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EAN : 9782226395245
256 pages
Albin Michel (28/12/2016)
3.6/5   40 notes
Résumé :
« Faire durer le suspense comme Shéhérazade, en évitant de me mettre à dos les soignants, c'est le mieux que je puisse espérer, si j'ai bien compris la nature de ma maladie. » Dans cet essai très personnel, Ruwen Ogien suit et questionne avec humour et perspicacité le parcours du malade, les images de la maladie, les métaphores pour la dire, pour l'oublier ou pour en faire autre chose qu'elle n'est. Ne dit-on pas souvent qu'elle serait un défi à relever, un test pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Témoignage émouvant de ce parcours éprouvant et du combat qu'a mené Ruwen Ogien sur quelques années vécues au rythme des analyses et des traitements agressifs contre son cancer du pancréas.
C'est l ‘occasion de réflexions à la fois intimes, personnelles et professionnelles, philosophiques, sur la condition de malade dans notre monde occidental. Ce mélange des genres donne un ton presque confidentiel, éloigné d'un traité érudit sur le sujet. Il n'y a pas la rigueur et la méthode analytique cadrée des thèses , et cela renforce le sentiment de connivence avec le lecteur.

Dès l'entrée en matière, les questions affluent. Et l'un d'elle, fondamentale, et pourtant sans réponse : qu'est ce que ça veut dire « être malade »?

« Qu'est-ce que signifient ces mots « malade », « maladie »? Est-ce qu'on est malade quand on est alcoolique ou sourd-muet? Est-on « malade » quand on souffre d'une entorse à la cheville ou d'une piqûre d'abeille?
Et quand on est obèse ou chauve ou trisomique? »

A ces questions sans réponse, succède une diatribe contre le dolorisme. Ce qui ne nous tuerait pas nous rendrait plus fort. Les « avantages » liés à la souffrance, les bénéfices que peut occasionner la maladie : foutaises, nous dit le philosophe. Et pourtant la formule nietzschéenne fait florès : on la trouve aussi bien au début de Conan le Barbare et à la fin des Bronzés 3,

« ce qui n'est pas un label de qualité, mais une manifestation impressionnante de son pouvoir de pénétration dans tous ls esprits, même les moins versés dans la philosophie ».

Pour l'auteur,

« la souffrance physique est un fait brut qui n'a aucun sens, qu'on peut expliquer par des causes, mais qu'on ne peut justifier par des raisons.

Ruwen Ogien traite aussi de la relation patient-soignant, de son enfer pavé de bonnes intentions. du statut particulier que confère la maladie, qui devient un filtre inéluctable à toute relation sociale, et qui génère des codes de communication particuliers, et des théories comportementales qui ne donnent pas beaucoup de marge dans le cheminement d'une maladie chronique.
C'est d'autant plus compliqué que le statut de malade est en train de devenir une condition sociale, en particulier avec ces maladies de civilisation que sont le diabète ou l'hypertension, dont on ne guérira pas mais qui vont modifier le regard de la société sur la personne concernée.

La dernière partie est un journal, qui témoigne du caractère non linéaire du cheminement de ces mille et une nuits, au rythme des nouvelles plus ou moins rassurantes des résultats d'examen .

Un beau testament

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Ruwen Ogien est un philosophe contemporain, né en 1949, il décède en 2017 des suites d'un cancer du pancréas. Il a été chercheur au CNRS. de courant de pensée libertaire, il donne conscience que la liberté est précaire, le respect de l'autre et l'égalité entre hommes sont des notions fragiles. Dans son essai « Mes mille et une nuits », il s'interroge et analyse le parcours du malade de longue durée. Il remet en question le concept de «Dolorisme », c'est-à-dire le courant qui défend que « la maladie rend plus fort » ou encore que « ce qui ne tue pas rend plus fort ». En quoi souffrances et douleurs auraient-elles des vertus ? Toutes sortes de métaphores entourent la maladie pour ne pas la nommer, la contourner ou plutôt « l'hypocriser » ? (néologisme que je trouve adéquat). Ce qui m'a interpelée dans ce discours d'homme gravement malade sont toutes ces scènes théâtrales qu'il faut jouer, l'acteur qu'il faut devenir et le rôle à tenir pour entrer dans le système de soins et suivre un chemin empathique. Bien se faire « voir » par le personnel soignant afin que les séances récurrentes de traitement lourd se passent dans la bonne humeur, sous les meilleurs auspices afin de ne pas rajouter une pierre à l'édifice du mal-être.
Me trouvant de ce côté des « tout puissants », cela m'a profondément bouleversée.
Où se trouve l'égalité ici ? Où sont les frontières du respect et de la liberté ?A toutes les blouses blanches, j'adresse ce voeu : A bas les masques !
Soyons nous-mêmes, authentiques et surtout soignons chacun comme si nous avions affaire à nous-mêmes !
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Encore un essai à contre-courant de notre société, que nous a offert ce grand philosophe éprouvé par sa maladie, contre laquelle il s'est battu et sur quoi il a longuement ironisé.
Hélas l'auteur décédera peu de temps après.

Ruwen a bien analysé les différents comportements du corps médical, qui prend le plus souvent des allures de grand Manitou, contre lequel on ne peut dire grand chose. On montre patte blanche, on se soumet - ou l'on feint de se soumettre, on écoute les chansonnettes des uns et des autres. Traitement par-ci, tentatives par-là... Parfois les toubibs, sortes de Diafoirus purgonesques et sadiques laissent peu de place à une possible entente cordiale. Patients et curateurs ont emprunté le masque du comédien - et la pièce commence. Comique assuré si l'on a la pêche, drame total si on se borne à regarder le plat de résistance, peu ragoûtant.

Foin de dolorisme ! pour Ruwen Ogien, cette méduse à tête de merluche jaune qui vous empêchera d'avancer sans blessure jusqu'au rivage. La guerre est déclarée aux maximes toutes faites, aux idées reçues, à la philosophe ou psychologie "positive"... Vous souvenez-vous de l'abbé Bournisien, dans Madame Bovary, disant à Hippolyte en train de couver sa gangrène, qu'il faut qu'il se réjouisse de son épreuve, envoyée par le Seigneur ? Boris Cyrulnik se voit mal parti avec ses thèses sur la résilience ! Eh non ! ce qui nous assassine à petit feu, nous déchire, nous épouvante, cela ne nous rend pas plus forts, même si on n'en crève pas sous le coup ! On en a réchappé, mais, le plus souvent on est bien fatigué. Et on se serait bien passé de cette épreuve qui nous a coupés du monde, de la société, du travail, de la famille, de la dignité aussi.

Ruwen est ici moins coriace que dans certains de ses essais. On peut comprendre qu'il ne puisse pas vraiment exprimer tout le fond de sa pensée. Il est encore entre les mains et la dépendance du corps médical. S'il garde son esprit, vif, métaphorique, tout à fait conscient qu'il est dans une ample comédie médicale à "cent actes divers", néanmoins ces actes médicaux sont son épée de Damoclés et il doit se défendre et donner la réplique à ses curieux protagonistes, fort nombreux. Et la maladie est, elle aussi, une drôle d'actrice.

On ne se sent pas forcément héroïque, on n'a pas vraiment envie de faire risette ou de prendre une mine de circonstance, tantôt accablée, tantôt guillerette. En fait, on en a ras le bol. On n'a pas besoin d'en rajouter une couche. Si on a de l'humour, de la patience, du courage, si l'on a suffisamment de force ironique pour écrire un bouquin comme celui de Ogien, c'est déjà un exploit. le drame laisse ainsi la place à une comédie plaisante, vivante, qui dit toute l'absurdité de plusieurs siècles tressant une couronne....de lauriers au dolorisme, apanage des saints, des martyrs, bref de tous ceux qui ont eu besoin de se trouver affaiblis, voire aux portes de la mort ou de l'Enfer pour se rendre compte - parce qu'on le leur a dit - que, finalement, quand ils étaient bien portant, c'étaient tous des cruches !!

Je regretter que la maladie l'ait emporté. Nous restera à l'esprit comme consolation l'oeuvre de ce grand et très original philosophe, courageux et lucide, aux portes de la mort.
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Je suis assez étonnée du torrent d'éloge qui a salué ce livre à sa sortie. Est-ce simplement qu'on ne tire pas sur une ambulance? Je ne sais. Toujours est -il que le livre ne va pas beaucoup plus loin que le thème annoncé: fustiger les doloristes, tout ceux qui disent que la douleur grandit l'homme , ces paternalistes de la médecine, ces annonciateurs de paradis terrestre ou céleste bien-pensants, qu'ils se réclament de la religion ou du développement personnel.. Idée louable s'il en est, mais qui n'est finalement ni démontrée, ni analysée.

Ce livre d'un philosophe devenu "malade de longue durée" est comme un écrit assez scolaire, un peu éparpillé, auquel l'expérience propre et tragique de l'auteur peine à donner toute la profondeur qu'on en attendait. C'est un amalgame de petites notations, de réflexions assez éparses, de références bibliographiques assorties de commentaires (et une citation de roman n'a jamais prouvé quoi que ce soit), accompagné de quelques portes ouvertes enfoncées, de tartes à la crème de la médecine sans compassion (dont il sait reconnaître qu'elle n'est pas universelle), et de généralités mal assumées. Ne va-t'il pas jusqu'à reprocher à la médecine de rejeter d'un bloc toutes les thérapeutiques alternatives, parallèles etc... (ne date-t'il pas un peu, là, Ogien?) pour raconter un peu plus loin, dans un paragraphe d'ailleurs hilarant une séances de reiki, une arnaque grandiose, un piège grotesque dans lequel il s'exaspère d'être tombé ?

Il manque ici une structure, une pensée réellement élaborée, que la douloureuse expérience personnelle, décrite sans tabou (ou sans trop de tabous), ni misérabilisme, ne suffit pas à remplacer. C'est au final la partie sur le rôle social de la maladie (le malade comme exclu du champ social, du champ du travail, et qu'il faut à tout prix y ramener), c'est à dire celle qui exclue le plus l'expérience personnelle (je dirais tripale) de l'auteur, qui m' a le plus intéressée. Faut-il en conclure que la subjectivité n'est pas forcément la meilleure conseillère du philosophe? Que, tout philosophe qu'il soit, la pensée qu'il pourrait être malade un jour ne l'avait jamais effleuré? Qu'accaparé malgré lui par sa propre réalité, il abandonne la hauteur philosophique pour une dissertation existentielle? Ou simplement que Ruwen Ogien est une Shéhérazade terrifiée, qui choisrt de discourir, et peu importe le sens, pour repousser sa fin?

Tout ce qu'on peut lui souhaiter, c'est qu'au moins, l'écriture de ce livre lui ait fait un peu de bien.
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Voilà un livre bien atypique. Ce n'est certes pas sa couverture bleue nuit intense et sobre qui est des plus tentantes. Mais ce titre qui revêt bien des souvenirs. Une histoire très connue. Pourtant si l'idée de ce titre est ingénieuse, elle m'a aussi paru trompeuse, on n'y fait référence qu'une fois. D'ailleurs ce livre s'adressera plutôt à un public averti cherchant une réflexion philosophique, métaphysique sur la maladie, la mort.
La force de ce livre est d'aborder plein d'idées, de pensées, de les soumettre au questionnement, de le faire avec malice et en même temps, on voit que ce cancer le ronge de plus en plus.
La maladie comme un crime, comme un métier, se voir comme un déchet social, le profit dans la profession médicale et ses dangers, nos différentes appréhensions, le système, les différences de traitement, ce que permet le meilleur accès à la technologie, les différences selon la classe sociale, les différences selon les gens bien attentionnées qui nous entourent et nos moyens financiers, etc. Plein de réflexions pêle mêle sur la maladie, le cancer avec des citations d'auteur, sans doute un travail de recherche, et des exemples de films, séries.
Ce livre s'adresse à un public cherchant une réflexion profonde et enrichissante sur la maladie, ses conséquences, ce que peut provoquer un cancer, toutes ses choses qui tournent dans la tête et plus encore. Des gens s'intéressant à la philosophie.
Ce livre ne s'adresse pas à des gens qui veulent une histoire touchante, il pourrait être trop indigeste, pas vraiment touchant.
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critiques presse (3)
LePoint
11 mai 2017
Cet homme a donc fait de son calvaire un champ d'observation et de méditation. Aucune leçon de sagesse. Aucune variation métaphysique sur la vie, la résilience, la mort, etc. Juste un regard froid. Technique. Terrible.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
06 février 2017
Le philosophe Ruwen Ogien livre un témoignage profond et drôle sur son cancer. Un exploit.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
25 janvier 2017
Tout en réfutant l'idée que la maladie constitue un défi enrichissant, le philosophe évoque son expérience du cancer avec distance et humour.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'ai l'impression d'être de plus en plus étranger à mon corps (apparemment, il fait ce qu'il veut sans me demander mon avis), alors que je m'intéresse sérieusement à son fonctionnement pour la première fois de ma vie, en particulier lorsque je lis, accablé, les listes interminables d'"effets secondaires", plus effrayants les uns que les autres, sur les notices explicatives que j'ai tant de mal à extraire de mes innombrables boîtes de médicaments.

J'éprouve de la gratitude et parfois même de l'amour pour le "personnel soignant" comme on l'appelle, mais je ressens aussi souvent de la méfiance, de l'hostilité et de la crainte à son égard.
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"Le patient se bat comme un petit soldat contre un ennemi cruel et envahissant; il triomphe s'il est assez vaillant, etc."
"Quand on a beaucoup souffert, on devient dure. Dure comme de la pierre. Pour recommencer à vivre, il faut prendre conscience de cette dureté, la combattre. Mais la dureté est plus facile, elle peut durer longtemps et être terrifiante. Pour les autres ou pour soi-même. C'est un chemin. En parcourant, le chemin, on acquiert plus de lucidité sur soi, sur le monde, et plus de générosité."
"Ces institutions semblent agir selon un principe disant que la commercialisation de la profession serait "un mal dangereux et insidieux qu'elle doit combattre.""
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Etre malade est en train de devenir mon vrai métier, mais j'aimerais bien être licencié.
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À mon dernier « contrôle », mon oncologue était apparemment très content parce que la chimio qu'il m'a prescrite semble permettre d'endiguer la maladie, de la mettre sous tutelle pour ainsi dire. Pas de guérison, certes, mais pas d'invasion générale non plus. Les nodules au poumon sont presque invisibles à la radiographie et au scan, etc. Donc, pour lui, tout va bien puisque je ne vais pas PLUS mal !
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...la souffrance physique est un fait brut qui n´a aucun sens, que l on peut expliquer par des causes, mais qu´on ne peut pas justifier par des raisons.
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Videos de Ruwen Ogien (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ruwen Ogien
#JournéeDeLaPhilo2020 #Philosophie #LesRencontresPhilosophiquesdeMonaco #Philomonaco
Philosopher ensemble !
#Trailer de présentation des Rencontres Philosophiques de Monaco
Avec la participation de: Alain Fleischer, Anastasia Colosimo, Anne Dufourmantelle, Avital Ronell, Barbara Cassin, Bernard Harcourt, Bernard Stiegler, Boris Cyrulnik, Bruno Karsenti, Camille Riquier, Catherine Chalier, Catherine Millet, Charlotte Casiraghi, Christian Godin, Claire Chazal, Claire Marin, Claude Hagège, Cynthia Fleury , Davide Cerrato, Denis Kambouchner, Dominique Bourg, Donatien Grau, Edwige Chirouter, Elisabeth Quin, Emanuele Coccia, Éric Fiat, Étienne Bimbenet, Fabienne Brugère, François Dosse, Frédéric Gros, Frédéric Worms, Gary Gillet, Geneviève Delaisi de Parseval, Geneviève Fraisse, Georges Didi-Huberman, Georges Vigarello, Géraldine Muhlmann, Gérard Bensussan, Hakima Aït El Cadi, Jean-Luc Marion, Jean-Pierre Ganascia, Joseph Cohen , Judith Revel, Julia Kristeva, Laura Hugo, Laurence Devillairs, Laurent Joffrin, Luc Dardenne, Marc Crépon, Marie Garrau, Marie-Aude Baronian, Mark Alizart, Markus Gabriel, Marlène Zarader, Martine Brousse, Corine Pelluchon, Maurizio Ferraris, Mazarine Pingeot, Michael Foessel, Miguel de Beistegui, Monique Canto-Sperber, Nicolas Grimaldi, Olivier Mongin, Paul Audi, Perrine Simon-Nahum, Peter Szendy, Philippe Grosos, Pierre Guenancia, Pierre Macherey, Raphael Zagury-Orly, Renaud
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