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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742756612
152 pages
Actes Sud (02/09/2005)
3.43/5   107 notes
Résumé :
Une jeune femme vient de confier sa grand-mère à une institution médicalisée. Aujourd'hui devenue totalement dépendante, silencieuse et immobile, la vieille dame semble peu à peu s'effacer de toute réalité. Dans la mémoire et l'inconscient de sa petite fille, la solitude est immense...
Une jeune fille vient d'apprendre que son frère est malade, qu'il doit passer les derniers mois de sa vie à (hôpital. Jour après jour elle lui rendra visite. De jour en jour le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Étrange, fragile, parfois même un peu pervers, tel est le monde que Yôko Ogawa nous décrit dans ce recueil composé de deux courtes nouvelles : "Une parfaite chambre de malade" suivi de "La Désagrégation du papillon".

Dans ces deux nouvelles, nous retrouvons un même mode de narration, monocorde, qui apporte à chacun des récits une tonalité intimiste (habituelle chez l'autrice). Deux jeunes femmes dont l'identité ne nous est pas dévoilée se réfugient dans un univers qui leur est propre, un univers de douce folie comme pour échapper à une réalité trop difficile à affronter.

Yôko Ogawa mélange avec brio la beauté et la laideur pour mieux faire apparaître les fêlures, les blessures psychologiques de ses deux personnages féminins et l'espace d'un instant elle nous oblige à entrevoir la face sombre de la nature humaine.

Dans la première nouvelle "Une parfaite chambre de malade", la narratrice se remémore les derniers mois passés auprès de son frère cadet atteint d'une maladie grave et incurable. Elle entretient avec la chambre dans laquelle celui-ci est hospitalisé, une relation des plus étranges. Une chambre blanche, immaculée, aseptisée, dans laquelle elle se sent protégée et apaisée.
Obsessions morbides de la propreté, traumatismes d'une enfance marquée par une mère atteinte de maladie mentale, dans cette parfaite chambre de malade, le passé douloureux de la narratrice va progressivement remonter à la surface.

Dans la deuxième nouvelle "La Désagrégation du papillon", la narratrice s'occupe de sa grand-mère paternelle (Sae) qui l'a élevée depuis son enfance et qui est atteinte de démence sénile liée à l'âge. Elle se voit contrainte de la placer dans un établissement spécialisé "Le Nouveau Monde". L'absence et le vide laissés par la vieille femme vont peu à peu désorienter la narratrice, la déconnecter de la réalité et faire émerger, comme dans la première nouvelle, les souvenirs d'un passé troublé par l'absence d'une mère.

Deux nouvelles aux récits introspectifs et métaphoriques, riches de détails et de descriptions, dans lesquelles les couleurs et les sonorités foisonnent pour mieux nous emmener dans l'imaginaire de l'autrice.
Deux nouvelles dont j'ai personnellement apprécié la lecture mais qui pourraient déconcerter certains lecteurs de part une morbidité très présente et un rapport au corps et à la chair exacerbé mais qui soulèvent une thématique lourde de sens comme l'accompagnement en fin de vie, la capacité à faire son deuil, l'absence d'une mère, d'un frère, d'une grand-mère...

La lecture de ce recueil peut s'avérer très intéressante pour les lecteurs qui souhaiteraient découvrir l'autrice toutefois (et j'insiste) si vous êtes sous antidépresseurs ou en proie à des problèmes avec votre "moi" profond, il sera préférable de passer votre chemin et de vous diriger vers des romans longs comme "Instantanés d'Ambre" ou "Petits oiseaux" dans lesquels vous y trouverez une dimension plus poétique et somme toute moins tourmentée.
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C'est toujours avec grand plaisir que j'ouvre ( ou ouvre de nouveau dans ce cas ) un livre d'un de mes auteurs préférés, Yoko Ogawa.

De manière générale, on retrouve dans ce récit le style de Yoko Ogwa, que j'affectionne tout particulièrement. L'écriture est composée de phases simples et courtes, mais cette sobriété sert une élégance remarquable, soulignée par l'emploi d'expressions visuelles, poétiques et parfois à la délicieuse incongruité qui renforcent habilement les émotions que l'auteur veut nous communiquer. Un style faussement simple, qui se révèle élaboré et immédiatement identifiable. Rares sont les auteurs à posséder un style si fort et particulier.

Le premier récit Une parfaite chambre de malade est très émouvant. Nous suivons la narratrice, une jeune femme, accompagner son frère perdu de vue et atteint d'une maladie mortelle dans les derniers mois de sa vie qu'il passe en chambre d'hôpital.
Tout sonne juste dans ce récit, et nous suivons avec une grande émotion le cheminement émotionnel d'un proche, la jeune femme, qui doit accompagner un être aimé vers la mort. de la stupeur liée à l'annonce de la maladie, la gêne des retrouvailles, les moments suspendus où l'ombre du passé passe entre les deux personnes, les moments où l'amour l'emporte et suspend la maladie inexorable. Toutes ces étapes sont retranscrites avec une certaine pudeur qui n'empêche pas beaucoup d'émotion sous la plume de Yoko Ogawa, qui montre avec habileté comment nos vies se retrouvent bouleversées, mises entre parenthèses par la maladie.
Sa vision de la chambre d'hôpital est aussi intéressante. Pour l'auteur, cette chambre avec sa propreté aseptisée où sont bannies les matières organiques, est un univers hors du monde, où règne un calme serein, prélude à la mort du malade.

Le deuxième récit m'a moins séduit. Une jeune femme qui a déposé dans une institut sa grand mère atteinte de démence sénile s'interroge sur le sens de sa vie, mais aussi sur la frontière ténue entre normalité et anormalité, réel et irréel.
Ce récit a un mérite, il est dérangeant : est-on coupable par ce qu'on abandonne la grand mère qui nous a élevé dans un institut, ou au contraire est-ce la laisser aux soins de personnes qualifiées ?
Autre aspect dérangeant, " l'abandon" de sa grand mère dans un institut pousse le personnage principal dans un crise existentielle. C'est ici que j'ai moins adhéré à l'histoire car Yoko Ogawa a fait le choix de matérialiser cette crise par une apparition du fantastique qui amène la jeune femme à douter de la réalité par un dérèglement de tous ses sens. Je n'aime par beaucoup le fantastique, j'ai donc moins aimé ce deuxième récit. Il n'en reste pas moins que Yoko Ogwa arrive, comme à son habitude, à instiller le malaise en nous, un malaise croissant au fur et à mesure que la confusion du personnage principal augmente. Et nous aussi ne pouvons nous empêcher de nous poser ces questions sur nos vies.

On retrouve dans ces deux récit la vision de Yoko Ogawa : les personnages sont confrontés à la remise en question d'un univers organisé par un fait bouleversant. Ces personnages évoluent dès lors dans la confusion, et tentent de se recréer un univers stable en cherchant les repères de l'habitude, ce qui n'est pas viable car ces habitudes ont été rendues caduques par la nouvelle donne. Ainsi dans une parfaite chambre de malade, le personnage se crée un nouvelle routine auteur de la maladie de son frère : aller lui chercher des raisins, parler avec le médecin, passer ses journées dans la chambre du malade... Dans La désagrégation du papillon le personnage principal est en crise car la jeune fille connait des illusions qui lui montent sa grand mère dans la maison alors que celle ci est en institut, signe du déni de la réalité de cette jeune femme qui préfère se réfugier dans l'illusion plutôt que d'admettre le bouleversement de son univers.
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Une chambre de malade blanche, propre, purifiée des miasmes de la vie humaine. Une pièce qui apaise la jeune femme accompagnant son frère aux portes de la mort. Un endroit différent de la maison souillée et désordonnée d’une mère ayant perdu la raison. Un lieu qui désincarne les corps et permet d’accepter leur disparition.

L’éloignement de Sae plonge sa petite-fille dans la solitude et l’irréalité. La normalité doit être confirmée par celle d’un autre, avait pensé la jeune fille alors qu’elle s’apprêtait à conduire dans une institution la vieille dame devenue dépendante.

Deux nouvelles pénétrantes, douces et âpres, deux passages d’un état à un autre, de la présence à l’absence.
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Voilà deux nouvelles plus dérangeantes que ce que j'ai déjà lu chez Yoko Ogawa mais son oeuvre est étendue et je n'en suis qu'au début de mon exploration:

Dans Une parfaite chambre de malade, l'histoire est racontée par une jeune femme qui accompagne son frère cadet pendant l' hospitalisation de celui-ci pour une leucémie dont il mourra rapidement.

Ce sont , d'une part les sentiments que la jeune femme développe pour ce jeune frère avec lequel elle n'avait pas eu de relations proches et qui se rapprochent d'un émoi amoureux, avec également sa façon de se protéger contre la progression du mal, en particulier les rites qui s'instituent autour du malade, comme la grappe de raisin qu'il lui faut trouver chaque jour , tel un talisman contre l'évolution de la maladie

D'autre part et je dirais surtout, le malaise que ressent la narratrice dans cette chambre aseptisée vis à vis de la nourriture et tout ce qui s'en approche: une vie "stérilisée "avec ce dégoût de ce qui peut venir souiller le corps, comme si la vie se résumait à une entité imperméable à l'extérieur.

Une façon peut-être de refuser la mort , une anorexie du deuil à venir...

Dans la deuxième nouvelle, La désintégration du papillon, c'est la relation avec la vieillesse et la démence .

Les reproches que la jeune femme se fait lorsqu'elle laisse la grand-mère qui l'a élevée dans un institut spécialisé entrainent peu à peu un déséquilibre de l'état psychologique de la narratrice virant rapidement au délire et au déni de la réalité comme si les deux femmes, la vieille et la jeune étaient reliées chacune à un bout d'un même cordon et que la mort qui s'approche et raccourcit le fil d'un coté , effilochait aussi le fil à l'autre extrémité ...

Deux nouvelles qui laissent une sensation de malaise...
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Travaillant dans le milieu hospitalier, je suis assurément touchée par ces deux nouvelles de Yoko Ogawa : elle y traite des sujets difficiles comme la mort, la fin de vie, la vieillesse, la solitude.
Dans la première nouvelle, une jeune femme est confrontée à la maladie grave et subite de son jeune frère. Il est hospitalisé durant de longs mois, et sa soeur l'accompagnera dans sa dramatique évolution, dans une chambre dépourvue de toute humanité. La jeune femme trouvera un peu de réconfort auprès d'un jeune médecin pour pouvoir affronter l'inéluctable. Ce tête à tête oppressant est en même temps, un moment de grâce intime et poignant. Ces derniers moments passés ensemble, où les émotions ne sont pas exprimées par la parole mais par de menues attentions, sont d'une justesse bouleversantes. L'évolution et les conséquences de la maladie sont parfois décrites très crument mais les sentiments et les émotions sont discrets, tout en retenu. Un vrai bijou.
Dans la seconde nouvelle, une jeune femme est amenée à placer en institution sa grand-mère, totalement dépendante. Très bouleversée et perturbée par cette décision, elle plonge peu à peu dans un monde entre le réel et l'irréel. J'ai eu beaucoup plus de mal à accrocher à ce récit bien trop fantastique pour moi : son questionnement métaphysique du personnage principal sur la perte et la mort est bien trop abstrait, trop imagé pour ma compréhension.
Yoko Ogawa a un style bien particulier, mêlant subtilité et réalisme, douceur et cruauté. Ces deux nouvelles sont originales et traitent de sujets complexes avec délicatesse et justesse. Avec pudeur, l'auteur sait évoquer les émotions et les ressentis les plus intimes.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Du courant d'air qui sort du métro, tiède et tourbillonnant, monte une vague odeur d'huile de vidange. Le flux et le reflux des jambes dans les escaliers est ininterrompu. Aucune de ces jambes ne progresse en ligne droite. Elles font toutes des méandres pour se faufiler en s'évitant les unes les autres. Personne ne me voit. Personne n'entre en moi. Alors que j'abrite une mer aussi subtile, douce et fraîche. Pour eux, je ne suis qu'une ligne qui ondule.
Je veux rester ainsi pour toujours. Je voudrais devenir un simple contour. Je voudrais jeter tout ce qui se trouve en moi.

(La Désagrégation du papillon).
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J'aimais beaucoup cette chambre de malade. Dedans, je me sentais aussi rassurée qu'un bébé plongé dans son premier bain. L'intérieur de mon corps devenait pur et transparent jusqu'à sa moindre anfractuosité.
Si j'aimais tellement cette chambre de malade, c'est parce que la vie n'y avait pas sa place. Il n'y avait pas de restes de repas, pas de traces de gras, pas de rideaux gorgés de poussière. Et bien entendu pas de concombre pourri, ni d'orange moisie.

(Une parfaite chambre de malade).
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Cela ressemblait à une histoire d'amour qui commence.C'était tiède et doux comme lorsqu'on tient un bébé tout nu dans ses bras. Je suis toujours ainsi quand je commence à aimer quelqu'un. Tout chez cette personne , ses paroles, ses gestes et son corps, me met en joie. Les aspects désagréables de ma personnalité se désintègrent sans bruit. Je sens que je deviens toute propre à l'intérieur. Et je me mets à désirer ardemment cette personne à tel point que c'en est douloureux.
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- Combien de temps lui reste-t-il à vivre ?
Pour moi, c'était la question la plus importante et rien d'autre ne me venait à l'esprit.
- Disons entre treize et seize mois.
- Treize...
Il m'a fallu un peu de temps pour digérer ce chiffre. Parce que, jusqu'alors, je n'avais jamais vraiment réfléchi à ce que cela signifiait. Que pouvait-on faire en treize mois ? Cela permettait à un bébé d'apprendre à se tenir debout et marcher. A un redoublant de devenir étudiant, à des amoureux de se marier. J'ai essayé de mesurer ce chiffre à toutes sortes d'échelles. Mais quand j'ai voulu imaginer ce que pouvaient représenter treize mois pour mon frère, je n'ai pas réussi car je me suis sentie aussi mal que si mon coeur était devenu un fruit trop mûr à la chair éclatée.
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« Je n’avais jamais eu jusqu’ici l’occasion d’apprécier une propreté aussi paisible.
Si j’aimais tellement cette chambre de malade, c’est parce que la vie n’y avait pas sa place.
Mais à côté de l’attachement que j’éprouvais pour cette chambre,la maladie était en train d’envahir lourdement l’intérieur du corps de mon frère. …La liste des aliments qu’il pouvait encore assimiler se réduisait vite.
J’ai perdu l’appétit en même temps que lui ».
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