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Encore - mais c'est une habitude avec Gallmeister - un vrai bonheur de lecture avec le bon frère de Chris Offutt, un auteur US découvert à cette occasion qui nous livre une pépite à trois dimensions, aussi réussies les unes que les autres.

Il y a l'histoire, celle de de Virgil, jeune habitant du Kentucky profond, dont la vie - boulot, mariage... - est paisible, tracée et conditionnée, jusqu'à ce que son frère soit abattu. Et dans le Kentucky, un mort se venge, oeil pour oeil, dent pour dent. Et c'est à Virgil de s'y coller. C'est comme ça. Depuis toujours. On suivra ainsi sa vie d'avant et ses déchirements face aux pressions de toutes sortes qui s'exercent sur lui. Et surtout sa vie d'après, dans le Montana. À travers ces tranches de vie, c'est à la naissance d'un homme, d'un homme nouveau, d'un homme libre qu'Offutt nous convie.

Il y a ensuite la nature et de formidables descriptions de ces paysages américains dont l'infinie diversité conditionne tant la vie de ceux qui y habitent. Si le Kentucky offre son lot de grands espaces pour s'isoler, ce n'est rien à côté des montagnes du Montana, où le plus proche voisin peut habiter à 30 kilomètres, où l'été est suffocant alors que l'hiver est interminablement glaçant. Virgil se coule dans cette nature, s'y complaît, s'y confronte, s'y perd mais s'y construit. La nature comme rédemption, tel est le message du bon frère. Avec pour "tentation de Venise", celle de l'Alaska, ultime frontière de la fuite. La plume d'Offutt est belle, quasi-amoureuse, lorsqu'il parle de ces espaces, sans être jamais ennuyeuse.

Et enfin, il y a une implacable description de cette société américaine post-waco, et c'est là que se situe la force de ce roman. Si certains thèmes sont "classiques" - les inégalités raciales, la société à deux vitesses... - Offutt ouvre largement celui de la liberté individuelle, socle de la constitution américaine et de ses dix principaux amendements. Liberté de posséder, une terre ou des armes. Liberté de se déplacer. Et liberté de vivre dans l'anonymat, alors que l'Amérique entre de plein fouet dans l'ère du XXIe siècle où contrôle absolu, gestion de données et omniprésence policière devient la norme.

Amérique, vas-tu perdre ton âme et tes valeurs ? semble interroger Offutt.

Un superbe exemple de nature writing, doublé d'un zeste de polar et parcouru de réflexions sociétales. Une réussite !

PS : merci pour la recommandation de ce livre à l'excellent libraire polar de L'Armitière à Rouen !
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Virgil a tout du gars bien tranquille. Eboueur le jour, il attend sa promotion qui lui permettra d'avoir son nom brodé sur son vêtement de travail. Il ne s'intéresse ni à l'alcool ni aux drogues, ce qui dans les collines de son Kentucky natal, fait figure d'exception. Dans sa caravane donnant sur la forêt qu'il connaît comme sa poche, il n'aspire à rien d'autre qu'à une vie tranquille aux côtés d'Abigail son amour d'enfance. Quand son frère se fait assassiner, toute la communauté lui fait comprendre qu'il n'y a pas d'autres issue que la vengeance, puisque tout le monde sait bien qui a tué Boyd. Je n'en dirai pas davantage au risque de divulgacher la suite du roman. C'est une lecture que j'ai beaucoup appréciée, malgré quelques longueurs et une fin un peu décevante. le discours de fond de l'auteur m'a beaucoup intéressé, il nous permet d'aller regarder d'un peu plus près chez les laissés-pour-compte de l'Amérique, de comprendre comment certains se laissent séduire par les théories conspirationnistes les plus farfelues. C'était étrange, car tout en ayant le sentiment que ce livre ne se passait pas à notre époque, certaines thématiques abordées étaient tellement actuelles que je suis allée vérifié la date de publication initiale du roman (il a été écrit dans les années 90). Un très bon roman qui fait réfléchir sans juger et bien sûr un bel hommage à la nature et aux racines.
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La vie de Virgil, dans ses collines du Kentucky, pourrait sembler étriquée, il n'a jamais quitté sa vallée, mais cela lui va très bien. Son travail lui offre des possibilités de promotion, il a une amie qui n'attend qu'un signe de lui pour commencer une vie à deux. Quatre mois après la mort de son frère Boyd, il ne peut toutefois plus ignorer les remarques, qui sont presque des injonctions à venger la mort de celui-ci. Virgil, tout à l'opposé de son frère, n'est pas quelqu'un d'impulsif, il prend le temps de peser toutes les options, sachant que même s'il choisit de laisser le meurtrier en vie, il ne pourra de toute façon plus rester au milieu des siens.

Chris Offutt est un auteur que j'ai remarqué il y a quelques temps, et d'autant plus au printemps, lors de la sortie de son roman Nuits appalaches. J'ai donc enfin sorti ce roman de ma pile à lire. Les premières pages, mettant en place le personnage ont éveillé mon intérêt sans m'emballer plus que ça, si ce n'est le style assez remarquable. Mais au bout de quatre-vingt pages environ, un tournant dans l'histoire la rend tout à fait passionnante et difficile à lâcher. On se trouve dans la tradition du roman noir américain, mais avec un petit quelque chose en plus, un supplément d'âme. La nature, plus qu'une toile de fond, fait partie du personnage, mais ce sont surtout les choix qu'il doit faire, et l'évolution de son caractère qui sont intéressants. L'aspect presque documentaire sur certaines communautés américaines bien particulières, dont je parle sans trop en dire, puisque même la quatrième de couverture ne les mentionne pas, ajoute une dimension sociale à cette histoire. L'Amérique profonde ne manque jamais de nous étonner, et pas toujours dans le bon sens. le thème initial, qui ferait déjà un bon roman, est largement dépassé, élargi, amplifié… Qu'est-ce que la liberté, jusqu'où peut-on aller en restant libre ? Un roman riche et remarquable. Je ne manquerai pas de me pencher sur les autres romans de Chris Offutt.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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J'ai déjà entendu au Masque et la plume des analyses péremptoires et méprisantes sur l'Amérique profonde, les américains bas de plafond et incultes. Ce sont en général les mêmes qui s'insurgent contre le génocide indien perpétrés par les migrants européens.
De mon point de vue les américains dont il est question dans ce roman, sont plus proches des indiens que leurs lointains ancêtres ont délogé de leur terre , que des américains des côtes Est et Ouest américaines. Si mon approche tient la route, ces gens ont une culture, un art de vivre et crachent, comme les germanopratins cités plus haut, sur la mondialisation. Une forme de pensée sectaire les unit fort ironiquement . Et après la lecture de ce beau roman, quitte à choisir une secte je choisirais l'américaine tant elle me parait plus cohérente plus aérée, plus humble mieux armée pour affronter l'avenir que celle microcosmique, étouffante des pseudo-intellectuels du café de Flore.
Oui, je me suis laissé aller, j'en conviens. Retenez plutôt que ce roman est un grand roman américain qui m'aide à comprendre pourquoi les gens qui s'accrochent, entre autres, à leurs armes, votent Trump, ne sont pas plus stupides que moi.
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Quand je lis un livre, j'aime être surpris.
Ici le personnage principal a une décision à prendre sous l'influence de la société .
Soit tuer un homme pour venger son frère, soit le laisser vivre.
Ce n'est pas le choix qu'il va faire qui est étonnant.
Mais un acte qui changera à jamais sa vie.
Malheureusement après ce retournement de situation hyper intéressant, il faut avouer que le roman devient un peu plan-plan.
Attention, je ne dis pas qu'il est sans intérêt .
Simplement que j'en attendais plus, surtout après ce "twist"
que je n'ai vraiment pas vu venir .

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Chris Offutt nous plonge dans une histoire de vengeance au coeur d'une Amérique profonde, un récit entre le polar et le roman initiatique.

Le frère de Virgil Caudill est mort et tout le monde s'attend à ce que Virgil le venge, c'est un code d'honneur dans les collines du Kentucky, quand un homme en tue un autre, le frère de la victime devra le tuer à son tour, oeil pour oeil comme on dit. Oui mais voilà, Virgil refusant de respecter cette dette d'honneur, Virgil n'a pas d'autre solution que fuir.

L'Espace, avec un grand E tient une place importante dans ce roman, Virgil n'ayant plus d'endroit où aller, est contraint a fuir sa région, et pour lui quitter ses collines est un déchirement.

Chris Offutt nous décrit la longue errance de Virgil de son Kentucky natal aux milices du Montana jusqu'à l'ouest sauvage de l'Alaska. Peu importe les kilomètres qu'il met entre lui et sa région, Virgil sera toujours hanté par le sentiment du devoir à accomplir.
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Le bon frère.
Chris OFFUTT (Traduction Freddy Michalski)

Boyd et Virgil Caudill, deux frères.
Pour faire les 400 coups, pour soutenir leur maman, pour partager des secrets de gosses.
Une fratrie à la vie à la mort.
Et c'est celle de Boyd qui va tout changer.
Car si son assassin supposé est connu de tous, c'est à Virgil qu'incombe la charge de venger Boyd.
De regards en biais en phrases chuchotées sur son passage ou injonctions lancées comme des balles de fusils, Virgil doit abattre Rodale.
Mais pour pouvoir continuer à vivre après ça Virgil prend les devants et s'invente un passé pour avoir un avenir.
En oubliant peut-être que sa vie ne sera alors que regards au dessus de son épaule, respiration retenue au moindre bruit et isolement…

⚖Ce roman noir est un roman où les éléments sont des personnages entiers.
La chaleur d'été du Kentucky au froid cinglant du Montana.
Des hautes montagnes aux verts vallons, du vent dans les arbres aux bourdonnements des moustiques.
J'ai aimé une grande partie de ce roman mais les tribulations de la famille de Botree (celle qui soignera Virgil après son accident) et leur côté complotiste ne jurant que par la déclaration des droits m'ont laissé de côté…
Une lecture en demi-teinte donc.

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Dans le Kentucky, à l'abri des bruits de la ville, Virgil vit dans une caravane non loin de sa mère et de sa soeur. Virgil, c'est le bon gars ; il bosse, fréquente une fille qu'il souhaite épouser ; il est sans histoire, et aime profiter de la nature qui l'entoure. La seule ombre au tableau, c'est son frère Boyd assassiné il y a peu par un individu que tout le monde connait. Ici, c'est la règle, c'est à Virgil de venger son frère…Il n'en comprend ni la nécessité, ni les enjeux.

Des Appalaches aux plaines enneigées du Montana, Parti avec le désir de liberté chevillé au corps Virgil nous entraine dans une quête dont pas même lui ne connait les tenants et aboutissants.

Dans ce roman noir au souffle narratif puissant et endurant, la nature est magnifiée par une plume à la fois sensible, rustique portée par la traduction, magnifique, de Freddy Michalsky .

Au volet familial et intime, Chris Offut, apporte une touche politique en abordant tout au long de ce roman un des fondamentaux de l'Amérique, le port des armes, ainsi que les milices en marge de tout esprit démocratique refusant catégoriquement toute emprise d'un pouvoir central.

Le bon frère est une épopée humaine, et naturelle superbement racontée qui nous plonge dans une Amérique rurale et rustique méconnue, qui peut se montrer attachante au regard du personnage de Virgil et de ses compagnon d'errance.

Un grand merci à Babélio et masse critique, et aux éditions Gallmeister fort bien inspirées de rééditer ce superbe roman.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Boyd le frère de Virgil est mort. Il a été tué et tout le monde connaît le responsable. Virgil est poussé par tout son entourage à la vengeance. Mais comment vivre après ? Peut-on encore parler de vie quand il faut tout abandonner pour changer de vie et fuir une autre vengeance en miroir ? On découvre un personnage tourmenté par ces questions, d'autres qui ne s'interrogent même pas persuadés qu'ils sont dans leur droit, avec leurs armes, de faire justice eux-mêmes, voire de s'opposer à un gouvernement par la force. Un sujet qui s'impose depuis plusieurs années et qui, vu de l'intérieur dans ce roman, fait parfois froid dans le dos.
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Je ne me lasserai jamais de ces dialogues ou l'économie de paroles, le bon mot et la réplique parfaite sont de mise. Chaque conversation est un duel de la meilleure répartie. Celles du début entre les trois éboueurs sont savoureuses. Cette forme de vivacité d'esprit des personnages tranche avec leur étroitesse d'esprit. Visiblement le Kentucky et le Montana sont des régions difficiles d'accès pour l'éducation. Il semble y subsister des codes d'honneur d'un autre âge, des communautés qui vivent complètement en dehors des radars, organisant leur vie autour de théories complotistes frelatées. Cela ressemble tellement à la caricature que nous, Européens, on se fait des américains "de base". Tout l'intérêt du roman est là. Moins dans l'histoire, celle de Virgil, qui n'a d'autre choix que de disparaître, pour tenter de repartir de zéro, en tant que Joe.
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