Des touristes japonais sont pris en otage dans un pays étranger. Ils ne se connaissent pas, sont presque là par hasard, concours malheureux de circonstance lors d'un voyage d'été. Mobilisation médiatique certes, mais très vite l'attention des journaux se retournent vers d'autres évènements plus croustillants que le sort de huit malheureux pèlerins. Cependant, une ONG réussit un introduire un enregistreur vocal. Cela donnera huit récits. Chacun des otages donnera un petit moment de sa vie, fait marquant ou anodin mais qui chamboula le cours de leur histoire. Puis les autorités interviennent, le massacre est évident. Pas de survivants. Sauf, cette petite bande magnétique qui sera diffusée sur les ondes hertziennes. Huit otages, huit récits, huit jours.
Cette histoire de terrorisme, de prisonniers ou d'ONG est presque anecdotique. Elle sert juste à relier entre-eux, ces neuf récits. Neuf ? Huit otages + Un traducteur qui se prêtera également au jeu. Il s'agit bien d'un jeu, celui qui a été donné aux otages de se raconter, juste pour passer le temps et ne pas sentir l'inquiétude se refermer sur leur monde. Qu'il s'agisse d'un moment d'enfance, d'une rencontre incongrue ou inspirée, ces témoignages sont souvent empruntes de nostalgie, d'émotion et de tendresse. Ils sont les liens privilégiés entre les générations, entre les Hommes et apparaissent souvent comme des moments de solidarité entre chacun.
Je suis un grand admirateur de
Yoko Ogawa, depuis les origines de ses traductions. J'avais, dès le départ, été enchanté par sa première nouvelle, «
la Piscine ». J'en garde encore des images fortes, malgré les années qui se sont écoulées depuis, et malgré tous les romans et autres nouvelles de l'auteur qui se sont vus défilés sou mes yeux. Son dernier recueil de nouvelles, «
Tristes Revanches », m'avait légèrement désappointé. Dans « la lecture des otages », j'y ai retrouvé tout mon plaisir. L'auteur excelle toujours aussi bien dans la mise en place de ses « petites » nouvelles, y mêlant onirisme et fantaisie. Ici, la poésie prend le dessus, avec la simplicité de l'âme humaine. Pour tout vous dire, cela m'a fait penser à un autre recueil de
Hiromi Kawakami, «
le temps qui va, le temps qui vient ». Il y avait ce même souci du détail dans une histoire totalement banale qui enchanta mon esprit. Si moi-même, je devais mettre sur papier ce genre d'histoire sans intérêt, cela serait d‘un ennui quasi mortel, mais sous la plume talentueuse de
Yoko Ogawa, cela devient des instants de pure magie et de poésie.
« le soir venu je buvais un peu de whisky en regardant les fenêtres des appartements d'en face dans la cour. Je contemplais distraitement les silhouettes qui se reflétaient furtivement sur le rideau.
C'était ça, ma vie. »
« La Lecture des Otages » est un pur single malt qu'aucun blend ne serait rivaliser, une version troublante et sensuelle qui se reflète dans mon verre.
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