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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742767106
109 pages
Actes Sud (02/04/2007)
3.71/5   229 notes
Résumé :
Dans les vestiaires d'une piscine, une jeune femme est soudain attirée par une inconnue pourtant banale, effacée et silencieuse. Quelques jours plus tard, elle croise à nouveau l'inconnue qui marche dans la rue accompagnée d'une vieille dame et, fascinée, elle les suit à travers la ville jusqu'à une loge de gardien au milieu d'un parc. À l'intérieur, les deux femmes sont assises sur des chaises, elles semblent attendre leur tour. La plus âgée se lève, entre dans une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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La jeune fille est assise dans les vestiaires d'une piscine quand elle voit Midori pour la première fois. Plus tard, elle la croise dans un parc alors qu'elle est en compagnie d'une vieille dame. Fascinée et attirée par Midori, en dépit de sa banalité apparente, la jeune fille suit les deux femmes jusqu'à la loge du gardien où elle devine la plus âgée entrer dans une petite pièce hexagonale. Un espace, semble-t-il, pour se raconter et oublier…

" — Cette colonne hexagonale est la petite pièce à raconter, n'est-ce pas ? Alors, qu'est-ce qu'on y fait dedans ?
— On y raconte, bien sûr, répondit-il tout net, sans rien ajouter.
— Ce que l'on aime, ce qu'on déteste, ce que l'on cache au fond de son coeur ou ce que l'on n'arrive pas à cacher, ce qui nous embarrasse, nous réjouit, des histoires du passé ou de l'avenir, la vérité ou n'importe quoi, tout est possible. On dit ce qu'on a envie de dire à ce moment-là. "

Mystérieuse et fascinante selon son habitude, avec cette courte et poétique histoire, en apparence irréelle, Yôko Ogawa introspective et psychanalytique, nous parle de mort, de solitude, de hasard et de destinée.

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Avec ce court récit de 112 pages, Yôko Ogawa nous fait l'éloge de la solitude, de ces moments où elle apparaît comme nécessaire pour mieux se libérer de ses angoisses, de ses peurs car tous autant que nous sommes nous faisons tout pour y échapper.

Dans ce récit l'auteure ne cultive pas le "beau", "l'esthète" comme à son habitude mais plutôt l'art du détail, de la minutie, frôlant même parfois le ridicule dans la description de ses personnages... Mais après tout la beauté aussi subjective soit-elle n'est-elle pas faite de petits défauts et d'imperfections ?

La narratrice qui est aussi le personnage principal de ce récit est une jeune femme dont nous ne savons presque rien si ce n'est qu'elle travaille comme secrétaire médicale, qu'elle sort d'une relation de deux ans, sans grand intérêt à ses yeux, avec le dénommé Michio et qu'elle a des problèmes de lombalgie auxquels elle tente de remédier en subissant des massages et des étirements (dignes des pires tortures ceci dit en passant) et en pratiquant la natation à la piscine de son club de sport où elle fait la rencontre de l'énigmatique Midori.

Hasard d'une rencontre qui vire à l'obsession et va permettre à la narratrice de découvrir l'étrange petite pièce à raconter que Midori et son fils Yuzuru montent et démontent au gré de leurs voyages.
Mais dans quel but ? Et quelle est donc l'utilité de cette petite pièce hexagonale dans laquelle finit par entrer la narratrice comme poussée par une force mystérieuse et où seul subsiste l'écho de sa voix ?

J'ai énormément apprécié la lecture de ce récit, j'y ai même retrouvé un peu de "Murakami". Yôko Ogawa titille notre curiosité avec sa petite pièce à raconter qui bien qu'étant un élément réel, un objet tangible, nous apparaît comme étant complètement irrationnelle et c'est ce qui a le mérite de nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page. Elle a aussi indéniablement ce talent d'écriture pour distiller une atmosphère floue et ambigüe sans avoir recours à des effets relevant du fanstastique et finalement libre à chacun de l'interpréter à sa façon.

Vous vous en doutez, je me suis imaginé entrant dans la petite pièce à raconter.
Qu'aurais-je fait ? Me serais-je parlé à moi-même ? Sûrement... Car peut-être est-il plus facile de se parler en son coeur quand on est seul(e) face à sa conscience car l'on s'oblige d'une certaine manière à affronter ses petits démons intérieurs et que dans un certain sens la solitude amène inéluctablement à la réflexion.

Je remercie chaleureusement Tretrizoustan sans qui la lecture de ce récit n'aurait pu être possible.
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Il y a deux générations d'écrivains japonais qui me fascinent, deux vagues à l'écume dorée. Les enfants de la guerre, et leurs enfants du boom économique, ces écrivains qui ont maintenant dans la cinquantaine et qui forment un corps d'auteurs très talentueux et des plus divers. Parmi ceux-là, l'étoile de Ogawa Yoko est l'une des plus brillantes, et elle est un des rares écrivains japonais à pouvoir se faire une place à l'étranger en dehors de l'ombre tutélaire d'Haruki Murakami. Place amplement méritée et qui nous donne l'heur de bénéficier de foultitudes de ses romans avec une très bonne traduction de Actes Sud qu'il convient de saluer (non cette phrase n'est pas sponsorisée par Actes Sud)

Toutefois, venons-en au roman en lui-même. La petite pièce hexagonale. Rien que le titre respire à plein nez l'univers de Ogawa, avec ce sens du détail, cet intérêt pour les petites choses neutres. Comme presque toujours, on se retrouve plongé dans l'existence banale d'une jeune femme. le cadre est une ville de banlieue comme le Japon sait en produire en nombre, terne et impersonnelle au possible. Ogawa va y décliner ses thèmes de prédilection : la jeune femme sensible qui mène une vie insipide, va se trouver attirée par une chose à priori insignifiante qui va prendre en elle une importance démesurée et obsessionnelle, donnant un nouveau sens à sa vie. Je m'excuse si je reste aussi abstrait, mais je veux vous préserver l'intrigue, quoique le mot intrigue ne me satisfasse guère pour décrire l'évolution du court récit.

Le récit à la façon d'un train fantôme de fête foraine, ce n'est pas chez Ogawa qu'on le trouvera. Ogawa sait mieux que nulle autre instiller une tension narrative à partir des petites choses et faits que vit le personnage, qui vont entraîner une lente et irrémédiable évolution en son être. Celui-ci va se retrouver peu à peu emprisonné par une étrange obsession, puis y puiser une sorte d'équilibre instable en lui-même, mais dont on sait qu'il est voué à se rompre. En effet, ces équilibres restent bâtis sur des détails, de l'insignifiant ou du précaire, voués à disparaitre. C'est très subtil et émouvant. Peut-être que j'extrapole mais il me semble que Ogawa veut nous dire quelque chose à travers ces récits de femmes en quête d'une chose pour combler le vide de leur existence. Ces femmes, ce pourrait être n'importe quelle japonaise, ce sont toutes ces célibataires certes indépendantes mais seules dans une société sans liens humains, que l'on croise dans les combinis à 10 heures du soir, à moitié assoupies dans les trains de banlieue.. . de là à dire que Ogawa veut donner une voix à ces femmes, retranscrire leur lutte pour un existence sensée, il y a un pas que l'on peut franchir … ou pas ! Je préfère vous laissez faire une opinion sur ma petite digression !

Le seul aspect un peu plus singulier de ce livre, qui n'est pas mon préféré de l'auteur, c'est que l'on sent plus de tendresse de l'auteur vis-à-vis du personnage, je ne saurais pas trop vous expliquer in concreto où elle se trouve mais c'est mon ressenti. Peut-être le livre sera-t-il un peu trop bref pour certains, j'aurais bien aimé que l'auteur creuse un peu plus les scènes de couple du personnage, que j'ai trouvé les plus fortes du livre.
En tous cas, je vous souhaite une bonne lecture !
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Sous couvert d'une histoire simple et somme toute banale, Yoko Ogawa a écrit une métaphore philosophique de la psychanalyse.

L'héroïne est une femme un peu perdue qui n'est pas très heureuse dans sa vie, particulièrement sentimentale, et qui va croiser une femme mystérieuse à l'allure banale à la piscine qu'elle fréquente pour des problèmes de mal de dos et qu'elle va suivre dans la rue.
C'est par cette femme qu'elle découvrira l'existence de la petite pièce dans laquelle celui qui le souhaite peut s'y enfermer le temps nécessaire pour raconter ce qui lui pèse sur le coeur, bien que comme le dit l'un des personnages :"La profondeur du coeur humain est sans limites."
Pourtant, comme le dit l'un des protagonistes :"C'est difficile d'expliquer son utilité, voyez-vous.", elle apparaît dans une ville pendant un certain temps, puis elle disparaît comme elle est venue pour se retrouver ailleurs, elle va là où les personnes ont besoin d'elle.
Mieux que des séances chez un psychanalyste, cette pièce va se révéler un excellent exutoire pour l'héroïne qui finira par y livrer le secret qui lui pèse sur l'esprit et sur la conscience et qui avait déclenché de façon insidieuse don mal de dos.
Ce récit est court mais d'une précision nette, il n'y aucun superflu, l'auteur a su aller droit à l'essentiel.
Le style de Yoko Ogawa est extrêmement plaisant à lire et revêt une forme de caractère envoûtant qui fait qu'une fois ce livre entamé il est impossible de le lâcher et que le lecteur se trouve autant attiré par cette pièce à raconter que l'héroïne.
A travers cette pièce à raconter ambulante, l'auteur livre une belle métaphore philosophique de la psychanalyse, et d'une façon plus générale de la façon dont un secret peut influer sur notre vie quotidienne. Dans le cas de l'héroïne, c'est un mal de dos persistant malgré les soins recommandés par le médecin et les séances à la piscine.
J'ai beaucoup aimé le concept de cette pièce et des deux personnes l'accompagnant. La première, rencontrée à la piscine est tout ce qu'il y a de plus banal, mais elle dégage un charisme, une attirance, qui fait que les personnes ayant besoin de la pièce à raconter le sentent et se mettent à la suivre pour pouvoir y accéder.
Ces deux personnes sont en quelque sorte la personnification du rôle de la pièce à raconter, ils ne sont pas tout à fait psychanalystes mais ils servent de pont entre les personnes mal dans leur peau et la pièce.
Avec la fin, l'auteur a également insufflé une légère dimension fantastique qui n'a pas été pour me déplaire.

"La petite pièce hexagonale" de Yoko Ogawa se lit plus qu'elle ne se raconte.
Il se dégage de ce livre une ambiance envoûtante et la magie de l'écriture de Yoko Ogawa agit comme un puissant addictif à cette auteur.
J'ai non seulement trouvé le concept développé intéressant, mais c'est très bien écrit et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, d'autant que tout est suggéré et rien n'est dit clairement, il n'y a pas un côté moralisateur ou bien pensant.
Décidément, je suis conquise par Yoko Ogawa et il me tarde de continuer la découverte de cette auteur.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Nous accompagnons l'héroïne le long d'une recherche intérieure de nature spirituelle dans laquelle la liberté ne s'oppose plus à la prédestination, mais consiste à emprunter le chemin qui nous attend peut-être depuis notre naissance avec une conscience ouverte et une pleine attention. Pas de révélation qui foudroie, mais une richesse qui se révèle peu à peu si on accorde au monde une pleine présence : sous un quotidien d'apparence banale, mille détails se mettent à bruisser comme les feuilles d'un saule agitées par le vent. La jeune femme se perd d'ailleurs souvent dans une forêt habitée par des arbres très hauts aux troncs fins et lisses et finit cependant toujours par découvrir le LIEU qui accueillera sa parole, la fameuse "petite pièce hexagonale" dont les deux hôtes énigmatiques semblent l'attendre, doubles d'elle-même ou anges gardiens.

Ce roman a souvent été interprété comme une métaphore de la psychanalyse ; et il est possible en effet que la cure psychanalytique en ait inspiré le décor. Mais l'essentiel, selon ma lecture, ne se trouve pas là. D'abord parce qu'il n'y a guère d'intérêt à transposer ainsi une cure psychanalytique ; et surtout parce que ce roman est dépourvu de tout aspect "psychologisant".

On sent bien dès le début de l'histoire, que l'héroïne, affectée d'une douleur qu'elle croit psychosomatique, aimerait s'en débarrasser à bon compte avec une bonne vieille explication rationnelle et logique. Elle aimerait découvrir, par exemple, (c'est moi qui interprète, mais il me semble que c'est fortement suggéré...) que l'origine de cette douleur n'est autre que sa rupture avec l'homme de sa vie, occasionnée par une peur de l'abandon telle qu'elle aurait décidé d'en prendre l'initiative. Cette explication lui conviendrait parfaitement. Mais toujours se dérobent les réponses qui finiraient par tout élucider et mettre fin à son mal. Car enfin, le véritable danger de la vie, finit-elle sans doute par comprendre, c'est la vie elle-même. Et aucune cure psychanalytique n'en préserve.

Roman des profondeurs métaphysiques, donc. Un conte spinoziste.

C'est une lecture qui en vaut la peine.

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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Quand je suis sortie de là, c'était le soir. On ne s'est même pas dit au revoir. On n'a pas non plus agité la main. Je me suis contentée de refermer doucement la porte en contreplaqué. Le soleil couchant était magnifique. La douleur dans mon dos était toujours présente. Sourde, parfois aigüe, elle ne s'interrompait pas. On aurait dit qu'un nouvel être vivant invisible à l'oeil nu venait d'élire domicile dans mon dos.
Oui, exactement comme la douleur de maintenant. Cet être vivant a les membres enroulés tout autour des os de mon dos, il y colle son torse et ses joues, y souffle son haleine douloureuse. Tant de fois, tant de fois, tant de fois...
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Les jours où j'allais à la petite pièce à raconter, je passais toujours un moment avec Yuzuru et Midori avant de repartir. Ils me faisaient toujours bon accueil. La plupart des gens qui sortaient de cette petite pièce ne semblaient pas vouloir prononcer un mot de plus et partaient aussitôt, l'air grave, mais je ne prenais pas les choses avec autant de sérieux. Par ailleurs, c'était plus facile pour moi de passer un moment avec eux, afin de me réhabituer plus facilement à l'atmosphère extérieure, après celle de la petite pièce.
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Plus on est à l'étroit, plus on entend nettement sa propre voix, et l'on doit certainement avoir l'impression de se révéler dans la vérité de son cœur. C'est ce qu'il y a d'agréable dans le monologue.
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Je sentais bien que ma colonne vertébrale s'étirait. Les fibres musculaires se déchiraient, les ligaments se contractaient, les disques intervertébraux ressortaient, la moelle coulait et finalement mon squelette se désintégrait en mille morceaux. Les os, comme les perles d'un collier cassé, s'éparpillaient sur le sol. Leur bruit sec, la sensation d'éclatement se distinguaient nettement. Le pire, c'est que ce n'était pas désagréable.C'était même presque extatique. Je trouvais amusante l'idée de pouvoir ramasser les os de ma colonne vertébrale en miettes, vérifier qu'ils étaient chauds, sentir leur odeur, les regarder en transparence à travers la lumière.
Encore un peu. Quand la poulie aurait progressé de quelques centimètres, tout ce qui arrimait mon corps se détacherait.
Encore un peu. Un tout petit peu. Je serrais fort les paupières en attendant cet instant là.
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De temps en temps dans le métro ou dans la salle d’attente à l’hôpital, il m’arrive d'apercevoir quelqu’un qui monologue sans arrêt, l’air tout à fait sérieux. En général, les gens n’aiment pas ça et le mettent à l’écart. Si bien qu’autour de lui, il se forme un espace qui n’est pas naturel. Si on enfermait cette personne avec son espace à l'intérieur de la petite pièce à raconter, je suis sûre qu’elle serait très contente. Plus on est à l’étroit, plus on entend nettement sa propre voix, et l’on doit certainement avoir l’impression de se révéler dans la vérité de son cœur. C’est ce qu’il y a d’agréable dans le monologue.
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