père. Mais sa mère lui avait dit qu'il était mort. Mort pour Jésus, en fait. Ce qui est la même chose pour cette mère très croyante. Vaughn va accompagner son grand-père dans son dernier voyage, au milieu des arbres. Une évocation très poétique, mais qui m'a moins touché.

« Mauvaise herbe » : un type effectue des travaux de maçonnerie pour tenter de gagner de quoi vivre. Il a une femme et trois enfants. Mais une maison isolée dans les bois, sans eau courante. Il ne peut même pas se payer ses outils et est obligé de les louer. Pour survivre, il fait pousser du chanvre, activité illégale. Or, un employé vient de repérer ses cultures. Heureusement pour William, il a été mordu par un serpent venimeux. William le sauve, assurant ainsi son silence. Progrès notoire, car ses père ou grand-père auraient sans doute tué le témoin. Rudesse, toujours du coin et de ses habitants.

« Dernier quartier » : une histoire dans une histoire. Un homme, ancien criminel notoire, se met au service de Dieu. Et tente de convaincre un vieillard. Trop tard. Il trouve son cadavre déjà en partie rongé par les vermines. Mais il découvre une cassette audio, sur laquelle le vieillard a raconté une histoire de ses ancêtres. Un ours aurait décapité un bébé. le père veut tuer l'ours et part avec deux frères. Un seul reviendra, car l'autre, blessé lors de l'affrontement contre l'ours, sera tué par le père. Pour lui éviter d'être dévoré vivant par un puma. Sang-froid et froideur. Quand on ne peut rien à son destin, on serre les dents et on agit. Une autre époque, un autre monde. La fin de la nouvelle est un peu trop pleine de pyrotechnie pour moi.

« Le fumoir » : Des hommes se retrouvent pour une partie de carte dans le fumoir de l'un d'entre eux. En pleine montagne, en plein tempête de neige. Dans un froid formidable. Les tempéraments, entiers, amènent des échanges parfois violents. Mais cette nouvelle est presque clémente par rapport aux précédentes. Certes, les personnages sont bruts de décoffrage et ça doit puer atrocement, dans ce fumoir. Mais j'aurais bien aimé y faire un tour.

« Blue Lick River » : Encore une histoire d'enfant qui, si on oublie le style, la poésie et l'humour latents, est atroce. Un gosse semble-t-il assez doué, mais paumé dans un coin d'Amérique isolé de tout, dans une famille encore plus paumée que ce trou. Et de la violence. Et de la crasse. Et de l'ignorance. Difficile de rester insensible.

« Tante Granny Lith » : Encore une histoire de femme qui doit être plus forte, plus endurante que n'importe où ailleurs. Pour survivre, voire vivre dans ce coin, il faut s'accrocher. Et elle l'est, forte, Beth. Qui se choisit un mari et se débrouille pour le garder, malgré l'apparition d'une vieille « sorcière ». Un texte finalement pas si noir.

« Le billard » : Everett ne supporte plus sa vie ; il ne supporte plus la ferme où il habite avec son père ; il ne supporte plus les cochons qu'ils élèvent. Heureusement pour lui, le billard existe. Et il est doué. Et il aime ça. Et il y a aussi sa soeur, Sue, qui est allée avec presque tous les hommes du coin. Et on sent bien qu'Everett regrette un peu d'être son frère. Et il ya surtout l'envie de partir de ce coin sordide, paumé, arriéré.

Chris Offutt, à travers tous ces portraits, offre une vision dure et brutale d'une partie de ce pays si vaste et si attirant. Il sait, en quelques pages, créer une ambiance, faire vivre des personnages attachants, faits de fêlures et de contradictions, parties intégrantes de la nature qu'ils côtoient, mais pressés de la quitter. Une belle lecture, forte, qui donne envie de se plonger dans les romans de l'auteur.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Ce petit recueil de nouvelles met en scène des loosers de chez loosers, tous issu du Kentucky, qui, au vu de que je viens de lire, ne possède pas beaucoup de lettrés !

D'ailleurs, là-bas, terminer ses études et être intelligent, c'est assez mal vu. Être instruit aussi, passer ses examens, être Noir…

Un fameux ramassis de frappadingues, de zinzin de la religion, de tarés à aller pendre tant leur pouvoir de réflexion vole plus bas que le derrière d'un cochon.

Pas un à sauver, hormis quelques uns qui se démarquent de tous ces autres largués de l'existence possédant 2 neurones.

Ici est le territoire de nos fameux Hillbillies ! Et l'auteur nous propose 9 tranches de vie de ces gens qui ont un mode de vie et de pensée particulier.

Sans de chichis, sans fioritures, sans enjoliver ou présenter ses récits avec des circonstances atténuantes, l'auteur nous décrit sa région et ses gens, tels qu'ils sont, avec un réalisme qui fleure bon la fiction tant il nous semble impossible qu'il y ait encore des gens qui se comportent ainsi.

Malheureusement, avec des nouvelles, il y aura toujours un goût d'inachevé, un goût de trop peu, un goût de « J'en voudrais encore s'il vous plait » car j'aurais aimé savoir ce qui allait se passer ensuite pour certains personnages auxquels j'ai réussi à m'attacher en si peu de pages (Junior et Vaughn, surtout).

Dans ces pages, exit le rêve américain, exit les bienfaits de l'éducation nationale et de l'éducation tout court. La croissance économique les a oublié, l'Amérique aussi, même la Bonne Fée doit être en grève ou les bouder tant la misère sociale et intellectuelle est immense chez eux.

Les histoires contées pourraient même être banales tant elles sont simplissimes (une partie de poker, un camion embourbé, un examen à passer, une partie de chasse qui tourne mal, une voiture désossée…).

Ce qui en fait des histoires à faire froid dans le dos, c'est la manière dont Offutt les raconte : plantant ses décors en y incorporant ses personnages avec leur manière de vivre, de penser, de réfléchir, de vivre…

Des histoires simples, mais des histoires noires. Une réalité sociale qui fait froid dans le dos car elle n'est pas issue de la fiction ou du cerveau fécond d'un auteur, mais juste un simple reflet de la réalité.

À savourer avec un alcool fort afin de faire passer le pilule.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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S'il n'en reste qu'un, Chris Offutt sera celui-là !

Car là où d'aucuns stigmatisent ou analysent socialement cette région des Appalaches devenue le sanctuaire des Hillbillies, ces oubliés de l'Amérique contemporaine, Offutt s'en fait depuis 30 ans le farouche défenseur.

Dans Kentucky straight (traduit par Anatole Pons) et en 9 nouvelles parfaitement maîtrisées - avec une mention spéciale pour La sciure, Mauvaise herbe et Ceux qui restent - , il choisit le récit du quotidien, du petit rien, de l'instantané de vie pour nous raconter son Kentucky. Sans magnifier, ni enjoliver, ni excuser.

Défilent alors Junior, Aaron, Vaughn et son grand-père Lije, la solide Beth, Cody ou encore Everett, tous plus attachants les uns que les autres, tentant de survivre sur ce territoire qui fut autrefois terre indienne, puis terre minière et aujourd'hui terre d'oubli. Ils ont en commun le partage des déficits, ceux de l'éducation, de la croissance ou du rêve américain, mais aussi le partage du passé, du devoir, de la fatalité, de l'entraide et d'une certaine idée de ce qui se fait et ne se fait pas, leur conférant ainsi ce qui s'appelle la droiture.

C'est remarquablement écrit et la beauté des paysages naturels décrits par Offutt apparaît comme un contraste apaisant face à toutes ces vies en équilibre. Un grand livre !
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Chris Offnutt nous offre un voyage direct dans un Kentucky par très reluisant... Les nouvelles qui composent ce recueil nous amène dans la pauvreté, de corps et d'esprit, dans l'exclusion, dans la folie, dans les conditions précaires... Elles ne sont pas toutes égales en terme de force, mais finissent toutes par nous dresser un portrait pas très reluisant de cet état américain. J'ai beaucoup aimé la première, La Sciure, qui met en scène un p'tit gars en marge de sa famille parce qu'il veut passer ses examens d'école... J'dis en marge, parce que bon, l'éducation, vous savez... pas très bien vu dans cette famille. J'ai également aimé Ceux qui restent... un brin fantastique (juste un p'tit brin), ou un grand-père donne une étoile filante à son p'tit fils... le Billard, également, avec une finale avec un p'tit d'espoir... Parce que dans le recueil, l'espoir se fait rare. Des personnages qui acceptent leurs sorts, et à qui la vie ne fait pas de cadeaux... Figé à jamais dans leur misère sociale. Offnut ne prend pas de détour, et on aime ça... Une bonne lecture !
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Chris Offutt est un sacré poète et dans son écriture résonne l'amour pour son Kentucky natal. 

Passionné par la nature et ses secrets, il sait nous faire toucher du doigt ses secrets avec une élégance folle car il habille ses bouquins d'une plume sobre et cette simplicité confère un plaisir de lecture qui pétille une fois de plus dans ce recueil de nouvelles.

L'exercice de la nouvelle n'est pas une mince affaire, nous emporter rapidos et le temps d'un arrêt, d'un zoom presque sur une tranche de vie, nous tenir en haleine et nous scotcher tout ça en l'espace de quelques dizaines de minutes de lecture c'est un exercice risqué, complété ici avec brio.
Un peu comme un épisode de strip-tease ou l'on pouvait profiter de scènes de vie de personnages originaux, on va découvrir ici les gens du cru qu'il connait bien et qu'il dépeint avec virtuosité en se gardant bien de porter tout jugement, en simple spectateur l'auteur passe avec aisance d'une personnalité à une autre et grâce à la beauté de sa plume et de la traduction, nous délivre ici des petites trouvailles façonnées avec soin et beauté du geste.

Sans trop en dire il brosse en subtilité des portraits denses et justes sur une toile de fond bouffée par les mites de l'oubli et de l'indifférence étiquetée à sa région et ses habitants. Quelques phrases judicieuses émerveillent et épicent les récits qui ne manquaient déjà pas de goût, ca goute le bacon frit et aussi le calciné car les vielles carnes sont souvent archi cuites, voila pour le petit coté noir du bouquin.

Je vais suivre de très près cet ecrivain habile et lucide
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
30 avril 2022
Après le très remarqué "Nuits appalaches", Chris Offutt nous emmène dans des collines vénéneuses et oppressantes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
07 août 2018
Les paysages vibrent intensément, jusqu’au fantastique parfois, les hommes leurs ressemblent, âpres, rudes. Offutt en fait surgir l’humanité jusque dans les scènes les plus cruelles. Neuf nouvelles d’une singulière densité, d’une grande beauté formelle. Un chef-d’oeuvre, il faut bien le dire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Les gens n'aiment pas les chouettes parce qu'elles vivent dans les cimetières, mais il se trouve qu'elles on besoin d'un grand arbre et qu'on ne coupe pas les arbres dans les cimetières. N'aie jamais peur de quelque chose à cause de là où il vit. Ça vaut aussi pour les gens.
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La responsabilité de la terre s’arrêterait avec lui. La vie des hommes se passait par à-coups, accès de travail, beuveries et morts rapides, alors que les femmes s’usaient lent et régulier, comme une berge de rivière dans un méandre. Il encouragerait ses filles à partir, mais probable qu’elles resteraient et lui donneraient des petits-fils. Un jour William se retrouverait vieux en train de raconter à un gamin la fois où il a tiré d’affaire un homme des charbons qui ne le méritait pas. Il se demandait ce que le gouvernement trouverait à interdire au temps de ses petits-fils.
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La dame qui cause marrant m'a donné dix pages de tests d'aptitude, j'ai failli y laisser mes yeux à remplir les petits ronds pas plus gros que des yeux d'alevin. Une fois fini, elle a dit que j'étais précoce. Ensuite elle m'a appelé un pauve chéri et je me suis fichu en rogne, rapport à ce que Daddy a dit de jamais laissé personne nous traiter de pauves. De leur en coller une s'ils le faisaient. J'avais mes poings en l'air, ça a pas traîné. Elle a vu comme j'étais colère et m'a demandé pourquoi donc, de cette façon marrante qu'elle a de causer.
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C’était un vieil homme avec de longs cheveux entremêlés de feuilles et de brindilles. Son corps flottait dans une large chemise en daim, comme s’il avait été autrefois un homme plus robuste. Des feuilles de chêne s’accrochaient aux franges du tissu.
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Les racines des deux chênes s'entremêlaient en bas ; leurs ramifications s'unissaient en haut. La buse à queue rousse atterrit dans un froufrou sur une branche basse du chêne. Les bruits de la nuit emplissaient les bois. Le hurlement perçant d'un lynx fendit le vent qui redoublait d'intensité. Les feuilles tourbillonnaient dans l'air. Le rugissement tonitruant d'un ours résonna au loin. Mes bourrasques de vent et le vacarme des animaux s'intensifièrent jusqu'à ce que Vaughn ait l'impression que toutes les collines déferlaient sur les deux chênes. Il ferma les yeux et posa sa tête contre la poitrine silencieuse de son grand-père.
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Videos de Chris Offutt (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chris Offutt
À l'occasion du Quai du Polar 2019, rencontre avec Chris Offutt autour de son ouvrage "Nuits appalaches" aux éditions Gallmeister.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2303417/chris-offutt-nuits-appalaches
Propos traduits de l'anglais par Fleur Aldebert
Notes de Musique : Bibliothèque Audio Youtube
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