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Critique de Seraphita


« La Bénédiction inattendue » regroupe 7 récits qui nous parlent du travail d'écriture. Je résume ici les récits qui m'ont marquée.

« Edelweiss » : Par un après-midi de janvier, dans un jardin public, une romancière s'adresse à un lecteur : l'homme lui voue un véritable culte, puisqu'il porte avec lui, dans de multiples poches cousues spécialement à son habit, tous les romans de cette femme. La conversation s'engage et l'homme se met à la suivre partout.

« Lithiase lacrymale » : Apollo, le labrador de la narratrice, semble très malade. Avec son jeune fils dans une poussette, et le chien malade, elle doit affronter une pluie diluvienne pour se rendre à la clinique vétérinaire. Alors que le chien ne peut plus avancer et que la pluie redouble, un homme secourable, qui se déclare vétérinaire, la fait monter dans sa voiture.

« L'atelier d'horlogerie » : La narratrice séjourne sur une île afin d'écrire un récit de voyage. Elle fait une rencontre qui la bouleverse, celle d'un vieil homme qui porte un panier de fruits. Celui-ci porte une tache jaune à son cou qui prend la forme d'un papillon. La romancière retrouve cette particularité au cou d'un séduisant chef d'orchestre.

« Résurrection » : le jeune fils de la narratrice se fait opérer et cette dernière fait la connaissance, à l'hôpital, d'une vieille femme qui se prénomme Anastasia. Les hasards de l'existence la font croiser cette femme de nouveau chez un phoniatre où elle se rend parce qu'elle a perdu sa voix. Anastasia l'entraîne sur les rivages d'un pays étranger, à la lisière de l'imaginaire.

J'ai découvert l'écriture de Yoko Ogawa à travers ce recueil de nouvelles. J'ai été conquise par la fraîcheur et la précision de son écriture. Les descriptions sont nombreuses et très travaillées, très ciselées. La poésie affleure, donnant du relief au côté imaginaire qui apparaît notamment dans les deux derniers récits.

Ceux-ci nous content l'existence d'une romancière confrontée à la difficulté de l'écriture. L'auteur a procédé par une sorte de mise en abyme, évoquant le roman dans le roman, à travers une analyse du travail de romancier. Les rapports entre l'écrivain et son lecteur idolâtre sont étudiés dans la nouvelle « Edelweiss » : la romancière éprouve pour cet homme étrange de la répulsion mais aussi un certain attrait. Derrière un titre très médical, « Lithiase lacrymale » nous offre un récit tendre et affectueux sur l'amour d'une maîtresse pour son animal domestique. Les deux derniers récits font apparaître la dimension de l'imaginaire qui semble si chère à Yoko Ogawa. Cet aspect donne encore plus de profondeur à l'histoire.

Certains récits m'ont fait penser aux romans d'Amélie Nothomb : c'est leur côté insolite, original, contingent, qui me fait rapprocher les deux auteurs. Toutes deux aiment à souligner dans leurs oeuvres la contingence de l'existence et bâtissent leurs histoires à partir du hasard des rencontres.

Un beau recueil de nouvelles que l'éditeur – sur la quatrième de couverture – recommande de lire en écho à un autre recueil du même auteur intitulé : « Les Paupières » (Actes Sud, 2007).
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